Vivre à Cuba : le guide de l'expatrié

S'installer à Cuba nécessite une compréhension précise des démarches administratives, qui ont connu d'importantes modifications en 2025. Le système d'immigration cubain distingue clairement les séjours touristiques de courte durée et les projets d'installation plus pérennes. Depuis juillet 2025, une révolution numérique a simplifié l'accès au territoire pour les visiteurs, tandis que l'obtention d'une résidence permanente reste un processus exigeant réservé aux personnes ayant des liens solides avec l'île.

L'e-Visa touristique obligatoire depuis juillet 2025

Une réforme majeure est entrée en vigueur le 1er juillet 2025 : Cuba a abandonné les cartes touristiques papier traditionnelles au profit d'un système entièrement numérique. Tous les voyageurs doivent désormais obtenir un e-Visa Cuba via la plateforme officielle evisacuba.cu avant leur départ. Ce document électronique est valable 90 jours et peut être renouvelé une fois sur place pour une période additionnelle de 90 jours, permettant ainsi un séjour maximal de 180 jours. Le coût varie selon les consulats, oscillant entre 25 et 100 USD, et le délai d'obtention est généralement de 1 à 3 jours après le paiement.

Pour obtenir cet e-Visa, vous devrez fournir un passeport valide au minimum 6 mois après la date d'entrée prévue, compléter le formulaire D'Viajeros dans les 7 jours précédant l'arrivée, présenter une preuve d'assurance santé valide à Cuba, et justifier d'une solvabilité financière d'au moins 50 USD par jour. À noter que les voyageurs canadiens bénéficient d'une exception : lorsqu'ils volent directement depuis le Canada, l'e-Visa est automatiquement inclus dans leur billet d'avion.

La résidence temporaire pour les professionnels

Le visa Residente de Temporal s'adresse aux étrangers souhaitant séjourner à Cuba pour une période déterminée dans le cadre d'une activité professionnelle, académique ou culturelle. D'une durée initiale de 3 mois renouvelable, ce permis se décline en plusieurs catégories adaptées aux différents profils. Le D1 concerne les employés possédant des qualifications techniques spéciales, le D2 les étudiants et chercheurs, le D3 les artistes, le D4 les athlètes, tandis que le D7 s'applique aux hommes d'affaires et commerçants. D'autres catégories couvrent les journalistes (D6), les travailleurs religieux (D8) et même les touristes médicaux (D10).

Il est important de noter que ce statut comporte des restrictions importantes : les résidents temporaires n'ont pas le droit d'acquérir une propriété, d'acheter un véhicule ou de créer une entreprise à Cuba. Ils sont également tenus de résider dans des logements touristiques officiels ou des hôtels, ce qui peut représenter un coût significatif sur la durée.

La résidence permanente : un statut convoité

Obtenir le Residente de Permanente représente l'objectif ultime pour quiconque envisage une installation durable à Cuba. Ce statut offre des avantages considérables : accès gratuit au système de santé et à l'éducation publique, droit d'acheter une propriété et des véhicules, possibilité de créer une entreprise. Les résidents permanents bénéficient pratiquement de tous les droits des citoyens cubains, à l'exception du droit de vote.

Trois voies principales mènent à la résidence permanente. La première passe par le mariage ou un lien familial avec un citoyen cubain. La deuxième implique un investissement immobilier à Cuba. La troisième nécessite la création d'une entreprise accompagnée d'un plan d'affaires approuvé par les autorités.

Le dossier de demande est particulièrement exigeant. Vous devrez fournir une lettre de demande motivée, un formulaire avec vos données personnelles complètes, votre acte de naissance, un casier judiciaire vierge, un contrat de location notarié prouvant votre logement à Cuba, ainsi qu'une preuve de solvabilité économique démontrant des revenus suffisants. Si vous êtes marié à un Cubain, le certificat de mariage et la carte d'identité de votre conjoint seront requis. Des timbres fiscaux d'un montant de 40 CUC devront être acquittés.

Un examen médical obligatoire doit être réalisé dans une clinique internationale cubaine agréée. Cet examen comprend un test VIH, une sérologie complète et une radiographie thoracique. La facture de cet examen devra être jointe au dossier. Le délai de traitement s'étend généralement entre 3 et 6 mois, et une fois la résidence approuvée, vous disposerez d'un délai de 6 mois pour récupérer votre carte de résidence physique.

Règles spécifiques pour les résidents

Les résidents permanents doivent respecter une règle importante : ils ne peuvent pas rester plus d'un an consécutif hors de Cuba sans perdre leur statut. Toutefois, une extension de cette période peut être demandée auprès d'un consulat cubain à l'étranger. Pour les Cubains ayant obtenu une résidence dans un autre pays, une obligation particulière s'applique : ils doivent retourner à Cuba au moins une fois tous les 24 mois pour conserver leurs droits sur l'île.

Démarches pratiques étape par étape

Le processus d'obtention d'une résidence permanente suit un cheminement précis. Vous devez d'abord déterminer le type de visa correspondant à votre situation, puis rassembler l'ensemble des documents requis. La demande se fait soit auprès du consulat cubain de votre pays de résidence, soit directement auprès de la Direction d'Immigration à Cuba si vous êtes déjà sur place. L'examen médical obligatoire doit être passé dans une clinique internationale à Cuba. Après avoir payé l'ensemble des frais et taxes applicables, il faut s'armer de patience pendant la période d'instruction qui dure 3 à 6 mois. Une fois l'approbation obtenue, vous disposez de 6 mois pour récupérer votre carte de résidence officielle.

Le marché du travail cubain présente des caractéristiques uniques héritées de décennies d'économie étatique. En 2025, le pays traverse une période de transition économique complexe, marquée par l'ouverture progressive au secteur privé tout en maintenant un contrôle étatique important. Les opportunités pour les expatriés restent limitées mais existent dans certains secteurs spécifiques, tandis que l'entrepreneuriat commence à se développer grâce aux réformes récentes autorisant les micro, petites et moyennes entreprises privées.

