Comment faire son deuil périnatal en tant qu'expatrié

Vie pratique
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Publié le 2022-10-01 à 10:00 par Sophie Gidrol
La journée mondiale du deuil périnatal sera observée le 15 octobre prochain. À cette occasion, Sophie Gidrol, palliatothérapeute et organisatrice d'un sommet virtuel avec plus d'une vingtaine de professionnels spécialisés, nous livre ses conseils sur les différentes manières d'aborder le deuil périnatal quand on vit à l'étranger.

De très nombreuses familles sont touchées par le deuil périnatal. (On parle de 7 000 couples/an, on les nomme Paranges : la contraction de Parents et d'anges)

Que signifie péri natal (autour de la naissance) ?

Il s'agit des arrêts naturels de grossesse (fausse couche), IMG, IVG, enfants mort-nés, enfants décédés dans les premiers jours/semaines suivant leurs naissances.

Le deuil périnatal est encore moins reconnu que le deuil traversé dans des situations plus classiques. Il est impensable de mourir avant d'être nés, et le grand public est encore plus maladroit dans ses situations ou le deuilleur n'a pas ou très peu connu le défunt. 

Pourtant, la relation était bel et bien là. L'investissement autour de ce lien d'amour porteur d'avenir et ce sont ces 2 éléments qui augmenteront la difficulté et le ressenti du deuil. Le deuil ne se mesure pas à l'âge du défunt, il n'y a pas de deuil plus facile car « tu ne l'as pas connu et c'est sûrement mieux comme ça. »

Les premiers conseils

  • Secours aux couples 

Le choc est grand et la possibilité d'aller vite dans les démarches et soins est un écueil à éviter.

En effet, un des premiers réflexes peut être de programmer les gestes médicaux en urgence. Beaucoup de femmes ressentent ce besoin d'en finir, vite. Il est important de redonner du temps, de prendre le temps nécessaire pour clore cette grossesse, pour préparer la séparation. 

Puis une fois, les gestes médicaux ou l'accouchement faits, il ne faut pas avoir peur de prendre des photos, ou les empreintes de son bébé afin de conserver sa trace à lui, garder des objets de son passage au cœur de la vie du couple, de la famille. On peut se faire une boîte ou un petit cahier avec ses échographies passées. Cela vous servira si, dans quelque temps, vous souhaitez organiser un petit rituel (en famille ou avec plus d'amis, ou seuls) afin de rendre hommage à cet enfant parti beaucoup trop tôt.

  • Secours aux proches de parents endeuillés

Prononcez le prénom du bébé et si on vous propose de regarder les photos, sentez vous privilégié. Vous pouvez aussi dire ce que vous ressentez : (il semble si paisible/ fragile, il a ton nez, …)

Notez la date du décès dans votre calendrier afin de vous manifester pour l'anniverciel.

Si les mots vous manquent, ne dites rien. Soyez là ou envoyez des fleurs ou des chocolats (avec un petit mot : pour adoucir à ma façon ton épreuve).

Les kilomètres vous séparent peut-être du couple en difficulté mais il existe de nombreuses cartes de condoléances spécifiques sur le sujet.

Le temps malheureusement ne guérit pas tout, et le deuil périnatal est un deuil particulier. Il faut en prendre soin. Souvent, un accompagnement est recommandé (Association SPAMA, par exemple, ou psychologue du service de la maternité qui vous a accueilli). 

Lorsque l'on vit à l'étranger, le suivi n'est pas forcément le même. L'éloignement du socle familial et amical amplifie le sentiment de vide et de solitude. Le cheminement est long c'est pourquoi rencontrer une professionnelle spécialisée dans cet accompagnement amène de la compréhension, du soutien sur ce chemin unique.

Le couple est très souvent mis à mal durant cette épreuve car même s'ils ont perdu le même enfant, le deuil ne se manifeste pas de la même façon chez les partenaires. Il est donc primordial d'avoir un espace de recul et de soutien régulièrement pour penser et panser cette plaie.