L'étiquette à Mayotte

Récemment, pas mal de fils de discute se sont tournés vers le sujet de la violence / des incivilités à Mayotte, et pas mal de Mahorais ou d'expats déjà sur place ont souligné le lien entre irrespect de la culture mahoraise et incivilités.
Je me propose donc de lancer un fil sur ce qu'il faut faire ou ne pas faire à Mayotte pour ne pas se montrer involontairement irrespectueux envers les Mahorais ! Je pense notamment à la religion musulmane. Dans ma ville, les musulmans doivent se compter sur les doigts des deux mains, alors je ne sais pas vraiment ce qui est tabou ou pas.
Il serait sympa que ceux qui vivent là bas nous donne un guide. Je pense notamment à des gens comme Saïd et La Vigie, dont les interventions m'ont souvent parues judicieuses.
En gros, quel genre de comportement choque de la part d'un Mzungu? Quel genre de comportement, au contraire, surprendrait agréablement?

Bonjour,
Ici, même si la tolérance religieuse est assez grande, il vaut mieux, quand on ne pratique pas, être attentif pendant la période du Ramadan. Cette année, il a lieu au mois d'août. Il est plus élégant de s'abstenir de boire, de manger ou de fumer dans la rue avant la rupture du jeûne. Bien sûr chacun fait ce qui lui plaît, mais une telle attitude sera appréciée de votre voisinage.
Se déchausser quand on arrive sur une terrasse ou dans une maison est bien élevé. Si l'on partage un repas, on doit manger avec la main droite. Ces conseils de politesse ne doivent pas effrayer, Mayotte n'est pas l'Arabie Saoudite! Le voile intégral est très exceptionnel et beaucoup d'élégantes modernes se contentent de le porter symboliquement sur les épaules.
à+
Saïd.

Il est très mal vu de crier, de se mettre en colère. Quand on arrive, il y a des moments où on a envie... ça ralentit tout. Donc il vaut mieux rester zen et courtois, ou d'expliquer pourquoi on crie et on est en colère (l'interlocuteur ne le comprend pas du tout en général).
Quand il ya un gros problème , on va vous demander " Comment on va faire?" ou même " comment tu vas faire?"; Une seule solution dès que vous voyez le blocage arriver , dire vite avant l'autre " comment tu vas faire? " , c'est à lui de trouver la solution.

ceux qui vivent en village vont pouvoir être accueillis à la mahoraise: on va leur demander un service ( une denrée alimentaire, un prêt d'un ustensile). c'est vraiment une forme de bienvenue: vous faites partie de la communauté villageoise, on vous doit qq chose, donc vous pourrez compter sur les autres. refuser serait vouloir être exclus de la communauté.
les salutations ici, ce n'est pas rapide: la tradition passe en revue, vous, le conjoint, la maison, les enfants... il ne faut pas être pressé, c'est le début d'une vraie conversation.
Et ici, on respecte les vieux et on en s'en moque jamais.

Ah, et aussi, il ne faut pas se moquer des croyances, djinns et autres très typiques, tout le monde y croit, non comme à un conte, mais comme à des réalités.
D'ailleurs, le truc le plus mal vu, c'est faire des photos sans accord, surtout lors d'une cérémonie.

Merci Tsingoni et Saïd, surtout pour des trucs comme "l'accueil à la Mahoraise"... ça m'aurait surprise en déballant mes valises, mais je suis prévenue !
Comme les seules questions bêtes sont celles qu'on n'ose pas poser... Si on essaie de parler mahoré, on passe plutôt pour un colon qui se la pète ou pour quelqu'un qui fait des efforts?

bonjour

deja il faut etre souriant et dire bonjour a tout le monde meme si tu connais personne, dire bonjour a ton voisin le matin il faut savoir aussi que les mami ne savent pa parler le français mais la langue locale qui est le chimaoré ,etre tré ouvert, ici on s'entraide si ta voisine n'a pas un truk il peut debarquer chez toi pour te demander et toi aussi tu peux faire pareil ils aim bien
ici les femme s'habille pas comme les metropolitains a part les jeunes bien sur et c'est rare de voir une femme voilé mayotte c'est a la fois la republique et tradition musulman et sa na rien a voir avec les pays arabe
tu peux vivre comme en france surtout si tu habite a mamoudzou
la religion prends de moins en moins de place qu'il ya 10 ans
sauf le mois de ramadan ou tu peux remarqué que bcp de restaurant locale n'ouvre pas dans la journée
tu peux manger dans la rue on te dira rien mais sé un peu mal vu par les mahorais

heu... LA langue parlée à Mayotte, ça me fait marrer ...
le kibushi a 40% de locuteurs, et il y a plus de villages où on parle kibushi que de village où on parle shimaoré.Il n'y a qu'à regarder les noms de village.(d'ailleurs, à Mstangamouji, on ne parle pas shimaoré, sauf dans le village de Chembenyumba)
C'est un peu la dictature de la métropole en ce qui concerne les langues régionales. On reproduit le schéma de Paris/ province ici avec Mamoudzou/ le reste de l'île.

je ne suis pas d'accord avec toi je pense que le shimaoré est plus parlé que le shibouchi au nord par exemple ya que mtsangamouji mliha mtsangadoua et acoua et vers la capitale et petite terre ont parle tous shimaoré mais on a le choix d'apprendre la langue qu'on veut les mahorais comprenne les deux langue a peu pré mais on a tendance a privilegié le shimaoré meme dans les plateaux tété

Bonjour,
tu peux ne pas être d'accord avec moi, ce sont les chiffres... Justement, ce que tu dis montre bien que on participe  à l'extinction d'une langue: les kiboushiphones doivent parler shimaoré pour savoir ce qui se passe dans le monde... ou français!
Les kiboushiphones apprennent le shimaoré au collège, mais souvent, lorsqu'ils sont jeunes,  ils communiquent en français avec ceux qui parlent shimaoré.
Presque aucun locuteur de shimaoré ne prend la peine d'apprendre le kiboushi.
il me semble qu'il faut dire qu'il y a DES langues à Mayotte, et pas une ! Saluer sa voisine en shimaoré alors qu'elle parle kibuchi, me semble vraiment méprisant!