Les réalités du marché de l'emploi

Cuba affiche des statistiques d'emploi particulières qui méritent d'être contextualisées. Le taux de chômage officiel s'établit à 1,5% en 2024, avec une projection entre 3,3% et 4,5% pour fin 2025. La population active compte 4,86 millions de personnes, et le taux d'emploi atteint théoriquement 100%. Ces chiffres impressionnants masquent cependant une réalité plus nuancée : la majorité de la main-d'œuvre est employée par l'État, et le sous-emploi reste important.

Le salaire moyen après impôt s'élève à seulement 34,76 USD par mois, un montant extrêmement bas qui explique pourquoi de nombreux Cubains complètent leurs revenus par des activités parallèles. Il n'existe pas de salaire minimum officiel dans l'économie étatique, les grilles salariales étant fixées par secteur d'activité. Cette situation particulière crée un système dual où les travailleurs du secteur touristique et privé bénéficient de revenus nettement supérieurs à ceux du secteur public.

Secteurs porteurs et opportunités

Malgré les défis économiques, certains secteurs offrent des perspectives intéressantes pour les expatriés qualifiés. Le tourisme reste un pilier de l'économie cubaine et continue de se développer malgré les difficultés actuelles. La santé et la biotechnologie constituent un domaine d'excellence reconnu mondialement, où Cuba a développé une expertise unique. L'agriculture et la production de tabac demeurent des activités traditionnelles importantes. Les énergies renouvelables représentent un secteur émergent porteur, le pays cherchant à diversifier ses sources d'énergie. Enfin, les technologies de l'information sont en développement, avec des opportunités croissantes pour les professionnels qualifiés.

L'entrepreneuriat privé : une ouverture progressive

Depuis 2021, Cuba a franchi une étape importante en autorisant officiellement le travail indépendant et la création de micro, petites et moyennes entreprises privées. Cette réforme historique a ouvert de nouvelles possibilités, même si le cadre reste contraint. Quatre types d'entreprises sont désormais autorisés : le travail indépendant (cuentapropista), les MPME privées, les coopératives non agricoles, et les entreprises mixtes en partenariat avec l'État.

Pour s'établir comme travailleur indépendant, la procédure comprend plusieurs étapes : inscription auprès du registre des travailleurs indépendants, obtention d'une licence d'exploitation, enregistrement auprès de l'administration fiscale ONAT, et paiement des taxes mensuelles. Les frais d'inscription varient selon l'activité, tout comme les taxes mensuelles qui dépendent du type d'activité et des revenus générés. Les cotisations sociales représentent 20% sur une base de contribution que vous sélectionnez, avec un minimum de 2 000 CUP. Les délais d'inscription s'étendent sur 1 à 2 semaines, tandis que l'obtention de la licence prend 2 à 4 semaines supplémentaires.

Restrictions pour les entrepreneurs étrangers

Les étrangers désireux de créer une entreprise à Cuba font face à des contraintes spécifiques. La résidence permanente est indispensable pour entreprendre légalement. Certaines activités restent exclusivement réservées aux citoyens cubains. Dans la pratique, un partenariat avec un Cubain est souvent recommandé, voire nécessaire, pour naviguer dans le système administratif et comprendre les subtilités du marché local. Cette réalité implique de construire des relations de confiance solides avant de se lancer dans un projet entrepreneurial.

Le tableau ci-dessous synthétise les principales données du marché du travail cubain en 2025, permettant de mieux appréhender l'environnement économique de l'île.

Sources : Trading Economics, Statista, Numbeo

Le système fiscal cubain a connu des modifications importantes ces dernières années, particulièrement en 2025 avec l'introduction de nouveaux barèmes pour les travailleurs indépendants. Pour les expatriés, la situation fiscale dépend essentiellement du statut : salarié d'une entreprise ou travailleur indépendant. Cuba applique le principe de la territorialité : seuls les revenus générés sur le territoire cubain sont imposables. Il n'existe pas de convention fiscale entre Cuba et la France permettant d'éviter la double imposition, ce qui peut créer des situations complexes pour les résidents fiscaux français travaillant à Cuba.

L'impôt sur le revenu pour les travailleurs étrangers

Les expatriés salariés d'une entreprise à Cuba sont soumis à un régime fiscal simplifié. Le taux d'imposition s'établit à 15% sur l'ensemble des salaires et bonus perçus. Cette retenue est effectuée directement à la source par l'employeur, ce qui dispense le salarié de démarches déclaratives complexes. Seuls les revenus générés à Cuba entrent dans l'assiette fiscale, les revenus de source étrangère ne sont pas concernés par cette taxation.

Le système progressif pour les travailleurs indépendants

Depuis janvier 2025, les travailleurs indépendants cubains et étrangers avec résidence permanente font face à un nouveau barème fiscal particulièrement progressif. Les taux d'imposition peuvent atteindre jusqu'à 50% pour les revenus les plus élevés. Le système prévoit toutefois une déduction importante : jusqu'à 80% des dépenses professionnelles peuvent être déduites pour les activités qui tiennent une comptabilité rigoureuse. Pour les petites activités, un régime simplifié permet de payer un montant mensuel fixe sans obligation de tenir une comptabilité détaillée, facilitant ainsi la vie des petits entrepreneurs.

La TVA et taxes sur les ventes

Cuba applique une Taxe sur les Ventes au taux standard de 20% sur la plupart des biens et services. Ce taux est l'un des plus élevés de la région. Certains produits de première nécessité bénéficient cependant de taux réduits ou d'exonérations pour préserver le pouvoir d'achat de la population. Cette taxe est généralement incluse dans les prix affichés, contrairement à d'autres pays où elle s'ajoute au moment du paiement.

