Entreprendre dans les économies émergentes : opportunités et risques à considérer

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Publié le 2023-12-12 à 11:00 par Asaël Häzaq
Au pays de la croissance, les économies émergentes tirent leur épingle du jeu. Leur PIB progresse en effet plus rapidement que celui des économies plus développées. De quoi attirer les entrepreneurs et les investisseurs étrangers. Entreprendre dans un pays émergent : quels sont les avantages et les inconvénients ?

Investir dans les économies émergentes : les avantages

D'après MSCI (société de services financiers), le PIB des pays émergents représente 43 % du PIB mondial en 2022. Certes, d'après les chiffres du FMI, la croissance mondiale recule (3,5% en 2022, 3 % en 2023). Un recul plus marqué dans les pays avancés (de 2,6 % en 2022 à 1,5 % en 2023) que dans les pays émergents (de 4,1 % en 2022 à 4,0 % en 2023). Si le FMI prévoit une nouvelle baisse pour la croissance des pays avancés (1,4 % en 2024), il table en revanche sur une stabilité côté pays émergents (4% en 2024).

La Chine, pilier des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) fait partie des économies émergentes enregistrant les plus forts taux de croissance (5% en 2023, selon le FMI). Certains économistes considèrent d'ailleurs que la Chine ne fait plus partie des économies émergentes. D'autres, au contraire, rappellent qu'il existe toujours de fortes disparités au sein de la population, et que seule une partie du territoire profite de la croissance. Quoi qu'il en soit, la Chine entraîne avec elle les Brics dans sa concurrence avec les puissances occidentales. Le sommet des Brics 2023 a d'ailleurs annoncé l'arrivée de 6 nouveaux pays en 2024 : l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis (EAU), l'Éthiopie, l'Égypte, l'Argentine, et l'Iran. Les EAU comptent justement sur leur croissance économique (+ 3 % en 2023 et + 4 % prévus en 2024, selon la Banque mondiale), pour attirer entrepreneurs et investisseurs étrangers. La croissance du rival saoudien patine à 0,8 % ; le FMI a rectifié ses pronostics en raison de la baisse des prix du pétrole et de la production. L'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole, devrait néanmoins retrouver la croissance dès 2024, avec + 4 %, d'après l'estimation du FMI.

Des pays en pleine expansion économique

D'après les études du FMI au premier trimestre 2023, les zones économies les plus dynamiques du monde se situent en Asie et en Afrique subsaharienne, avec une croissance estimée entre 1,5 et 4 %. Certes, l'Afrique du Sud et le Nigéria, deux puissances d'Afrique, affichent finalement une croissance au ralenti (respectivement 0,5 % et 2 % en 2023, chiffre du rapport Africa's Pulse de la Banque mondiale). En cause : l'inflation, la faiblesse de la monnaie, ou encore, la crise économique. Mais la croissance devrait repartir dès 2024 (prévision à 3,9 %). Au Nigéria, les meilleurs secteurs pour entreprendre restent les ressources pétrolières et autres ressources naturelles, l'agroalimentaire et l'industrie. Le pays s'est aussi mis à l'heure du numérique, tout comme l'Afrique du Sud.

Entreprendre dans les pays émergents permet d'investir dans des écosystèmes dynamiques et en pleine expansion. Exemple réussi avec les EAU, dont la majorité de la population est étrangère. Les entrepreneurs étrangers bénéficient d'ailleurs d'une fiscalité avantageuse, incitant les installations. Les EAU ambitionnent de devenir un nouveau pôle d'attractivité pour les entrepreneurs et les investisseurs étrangers d'ici 2030. L'Arabie saoudite déroule elle aussi le tapis rouge aux expatriés ; Riyad s'est lancée dans la compétition pour concurrencer Dubai. Il existe de nombreux autres pays émergents, comme l'Inde, l'Indonésie, le Mexique…

Entreprendre tout en préservant l'environnement.

On pense souvent à entreprendre dans les secteurs dits traditionnels : les matières premières, l'industrie, l'agroalimentaire, le numérique… Mais il existe une autre vague d'entrepreneurs, davantage motivés par l'amélioration des conditions de vie des populations locales et la préservation de l'environnement. Car les pays émergents figurent aussi parmi les plus touchés par les conséquences du réchauffement climatique. Entreprendre dans l'économie durable offre de nouvelles perspectives pour les économies émergentes. Non au « tout pétrole », mais oui à l'énergie solaire, à de nouveaux systèmes d'irrigation et de nouvelles technologies pour développer l'agriculture, à des projets durables impliquant les entreprises locales, etc.

Investir dans les pays émergents peut donc permettre de lutter contre le dérèglement climatique tout en contribuant au développement des entreprises et organisations locales. Par exemple, le secteur de la santé, sous tension bien avant la crise sanitaire, manque de moyens humains et techniques. De multiples investissements et projets se développent, allant au-delà du strict secteur de la santé : recherche, construction, modernisation d'infrastructures, fabrication de médicaments, de matériel médical, électrification, construction et entretien des routes, etc. Car de nombreuses inégalités existent au sein même de ces États.

Entreprendre dans un pays émergent : les risques

L'un des principaux risques de l'investissement dans un pays émergent est le contexte politique. Il faut en effet composer avec des pays aux prises avec des tensions politiques parfois fortes, une instabilité politique, une monnaie fragile, de fortes inégalités sociales, une absence de démocratie, une ingérence de l'État, ou, au contraire, un État démissionnaire... Par nature, un marché émergent combine potentiel de croissance plus rapide et risques plus forts.

Même avec une bonne formation interculturelle et une solide connaissance du terrain, il n'est pas toujours simple de développer son entreprise dans un pays émergent. En Chine, par exemple, l'influence de l'exécutif sur l'économie va croissant. La politique zéro Covid a, pour nombre d'entrepreneurs étrangers, été la ligne rouge. Ils ont préféré quitter un État aux méthodes qu'ils ont jugé non productives, et surtout, entravant la bonne marche des affaires.

Les économies émergentes peuvent être aussi plus vulnérables aux aléas de l'économie mondiale. Si le ralentissement de la croissance chinoise impacte l'économie mondiale, l'impact est plus fort sur les marchés émergents. À cela s'ajoute une possible fragilité concernant les transferts des investissements directs étrangers (IDE). Lorsqu'ils se déplacent d'un pays à l'autre, l'État émergent recevant moins d'IDE subit un contrecoup qui se ressent sur ses performances économiques.

S'ils affichent une croissance supérieure aux économies développées, les pays émergents restent confrontés à de plus grands écarts entre les populations riches et pauvres. La situation s'est même aggravée depuis la crise sanitaire, mettant les gouvernements devant une position plus instable encore. Il faut donc prendre en compte tous ces paramètres, et pas seulement les performances économiques à court terme dans tel ou tel secteur, pour envisager un investissement dans un pays émergent. La même rigueur sera d'ailleurs appliquée aux projets d'entrepreneuriat dans les pays développés.