La salle des profs rassemble des gens qui font le même métier, à diplôme égal un résident gagne moitié moins. D'accord, il a choisi d'être résident.
Une infirmière, un instituteur ou un policier recrutés localement sont dans le même cas. D'accord le concours était plus facile ici.
Ces différences de traitement peuvent créer un sentiment d'amertume chez certains, de condescendance chez d'autres et  gâcher l'ambiance de travail. Nous nous apportons les uns aux autres et il ne faut pas valider que son propre parcours.
Pensez-y quand vous parlez de loisirs, mettez des sous de coté et évitez l'ostentation. La plupart le comprend, mais pas tous!
à+ Saïd.

au fait, un truc impossible à savoir quand on débarque de métopole, c'est le coup du haussement de sourcils;
Vous demandez qq chose, on vous répond en haussant les sourcils, signe pour un métropolitain de perplexité ou d'incompréhension. Vous répètez la question, même signe, visage impassible
Ici ça veut dire OUI. il faut vraiment le savoir... ça donne source à de magnifiques conversations et quiproquo, avec répétition et énervement de mzungu.

Si vous louez une maison avec des fruitiers, les gens viendront cueillir les fruits, de préférence quand vous n'êtes pas là. Si c'est la propriétaire ou sa famille, c'est normal. Si tout le monde vient se servir, c'est abusif. Les bananes sont visées ainsi que les fruits à pain. On peut marquer sa propriété en enveloppant le régime d'un sac de riz.
à+ Saîd.

Bonsoir,
je continue à parcourir tous les forums de discussion et celui-ci m'intéresse particulièrement ! Les coutumes et usages musulmans, je les connais déjà (j'ai lu le Coran et je vis dans un quartier à forte population musulmane). Mais, ce qui m'intéresse ce sont les pratiques quotidiennes, les usages locaux. Alors merci pour ces infos ... Je vais travailler à Mamoudzou, avec des collègues mahorais. Y a-t-il des traditions du genre emmener un petit cadeau à chacun, ou pour les enfants ?
Je suis au courant des coutumes malgaches. Y a-t-il le même respect envers les personnes plus âgées ?
Merci

Merci pour tous ces renseignements vécus (le coup de sourcils, c'est le genre de truc que j'ai besoin de savoir!)

Toutes les manifestations du corps sont jugées naturelles, et en effet, elles le sont: si on a le nez plein, on se mouche , par terre, si on a envie de cracher, on crache, si on a envie de bailler, on baille, même si la conversation est intéressante, le rot est le singe d'un estomac bien rempli. Rien de tout cela en semble malpoli.
Les fille,si une femme veut connaitre votre tour de poitrine, elle vous palpe le sein pour juger. On parle naturellement de sa ménopause, de ses hémorroïdes, de tout son corps.
Ce qui est considéré comme malpoli, c'est la colère, et la vitesse pour parler et se débarrasser d 'un interlocuteur au mépris du temps passé à considérer l'interlocuteur comme important.

Au fait, lire le Coran, ça ne va pas forcément aider à comprendre l'Islam ici. D'ailleurs, si tu le comprends, ça ne va pas t'aider, ici.
Il y a beaucoup de gens qui connaissent le Maghreb et qui pensent retrouver les usage ici... pas vraiment. Les djinns ont autant d'importance dans la vie quotidienne que le Coran. Si tu connais les rites magiques à Mada, tu seras plus proche de ce qui se passe dans les villages.

Bonjour tsingoni!

Merci pour ces informations.

A bientôt,
Harmonie.

Merci Tsingoni ... Je suis effectivement plus proche des coutumes malgaches et en continuant à me documenter sur Mayotte, j'y trouve des ressemblances. D'ailleurs, l'islam à Madagascar n'est pas celui qui est pratiqué ici en métropole.
Pour le Coran, c'est un défi personnel : celui de lire tous les livres sacrés à l'appui des religions (Bible, Talmud sont aussi à mon actif !).

Tsingoni dit la vérité, l'imprégnation musulmane reste assez superficielle. Les sourates sont apprises par coeur à la madrassa et récitées sans être comprises. C'est un bon exercice de mémoire mais la transmission des valeurs de l'islam n'est pas assurée. On peut en dire d'ailleurs autant des valeurs de la république elle sont enseignées à l'école mais ...
Ici le rituel a beaucoup d'importance, ce qui est fondamental pour beaucoup, c'est le maintien superficiel de la tradition. Les vieux sont respectés, mais ce qu'ils ont à nous dire n'est pas écouté.
Ils vont encore travailler leurs champs eux-mêmes quand des gens de ma génération utilisent des sans-papiers et les dénoncent avant la récolte pour les faire expulser de manière à ne pas avoir à les payer.
Ce sont ces vieux notre vrai réservoir de valeurs.
à+ Saïd.