Ces pays où on peut prendre sa retraite après y avoir travaillé

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Publié le 2022-01-31 à 10:00 par Asaël Häzaq
On l'appelle « Retire in Dubai » : lancé il y a plus d'un an par le gouvernement, le programme est pensé pour répondre aux besoins des expatriés ayant travaillé sur le territoire. À travers ce programme, ce sont en fait tous les Émirats arabes unis qui s'inscrivent dans une nouvelle logique d'ouverture, pour répondre aux besoins des expatriés. 

D'autres États proposent déjà des plans similaires. Argentine, Thaïlande, Mexique… Quels sont ces pays ouverts aux retraités étrangers ?

Passer sa retraite aux Émirats arabes unis

Le pays a profité de l'Expo 2020, organisée fin octobre 2021, pour annoncer de nouvelles mesures relatives aux visas des expatriés retraités. Le pouvoir confirme le nouveau programme le 9 novembre. Objectif : inciter les expatriés à rester sur le territoire. Trois conditions possibles : posséder une ou plusieurs propriétés d'une valeur totale d'au moins 1 million d'AED (environ 237 000€), un capital financier d'au moins 1 million d'AED, ou un revenu annuel d'au moins 180 000 AED (environ 42 820€). Les Émirats arabes unis poursuivent ici un programme démarré dès 2018, avec le visa de 5 ans renouvelable pour les 55 ans et plus. L'Expo 2020 et le Retire in Dubaï s'inscrivent dans une large vision de promotion auprès des talents étrangers. En septembre 2021, les Émirats sortent le visa vert, qui permet aux étrangers qualifiés de venir travailler sans sponsor. Le visa retraite va dans le même sens : assouplir la procédure pour permettre aux expatriés de rester sur le territoire.

Helal Saeed Almarri, directeur général du tourisme de Dubaï, pilote ce programme avec la Direction générale de la résidence et des affaires étrangères. Un directeur qui se satisfait de la mise en œuvre de la vision du Sheikh Mohammed bin Rashid Al Maktoum vice-président, premier ministre des Émirats arabes unis et Émir de Dubaï. Vitrine des Émirats, Dubaï est la ville la plus prospère, la plus dynamique, et la plus prisée des expatriés. « La stratégie de préparation à la retraite de Dubaï permettra aux expatriés et aux retraités internationaux de profiter de la politique de portes ouvertes, de la tolérance et de la qualité de vie exceptionnelle de la ville et de vivre dans l'une des villes à la croissance la plus rapide et à la diversité culturelle la plus importante au monde », explique Helal Saeed Almarri. 

Les autres visas retraite dans le monde

D'autres États proposent des visas de résidence pour les retraités expatriés. Au Panama, le visa jubilados (ou visa pensionado) offre aux étrangers le statut de résident. Pas de condition d'âge, mais des conditions de revenus : gagner au moins 1000$ par mois ou détenir un capital immobilier d'au moins 100 000$. Toujours en Amérique centrale, le Mexique promeut le Mexico Pensionado Visa, accessible en demandant au préalable la résidence permanente. Très prisé des expatriés américains, il est aussi très compétitif. Pour en bénéficier, le candidat doit justifier d'une moyenne (salaires, investissements…) d'au moins 181 338 CAD (environ 8 800$) au cours des douze derniers relevés mensuels du compte bancaire ou bénéficier d'une pension mensuelle d'au moins 4 533 CAD (environ 220$) durant les six mois précédant la demande. Plus au sud, le visa retraité argentin n'exige qu'un capital de départ de 30 000 pesos argentin, soit environ 300$. Les autorités demandent aussi la preuve de revenus réguliers (investissements, revenus immobiliers, salaires, pension) d'au moins 6 000$ annuels.

En Asie, la nouvelle politique du gouvernement Thaïlandais vise directement les retraités et futurs retraités. En septembre dernier, Thanakorn Wangboonkongchana, porte-parole du gouvernement, dévoile le nouveau plan pour attirer près d'un million d'expatriés d'ici à 2026. Parmi eux, les riches investisseurs, salariés, nomades du numérique, chefs d'entreprise… et retraités. Pour ces derniers (ils doivent avoir au moins 50 ans), la procédure est simple : demander un O-A visa (visa longue durée) et prouver qu'ils reçoivent des revenus mensuels d'au moins 65 000 bath (environ 1985$) ou qu'ils disposent d'un solde de 800 000 bath sur leur compte bancaire (environ 24 400$).

En Malaisie, l'État a mis en place « Malaysia My Second Home », programme permettant aux étrangers – sous certaines conditions – de rester aussi longtemps que possible sur le territoire. Les étrangers de 50 ans doivent posséder un capital financier d'au moins 300 000 ringgits (environ 72 000$) et doivent conserver un solde minimum d'au moins 150 000 ringgits (36 100$), dès la deuxième année de leur résidence en tant que retraité. Les propriétaires d'une résidence malaisienne dont le prix est d'au moins 1 000 000 de ringgits peuvent bénéficier d'une réduction du capital exigé : 150 000 ringgits au lieu de 300 000. Cependant, le retraité devra prouver qu'il a totalement payé sa résidence. S'il a plus de 50 ans, il peut choisir entre la preuve d'un capital initial de 150 000 ringgits ou une pension retraite d'au moins 10 000 ringgits par mois. Il doit conserver des revenus d'au moins 100 000 ringgits dès sa 2e année de résidence en Malaisie.

Attirer les riches expatriés

Encore une fois, la Covid-19 accélère la prise de décision des États. Frappés par la crise comme les autres pays du monde, les Émirats arabes unis veulent, par leurs différents assouplissements (sur l'alcool, le divorce…) rassurer les étrangers quant à leur ouverture culturelle, et les inciter à demeurer sur le territoire. C'est que les expatriés représentent actuellement 90% de la population. État de l'emploi à l'internationale, le pays veut désormais être l'État de la retraite idéale pour les expatriés, mais pas n'importe lesquels. Chefs d'entreprise, cadres supérieurs, femmes et hommes d'affaires, investisseurs, étudiants en master ou doctorat... Même si le discours officiel parle de « portes ouvertes pour tous », les Émirats poursuivent leur politique : attirer les expatriés riches et/ou à fort potentiel. 

Même discours sans ambiguïté côté Thaïlande, au risque de froisser les expatriés déjà présents sur place. Eux dénoncent une politique masquant les réalités de la vie et ne s'occupant pas des étrangers exposés à la crise économique. Aux Émirats arabes unis, ce sont les droits de l'homme qui posent problème. En septembre dernier, les Émirats arabes unis rejettent une résolution du Parlement européen qui condamne la situation des droits de l'homme dans le pays. Dans un communiqué, Saeed Al Habsi, directeur du département des droits de l'homme au ministère émirati des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, constate que les Européens ont « totalement négligé toutes les réalisations importantes des Émirats arabes unis en matière des droits de l'homme ». Le Parlement européen maintient ses propos, et enjoint les entreprises internationales à ne pas soutenir l'Expo 2020. Appel non entendu : l'Oréal, Swatch, Canon, Nissan, UPS... les grandes firmes ont répondu présent. De quoi asseoir un peu plus les ambitions des Émirats arabes unis pour les années à venir.

En facilitant l'accès au visa retraite, les pays veulent s'assurer le soutien d'une population à fort pouvoir d'achat. Plus de contraintes liées au travail où à l'éducation des enfants, mais des revenus stables. Pour les États concernés, c'est une manne nécessaire pour participer à la relance économique (Thaïlande), ou un investissement sur le long terme prompt à confirmer sa puissance.