S'expatrier en 2023 : comment planifier sa retraite

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Publié le 2023-01-20 à 14:00 par Asaël Häzaq
Réaliser un rêve, un défi personnel, se rapprocher de ses proches, partir vers l'inconnu, se réaliser autrement… Derrière chaque projet de retraite à l'étranger se cache une motivation particulière. Le contexte actuel semble paradoxalement propice à la réalisation de ces rêves sur le tard. Comme un pied de nez à la conjoncture morose, de plus en plus de retraités choisissent de vivre à l'étranger. Comment envisager ce projet en période de crise mondiale ? Quels sont les avantages d'une retraite à l'étranger ?

Crise mondiale : peut-on prendre sa retraite à l'étranger en 2023 ?

Guerre en Ukraine et dans d'autres régions du monde, inflation persistante, crise énergétique, crise économique, retour des vagues Covid, menace de récession mondiale… Difficile d'entrevoir une éclaircie à l'horizon 2023. Le pouvoir d'achat se comprime, obligeant des millions d'individus à revoir leurs plans de vie. En France, le projet de réforme de la retraite déchaîne les passions. Partir à 64 ans : impensable pour les uns, tout à fait concevable pour les autres. Au Japon, on a dépassé la question depuis longtemps. Il y a l'âge légal de départ (65 ans) et l'âge auquel des milliers de seniors japonais continuent de travailler : 70, 80 ans et même sans limites, dans certaines entreprises (et pour les salariés qui le souhaitent). Face à la hausse du coût de la vie engendré par les crises à répétition, il n'est pas toujours possible d'envisager une retraite heureuse, à l'ombre des palmiers.

Dans le même temps, on assiste pourtant à une augmentation de ces « désirs d'ailleurs ». Les retraités qui s'embarquent dans une nouvelle vie à l'étranger sont plus nombreux qu'hier. À titre d'exemple, la France compte plus d'un million de ressortissants retraités à l'étranger. La crise sanitaire a accéléré les envies de départ. La même idée semble motiver les retraités voyageurs : profiter de la vie, justement parce que le monde est en crise. C'est, pour eux, une autre façon de rester dynamique et de se projeter. Si la retraite marque la fin de la vie professionnelle ou parentale (les enfants sont grands), elle est surtout le début d'une nouvelle vie, et d'une nouvelle aventure à l'étranger.

Retraite à l'étranger : les avantages

Pourquoi cet engouement pour la retraite à l'étranger ? Les premiers avantages se trouvent dans le cadre de vie et le climat. Les retraités optent souvent pour des destinations ensoleillées, comme l'Espagne et le Portugal. On vante leur art de vivre, la douceur de leur climat, la richesse de leurs paysages.

Autres avantages : le temps et la meilleure santé. Depuis longtemps, la retraite n'est plus associée à la fin de vie. C'est, au contraire, une nouvelle vie, plus longue et en meilleure santé pour de plus en plus de retraités. Après une ou plusieurs existences consacrées aux études, au travail et aux enfants, la retraite est un nouveau départ qui rajeunit. Le projet d'expatriation projette en avant et dans de nouvelles activités. À l'étranger, on aura plus de temps pour soi et les autres : du temps pour apprendre et pratiquer la langue, découvrir son nouvel environnement, tester de nouvelles activités, socialiser avec les locaux… Des bénéfices essentiels, qui participent au succès de la nouvelle vie à l'étranger.

Les meilleurs pays pour prendre sa retraite

Selon une étude réalisée l'an dernier par Visual Capitalist, éditeur en ligne spécialisé dans l'économie mondiale, la technologie et les études de marché, les 3 meilleurs pays où passer sa retraite sont la Norvège (81%), la Suisse (80%) et l'Islande (79%). L'Irlande arrive au pied du podium (76%). L'Australie obtient un point de moins (75%). Viennent ensuite la Nouvelle-Zélande, le Luxembourg, les Pays-Bas, le Danemark et la République tchèque, en 10e position (73%). L'espérance de vie, la qualité de la vie (environnement, eau, biodiversité, qualité de l'air...), les infrastructures et la politique du gouvernement en matière de santé et de retraite (dépenses allouées à la prise en charge de la dépendance, fiscalité, etc.) font partie des critères retenus pour classer les États.

Les futurs retraités à l'étranger prennent aussi en compte d'autres critères, tout aussi importants : la distance entre le pays d'accueil et la famille, l'ensoleillement, la langue parlée. Beaucoup de francophones européens optent ainsi pour le Portugal, l'Espagne, le Maroc ou la Grèce. Ces pays figurent aussi parmi les meilleures destinations pour passer sa retraite. Plus loin, le Sénégal, la Thaïlande, le Cambodge et la Colombie gagnent aussi en popularité. Tous ces pays ont un point commun : le cadre de vie (soleil, beaux paysages) et le faible coût de la vie. Mais la crise qui perdure fait grimper les dépenses des seniors.

