Tensions mondiales : un aperçu des zones de vigilance actuelles

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Publié le 2023-10-23 à 14:00 par Asaël Häzaq
Depuis l'attaque surprise menée par le Hamas, la guerre fait toujours rage entre Israël et le groupe islamiste. À Mayotte, une nuit de violence alarme les populations. En mer de Chine méridionale, les tensions sont ravivées entre Manille et Pékin. Après les attentats commis en France et en Belgique, l'Europe relève sa vigilance. Décryptage de ce qu'il se passe dans le monde pour vous aider à mieux planifier vos voyages et à vous adapter à la situation actuelle dans votre pays d'accueil.

Guerre Hamas – Israël : l'embrasement

Samedi 7 octobre 2023, à 6 heures du matin, le Hamas lance ses premières roquettes sur Israël. Aux frappes aériennes s'ajoutent des attaques au sol, avec l'infiltration de commandos du Hamas. Infiltrations notamment facilitées par des prises d'otages. Plus de 100 civils et militaires sont détenus par le groupe terroriste. La riposte d'Israël ne tarde pas. C'est la guerre. Dans ce déluge de violence, les populations se retrouvent prises entre les deux camps.

Deux semaines plus tard, la situation est toujours extrêmement critique. Les civils restent les premières victimes de ce conflit. Dernier fait révélateur : une frappe sur un hôpital, dans le centre de Gaza. Mardi 17 octobre, une explosion à l'hôpital Ahli Arab fait plus de 200 victimes. Un bilan déjà très lourd, et encore provisoire. Les habitants s'étaient justement réfugiés dans les hôpitaux pour échapper aux bombardements. Le Hamas en appelle à la communauté internationale et désigne Israël comme responsable de la frappe. Faux, répond Israël, qui affirme que les groupes armés palestiniens ont bombardé l'hôpital. Israël diffuse un enregistrement audio, preuve selon lui de la culpabilité des combattants palestiniens. Ces derniers rejettent la preuve.

Tensions dans le monde arabe

L'embrasement gagne les pays voisins. Suite à la frappe contre l'hôpital, des manifestations pro-Palestine ont eu lieu en Égypte, au Liban, en Jordanie. En Turquie, des manifestations anti-Israël font une soixantaine de blessés. En Iran, des manifestants, rassemblés devant les ambassades de la France et de l'Angleterre, auraient crié leur hostilité contre ces deux pays, "accusés" de soutenir Israël. Dans les pays arabes, la population semble avoir choisi son camp.

Même positionnement au niveau diplomatique. Les Émirats arabes unis (EAU) condamnent « l'attaque israélienne ». Le Bahreïn dénonce fermement le « bombardement israélien ». Le Maroc s'aligne sur leur position. Les trois pays avaient pourtant signé l'accord d'Abraham en 2020, accord historique de rapprochement et de « normalisation des échanges ». C'est dans le cadre de cet accord qu'Israël suspendait son projet d'annexer les territoires palestiniens occupés. L'Arabie saoudite, l'Égypte, et la Jordanie, qui avaient déjà normalisé leurs relations avec Israël, accusent également ce dernier. Le Qatar (qui s'est rapproché du Hamas), le Koweït, Oman, l'Algérie et l'Irak s'alignent sur cette position.

Une désescalade est-elle possible ?

Israël peut compter sur les États-Unis. Arrivé en Israël le mercredi 18 octobre, le président Biden attribue la frappe meurtrière contre l'hôpital au Hamas. La visite, sous très haute tension, est scrutée par le monde entier. Le Hamas accuse Washington d'être « complice des massacres » d'Israël. Joe Biden assure qu'il travaillera avec Israël pour éviter que les civils ne soient davantage victimes de ces « tragédies ».

L'Union européenne (UE) rappelle l'obligation de respecter le droit humanitaire. Si elle condamne les frappes du Hamas, l'UE « n'acceptera pas » que les populations de Gaza soient privées d'eau ; une suspension de l'approvisionnement serait contraire au droit international. Même la Chine et la Russie se disent « choquées » par cette « tragédie ». En visite en Chine, le président Poutine en appelle à une fin rapide de la guerre. De son côté, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) appelle à ce que « toute attaque contre les établissements de santé » prenne fin.

Mayotte : nuit de violence

« Terrifiant ». Les habitants n'en reviennent toujours pas. Dans la nuit de lundi à mardi dernier, Sada, commune du centre ouest de Mayotte, a été le théâtre d'affrontements violents. Une centaine de jeunes serait à l'origine de la nuit de panique. L'état d'alerte est déclenché. Toute la nuit, ils s'opposent aux forces de l'ordre, et provoquent de multiples dégâts : voitures saccagées, feux déclenchés sur la chaussée… Le lendemain, Sada porte les lourdes traces des affrontements de la nuit. La population ne cache pas son incompréhension. L'enquête est en cours. L'incompréhension demeure pour les habitants de la commune. Réputée pour son calme, elle se tient d'ordinaire loin des débordements.

Selon le journal local Gazeti, une affaire amoureuse serait à l'origine de cette nuit de chaos. 5 jeunes seraient apparus à Sada pour « régler leurs comptes avec des voyous locaux ». Pris pour cibles par une « centaine de délinquants », les 5 jeunes, qui seraient originaires de la commune de Dembéni (à 17km de Sada) auraient été exfiltrés à temps par les forces de l'ordre. S'en seraient suivis de violents affrontements opposant la centaine de jeunes et les forces de l'ordre. Si le calme est désormais revenu, la vigilance reste de mise.

