Études à l'étranger : quelles sont les tendances de 2023 ?

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Publié le 2023-07-10 à 14:00 par Asaël Häzaq
Étudier à l'étranger. Un rêve pour nombre d'étudiants pour qui la mobilité internationale est le meilleur moyen d'enrichir son CV, de préparer sa future carrière, de découvrir un pays. Comment les étudiants de 2023 envisagent-ils leur mobilité internationale ? Une étude de Keystone Education Group fait la lumière sur les aspirations des étudiants, dans un contexte international mouvementé. Comment financer ses études à l'étranger ? Comment choisir les programmes universitaires ? Comment se motiver et garder sa motivation pour étudier à l'étranger ? Décryptage.

Dans la tête des étudiants internationaux

Keystone Education Group, leader des ressources éducatives en ligne, donne la parole aux étudiants internationaux dans son enquête annuelle « état du recrutement étudiant 2023 », de janvier à mai. 23 856 étudiants ont participé à l'édition 2023, dont une majorité de répondants ayant entre 22 et 35 ans (51,8%). Viennent ensuite les personnes de 21 ans et en dessous (27,5%) puis les 36 ans et plus (20,1%). Les détenteurs d'un master sont les plus représentés (45,7%), devant les titulaires d'une licence professionnelle (25,6%) et les doctorants (14,3%). C'est sur le continent africain que le taux de participation est le plus élevé (52%), loin devant le continent asiatique (18%), l'Europe (14%) et l'Amérique latine (7%). Le Moyen-Orient, l'Amérique du Nord et l'Océanie sont les régions les moins représentées, avec des taux de réponse de 4 % (Moyen-Orient et Amérique du Nord), et 1 % (Océanie).

Canada, pays star des étudiants étrangers

Faut-il y voir les effets du Brexit et des récentes mesures de l'exécutif concernant les étudiants étrangers au Royaume-Uni ? Le pays n'a plus la côte auprès des étudiants interrogés par l'étude. Avec une chute de 50 % par rapport à 2022, le pays dévisse à la troisième place avec 14,4 % du panel le plaçant dans le top des destinations pour étudier. En revanche, les États-Unis regagnent en popularité (+8 % en un an) ; ils dépassent d'une courte tête le Royaume-Uni, et se positionnent 2e du classement avec 14,8 % des voix.

Le Canada, pays star des expatriés, garde son statut auprès des étudiants interrogés. Il profite d'ailleurs de la baisse de popularité du Royaume-Uni, et gagne 29 % des voix. Au total, 16,1 % des étudiants interrogés considèrent le Canada comme la meilleure destination pour étudier à l'étranger. Le pays jouit toujours d'une bonne image à l'internationale, notamment grâce à sa politique d'immigration.

En revanche, ça baisse pour l'Allemagne. Le pays finit au pied du podium avec 6 %. C'est 20% de moins qu'en 2022. Le gouvernement allemand s'est justement lancé dans une réforme de l'immigration pour attirer et surtout garder ses étudiants étrangers. Les autres pays (Australie, Italie, France, Pays-Bas, Suède et Espagne, dernier du top 10) obtiennent des scores compris entre 5,4 % et 2,4 %.

Des destinations différentes selon le niveau d'études

L'ordre des destinations préférées des répondants change cependant selon qu'ils sont en 1er ou 3e cycle. Canada, États-Unis et Royaume-Uni sont toujours les 3 pays favoris, mais dans une classification différente. Les étudiants de 1er cycle préfèrent étudier aux États-Unis (20%), au Canada (15,8%) et au Royaume-Uni (11,3%). Les étudiants de 3e cycle préfèrent plutôt étudier au Royaume-Uni (18,2%) devant le Canada (15,3%) et les États-Unis (14,3%). Les autres États obtiennent des scores bien plus faibles, oscillant entre 7 % et 1,7 %.

Les étudiants interrogés sont plus nombreux à mettre avant tout l'accent sur le pays. Ils n'étaient que 12 % à le considérer en 2019. Ils sont 30 % aujourd'hui. Les programmes universitaires restent néanmoins la première référence des étudiants (52 % en 2019 comme en 2023) devant la réputation de l'école (36 % en 2019, à peine 18 % en 2023). Pour ces étudiants, le plus important est un programme ouvrant des opportunités de stage (36,9%) et permettant d'enrichir le CV (23,6%). Concernant l'école, ils recherchent avant tout une bonne pédagogie (59,7%) et des facilités pour combiner études et travail (45%). 43,1 % restent cependant attentifs à la réputation de l'école.

Étudier sur le campus ou en ligne ?

Si les études en ligne existaient déjà avant la Covid, la crise sanitaire a démocratisé la pratique. Une mesure d'urgence pour assurer la continuité des cours pour nombre d'étudiants étrangers dans l'incapacité de rejoindre leur pays d'accueil ou confinés dans leur logement. Avec la réouverture des frontières et le retour à la normale prôné par les gouvernements et les universités, le présentiel est redevenu le mode ordinaire d'études. Ce qu'approuvent les répondants. En 2022, ils sont 70 % à préférer le présentiel. Le chiffre baisse très légèrement en 2023 (66%), mais reste largement supérieur à ceux préférant un mélange d'études en présentiel et à distance (27%), ou d'études totalement en ligne (8%). Des données là encore comparables à celles de 2022, où 32 % des étudiants interrogés plébiscitaient le mix études en présentiel et à distance. 7 % votaient pour des cours totalement en ligne.

