Vraiment plus de travailleurs pauvres en Allemagne qu'en France ?

LE SCAN ÉCO - Lundi dernier, l'OCDE a partagé un graphique intitulé «Working, but still in poverty». Dans le classement présenté, on constate que 7,1% des ménages français dont au moins un membre travaille vivent en-dessous du seuil de pauvreté. L'Allemagne, elle, présente un taux de 3,7%. Tentative de décryptage.

C'est devenu un «lieu commun» en matière d'analyse des politiques d'emploi. Quand on compare le taux de chômage français à celui de l'Allemagne, on s'entend souvent rétorquer qu'Outre-Rhin le nombre de travailleurs pauvres explose. Lundi dernier, l'OCDE a quelque peu relancé ce débat en partageant un graphique intitulé «Working, but still in poverty» sur Twitter. Dans le classement, on constate que 7,1% des ménages français dont au moins un membre travaille vivent en dessous du seuil de pauvreté. L'Allemagne, quant à elle, présente un taux de 3,7%. Ce chiffre peut paraître surprenant. Surtout pour ceux qui affirment que nos voisins paieraient son faible taux de chômage au prix d'une importante précarisation de son marché du travail. https://twitter.com/lucdebarochez/status/994812493255118848/photo/1  Peut-on en conclure que ce cliché est faux? Qu'il y a effectivement plus de travailleurs pauvres en France qu'en Allemagne? Non. «En vérité, il y a beaucoup plus de travailleurs pauvres Outre-Rhin» explique Stefano Scarpetta, directeur du département des politiques social et emploi à l'OCDE. Ce qu'il faut noter pour comprendre le graphique de l'OCDE, c'est qu'il compare les «ménages dont la personne référente est en âge de travailler et dont au moins une personne travaille*», détaille l'économiste. Avant de poursuivre: «En effet, on peut être soit même un travailleur qui gagne moins de 50% du revenu médian - ce qu'on appelle un travailleur pauvre - mais vivre dans un ménage avec d'autres membres qui perçoivent un bon revenu. Dans ce cas-là, le ménage n'est pas compté comme un foyer en-dessous du seuil de pauvreté». Une façon de mesurer la pauvreté que Mathieu Plane, économiste à l'OFCE, trouve «assez atypique». Et effectivement, selon les chiffres d'Eurostat, en 2015, «le taux de travailleurs pauvres en Allemagne était de 9,7%*, un chiffre élevé qui classe ce pays au-dessus de la moyenne européenne, au coude à coude avec l'Estonie», pointe Mathieu Plane. La même année, la France comptait 7,5% de travailleurs pauvres.Alors comment peut-on expliquer cet écart? Qu'est ce qui explique qu'en Allemagne, il y ait 9,7% de travailleurs pauvres mais «seulement» 3,7% des «ménages travaillant» en-dessous du seuil de pauvreté? Pour les économistes Stefano Scarpetta et Mathieu Plane, il y a plusieurs explications:
Le travail des femmes

Pour l'économiste de l'OFCE, cet écart est effectivement un peu déroutant: «C'est vrai que sur ce genre de sujet l'Allemagne fait plutôt figure de mauvais élève», dit-il en se basant sur les chiffres d'Eurostat. Un sentiment partagé par Sophie Ponthieux, spécialiste des questions de pauvreté à l'INSEE: «Il faut bien garder à l'esprit que les chiffres des travailleurs pauvres et ceux des ménages vivant en-dessous du seuil de pauvreté ne sont pas comparables».Pour Mathieu Plane, ce qui explique la bonne performance de l'Allemagne sur le classement mis en avant par l'OCDE, c'est la particularité du travail des femmes dans ce pays: «Plus qu'ailleurs, les Allemandes sont à temps partiel: 46,4% des salariés allemandes n'occupent pas un poste à plein-temps, en comparaison seulement 30% des Françaises sont dans ce cas», explique-t-il en citant un rapport récemment publié par Le Trésor.

En décembre 2016, 7,4 millions de salariés ont un emploi atypique dit «mini-job» (des emplois peu rémunérés et offrant un faible nombre d'heures de travail hebdomadaires), 35% des mini-jobeurs sont des femmes dont l'activité principale est de s'occuper de leurs enfants, toujours selon ce rapport du Trésor. A noter toutefois, que ces temps partiels ne sont pas «subis», selon le Trésor, «l'activité à temps partiel demeure majoritairement choisie par les femmes.» Ce sont «des revenus d'appoint», résume Mathieu Plane. «Les Allemandes mariées et mères de famille n'ont d'ailleurs souvent pas intérêt à prendre des emplois plus classiques du fait de la fiscalité et des coûts élevés des solutions de garde d'enfants», ajoute-t-il.