Les droits de douane à l'importation

L'importation de biens à Cuba est soumise à une réglementation stricte et à des droits de douane élevés. Les voyageurs peuvent entrer avec certains articles personnels en franchise, mais au-delà des limites autorisées, les taxes deviennent rapidement prohibitives. Les droits de douane varient considérablement selon la nature des produits, pouvant atteindre plusieurs dizaines de pourcents de la valeur. Cette politique vise à protéger la production locale et à limiter les importations dans un contexte de devises rares.

La taxe sur la propriété et autres prélèvements

Les propriétaires immobiliers à Cuba sont redevables d'une taxe foncière annuelle dont le montant varie selon la valeur cadastrale du bien et sa localisation. Les véhicules sont également soumis à une taxation annuelle. Les entreprises font face à un impôt sur les sociétés au taux de 35%, ainsi qu'à diverses contributions sociales. La gestion fiscale pour une entreprise nécessite l'accompagnement d'un comptable local maîtrisant les subtilités administratives cubaines, qui évoluent régulièrement.

Le système de santé cubain jouit d'une réputation internationale établie, l'île ayant développé une médecine de qualité malgré les contraintes économiques. Pour les expatriés, comprendre le fonctionnement de ce système dual est essentiel : d'un côté, un système public universel et gratuit accessible aux résidents permanents, de l'autre, des cliniques internationales privées destinées aux étrangers et aux Cubains disposant de devises. Cette dualité reflète la structure même de l'économie cubaine.

Le système de santé publique universel

Cuba dispose d'un système de santé public entièrement gratuit pour les citoyens cubains et les résidents permanents. Ce système couvre l'ensemble des soins, des consultations de médecine générale aux interventions chirurgicales complexes, en passant par les hospitalisations et une partie des médicaments. Le pays compte un nombre impressionnant de médecins par habitant, l'un des ratios les plus élevés au monde. La médecine préventive et de proximité constitue un pilier du système, avec des consultations régulières et un suivi personnalisé des patients.

Cependant, la réalité du terrain révèle des défis importants en 2025. Les pénuries de médicaments sont fréquentes, obligeant souvent les patients à se procurer leurs traitements par leurs propres moyens. Les infrastructures vieillissantes nécessitent des rénovations importantes, et les équipements médicaux modernes manquent dans de nombreux établissements. Les coupures d'électricité répétées affectent également le fonctionnement des hôpitaux. Malgré ces difficultés, le personnel médical reste hautement qualifié et dévoué.

Les cliniques internationales pour les expatriés

Les étrangers sans résidence permanente et ceux qui recherchent des standards internationaux se tournent vers les cliniques internationales privées. À La Havane, la Clínica Central Cira García constitue la principale référence, offrant des services médicaux complets avec des équipements modernes et un personnel bilingue. Le Centro Internacional de Salud La Pradera propose également une gamme étendue de soins. Ces établissements fonctionnent selon des standards internationaux et disposent de médicaments et d'équipements que le système public ne peut garantir.

Les tarifs de ces cliniques privées sont nettement plus élevés que dans le système public mais restent compétitifs comparés aux prix européens ou nord-américains. Une consultation de médecine générale coûte environ 25 à 50 USD, une consultation spécialisée entre 50 et 100 USD, tandis qu'une hospitalisation peut représenter plusieurs centaines de dollars par jour. Le paiement se fait généralement en espèces, en dollars américains ou en euros.

L'assurance santé internationale : une nécessité

Souscrire une assurance santé internationale avant de s'installer à Cuba est vivement recommandé, voire obligatoire pour obtenir le visa d'entrée. Cette assurance doit être valide à Cuba et couvrir les frais médicaux, d'hospitalisation et de rapatriement sanitaire. De nombreux assureurs proposent des formules spécifiques pour l'Amérique latine ou Cuba. Le coût annuel varie entre 500 et 2 000 EUR selon l'âge, les garanties choisies et les plafonds de remboursement.

Pour les expatriés français, la Caisse des Français de l'Étranger (CFE) offre une continuité de la protection sociale. Cette affiliation volontaire permet de maintenir ses droits à la Sécurité sociale française tout en vivant à l'étranger. La CFE rembourse selon les barèmes français, ce qui peut ne pas couvrir l'intégralité des frais dans les cliniques internationales cubaines. Une assurance complémentaire reste donc souvent nécessaire pour combler les différences.

Pharmacies et médicaments

Les pharmacies internationales présentes dans les cliniques privées et certains grands hôtels proposent un stock de médicaments plus fiable que les pharmacies publiques cubaines. Il est fortement conseillé d'emporter une réserve de vos traitements habituels lors de votre installation, les pénuries pouvant toucher même les médicaments courants. Les médicaments sur ordonnance nécessitent une prescription d'un médecin cubain, même si vous avez une ordonnance de votre pays d'origine. Prévoyez également d'emporter des produits d'hygiène et de soins courants qui peuvent manquer dans les commerces locaux.

Urgences et évacuations médicales

En cas d'urgence médicale, composez le 104 pour une ambulance. Pour les situations graves nécessitant des soins que Cuba ne peut fournir, une évacuation médicale vers les États-Unis, le Mexique ou l'Europe peut s'avérer nécessaire. Ces évacuations coûtent entre 10 000 et 50 000 USD selon la destination et le moyen de transport. Une assurance avec clause de rapatriement sanitaire est donc absolument indispensable. Vérifiez que votre contrat couvre bien Cuba, certains assureurs excluant ce pays de leurs garanties en raison de l'embargo américain.

Le système éducatif cubain est entièrement public et gratuit, de la maternelle à l'université. L'île affiche un taux d'alphabétisation de près de 100%, l'un des plus élevés du monde, témoignant de l'importance accordée à l'éducation depuis la révolution. Pour les familles d'expatriés, le choix se pose entre l'intégration dans le système cubain et l'inscription dans l'unique école internationale de La Havane, chacune de ces options présentant avantages et contraintes spécifiques.

