Ces destinations émergentes qui offrent des opportunités attrayantes aux expatriés

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Publié le 2023-08-16 à 09:00 par Ameerah Arjanee
Le Canada, l'Australie, de même que les États-Unis et le Royaume-Uni sont réputés pour être principales destinations pour l'immigration. Toutefois, d'autres pays, y compris les plus petits, tentent d'attirer les expatriés et les immigrants. La pénurie de main-d'œuvre dans ces pays a contraint leurs gouvernements à assouplir les lois sur l'immigration ces dernières années.

L'immigration en Irlande en hausse malgré l'opposition de l'extrême droite

L'Irlande est une destination à ne pas négliger en ce qui concerne l'expatriation en Europe. Elle est particulièrement populaire auprès des expatriés turcs, nigérians et indiens. Comme l'indique Schengen Visa Info, au cours des trois premiers mois de 2023, un peu plus de 7 000 visas de travail ont été accordés à des expatriés non européens ayant choisi de s'y expatrier, dont près de 3 000 à des expatriés indiens.

En 2022, l'Irlande a mis en place le Critical Skills Employment Permit, qui permet aux expatriés hautement qualifiés de travailler dans le pays pendant deux ans s'ils décrochent une offre d'emploi accompagné d'un salaire d'au moins 60 000 € ou d'au moins 30 000 € pour les emplois les plus demandés figurant sur la Critical Skills Occupations List (CSOL). Cette liste comprend des emplois dans des secteurs tels que la santé, l'ingénierie, l'informatique, la logistique et la finance. Le secteur de la santé, en particulier, offre de généreux forfaits de déménagement d'une valeur de plus de 4 000 euros pour les frais de vol, de permis et d'hébergement initial des travailleurs étrangers qui y viennent pour la première fois même ceux en provenance des pays hors UE.

À la mi-2023, le gouvernement irlandais a fait une annonce quelque peu inhabituelle : toute personne qui s'installe sur l'une de ses petites îles offshore et s'engage à rénover un bien immobilier abandonné bénéficiera d'une somme de 80 000 euros en espèces offerte par l'État. Bien entendu, cette mesure s'applique également aux expatriés disposant d'un permis de travail/résidence valide en Irlande. L'Irlande compte une trentaine de ces îles éloignées.

En outre, l'Irlande est également la destination idéale pour les expatriés anglophones ayant des difficultés à payer les frais de visa et d'inscription au Royaume-Uni. En effet, les frais de visa et de scolarité sont moins élevés en Irlande, mais pas autant que dans d'autres pays européens non anglophones. Cependant, le coût de la vie en Irlande tend à être aussi élevé qu'au Royaume-Uni. Dans la capitale Dublin, les logements sont rares et aussi chers qu'à Londres.

En contrepartie, les manifestations xénophobes d'extrême droite se sont multipliées ces derniers mois. En mai, des extrémistes de droite ont même incendié une tente de réfugiés installée devant l'Office de protection internationale de Dublin. Dernièrement, ils ont protesté contre une proposition de loi visant à limiter les discours haineux. La montée de l'extrême droite dans le pays est inquiétante, mais pour l'instant, elle n'a pas été en mesure de faire un impact sur les politiques du gouvernement en matière d'immigration et de diversité.

Islande : Une destination d'expatriation nordique de plus en plus populaire

L'île nordique d'Islande compte moins de 400 000 habitants, dont la plupart sont concentrés dans la capitale Reykjavik, tandis que le reste du pays présente des paysages rudes mais époustouflants. Malgré cette situation démographique inhabituelle et un climat difficile pour les nouveaux arrivants, l'Islande est devenue une destination de plus en plus populaire pour les expatriés ces dernières années.

Selon l'Iceland Monitor, les expatriés représentent désormais 17 % de la population, soit près de 67 000 personnes. C'est 12 000 de plus qu'en janvier 2020. Selon Statistics Iceland, le groupe d'expatriés le plus important est celui des Polonais, qui forment une communauté de plus de 20 000 personnes, suivi des expatriés danois, lituaniens, américains et roumains. Même si le pays ne fait pas partie de l'Union européenne, il est membre de l'Espace économique européen et de l'espace Schengen, ce qui peut expliquer pourquoi de nombreux expatriés sont d'autres Européens. Qu'est-ce qui pourrait les attirer en Islande ?

Comme de nombreux pays d'Europe du Nord, l'Islande offre une excellente qualité de vie. Elle se classe régulièrement en tête des indices de démocratie, d'égalité des sexes, d'éducation, de soins de santé et de sécurité. Le World Happiness Report l'a d'ailleurs classée au troisième rang des pays les plus heureux du monde sur la base de critères tels que le PIB par habitant, l'espérance de vie, le soutien social et la perception de la corruption. Le niveau de pollution y est faible et l'Islande abrite de nombreux glaciers, montagnes, grottes et chutes d'eau : une aubaine pour les amoureux de la nature.

L'Islande a aussi été l'un des premiers pays à créer un visa de nomade numérique pendant la pandémie de Covid. Introduit en octobre 2020, ce visa a malheureusement une exigence de revenu très élevée : 1 000 000 couronnes, soit environ 7 500 $US par mois. C'est en partie compréhensible en raison de la cherté de la vie. Le visa permet aux nomades numériques de travailler en Islande pendant 180 jours, soit environ 6 mois. Reykjavik, la capitale, est un bon point d'ancrage pour les nomades numériques, car elle dispose d'une excellente connectivité internet et la population locale est largement anglophone.

En revanche, l'obtention d'un permis de travail de longue durée peut s'avérer plus difficile pour les expatriés non ressortissants de l'UE/EEE. L'entreprise islandaise qui les embauche doit effectuer une étude d'impact sur le marché du travail pour prouver à l'État que les talents requis pour un poste spécifique ne sont pas disponibles localement.