Sans surprise, l'anglais s'impose comme la langue de référence pour les étudiants interrogés. Ils sont 85 % à l'approuver, très loin devant le français (6%), l'espagnol (2%) et l'allemand (2%). S'il est bien entendu indispensable d'apprendre la langue du pays d'accueil, il est tout aussi pertinent de maîtriser l'anglais.

Avantage des études en présentiel

Le mode d'études hybride perd donc en popularité, tandis que le mode 100 % en ligne gagne légèrement en influence. L'écrasante majorité reste néanmoins sur un mode d'étude classique, et préfère assister physiquement aux cours. En théorie, les études en ligne peuvent être plus attrayantes économiquement parlant : le distanciel est réputé moins cher et plus flexible. L'étudiant est libre de choisir sa formule et de gérer son temps. En pratique, le distanciel a ses limites, d'autant plus que toutes les études ne s'y prêtent pas. Le coût énergétique de ce mode d'apprentissage s'ajoute aux frais de scolarité. Un coût pouvant vite devenir exorbitant, dans un monde frappé par la crise énergétique et l'inflation.

Un monde également frappé par la fracture numérique. Internet est loin d'être disponible partout et à haut débit. Les inégalités se font sentir même dans un pays développé. La France, par exemple, compte encore des zones grises et blanches. Dernière raison pouvant expliquer la faible avancée des études 100 % en ligne : le positionnement des États. Les gouvernements eux-mêmes sont pour des études sur le campus universitaire. Ainsi, la Chine a annoncé en début d'année qu'elle ne reconnaîtrait plus les diplômes de ses étudiants inscrits dans des universités étrangères, mais suivant les cours à distance. Avis partagé par les universités, pour qui l'on ne peut pas dissocier l'apprentissage du cadre dans lequel il s'effectue. Or, étudier à l'étranger n'est pas seulement accumuler des savoirs, mais aussi découvrir un nouveau pays, une culture, un mode de pensée, et interagir avec les locaux autant qu'avec les autres étudiants étrangers.

Investir dans des filières qui recrutent

Toujours plus de business. Les étudiants interrogés scrutent le contexte international et s'orientent vers des études ouvrant les portes d'une carrière qui dure. Avec la santé et les IT, c'est le secteur vers lequel les étudiants s'orientent le plus. Secteur qui a même pris 10,7 % de plus comparativement à l'enquête de 2022. Le business et l'administration récoltent ainsi 18,8 % des réponses, la santé et la médecine, 17,4 %, l'informatique, les sciences et les IT, 14,5 %. Bien que 2e, le secteur de la santé subit une baisse de 8,4 % comparativement à 2022. Là encore, le contexte international pourrait expliquer une partie de ce désamour. La crise sanitaire a révélé nombre de systèmes de santé en déroute, avec des professionnels sous pression. La situation actuelle est à peine meilleure, avec une crise de la santé toujours marquée, qui entraîne certains États à intensifier les recrutements de professionnels étrangers. C'est le cas au Canada, au Royaume-Uni, aux États-Unis ou en France.

L'ingénierie termine 4e (12%). Les autres domaines (sciences sociales, administration, culture et humanités, sciences naturelles, environnement…) récoltent moins de 10 % des réponses. Bien qu'enregistrant un faible score (8%), les études purement administratives gagnent en popularité auprès des étudiants interrogés (+24 % par rapport à l'an dernier).

Les étudiants de 1er cycle sont plus nombreux à s'orienter vers l'informatique, les sciences et les IT (21,4%), et la santé (21%). Les masters et doctorants sont plus nombreux dans le business et l'administration (19,5%) et la santé (16%). Ceci pourrait s'expliquer par certaines branches médicales et des affaires qui nécessitent de hauts diplômes.

Comment chercher une université à l'étranger ?

La majorité des répondants optent pour des recherches en ligne (81%). Moteurs de recherche, listes d'universités, réseaux sociaux, webinaires, etc. Si Facebook reste dans la course (utilisé par 26,5 % des répondants), il est dépassé d'une courte tête par Instagram (27,5%), premier réseau social utilisé par les étudiants interrogés. Il perd cependant 8,7 % par rapport à l'an dernier. Le célèbre réseau professionnel LinkdIn est moins utilisé (17,1%). Si YouTube finit dernier (8,8%), il enregistre la plus forte hausse depuis 2022 (+26,3%).