    «Le problème en Allemagne c'est le temps partiel. Mais en France le problème c'est qu'il est plus difficile de trouver du travail»

    Stefano Scarpetta, directeur du département des politiques social et emploi à l'OCDE

Mais attention toutefois, pour Stefano Scarpetta le travail des femmes allemandes n'est «qu'un facteur d'explication parmi d'autres». Pour lui, le fait que les ménages «travaillant» en Allemagne soient moins victimes de la pauvreté qu'en France est aussi explicable par la comparaison des taux de chômage dans les deux pays (aujourd'hui le taux de chômage français s'élève à 9,2%, contre 3,6% en Allemagne). «Le problème en Allemagne c'est le temps partiel, mais en France le problème c'est que c'est plus difficile de trouver du travail. C'est plus facile d'être au-dessus du seuil de pauvreté avec un temps plein et un temps partiel dans le foyer, qu'avec un temps plein et une personne qui ne travaille pas».
Le nombre d'enfants

Autre différence importante, qui pourrait expliquer la différence entre les ménages français et les ménages allemands, selon l'économiste de l'OCDE: «le nombre d'enfants». En effet, le taux de fertilité français est beaucoup plus élevé que celui de nos voisins (2,01 enfants par femme en France, contre 1,5 en Allemagne en 2015). «Quand on compare la France et l'Allemagne sur la typologie des ménages, on voit que les taux de pauvreté pour les ménages sans enfants sont assez comparables: 19% pour les Français et 14% pour les Allemands. Mais dès que l'on regarde les ménages avec enfant l'écart s'agrandit fortement avec seulement 5% Outre-Rhin et 13% en France.»  Pour finir, le spécialiste explique que les politiques publiques allemandes «sont extrêmement favorables à ceux qui travaillent». «Tout est fait pour encourager le retour à l'emploi, détaille-t-il, certaines aides de l'État sont conditionnées au fait d'avoir un emploi, à temps plein ou pas, bien rémunéré ou pas. Cela contribue à augmenter les revenus des foyers qui sont en activités. En France avec des mesures comme le RSA, certains ne sont pas incités à reprendre une activité». Mais tout n'est pas rose en Allemagne pour autant notent les économistes Stefano Scarpetta et Mathieu Plane: «On ne peut pas nier qu'il y est un problème sur les salaires en Allemagne. C'est pourquoi ils pensent qu'il faut attendre de voir les effets que va avoir l'introduction d'un «smic» dans l'économie allemande. Une mesure qui a été adoptée en 2015 et qui sera appliquée «d'ici 2017», selon Mathieu Plane. http://www.lefigaro.fr/economie/le-scan … france.php .jean  luc  ;)

"A noter toutefois, que ces temps partiels ne sont pas «subis»" selon le Trésor, «l'activité à temps partiel demeure majoritairement choisie par les femmes.» Ce sont «des revenus d'appoint», résume Mathieu Plane. «Les Allemandes mariées et mères de famille n'ont d'ailleurs souvent pas intérêt à prendre des emplois plus classiques du fait de la fiscalité et des coûts élevés des solutions de garde d'enfants»,

Soit je suis mal réveillé soit ils se contredisent totalement...ce n'est pas subi...mais choisi car financièrement désavantageux...oui donc en gros c est subi non ?

dans le cas du temps partielle pour les mére ou les péres qui veullent travailler tout en voullant s'occuper des enfants , officieellement c'est volontaire car non imposer par le patron , mais si on tient compte du manque de place dans les crêches , du coup engendrer par celle-ci environ 400-500€ par enfants , du systéme scolaire qui dans bien des cas  se termine á 13h ,même si on trouve des écoles qui ferme á 16h dont les surcoûts de cantines et activité   périscolaire sont supporter par les parents ,on peut penser que celas est imposer par le systéme donc quelque part subit . La fiscalitée ne rentre jamais en ligne de compte dans la décition des péres et méres par contre l'organisation  du  temps de travail lui pése beaucoup . jean  luc  ;)