New York redevient la ville la plus chère pour les expatriés

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Publié le 2023-06-09 à 10:00 par Asaël Häzaq
Où s'expatrier en 2023 ? De nombreux candidats à l'expatriation scrutent les différents classements internationaux. Ceux qui vivent déjà à l'étranger constatent les effets de l'inflation sur leur quotidien. À New York, il faut y regarder à deux fois avant de faire ses courses. Même constat dans les autres grandes villes américaines. Les autres places fortes de l'expatriation restent elles aussi marquées par une hausse des prix. Décryptage.

New York, ville la plus chère pour les expats

Toujours plus chère, la vie à New York ? ECA International, expert dans « la fourniture de connaissances, d'informations et de technologies », publie son classement 2023 des villes les plus chères pour les expatriés. New York reprend sa première place devant Hong Kong. Genève et Londres conservent leur position, respectivement troisième et quatrième. En cause, une crise mondiale qui pèse sur les économies. New York subit, comme le reste du monde, les conséquences de la guerre en Ukraine, de la pandémie, de la crise énergétique et de l'inflation. Mais le classement de New York est aussi dû à un dollar fort, et qui le reste ; conséquence de la hausse des taux d'intérêt de la Réserve fédérale (Fed), et aussi valeur refuge en temps de crise. 

Fin 2022, le journal The Economist classait New York ville la plus chère du monde. Elle était 6e en 2021. À New York, les prix des aliments de base ont bondi : 4,11 dollars le kilo de sucre, 7,17 dollars la boîte de 12 œufs, 8 dollars le litre d'huile, 5,5 dollars la tasse de café (données ECA International). Les prix observés à New York sont en moyenne supérieurs à ceux de Londres, à Hong Kong et à Singapour. D'autres villes américaines sont concernées par la flambée des prix. San Francisco passe de la 11e à la 7e place. Los Angeles passe de la 21e à la 15e place. Chicago passe de la 25e à la 20e place. Les villes américaines sont les destinations les plus chères pour les expatriés. 

Expatriés comme locaux subissent au quotidien cette flambée des prix. Une flambée qui creuse les inégalités. Les étrangers aux carrières florissantes reconnaissent continuer de vivre confortablement. Ils constatent cependant que tout coûte plus cher : sorties, alimentation, loisirs… Ils doivent faire un choix. Certains évitent les quartiers les plus onéreux, comme Manhattan et ses logements hors de prix. D'autres préfèrent quitter New York.

Hong Kong, toujours aussi onéreuse 

Elle perd sa première place, mais reste toujours aussi chère. Alors que Hong Kong multiplie les mesures pour faire revenir les talents étrangers, ces derniers doivent composer avec des prix toujours plus élevés. D'après ECA International, il faut débourser 3,73 dollars pour un kilo de sucre, 9,41 dollars pour une boîte de 12 œufs, 6,2 dollars pour un litre d'huile, 5,5 dollars pour une tasse de café. L'immobilier est regardé de près. Après une baisse des prix d'environ 15 % en 2022, on constate une légère remontée : +1 % en janvier, +2 % en février. Pékin fait pression pour une reprise des transactions immobilières et une meilleure accessibilité des logements ; pour la Chine, la crise du logement serait l'une des principales causes des manifestations antigouvernementales de 2019. 

C'est d'ailleurs à partir de 2019 que Hong Kong enregistre un flux migratoire négatif. Nombre d'expatriés la délaissent au profit de Dubai ou de Singapour. La situation est si tendue que l'on parle « d'exode des expatriés ». Ceux qui restent évoquent une forte pression sur les logements. Si l'inflation à Hong Kong a été plus contenue que dans d'autres pays, le coût de la vie reste élevé. Le contexte politique continue également de peser sur les choix des expatriés. Impensable pour le gouvernement prochinois de Hong Kong, qui bataille pour faire revenir les investisseurs étrangers, et retrouver sa place de centre international de la finance. En 2022, Singapour a détrôné Hong Kong, devenant la première place financière d'Asie.

Les autres villes les plus chères pour les expatriés 

D'autres villes connaissent des coups de chaud inédits. C'est le cas de Singapour et de Dubai. Classée 13e en 2022, Singapour bondit à la 5e place en 2023 et entre dans le cercle très fermé des 5 villes les plus chères pour les expatriés. Dubaï, classée 23e en 2022, se propulse à la 12e place cette année.

Cap sur Singapour

On peut tout d'abord noter un phénomène de glissement. Nombre d'anciens expatriés de Hong Kong se sont réfugiés à Singapour ou à Dubai. Beaucoup y ont rouvert leurs entreprises, repris leurs affaires, retrouvé un travail… sans intention de retourner à Hong Kong. Même phénomène en Chine, qui paie le prix d'une sévère politique anti-Covid. Même si le phénomène date d'avant la Covid, il s'est accéléré avec la pandémie. Les expatriés quittent la Chine pour Singapour, la Nouvelle-Zélande, le Japon, les Émirats arabes unis… Une hémorragie si grande que, là encore, certains parlent « d'exode ». Ceci expliquerait en partie le déclassement des grandes villes chinoises réputées chères. Shanghai et Guangzhou auparavant 8e et 9e (en 2022) dégringolent cette année à la 13e et la 14e place.

L'attrait des expatriés pour Singapour, positif pour l'économie, va aussi de pair avec une pression inédite sur les logements, notamment dans le haut de gamme. L'État compose avec une offre de logements trop restreinte comparativement aux arrivées des expatriés. Les prix progressent d'année en année, puis bondissent en 2022 (+30 % en moyenne). Une hausse des prix qui s'effectue dans un contexte inflationniste. Selon les experts, les hausses de loyer devraient se poursuivre, au point de replacer Singapour à un niveau comparable à celui de Hong Kong.

Singapour, bientôt remplacée par la Malaisie ?

De plus en plus d'expatriés refont leurs comptes et leurs valises. Les prix de Singapour deviennent inabordables, et rivalisent avec ceux de Londres. Il faut à présent payer son kilo de sucre 1,72 dollar. C'est 5,11 dollars pour la boîte de 12 œufs, 5,33 dollars le litre d'huile et 2,54 dollars la tasse de café. Les expatriés se rabattent sur la Malaisie, moins chère. Les entreprises étrangères se tournent aussi vers la Malaisie qui ne présente pour eux que des avantages : faible coût de la vie, population anglophone, bonnes infrastructures informatiques. 

Très riche Dubaï

Les Émirats arabes unis (EAU) continuent de peser sur les migrations internationales. L'un des États favoris des expatriés conserve sa bonne image, malgré une vie de plus en plus chère. À Dubaï, les prix s'envolent. En 2022, la ville, constituée d'une majorité d'étrangers (90 % de la population) a connu une augmentation de plus de 50 % sur les loyers. En cause, là aussi, une offre de logements qui serait trop faible par rapport à la demande. Si Dubaï a accueilli nombre d'expatriés quittant Hong Kong, elle a aussi accueilli de nombreux Hongkongais et de nombreux Russes. De nouveaux arrivants qui s'ajoutent aux nombreux immigrés résident à Dubaï. 

Dubaï, qui ambitionne de devenir la nouvelle place internationale des investissements, sera-t-elle également la ville la plus chère du monde ? Pour les observateurs, la réponse est oui. Malgré les efforts des autorités pour rendre la vie plus abordable (amélioration de l'accessibilité, mesures pour faire baisser les prix des loyers et des logements…) la tendance reste à la hausse. Mais pour l'instant, les expatriés sont toujours plus nombreux à plébisciter Dubaï.