Crise de l'eau, crise sociale

Si la nuit de chaos n'a peut-être aucun rapport avec la situation économique et sociale de Mayotte, elle remet en lumière le département français. Un département qui traverse une autre « crise », si longue que d'aucuns parlent d'un « abandon » de l'État français. Ce mois d'octobre, la « crise de l'eau » devient un peu plus critique encore, avec une eau potable qui n'arrive plus qu'un jour sur 3, pendant 18 heures. Et même un jour sur 4, selon des sources locales. Seules les populations les plus fragiles, estimées à 50 000, ont droit à des bouteilles d'eau gratuites. Les autres doivent composer avec les pénuries d'eau chroniques. Les habitants sont excédés. Pour eux, jamais pareille situation ne perdurerait en métropole.

Les autorités invoquent le dérèglement climatique : sécheresses « historiques », suivies par des périodes de pluies diluviennes qui fragiliseraient le réseau d'eau, la rendant impropre à la consommation. Des coupures d'eau ont été mises en place depuis juin par les autorités. La demande en bouteille d'eau explose, et les prix avec. On observe jusqu'à 11 euros pour un pack d'eau. Pour éviter que la crise de l'eau ne se transforme en crise sociale, l'État français gèle les prix de l'eau, une première fois en juillet, puis en septembre.

Mais l'INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques) relève des prix, certes stables, mais toujours élevés : en moyenne 1,40 euro la bouteille d'eau de 1,5L. À raison d'une bouteille par jour, le budget eau engloutit à lui seul « 16 % des 260 euros de revenu mensuel médian sur l'île ». Les habitants s'indignent, et constatent que l'eau, produit de première nécessité, est bien plus chère à Mayotte qu'en métropole. En réponse, les autorités ont commencé la distribution de pack d'eau le mardi 10 octobre. Packs réservés « aux familles éligibles ». Un élargissement des bénéficiaires est envisagé.

Tensions entre les Philippines et la Chine

La ligne rouge a-t-elle été franchie ? La semaine du 18 septembre, les gardes côte philippins retirent une barrière flottante chinoise en mer de Chine méridionale. La zone est l'objet de conflit entre les deux pays. Manille accuse Pékin de vouloir éteindre son influence bien au-delà des limites imposées par le droit de la mer. Le président philippin défend son droit : la barrière flottante était contraire au droit international. Nouvelles tensions le 13 octobre. Les autorités philippines affirment qu'un navire de la marine chinoise aurait essayé de barrer la route à un navire de la marine philippine, pourtant en opération de ravitaillement. L'incident a eu lieu près de l'île de Thitu. Territoire appartenant aux Philippines, mais toujours revendiqué par la Chine. La Chine depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, bataille avec les pays voisins, quitte à passer outre le droit international. L'île contestée de Thitu a fait l'objet d'une décision de la Cour de La Haye en 2016, laquelle a accordé sa faveur aux Philippines.

Attaque de l'armée birmane

29 morts. C'est le lourd bilan d'une attaque de l'armée birmane dans un camp de déplacés internes du nord de la Birmanie. Information délivrée à l'Agence France-Presse (AFP) par Naw Bu, le porte-parole et responsable de l'Armée de l'indépendance kachin (KIA), groupe rebelle ethnique. Toujours selon Naw Bu, l'attaque aurait eu lieu dans un camp proche de la frontière chinoise, dans la nuit du lundi 9 octobre. La zone est justement marquée par les affrontements entre l'armée birmane et KIA. Depuis le coup d'État de l'armée birmane qui, le 1er février, a réinstauré la junte militaire en chassant le gouvernement civil (arrestation de la cheffe du gouvernement Aung San Suu Kyi, renversement du président Win Myint), les tensions restent vives.

La France et la Belgique en urgence attentat

Depuis l'attaque terroriste survenue le vendredi 13 octobre dans un lycée d'Arras, au nord de la France, l'émotion reste à son comble. Dominique Bernard, enseignant du lycée, a été visé mortellement par l'assaillant alors qu'il protégeait ses élèves. Trois autres personnes se sont interposées, et ont été blessées par l'assaillant. Le lundi 16 octobre, c'est la Belgique qui est la cible d'une attaque terroriste. Attentat revendiqué par le groupe État islamique qui a causé la mort de deux Suédois. L'État français a relevé son plan Vigipirate et a renforcé ses contrôles aux frontières avec la Belgique. Mis en examen dans la soirée du mardi 17 octobre, le principal suspect avait « prêté allégeance » à l'organisation État islamique. Une « vigilance accrue » est également de mise en Belgique. Mais c'est bien toute l'Europe qui se place en état de vigilance, pour lutter efficacement contre le terrorisme.

Si vous êtes en déplacement ou que vous êtes expatrié dans l'une de ces régions, la vigilance reste de mise. Restez à l'écoute des dernières nouvelles dans les médias, sans pour autant sombrer dans la psychose, et suivez les conseils de votre ambassade ou consulat dans votre pays d'accueil.