Les fêtes, une période sombre pour certains expatriés

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Publié le 2021-12-29 à 13:19 par Ester Rodrigues
Partir à l'étranger demande beaucoup d'énergie, d'optimisme, de confiance en soi et d'indépendance. S'il s'agit de l'une des décisions les plus excitantes de la vie d'une personne, elle s'accompagne de beaucoup de stress. Mais il y a une période qui a tendance à toujours être difficile : les fêtes de fin d'année.

Les raisons en sont multiples: le mal du pays, le sentiment de manque pendant une période où tout le monde se retrouve en famille ou encore le fait que vous amis et collègues soient retournés chez eux pour les fêtes. Une psychologue, qui est aussi expatriée, nous a expliqué quels défis sont les plus importants pour les expatriés et ce qui pourrait les aider à les surmonter.

Isabel Pastrana, psychologue spécialisée dans les questions de genre, est une expatriée mexicaine qui vit à Madrid. Elle souligne que la fin de l'année peut être une période sombre pour certains expatriés car ils ont des difficultés à satisfaire leurs besoins lorsqu'ils sont seuls pendant ces périodes de fête. En tant qu'expatriée elle-même, elle a également été confrontée à des difficultés. "Je pense que le plus difficile lors de mon expérience à Madrid a été la séparation avec la famille et les amis." Au Mexique, la famille est d'une grande importance. Tout se fait en famille et ce qui arrive à un membre de la famille est avant tout partagé et ressenti dans cet environnement", commente-t-elle. 

Les craintes des expatriés

Pour la psychologue Isabel, il est normal d'avoir des pensées de toutes sortes qui vont et viennent en permanence, et c'est quelque chose qui lui arrive aussi. "Et si ma mère tombait malade et que je ne pouvais pas être là pour l'aider ? Et s'il y a un événement important et que je ne peux pas être présente ? Dans le contexte du Covid-19, si quelqu'un est infecté, vous ne savez pas si cette personne peut s'en sortir ou non ; que se passera-t-il si quelqu'un a besoin de moi pour ce genre de situation ? Je pense qu'il y a beaucoup de pensées et de peurs qui nous traversent constamment."

La perte d'un réseau de soutien a été citée comme l'un des principaux facteurs de stress pour 42,8 % des expatriés interrogés par le Dr Mitesh Patel, directeur médical de la société américaine de soins de santé Aetna. "En apportant leur soutien à nos membres, nos experts cliniques ont constaté que l'absence du réseau d'amis et de famille aggrave le stress et l'anxiété dont souffrent les expatriés sur un sol étranger", décrit l'étude. 

Pour Pastrana, l'anxiété est le fait d'être incertain du présent et de l'avenir. Étant donné que les expatriés, en particulier ceux qui vivent seuls, doivent prendre des décisions importantes concernant le travail et les études, ils peuvent parfois avoir du mal à décider ce qu'ils veulent faire et où ils veulent aller. "Ça m'arrive d'avoir des doutes, mais je me rends vite compte que j'ai quitté ma stabilité pour vivre un rêve et en faisant l'expérience de Madrid, mes doutes se dissipent. Cependant, c'est une peur constante que j'ai de ne pas avoir pris la meilleure décision."

Les soucis financiers

Un autre défi crucial en fin d'année souligné par la psychologue est la partie financière. "Il n'est pas toujours facile de joindre les deux bouts. Cela surtout pour les expatriés qui viennent de pays où, comme au Mexique par exemple, la monnaie est très dévaluée par rapport aux euros". Pour elle, il est essentiel que les expatriés aient un budget pour éviter d'être stressés ou anxieux à la fin de l'année. "Vivre dans une nouvelle ville et vouloir essayer ses nombreux restaurants et sa culture peut être très coûteux." Malgré cela, elle pense que les expatriés doivent trouver un équilibre entre profiter de leur temps à l'extérieur, apprendre à connaître de nouveaux endroits et restaurants, mais aussi envisager de cuisiner et de se détendre avec leurs amis à la maison. 

La famille et les amis

"J'ai la chance d'avoir une famille très unie et compréhensive qui, dès le début de mon projet d'étudier à Madrid, m'a apporté tout le soutien possible", déclare Isabel Pastrana, étudiante en master d'études de genre. D'autre part, elle pense que les relations sociales construites dans le pays d'origine doivent se poursuivre. Selon la psychologue, il est important d'avoir du soutien et de l'affection dans les décisions en personne ainsi que des contacts virtuels par appels vidéo ou textos avec ceux que l'on aime chez soi ou ailleurs. "En cela, la technologie est une bénédiction. Grâce à elle, nous pouvons rester proches de nos réseaux de soutien. Je crois aussi que dans mon cas, j'ai rencontré des personnes très précieuses et dont j'apprends chaque jour. Je considère que mon seul réseau de soutien ici, ce sont mes amis, avec lesquels je partage tout ce que je fais et découvre ici", a-t-elle partagé.

En ce sens et en ce qui concerne les projets pour Noël et le Nouvel An, la plupart des expatriés les passeront en famille ou entre amis, en cuisinant, en chantant et en jouant à des jeux de société, peut-être. En tant qu'expatrié, cependant, ce sera très différent. Pour Isabel, ce sera la première fois qu'elle sera loin de chez elle, mais elle souligne l'importance d'en faire l'expérience au maximum. "Des fois, cela me rend nostalgique. Cependant, je suis excitée, quand même excitée, à l'idée des jours qui viennent. J'aime me promener dans les rues avec mon petit ami, voir les lumières aux multiples éclairages et couleurs, voir les arbres géants dans différents endroits de la ville, et prendre des photos. Je sais que ces photos auront une valeur inestimable pour mon petit ami et moi dans quelques années. Ce sera notre expérience. De plus, j'ai mis un sapin de Noël, je pensais que cela égaierait mon appartement, et je me sens bien en le voyant."

Soutien en matière de santé mentale

Une question que Pastrana considère comme essentielle dans l'expérience d'expatriation est le soutien psychothérapeutique. Pour elle, l'expérience en tant qu'expat cause des sentiments et des pensées importants qui doivent être partagés dans un espace adapté et sûr comme l'espace thérapeutique. "C'est une chance de partager ce sentiment soudain que votre famille vous manque, en faisant face à tous les sentiments que cela implique." Elle commente que de nombreux expatriés ne savent pas à qui parler, comme si le fait de partager avec la famille pouvait les inquiéter et les alarmer. C'est pourquoi elle pense que l'espace clinique est idéal pour évacuer ces émotions. "Avec cela, je ne dis pas qu'il n'est pas bon de dire aux gens qui vous manquent, mais que l'espace psychothérapeutique vous aide à faire face à ces adversités qui peuvent surgir au jour le jour. Je pense que cela aide aussi à prendre de meilleures décisions, plus conscientes et plus appropriées en fonction du contexte."