Le système éducatif cubain

L'éducation à Cuba suit un modèle structuré en plusieurs cycles. Le Círculo Infantil accueille les enfants de 1 à 5 ans, équivalent de la crèche et de la maternelle. Le Primaria couvre l'enseignement primaire de 6 à 11 ans sur six années. Le Secundaria Básica correspond au collège et s'étend de 12 à 14 ans. Le Pre-Universitario prépare au baccalauréat cubain de 15 à 17 ans, tandis que l'Enseñanza Técnica y Profesional offre une filière professionnelle alternative.

L'enseignement se déroule entièrement en espagnol, ce qui nécessite une maîtrise préalable de la langue ou une période d'adaptation pour les enfants non hispanophones. Le programme est standardisé au niveau national et met l'accent sur les matières fondamentales : mathématiques, sciences, histoire et langue espagnole. Les classes sont généralement chargées, avec des ratios élèves-enseignants élevés. L'uniforme scolaire est obligatoire, différent selon le niveau, et les familles doivent se procurer les fournitures scolaires, ce qui peut représenter un défi en période de pénuries.

L'International School of Havana : l'alternative anglophone

Pour les familles expatriées recherchant un cursus international, l'International School of Havana (ISH) constitue la seule option. Fondée en 1965, cette école privée accueille environ 230 élèves de la maternelle au lycée (de 3 à 18 ans). Elle suit le curriculum américain et prépare au International Baccalaureate (IB), reconnu mondialement. L'enseignement se déroule en anglais, avec des cours d'espagnol obligatoires pour tous les élèves.

L'école est située dans le quartier de Miramar, zone résidentielle prisée des expatriés à l'ouest de La Havane. Elle dispose d'installations modernes incluant des laboratoires scientifiques, une bibliothèque, des terrains de sport et des salles informatiques. Le corps enseignant est international, majoritairement composé d'Américains et de Canadiens, avec quelques professeurs cubains pour l'enseignement de l'espagnol et de la culture locale.

Les frais de scolarité constituent un investissement conséquent. Comptez environ 15 000 à 25 000 USD par an selon le niveau, auxquels s'ajoutent des frais d'inscription uniques de plusieurs milliers de dollars, des frais annexes pour les activités, les sorties scolaires et le transport. Le paiement s'effectue généralement en dollars américains, par virement international ou en espèces. Ces montants placent l'ISH parmi les dépenses majeures pour une famille d'expatriés à Cuba.

Conditions d'admission et particularités

L'inscription à l'ISH nécessite de soumettre un dossier complet comprenant les bulletins scolaires antérieurs, une lettre de recommandation, un certificat médical et une preuve du statut légal à Cuba (visa de résidence ou diplomatique). Un test d'évaluation du niveau académique et linguistique peut être requis. L'école accueille prioritairement les enfants du personnel diplomatique, des organisations internationales et des entreprises étrangères implantées à Cuba. Les places sont limitées, et une liste d'attente existe parfois pour certains niveaux.

Le calendrier scolaire de l'ISH suit le modèle américain, de fin août à début juin, avec des vacances en décembre et au printemps. Cette organisation diffère du calendrier cubain. L'école organise des activités extrascolaires variées : sports, arts, clubs thématiques, permettant aux enfants de développer leurs centres d'intérêt et de tisser des liens sociaux.

Options alternatives et cours particuliers

Certaines familles optent pour l'enseignement à domicile (homeschooling), légalement possible à Cuba mais nécessitant une autorisation du ministère de l'Éducation et un suivi rigoureux du programme. Des cours particuliers en espagnol, mathématiques ou autres matières sont disponibles, dispensés par des enseignants cubains qualifiés souvent ravis de compléter leurs revenus modestes. Ces cours coûtent généralement entre 5 et 15 USD de l'heure selon la matière et le niveau.

Trouver un logement à Cuba représente l'un des défis majeurs pour les nouveaux arrivants. Le marché immobilier cubain fonctionne selon des règles spécifiques héritées du système socialiste, avec une ouverture progressive à la propriété privée depuis 2011. Les expatriés ont le choix entre la location de courte durée dans des casas particulares, la location longue durée d'appartements, ou l'achat d'une propriété pour ceux qui obtiennent la résidence permanente. Chaque option présente des avantages et des contraintes qu'il convient de bien comprendre avant de s'engager.

Les casas particulares : la solution flexible

Les casas particulares sont des chambres ou logements chez l'habitant, légalement autorisés depuis les années 1990. Cette formule connaît un succès grandissant auprès des voyageurs et des expatriés en phase d'installation. Les propriétaires louent une partie de leur logement, souvent meublée et équipée, pour des durées variables. Les tarifs oscillent entre 25 et 80 USD par nuit selon le standing, la localisation et la saison. Pour un séjour longue durée, des négociations permettent généralement d'obtenir des réductions significatives, ramenant le coût mensuel à 500-1 000 USD.

Ces hébergements offrent l'avantage de l'interaction avec des Cubains, facilitant l'immersion culturelle et l'apprentissage de l'espagnol. Les propriétaires sont souvent de bon conseil pour s'orienter dans la ville et comprendre le fonctionnement local. En revanche, la cohabitation peut limiter l'intimité, et les équipements dépendent du standing de chaque casa. L'électricité et l'eau chaude ne sont pas toujours garantis 24h/24 en raison des coupures fréquentes.

La location d'appartements longue durée

Pour une installation plus stable, la location d'un appartement entier constitue l'option privilégiée. À La Havane, les loyers varient considérablement selon les quartiers. Dans les zones centrales comme Vedado ou Miramar, un appartement de deux chambres coûte entre 500 et 1 500 USD par mois. Dans les quartiers plus éloignés comme Centro Habana ou Playa, les prix descendent à 300-800 USD mensuels. Ces tarifs s'entendent généralement pour des logements meublés avec équipements basiques.