La Colombie : une destination d'expatriation émergente en Amérique latine

Le Mexique est depuis peu sous les feux des projecteurs en tant que plaque tournante du nomadisme numérique en Amérique latine. Dans la même région, la Colombie est une autre destination émergente. Dans le passé, le pays a eu une mauvaise réputation en matière de sécurité en raison des trafics de drogue. En revanche, le niveau de sûreté du pays s'est considérablement amélioré ces dernières années. De nombreuses régions du pays sont à l'abri des crimes violents. Medellín, Bucaramanga et Cartagena jouissent aujourd'hui une bonne réputation en matière de sécurité, tandis que Bogota et la côte pacifique sont encore considérées comme des régions à risque.

Pour les expatriés issus de la classe moyenne, en particulier, le faible coût de la vie en Colombie est très attrayant. Vivre dans ce pays d'Amérique latine coûte rarement plus de 1 000 $US par mois. Le coût de la vie mensuel varie entre 600 et 950 $US, même si les grandes villes comme Medellin sont généralement plus chères. Si le pays connaît un taux d'inflation assez élevé, de l'ordre de 13 %, les expatriés qui gagnent ou conservent leurs économies dans des devises étrangères plus stables ont un avantage considérable.

Comme de nombreux pays, la Colombie a également introduit un visa de nomade numérique après la pandémie. Ce visa, valable deux ans, est assorti de l'une des exigences de revenu les plus faibles au monde : seulement 650 $US par mois générés à l'étranger, bien entendu. Il existe également un visa de résident pour les expatriés qui souhaitent vivre en Colombie de manière permanente. Le visa d'immigrant permanent est également très abordable : 455,25 $US.

Grâce à sa proximité avec les États-Unis, la Colombie est une destination particulièrement populaire pour les Américains. Selon le département d'État américain, il existe actuellement une communauté d'environ 60 000 expatriés américains dans le pays. En outre, le pays est doté d'une grande richesse culturelle et d'une beauté naturelle hors paire, allant de la cuisine de rue aux plages immaculées des Caraïbes, qui ne manquent pas de séduire les expatriés.

Taïwan : une destination d'expatriation abordable offrant une excellente qualité de vie

Lorsque l'on évoque les destinations d'expatriation en Asie, les premiers pays qui viennent à l'esprit sont les centres financiers tels que Singapour et Hong Kong, la Chine en tant qu'économie mondiale majeure et les pays tropicaux d'Asie du Sud-Est comme le Vietnam et la Thaïlande.

L'île de Taïwan, qui ne compte que 23,5 millions d'habitants, est une autre option intéressante. Elle offre un excellent niveau de vie aux expatriés sans être aussi chère que Singapour, Hong Kong ou même les grandes villes chinoises comme Shanghai. En général, une personne dépense entre 1 200 et 2 200 $US par mois pour vivre à Taïwan.

En 2022, le magazine d'affaires internationales Monocle a classé Taipei, la capitale, parmi les dix premières villes du monde en termes de qualité de vie. Le coût de la vie, le sens de l'hospitalité, la qualité et l'accessibilité des soins de santé, les espaces verts urbains, l'efficacité des transports et le taux de criminalité figurent parmi les critères pris en compte dans cette évaluation.

Taïpei a ainsi été loué par Monocle pour l'efficacité de ses transports publics, son faible taux de criminalité et la disponibilité de nourriture de rue 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 à des prix abordables. La nature est également bien intégrée dans les villes taïwanaises, avec de nombreux parcs publics et des arbres dotés de codes QR qui permettent de les identifier. Le système ferroviaire taïwanais est calqué sur celui du Japon et constitue un moyen rapide et efficace de voyager entre les villes de l'île. C'est également le seul pays asiatique où le mariage homosexuel a été légalisé, ce qui en fait une bonne destination pour les expatriés faisant partie de la communauté LGBTQ+.

En raison d'une population vieillissante, le pays s'efforce d'attirer les talents étrangers. Une loi sur le recrutement et l'emploi de professionnels étrangers a ainsi été adoptée en 2017 pour simplifier les procédures d'entrée et d'installation pour les étudiants et professionnels étrangers. En 2021, le Conseil national de développement de Taïwan s'est donné pour objectif de tripler le nombre d'expatriés dans le pays d'ici à 2030. Le pays compte actuellement près d'un million d'expatriés. Taïwan dispose de trois principaux visas pour les expatriés : le Working Holiday Visa, le Resident Visa et la Taiwan Gold Card.

Le Working Holiday Visa est destiné aux jeunes de 18 à 30 ans des pays partenaires qui souhaitent acquérir une expérience professionnelle et académique à l'étranger. Quant à la Taiwan Gold Card, elle offre plus d'avantages qu'un visa de nomade numérique. Les détenteurs de ce visa peuvent travailler à distance depuis Taïwan pendant 1 à 3 ans, mais aussi occuper un emploi sur place. Toutefois, les candidats doivent travailler dans l'un des huit domaines à forte valeur ajoutée : science et technologie, économie, éducation, culture et arts, sports, finance, droit et architecture.

En dépit de la disponibilité de ces visas exceptionnels, le CommonWealth Magazine rapporte qu'il existe encore des obstacles pour attirer et retenir les expatriés dans le pays. Les opérations bancaires et l'achat d'une maison restent compliqués pour les expatriés, et l'accès aux services juridiques reste difficile sans une connaissance du mandarin. Les relations politiques tendues avec la Chine et la possibilité d'une guerre font également hésiter certains expatriés à s'installer dans le pays.