Hausse des prix des billets d'avion : quelles implications sur les projets d'expatriation ?

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Publié le 2022-04-12 à 14:00 par Asaël Häzaq
L'augmentation du prix du pétrole impacte toutes les économies, à commencer par le secteur du transport. Les experts les plus pessimistes parient sur un baril à 200 dollars d'ici à la fin de l'année. Un scénario catastrophe irréalisable selon d'autres. L'on préfère quand même jouer la carte de la prudence. Les compagnies aériennes alertent depuis le début de la pandémie. Les crises à répétition ont un coût qu'elles ne peuvent totalement absorber. Le consommateur, en bout de chaîne, paie la facture. Quelles conséquences sur l'expatriation, alors que les projets de vie à l'étranger reprennent doucement ? 

Quand les crises font flamber le prix du pétrole

Nuages sombres sur le secteur aérien. Après le choc de la Covid-19 – qui n'est toujours pas digéré – le transport subit de plein fouet les conséquences de la guerre en Ukraine. En novembre 2021, l'Association du transport aérien international prédisait déjà une hausse significative des prix des billets d'avion pour 2022. Pour elle, les compagnies aériennes ne pouvaient totalement résorber leurs pertes, malgré les subventions reçues par les États. La hausse des prix se confirme. De récentes études démontrent que l'Europe peut se passer des énergies russes. A court terme, l'entreprise serait néanmoins plus envisageable pour le pétrole et le charbon que pour le gaz. D'autres interrogations se posent pour les pays d'Afrique : comment réagissent-ils à cette crise du pétrole ? En profitent-ils, ou, au contraire, subissent-ils aussi les conséquences de la crise ? Autant d'incertitudes qui expliquent la prudence des marchés.

Le carburant représente 25 à 30 % du prix d'un billet d'une compagnie traditionnelle. C'est jusqu'à 40 % pour une compagnie low cost. Or, le prix du baril de pétrole n'a cessé d'augmenter. En mars dernier, il a même atteint d'inquiétants records, avec 120 dollars le baril, les 24 et 25 mars. Si les prix ont baissé depuis (autour de 100 dollars le baril), la menace plane. Si les compagnies utilisent encore leur stock de 2021, elles sont déjà confrontées aux surcoûts actuels. Les conséquences pour la population se font sentir. Entre février 2021 et février 2022, les prix des billets d'avion au départ de la France ont grimpé de 7 %. C'est 12 % ailleurs en Europe ou aux États-Unis. Selon les experts, ces hausses s'aggraveront certainement dans le temps. De quoi freiner les projets de voyage ou du moins, alourdir le budget expatriation.

Hausse des prix des billets d'avion : les conséquences

L'on pense bien entendu à la crise du pétrole, qui augmente le coût du kérosène. Mais cette hausse en entraîne d'autres, qui enraillent la machine et impactent les prix des billets. Du fait la guerre, les espaces ukrainiens et russes ne peuvent plus être survolés. Les trajets s'allongent, surtout pour les longs courriers. Impossible désormais de passer par la Russie pour un Paris-Tokyo. Il faut faire des détours qui allongent la durée du vol de 2 ou 3 heures. Jean Collard, expert en transport aérien, explique au micro du journal belge RTBF : « Cela engendre des coûts horaires de 10 000 à 12 000 euros en plus pour chaque appareil ».

À ces frais s'ajoutent ceux du personnel humain. L'allongement de la durée de vol oblige à ce qu'il y ait plus de pilotes « non plus deux pilotes navigants, mais trois ou quatre » pour un long courrier, explique Jean Collard. Même doublement côté personnel de cabine. Plus d'agents en service sur un même vol, donc plus de salariés à payer. Des dépenses qui s'ajoutent à celle du kérosène. Son prix a bondi de 30 %. Autant de coûts supplémentaires qui font gonfler les prix des billets. Sans compter l'inflation. Si Ryanair indique ne pas vouloir toucher aux prix des billets pour ne pas plomber la reprise du trafic aérien, il semble difficile de tenir cette position à moyen ou long terme. Air France a déjà augmenté ses tarifs : +40 euros en classe économique et 100 euros en classe affaires. Lufthansa a aussi annoncé que ses billets d'avion coûteraient plus cher. Qatar Airlines et Emirates s'en sortent mieux, grâce aux pays desquels elles dépendent : le Qatar et les Émirats arabes unis, deux États pétroliers.

Des mesures vertes pour repenser les projets d'expatriation

Les nouvelles mesures écologiques obligent les compagnies à une conduite plus respectueuse de l'environnement : carburant, matériaux, alimentation et leurs contenants… Tous les domaines sont concernés, et impactent aussi les prix des billets d'avion. Un virage indispensable, selon les défenseurs de l'environnement, qui alertent : l'écologie low cost est un leurre. Le carburant propre a un coût, de même que l'objectif « neutralité carbone ». Aux acteurs de réfléchir sérieusement pour construire une économie plus verte. Alerte entendue par les pays de l'Union européenne (UE), qui veulent atteindre cette neutralité carbone d'ici à 2050 – avec une première échéance dès 2030, où ils devront avoir réduit de 55 % leurs émissions carbone. C'est le « Fit for 55 » (paré pour 55), publié le 14 juillet 2021, intégrant le pacte vert européen voté en 2019. Un pari ambitieux, à l'heure où la Covid, l'inflation et la guerre en Ukraine font vaciller les économies. Mais pour les écologistes, ces hausses de prix contribueront à diminuer le trafic aérien. Une bouffée d'air bienvenue pour la planète.

En bout de chaîne, les candidats à l'expatriation s'interrogent. Voyager, mais comment ? Où partir ? Les plus extrêmes plaident pour la fin des voyages en avion. Pour eux, toute expatriation devrait, au pire, être intracontinentale. D'autres, plus modérés, en appellent au bon sens. Voyager, oui, mais éviter les allers-retours vers son pays d'origine (la montée des prix des billets d'avion devrait en refroidir plus d'un). Même traitement pour les colis : diminuer les envois vers son pays d'origine. Si le voyage est indispensable, privilégier le train. Avant la guerre en Ukraine, les plus aventuriers délivraient des conseils pour effectuer un Paris-Tokyo sans prendre l'avion. Un périple de plusieurs semaines, qu'ils garantissaient moins onéreux que l'avion. Si l'idée ne convient pas à tous les publics, elle oblige chacun à s'interroger sur des alternatives au « tout avion ».

Conclusion

Hausse de la facture pour les candidats à l'expatriation. Les comparateurs de prix bataillent pour proposer la meilleure offre à l'instant T. Mais il est parfois difficile d'acheter son billet d'avion longtemps à l'avance, surtout lorsque le projet de départ est conditionné par des facteurs externes : attente d'un retour de l'employeur, demande de visa en cours… Autant de paramètres qui peuvent ajouter à l'incertitude. Une chose semble néanmoins sûre : la hausse des prix des billets d'avion pousse de plus en plus de candidats à l'expatriation à repenser leur voyage. La contrainte devint une opportunité pour mieux envisager son projet de vie à l'étranger.