Le contrat de location doit impérativement être notarié et enregistré auprès des autorités cubaines, particulièrement si vous sollicitez une résidence permanente. Les baux sont généralement conclus pour un an minimum, avec un préavis de 1 à 3 mois pour la résiliation. Le propriétaire exige souvent un dépôt de garantie équivalent à 1 ou 2 mois de loyer. Les charges (électricité, eau, gaz) sont parfois incluses, mais de plus en plus souvent à la charge du locataire, représentant un surcoût mensuel de 30 à 100 USD selon la consommation et les tarifs en vigueur.

L'achat immobilier : un investissement possible

Depuis 2011, les étrangers possédant la résidence permanente à Cuba peuvent acheter une propriété. Cette ouverture historique a créé un marché immobilier dynamique, particulièrement à La Havane. Les prix varient énormément selon la localisation, l'état du bien et sa superficie. Dans Vedado, quartier prisé proche du centre, un appartement de 80 m² se négocie entre 60 000 et 150 000 USD. À Miramar, zone résidentielle huppée, une maison avec jardin peut atteindre 200 000 à 500 000 USD. Dans les quartiers moins centraux ou nécessitant des travaux, les prix descendent à 30 000-80 000 USD.

La procédure d'achat exige l'intervention d'un notaire cubain et l'enregistrement du bien au registre foncier. Les frais de notaire représentent environ 4% du prix de vente. L'acheteur et le vendeur doivent tous deux être présents physiquement lors de la transaction, ou se faire représenter par procuration notariée. Le paiement s'effectue en espèces, le système bancaire cubain ne permettant pas de financement immobilier pour les étrangers. Il faut donc arriver avec la totalité du montant en cash, généralement en dollars ou en euros.

Les quartiers prisés de La Havane

Vedado demeure le quartier préféré des expatriés : central, relativement calme, avec de belles avenues arborées, des immeubles des années 1950, des restaurants, des théâtres et une vie culturelle intense. Miramar, à l'ouest, est plus résidentiel et abrite la plupart des ambassades, entreprises étrangères et l'International School of Havana. La Habana Vieja, le centre historique classé à l'UNESCO, attire par son architecture coloniale exceptionnelle, mais les bâtiments nécessitent souvent des rénovations importantes. Centro Habana, plus populaire, offre une immersion authentique dans la vie cubaine quotidienne avec des loyers plus accessibles.

État du parc immobilier et défis quotidiens

La majorité des logements cubains souffre d'un manque d'entretien chronique. Les infrastructures vieillissantes posent des problèmes réguliers : plomberie défectueuse, installations électriques vétustes, fuites, problèmes d'humidité. Les coupures d'électricité quotidiennes affectent tous les quartiers, rendant indispensable l'installation de solutions de secours comme des générateurs ou des lampes de camping. L'eau courante peut être intermittente, justifiant l'usage de citernes de stockage sur les toits. Internet à domicile reste limité et coûteux, avec des débits souvent insuffisants pour le télétravail. Ces réalités doivent être prises en compte lors du choix d'un logement, certains immeubles ou quartiers étant mieux lotis que d'autres en termes d'infrastructures.

Déménager à Cuba nécessite une préparation minutieuse en raison des spécificités de l'île : accès limité à certains produits, bureaucratie administrative complexe, et conditions de vie différentes de l'Europe occidentale. Une planification rigoureuse plusieurs mois avant le départ facilite grandement l'installation et évite les mauvaises surprises. Voici une checklist détaillée pour préparer sereinement votre expatriation cubaine.

Avant le départ : les démarches administratives

1. Obtenir votre visa : Commencez les démarches au moins 6 mois avant le départ pour une résidence permanente, les délais de traitement pouvant atteindre 6 mois. Pour un e-Visa touristique, 1 mois suffit largement.
2. Souscrire une assurance santé internationale : Comparez les offres et choisissez une couverture adaptée à Cuba avec rapatriement sanitaire inclus. Vérifiez que votre contrat est accepté par les autorités cubaines pour l'obtention du visa.
3. Organiser les aspects financiers : Informez votre banque de votre départ. Ouvrez si possible un compte dans une banque internationale présente à Cuba. Préparez des espèces en dollars américains ou euros pour vos premiers mois, le système bancaire cubain étant limité.
4. Rassembler vos documents officiels : Faites traduire en espagnol et légaliser vos diplômes, certificats de naissance, casier judiciaire, certificats médicaux. Ces traductions certifiées seront nécessaires pour vos démarches administratives à Cuba.
5. Gérer votre situation fiscale : Consultez un conseiller fiscal pour comprendre vos obligations dans votre pays d'origine et à Cuba. L'absence de convention fiscale entre Cuba et la France peut créer des situations de double imposition.
6. Organiser la scolarité des enfants : Si vous avez des enfants, contactez l'International School of Havana plusieurs mois à l'avance pour réserver une place et connaître les modalités d'inscription.

Préparer vos bagages : ce qu'il faut absolument emporter

1. Médicaments et produits de santé : Constituez une réserve pour au moins 6 mois de vos traitements habituels, accompagnés des ordonnances traduites. Ajoutez une trousse de premiers secours complète avec médicaments courants (antidouleurs, anti-diarrhéiques, antiseptiques), les pénuries pharmaceutiques étant fréquentes.
2. Produits d'hygiène et cosmétiques : Emportez vos produits préférés en quantité suffisante (dentifrice, shampoing, savon, déodorant, protections hygiéniques, crèmes solaires), leur disponibilité à Cuba étant aléatoire et les marques occidentales rares.
3. Matériel électronique : Apportez votre ordinateur portable, smartphone, disques durs externes, adaptateurs universels, batteries de secours et lampes rechargeables pour pallier les coupures d'électricité quotidiennes. Les équipements électroniques sont hors de prix à Cuba.
4. Vêtements adaptés : Privilégiez des vêtements légers en coton pour le climat tropical, mais incluez quelques pulls légers pour la climatisation excessive des lieux publics et les soirées fraîches en hiver. N'oubliez pas maillots de bain, chapeaux et lunettes de soleil.
5. Livres et divertissements : L'accès limité à Internet et les coupures d'électricité rendent précieux les livres papier, jeux de société, instruments de musique et autres loisirs non électroniques. Téléchargez des contenus numériques (films, séries, musiques, podcasts) sur vos appareils.
6. Ustensiles et équipements pratiques : Un bon couteau de cuisine, des ustensiles de qualité, une cafetière, des filtres à eau, des piles rechargeables, une lampe frontale et des bougies amélioreront significativement votre quotidien.

