Études à l'étranger : assiste-t-on à une reprise ?

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Publié le 2022-05-23 à 10:00 par Ester Rodrigues
La pandémie de Covid-19 a eu un impact considérable non seulement sur les entreprises et les économies mais aussi sur les projets d'études à l'étranger. De nombreux pays affichent une baisse du nombre d'étudiants étrangers ces deux dernières années, principalement en raison de la fermeture des frontières, de l'inflation, de l'annulation des bourses et, actuellement, de la guerre. Mais rien n'est perdu.

Australie et les États-Unis

En janvier 2022, l'Australie comptait 355 627 étudiants étrangers titulaires d'un visa étudiant, ce qui représente une chute de 21% par rapport à janvier 2021. En 2021, donc, 570 626 étudiants étrangers étaient inscrits dans un établissement d'enseignement australien. Qui plus est, plus de la moitié d'entre eux étaient inscrits à un programme d'enseignement supérieur. Il est intéressant de noter que la plupart des étudiants étrangers en Australie provient de Chine, d'Inde, du Népal, du Vietnam et de la Malaisie.

Aux États-Unis, selon les dernières données de l'organisme US Customs and Immigration Student and Exchange Visitor Program, le nombre de visas étudiants accuse une baisse de -1,2% par rapport à 2020. Le nombre total d'étudiants étrangers inscrits dans les universités américaines est ainsi passé de 1 075 496 pour la période 2019- 2020 à 914 095 pour la période 2020-2021, ce qui représente une baisse de 15%. Pendant cette même période, le nombre de nouvelles inscriptions aux universités américaines a chuté de 45,6 % .

Selon le site Statista, la grande majorité des étudiants étrangers aux États-Unis provient de Chine et d'Inde. On en comptait, au total, de 317 299 étudiants chinois et 167 582 étudiants indiens, respectivement, au cours de l'année universitaire 2020-21. Pour la période de 2018-19, 377 943 étudiants étrangers ayant ces deux nationalités étaient inscrits dans des universités américaines, ce qui représente plus du tiers du nombre d'étudiants étrangers dans le pays. De manière générale, les programmes d'ingénierie, de mathématiques et d'informatique sont les plus sollicités par ces étudiants.

Pays-Bas et Espagne

Aux Pays-Bas, cependant, les chiffres officiels indiquent le contraire. En effet, selon les derniers chiffres publiés par Statistics Netherlands (CBS), 115 000 étudiants étrangers étaient inscrits dans les universités néerlandaises au cours de l'année universitaire 2021/22. Le communiqué indique que ces 16 dernières années, le nombre d'étudiants internationaux a augmenté plus rapidement que le nombre d'étudiants néerlandais. Au cours de l'année universitaire 2021/22, l'enseignement supérieur néerlandais comptait pas moins de 115 000 étudiants étrangers. Il s'agit d'un chiffre qui est 3,5 fois supérieur par rapport à la période 2005/2006 où le pays n'accueillait que 33 000 étudiants étrangers.

En Espagne également, il semble que la pandémie n'ait pas affecté les études supérieures de manière conséquente. Si pour la période 2017-2018, les universités espagnoles comptaient 185 145 étudiants étrangers, ce nombre est passé à 194 743 en 2019-2020. Pendant la pandémie, 208 366 étudiants étrangers ont tout de même rejoint les universités espagnoles.

Royaume-Uni

Le Royaume-Uni est le deuxième pays le plus populaire au monde auprès des étudiants étrangers. Les chiffres officiels démontrent, en effet, que le pays comptait plus d'un demi-million d'étudiants étrangers en 2022. Comme c'est le cas de plusieurs autres pays européens, le Royaume-Uni n'a pas subi de baisse conséquente depuis le début de la pandémie, le nombre total étant de 605 130 cette année. Il est intéressant de noter que 205 690 sont des étudiants de premier cycle non européens. Quant aux étudiants étrangers provenant de pays non européens, on en compte 376 880. Selon les chiffres publiés sur le site Erudera, la majorité des étudiants non européens qui se trouvent actuellement au Royaume-Uni viennent de Chine (263 965). On retrouve ensuite l'Inde avec 72 085 étudiants et le Nigeria avec 16 980 étudiants.

L'expérience des étudiants

Italo del Castillo est un étudiant d'origine péruvienne qui vit actuellement au Canada. Ce dernier est inscrit dans un programme d'administration des affaires dans une université en Colombie-Britannique. Italo avoue que la pandémie a entraîné un retard d'environ six mois dans son projet d'études à l'étranger. Il a d'ailleurs été contraint de suivre des cours à distance. Même s'il a pu regagner le Canada après de longs mois d'attente, il ne cache pas les difficultés qu'il a rencontrées en tant qu'étudiant étranger. « En premier lieu, le coût de la vie sera toujours le facteur pertinent avant de prendre sa décision d'étudier à l'étranger. Il peut être plus élevé par rapport à d'autres villes ou pays d'Amérique latine, par exemple. » Cependant, il existe au Canada une réglementation gouvernementale qui permet aux étudiants étrangers d'avoir une vie relativement satisfaisante à long terme. En effet, la réglementation canadienne autorise les étudiants étrangers à travailler à temps partiel pendant leurs études et à temps plein pendant les vacances, généralement entre avril et septembre et de fin décembre à la première quinzaine de janvier.

Gladys Lardy, 20 ans, est une étudiante française. Elle préfère de loin acquérir une expérience professionnelle à l'étranger plutôt que poursuivre ses études pour l'instant. « J'ai un niveau d'anglais très faible, et donc insuffisant pour pouvoir passer mon examen d'inscription dans une université étrangère », explique-t-elle. Comme pour plein d'autres étudiants provenant de pays non anglophones, la langue peut s'avérer une barrière considérable lorsqu'on choisit d'aller étudier à l'étranger. En outre, beaucoup d'étudiants ne peuvent pas se permettre de prendre des cours d'anglais à l'étranger. Ils choisissent donc de travailler afin de pouvoir apprendre la langue en immersion. « Je pense que partir travailler à l'étranger pendant un certain temps me permettrait d'améliorer mon niveau d'anglais. Je suis actuellement étudiante en commerce, et je sais qu'avoir une bonne maîtrise de l'anglais me sera indispensable pour intégrer le marché du travail international », dit-elle. Gladys prévoit donc de s'installer à Malte qui, selon elle, ne sera pas un changement radical pour elle. « C'est une petite île où l'on parle anglais, et qui n'est pas très loin de la France (environ 2 heures de vol). Comme je vis toujours avec mon père, je ne voudrais pas voyager trop loin pour ma première expérience. »

Gladys partage toutefois l'avis d'Italo au sujet du coût de la vie à l'étranger pour les étudiants. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle Gladys préfère travailler dans un premier temps afin de faire quelques économies avant de décider de la marche à suivre.