Inflation, crise économique : quand la précarité menace

Mais la vie, c'est aussi les dépenses, et les retraités optent pour des pays dont le coût de la vie est inférieur à celui de leur pays pour augmenter leur pouvoir d'achat. Mais depuis 2020, les crises se succèdent aux crises et se nourrissent les unes des autres. La récession menace de nombreuses économies du monde. Pour les retraités disposant de solides revenus (pension, assurance vie, investissements immobiliers…) pas de problème. Ils continueront de disposer de ressources nécessaires pour vivre, quand bien même leur coût de la vie augmenterait (alimentation, énergie, frais de santé…).

Pour ceux dont les revenus sont plus précaires, la prudence est de mise. La pandémie a plongé des milliers de retraités expatriés dans la précarité. Les États ont débloqué des aides d'urgence. Aides ponctuelles, qui n'avaient pas vocation à perdurer. Or, la crise a non seulement perduré, mais s'est amplifiée. Pour certains retraités, la vie dorée à l'étranger est devenue aussi, sinon plus contraignante que ce qu'ils vivaient avant de partir. Pour les mettre en garde des possibles complications d'une expatriation, le Département fédéral des affaires étrangères a lancé l'an dernier une campagne pour ses quelque 180 000 ressortissants retraités à l'étranger.

Que faut-il prendre en compte avant de prendre sa retraite à l'étranger ?

Pour bien profiter de sa retraite à l'étranger, il faut d'abord être conscient des réalités économiques. La conjoncture pourra être défavorable. Il faut s'assurer de pouvoir subvenir à ses besoins à l'étranger, même en cas de baisse du pouvoir d'achat.

Quel visa aurez-vous ? Renseignez-vous sur vos possibilités et sur ce que votre visa vous permettra de faire. Faites aussi le tour des assurances santé internationales.

En principe, les pensions de retraite peuvent être versées à l'étranger. Mais c'est au retraité d'avertir les autorités dont il dépend de son projet de retraite. Il devra également fournir une preuve de vie pour continuer de percevoir sa pension.

De même, à vous d'informer tous les organismes et institutions dont vous dépendez (banque, mutuelle, etc.) Certains comptes sur livret devront être clôturés en cas de départ à l'étranger.

Attention à la fiscalité. Si vous avez tout quitté pour vivre dans le pays étranger, vous dépendez de ce nouveau pays. Mais vous pourriez continuer d'être imposé dans le pays d'origine si vous y avez conservé des intérêts (revenus locatifs, par exemple). Vérifiez si votre pays d'origine et votre pays d'accueil ont signé une convention fiscale.

Ne sous-estimez pas le choc culturel. L'expatriation peut être une épreuve, amplifiée par la vie loin de ses proches. Même en cas de courte distance (vous vivez dans le pays voisin), l'éloignement géographique peut peser. Construisez votre projet avec vos proches. Faites-les participer. Recréez une nouvelle façon de garder le lien à travers les outils technologiques.

Prendre sa retraite à l'étranger : les conseils en plus

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Parlez de votre projet à votre médecin le plus tôt possible. Si vous êtes suivi par plusieurs praticiens, expliquez à chacun votre projet. Demandez s'ils connaissent des confrères dans le pays d'immigration. Vérifiez auprès de votre médecin que votre pays d'accueil dispose des infrastructures nécessaires à votre suivi. Même démarche auprès de votre assurance santé : vous devez lui faire part de votre projet.

Faut-il apprendre la langue du pays d'accueil ?

On dit souvent que les facultés d'apprentissage s'amenuisent avec l'âge. On dit aussi qu'il n'y a pas d'âge pour apprendre. Mettez-vous au défi. Apprendre la langue du pays d'accueil est une aventure en soi et fait partie intégrante de votre expatriation. On ne compte plus les articles vantant les mérites d'une retraite au soleil, ou l'on prendrait du temps pour soi, belle récompense pour ces années passées au travail ou à s'occuper de ses proches. Mais ceci n'empêche pas de se tourner vers les autres. Apprendre la langue facilitera votre intégration auprès des locaux. Évitez de rester dans une « bulle d'expatriés » et intégrez-vous.

Faut-il garder un pied à terre dans le pays d'origine ?

Tout dépend de vos projets et moyens financiers. Comptez-vous vous expatrier quelques années puis revenir dans votre pays d'origine (ou partir dans un autre pays) ? Comptez-vous rester dans le pays d'accueil jusqu'à la fin de votre vie ? Certains vendent tout pour tout réinvestir à l'étranger. D'autres préfèrent garder leur maison pour en tirer des revenus locatifs, ou s'en servir comme résidence secondaire. Garder un pied dans le pays d'origine peut effectivement être avantageux. Mais attention à la fiscalité. Sollicitez le conseil de votre banquier et d'experts en expatriation pour choisir la solution qui vous convient.

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