À l'arrivée : vos premières semaines

1. Trouver un logement temporaire : Réservez une casa particular pour vos premières semaines, le temps de visiter des appartements et de choisir votre quartier. Cette flexibilité initiale est précieuse.
2. Obtenir une carte SIM locale : Rendez-vous dans une boutique ETECSA pour acheter une carte SIM cubaine et un forfait internet. Les files d'attente peuvent être longues, prévoyez du temps.
3. Repérer les services essentiels : Identifiez les supermarchés pour étrangers, la clinique internationale la plus proche, les bureaux de change CADECA, les distributeurs automatiques fonctionnels et les points d'accès WiFi publics.
4. Créer un réseau local : Connectez-vous avec d'autres expatriés via les réseaux sociaux, les groupes Facebook ou le forum d'Expat.com. Ces contacts sont précieux pour obtenir conseils pratiques et bons plans.
5. Apprendre les codes locaux : Observez comment fonctionnent les files d'attente, les marchés, les transports. Cuba a ses propres codes sociaux qu'il faut comprendre pour faciliter votre intégration.
6. Constituer des réserves : Dès que vous trouvez un produit rare ou utile, achetez-en plusieurs exemplaires. Cette stratégie d'anticipation est essentielle face aux pénuries imprévisibles qui caractérisent la vie quotidienne cubaine.

Cuba offre une richesse culturelle exceptionnelle qui constitue l'un des principaux attraits de l'île pour les expatriés. Entre musique omniprésente, architecture coloniale magnifiquement préservée, plages de sable blanc et sites naturels spectaculaires, les occasions de se divertir ne manquent pas. La vie culturelle cubaine est intense, festive et profondément ancrée dans l'identité nationale. Même avec les difficultés économiques actuelles, les Cubains maintiennent une joie de vivre communicative et une créativité débordante qui marquent profondément ceux qui s'installent sur l'île.

Musique et danse : au cœur de l'âme cubaine

La musique fait partie intégrante de la vie quotidienne à Cuba. Dans les rues de La Havane, à toute heure du jour et de la nuit, des mélodies de son cubain, salsa, rumba ou reggaeton s'échappent des fenêtres et des bars. Les casas de la música proposent des concerts live presque tous les soirs, où musiciens professionnels et amateurs se succèdent. Le Buena Vista Social Club, rendu mondialement célèbre, continue d'inspirer une nouvelle génération d'artistes perpétuant la tradition musicale cubaine.

Pour les amateurs de danse, La Havane regorge d'écoles proposant des cours de salsa, mambo, cha-cha-cha ou rumba. Les tarifs démarrent à 5-10 USD par cours, et les professeurs cubains sont reconnus pour leur pédagogie et leur patience. Les casas de la trova à Trinidad et Santiago de Cuba offrent une expérience authentique de musique traditionnelle dans des cadres intimistes. Chaque quartier organise ses propres rumbas de barrio le week-end, des fêtes de quartier ouvertes à tous où la convivialité règne.

Patrimoine architectural et sites UNESCO

Cuba compte neuf sites inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO, témoins d'une histoire riche et mouvementée. La Habana Vieja, le centre historique de La Havane, déploie ses ruelles pavées, ses places coloniales et ses fortifications du 16ème siècle. Trinidad, ville-musée figée dans le temps, offre un voyage dans le Cuba colonial avec ses maisons colorées aux balcons en fer forgé. Cienfuegos, la perle du Sud, séduit par son architecture néoclassique du 19ème siècle. Camagüey, avec son dédale de ruelles et ses églises baroques, mérite également le détour.

La vallée de Viñales, à l'ouest, combine beauté naturelle et patrimoine culturel avec ses mogotes (formations karstiques), ses plantations de tabac traditionnelles et ses peintures rupestres. Le Castillo de San Pedro de la Roca à Santiago de Cuba illustre l'architecture militaire espagnole dans les Caraïbes. Ces sites offrent des excursions enrichissantes pour comprendre l'histoire cubaine et varier les paysages.

Plages et nature : les trésors insulaires

Avec 5 746 km de côtes, Cuba dispose de plages paradisiaques accessibles depuis La Havane ou les grandes villes. Varadero, à 2 heures de la capitale, étire ses 20 km de sable blanc bordés d'eaux turquoise. Playa del Este, à seulement 30 minutes de La Havane, constitue l'échappatoire week-end des habitants de la capitale. Cayo Coco et Cayo Guillermo, reliés par des digues, offrent des plages quasi désertes et des fonds marins exceptionnels pour la plongée.

Les amateurs de randonnée apprécieront la Sierra Maestra, massif montagneux culminant au Pico Turquino (1 974 m), point le plus élevé de Cuba. Le Parque Nacional Alejandro de Humboldt, dans l'est de l'île, protège l'une des forêts tropicales les mieux préservées des Caraïbes, abritant de nombreuses espèces endémiques. La Ciénaga de Zapata, zone humide la plus vaste des Caraïbes, attire les passionnés d'ornithologie.