Les recherches sont plutôt concentrées sur quelques mois. En 2022, près de la moitié des étudiants interrogés (45,4%) disaient mettre moins de 6 mois à chercher une université. Ils sont 56 % en 2023. Car les étudiants souhaitent en grande partie commencer l'année scolaire la même année que celle de leurs recherches : 62,3 % en 2023, soit 26,1 % de plus qu'en 2022. Ils ne sont que 29,4 % à vouloir commencer leurs études à l'étranger un an après leurs recherches. Le chiffre est en baisse de 22 % par rapport à l'an dernier. Les étudiants mettant 6 à 12 mois pour chercher une université sont bien moins nombreux (35,3 % en 2022, à peine 29,1 % en 2023). Les recherches de plus d'un an ou deux ans sont quasi inexistantes.

Le nombre d'établissements contactés est lui aussi restreint. Seulement 2 ou 3 établissements pour près de la moitié des répondants (47,9%). Un peu moins d'un tiers (22,1%) postule chez 4 à 7 universités. Les étudiants n'ayant choisi qu'un seul établissement sont plus rares (17,1%), de même que ceux ayant postulé chez plus de 7 établissements (12,9%).

Très chères études à l'étranger

Étudier à l'étranger, oui. Mais encore faudrait-il pouvoir supporter les coûts des études. Les étudiants interrogés cherchent pour la plupart des renseignements sur les bourses et aides financières proposées par les établissements (40,4%). Les frais sont d'ailleurs le 1er sujet de préoccupation des répondants (79%). S'ils demandent moins de renseignements sur le visa et l'immigration (11,7%), ils se disent très concernés sur le sujet (46%). C'est même leur 2e sujet de préoccupation, juste derrière les questions financières. Les étudiants interrogés demandent à leur établissement peu de renseignements sur coût de la vie et autres informations pratiques (8,3%), peut-être à cause de l'influence des recherches en ligne.

La plupart (65,2%) travailleront à temps partiel pour financer leurs études et leur vie à l'étranger, dont le précieux logement. Trouver un logement est le 3e sujet de préoccupation des étudiants interrogés (43%). Mais ils sont plutôt confiants quant à leurs chances de trouver un petit boulot. Les confinements sont passés. La reprise économique a entraîné des pénuries, notamment dans la restauration, gros employeurs d'étudiants. 14,9 % des répondants indiquent qu'ils travailleront à temps complet. Les autres ne se sont pas encore décidés.

Études : s'expatrier ou non ?

Étudier coûte cher, encore plus en période de crise. C'est d'autant plus vrai en expatriation, où les frais de scolarité peuvent doubler, voire tripler pour les étrangers. 75,5 % des répondants indiquent avoir stoppé leurs démarches à cause de frais de scolarité trop élevés. 27 % n'étudient pas à l'étranger à cause des coûts trop élevés. 16,5 % se souhaitent pas s'éloigner de leur famille et de leurs amis. L'expatriation est autant une aventure qu'une charge. L'éloignement et la solitude peuvent peser sur les décisions, de même que la question de la sécurité. Peut-on partir à l'étranger en toute sécurité ? 75 % des répondants se disent concernés par la question, avec 38,1 % de préoccupations liées à la discrimination raciale. Une majorité d'étudiants africains se dit concernée par la question de la sécurité (85%). A contrario, 50 % des répondants européens se disent peu regardants sur ce point.

Pourquoi étudier à l'étranger ?

Pour la majorité des répondants (53%), les études à l'étranger sont un vrai propulseur de carrière, et s'inscrivent dans un plan global d'expatriation. Le chiffre progresse légèrement d'année en année : 50 % en 2021, 52 % en 2022 et 53 % en 2023. Là encore, le contexte international fournit des éléments de réponse. La reprise économique post-confinements s'est traduite par des pénuries records de main-d'œuvre. Canada, États-Unis, Royaume-Uni, France, Belgique, Allemagne, Australie, Nouvelle-Zélande, Japon… Parmi ces pays, ceux justement plébiscités par les répondants à l'enquête. Les besoins accrus en main-d'œuvre sont, pour les étudiants, autant de perspectives de carrière.

La recherche d'études de meilleure qualité et le coût moindre des études sont les deux autres indicateurs en hausse. Une hausse à la marge côté qualité des études, avec 34 % en 2021 et 35 % depuis 2021. C'est la 3e raison qui pousse les étudiants interrogés à partir à l'étranger. L'augmentation est plus franche pour la recherche d'études gratuites ou à moindre coût, avec un passage de 16 % en 2021 à 20 % depuis 2022.

Tous les autres indicateurs baissent ou stagnent depuis un an. C'est le cas du développement personnel, 2e raison qui motive les étudiants à partir à l'étranger. Ils étaient 47 % à le penser en 2021. Ils sont 46 % depuis 2022. La baisse est plus franche pour les autres indicateurs. Partir à l'aventure ne séduit plus que 6 % du panel. C'est presque moitié moins qu'en 2021 (11%). Même baisse remarquée pour l'expérimentation d'une nouvelle culture. C'est pourtant la source de motivation traditionnellement présentée. 46 % des interrogés y croyaient en 2021. Ils ne sont plus que 34 % à y adhérer en 2023. Le chiffre reste malgré tout important, et peut davantage se voir comme un changement naturel à observer durant l'expatriation. Les étudiants partent, certes, pour préparer leur carrière à l'étranger, mais se trouveront aussi transformés par leur expérience de vie à l'étranger.