Festivals et événements culturels

Le calendrier culturel cubain est rythmé par de nombreux festivals internationaux. Le Festival Internacional del Nuevo Cine Latinoamericano en décembre transforme La Havane en capitale du cinéma latino-américain. Le Festival Internacional de Ballet de La Habana en octobre réunit les plus grandes compagnies mondiales. Le Carnaval de La Habana en août déploie chars, costumes et musique dans les rues de la capitale. Le Festival Internacional de Jazz en janvier célèbre une tradition musicale ancrée à Cuba.

Santiago de Cuba organise le carnaval le plus authentique et festif de l'île en juillet, attirant des milliers de visiteurs. La Feria Internacional del Libro en février propose stands, rencontres d'auteurs et animations littéraires. Ces événements créent des occasions uniques de plonger dans la culture cubaine et de rencontrer artistes et intellectuels locaux et internationaux.

Gastronomie et restaurants

La cuisine cubaine, influencée par les traditions espagnoles, africaines et caribéennes, se caractérise par des plats simples et savoureux. Le ropa vieja (bœuf effiloché), le lechón asado (porc rôti), le congrí (riz aux haricots noirs) et les tostones (bananes plantains frites) constituent les classiques. Les paladares, restaurants privés installés dans des maisons particulières, offrent une cuisine de meilleure qualité que les établissements étatiques, avec des additions oscillant entre 10 et 30 USD par personne.

Les amateurs de cigares apprécieront les casas del habano, boutiques officielles où déguster les meilleurs crus cubains dans des fumoirs climatisés. Une visite d'une fábrica de tabacos (manufacture de cigares) à Viñales ou Pinar del Río permet de comprendre le processus de fabrication artisanale de ces produits d'exception. Les ron cubanos (rhums cubains) comme Havana Club méritent également d'être découverts, idéalement lors d'une visite du musée du Rhum à La Havane.

Se déplacer à Cuba requiert flexibilité, patience et créativité. Le système de transport reflète les contraintes économiques du pays : pénuries d'essence, véhicules vieillissants, infrastructures limitées. Les expatriés combinent généralement plusieurs modes de transport selon leurs besoins, leur budget et leur localisation. De la voiture de location aux bus collectifs en passant par les taxis privés et les vélos, chaque option présente ses particularités dans le contexte cubain.

Transports publics : économiques mais complexes

Les guaguas (bus publics) constituent le moyen de transport le plus économique avec des tickets à 0,40 USD, mais leur usage pose des défis considérables pour les étrangers. Les horaires sont aléatoires, les bus bondés, et le réseau difficile à déchiffrer sans connaissance locale. Les coupures d'essence rendent le service encore plus imprévisible en 2025. Les camiones (camions aménagés) complètent l'offre dans certaines zones, avec le même niveau d'inconfort et d'imprévisibilité.

Les taxis officiels jaunes de l'État facturent environ 0,50 USD par km mais restent rares et réservés prioritairement aux touristes. Les taxis privés (voitures particulières marquées d'un autocollant rouge) négocient des courses fixes, généralement entre 5 et 15 USD selon la distance dans La Havane. Il est essentiel de convenir du prix avant de monter pour éviter les malentendus. Ces véhicules, souvent des voitures américaines des années 1950 ou des Ladas soviétiques, font partie du paysage cubain mais leur fiabilité varie considérablement.

Location de voiture : liberté et défis

Louer une voiture offre une autonomie précieuse pour explorer l'île, mais s'accompagne de contraintes spécifiques. Les agences officielles comme Cubacar, Havanautos ou Rex proposent des véhicules récents, principalement des modèles chinois ou européens. Les tarifs démarrent à 50-70 USD par jour pour une petite voiture, montant auquel s'ajoutent l'assurance obligatoire (15-25 USD/jour) et l'essence. Une caution de 200-500 USD est prélevée par empreinte bancaire.

Les conditions de conduite à Cuba nécessitent une vigilance constante. Les routes principales sont dans un état correct mais les routes secondaires souffrent de nids-de-poule profonds. La signalisation est minimaliste et souvent absente. Les panneaux d'arrêt et feux rouges font parfois défaut. La circulation est imprévisible : vélos, charrettes à cheval, piétons, animaux partagent la chaussée avec les véhicules motorisés. Les phares défectueux sont fréquents, rendant la conduite de nuit particulièrement dangereuse.

Les stations-service se raréfient hors des grandes villes, et les pénuries d'essence de 2025 obligent à planifier minutieusement ses déplacements. Des files d'attente de plusieurs heures se forment régulièrement devant les pompistes. Le litre d'essence coûte environ 1,30-1,50 USD selon le type. Il est prudent de faire le plein dès que possible et d'emporter un jerrican de secours pour les longs trajets.

Les almendrones : les taxis collectifs iconiques

Les almendrones, ces spectaculaires voitures américaines des années 1940-1950 magnifiquement entretenues, fonctionnent comme des taxis collectifs sur des itinéraires fixes dans les villes. Ils représentent une option intermédiaire entre le bus public bondé et le taxi privé coûteux. Un trajet coûte généralement 10-20 pesos cubains (environ 0,40-0,80 USD), significativement moins cher qu'un taxi privé. Le parcours suit des lignes prédéfinies, et le véhicule s'arrête pour charger et décharger des passagers tout au long du trajet.

Pour les expatriés, les almendrones offrent une expérience authentique et économique une fois les lignes et les codes compris. Il faut héler le véhicule comme un taxi, mais vérifier qu'il se dirige dans votre direction. Le paiement s'effectue en pesos cubains, rarement acceptés en devises. Cette option convient aux trajets quotidiens prévisibles une fois que vous avez identifié les lignes utiles pour vos déplacements habituels.

Vélo et mobilité douce

Le vélo constitue un excellent moyen de transport à Cuba, particulièrement à La Havane où les distances sont gérables et la topographie relativement plate. De nombreux Cubains utilisent quotidiennement le vélo par nécessité économique. Les expatriés l'adoptent pour sa praticité : pas de souci d'essence, de parking ou d'embouteillages. Un vélo d'occasion se négocie entre 50 et 150 USD selon l'état. L'achat d'un vélo neuf importé coûte nettement plus cher.

Quelques précautions s'imposent : investir dans un bon antivol (les vols sont fréquents), vérifier régulièrement l'état des freins et pneus (les pièces détachées sont rares), et installer un éclairage puissant pour la nuit (les rues sont souvent mal éclairées). Le port du casque, bien que rarement respecté à Cuba, est vivement recommandé compte tenu de la circulation chaotique.

Transports inter-villes : bus Viazul et trains

Pour voyager entre les villes, le bus Viazul représente l'option la plus fiable et confortable pour les étrangers. Cette compagnie d'État opère des liaisons régulières entre les principales destinations touristiques avec des bus climatisés et relativement ponctuels. Un trajet La Havane-Trinidad coûte environ 25 USD, La Havane-Santiago 51 USD. Les réservations se font en ligne ou aux guichets Viazul, mais les places sont limitées et se vendent rapidement en haute saison.

Les trains cubains sont nettement moins recommandables : lents, peu fiables, inconfortables et souvent en panne. Le réseau ferroviaire vieillissant souffre d'un manque d'investissement chronique. Seuls les voyageurs aventureux ou à budget très serré optent pour ce moyen de transport. Un trajet La Havane-Santiago prend officiellement 15 heures mais peut facilement s'étirer sur 24 heures ou plus en cas de panne, chose fréquente. Le coût dérisoire (quelques dollars) ne compense pas les désagréments.

Taxis pour l'aéroport et transferts longue distance

Pour rejoindre l'aéroport José Martí depuis le centre de La Havane (15 km), comptez 25-30 USD en taxi officiel ou 15-20 USD en taxi privé négocié. Certains hôtels et casas particulares proposent des services de transfert à des tarifs similaires. Prévoyez large pour le timing car les embouteillages et les pannes sont imprévisibles.

Les transferts privés pour de longues distances (exemple : La Havane vers Varadero ou Viñales) peuvent être organisés via des agences ou des contacts locaux. Un trajet La Havane-Varadero (140 km) en voiture privée coûte entre 80 et 120 USD selon le type de véhicule. Cette option offre confort et flexibilité pour les déplacements en famille ou avec beaucoup de bagages.

Le coût de la vie à Cuba présente de fortes disparités selon que l'on adopte un mode de vie local ou que l'on maintienne des standards occidentaux. Les expatriés évoluent généralement dans un système dual : accès aux commerces en devises étrangères (USD/EUR) avec des prix élevés, tout en bénéficiant de certains services locaux en pesos cubains à bas prix. Globalement, Cuba reste environ 38% moins cher que l'Europe occidentale pour les dépenses courantes, mais certains postes budgétaires comme les écoles internationales, l'internet ou les produits importés peuvent représenter des coûts majeurs.

Budget mensuel pour une personne seule

Une personne seule vivant à La Havane avec un confort standard peut estimer ses dépenses mensuelles selon le tableau ci-dessous. Ces montants reflètent les prix d'octobre 2025 et se basent sur un mode de vie intermédiaire : logement décent dans un quartier convenable, alimentation mixte (marchés locaux et supermarchés pour étrangers), sorties régulières mais raisonnables, utilisation des transports en commun et taxis occasionnels.

Source : Numbeo - Données octobre 2025

Ces montants peuvent varier significativement selon le quartier, les habitudes de consommation et la capacité à négocier ou à accéder au marché local en pesos cubains. Une personne adoptant pleinement le mode de vie cubain peut réduire ce budget de 30 à 40%, tandis qu'un expatrié maintenant des standards occidentaux stricts peut facilement le doubler.

Budget mensuel pour une famille de quatre personnes

Une famille de quatre personnes (deux adultes, deux enfants) installée à La Havane fait face à des dépenses nettement supérieures, particulièrement si les enfants fréquentent l'International School of Havana. Le tableau suivant présente un budget mensuel réaliste pour une famille d'expatriés maintenant un confort correct.

Source : Numbeo - Données octobre 2025 et estimations pour scolarité ISH

Ce budget de 6 500 USD mensuels (soit environ 78 000 USD annuels) place Cuba parmi les destinations coûteuses pour les familles d'expatriés, principalement en raison des frais de scolarité internationaux. Les familles dont les enfants intègrent le système cubain public peuvent diviser ce budget par deux, mais cela nécessite une maîtrise de l'espagnol et une capacité d'adaptation importante.

Prix de référence pour des achats courants

Pour mieux appréhender le coût de la vie quotidien, voici quelques prix indicatifs en USD pour des produits et services courants à La Havane : un repas dans un restaurant bon marché coûte environ 7,00 USD, un repas pour deux dans un restaurant de gamme moyenne 30,00 USD. Un litre de lait s'achète 2,50 USD, une douzaine d'œufs 2,62 USD, un kilo de riz 1,62 USD. Une bière locale (0,5L) dans un bar coûte 2,00 USD, un cappuccino 2,74 USD. Un ticket de bus local revient à 0,40 USD, un taxi pour 8 km environ 10,00 USD. Une place de cinéma coûte 5,00 USD, une heure en salle de sport 38,66 USD par mois. Un jean Levi's vaut 61,32 USD, une paire de Nike 91,06 USD.

Ces prix révèlent les disparités du système cubain : les transports publics et certains services restent très abordables, tandis que les produits importés, vêtements de marque et équipements électroniques atteignent des tarifs prohibitifs, parfois supérieurs aux prix européens. La stratégie optimale consiste à s'approvisionner en produits locaux sur les marchés, à cuisiner chez soi, à utiliser les transports en commun, tout en acceptant de payer le prix fort pour certains besoins incompressibles comme l'internet ou l'assurance santé.