Baisse des bourses scolaires en France : quel impact pour les Français de l'étranger et les étudiants ?

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Publié le 2023-08-23 à 14:00 par Asaël Häzaq
Très chère rentrée scolaire. La coupe annoncée dans les bourses scolaires est bien confirmée ; un casse-tête pour les familles françaises installées à l'étranger. Les coupes touchent aussi le territoire français, avec une flambée annoncée du coût de la vie des étudiants. Faut-il craindre une crise durable ?

Famille résident à l'étranger

Coupe sèche dans les caisses de l'État français. Alors que l'inflation est loin d'avoir dit son dernier mot, la France a confirmé une baisse significative du montant des bourses scolaires allouées aux familles françaises résidant à l'étranger. À l'origine, un projet d'aide élaboré par l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE), destiné à soutenir les familles françaises de l'étranger, en particulier, les plus modestes. Mais l'annonce de la Commission nationale des bourses, en juin dernier, confirmée depuis, suscite l'inquiétude de nombre de familles immigrées à l'étranger.

La baisse des bourses scolaires de l'AEFE pourra aller jusqu'à 7 % pour l'année 2023-2024. La mesure s'inscrit dans le cadre la Contribution Progressive de Solidarité (CPS), contribution établie entre les familles bénéficiant de la bourse (excepté les bénéficiaires à 100%).

Crise annoncée pour les familles françaises installées à l'étranger ?

Interpellant par écrit le Sénat, le sénateur représentant des Français de l'étranger Ronan Le Gleut en appelle à un blocage immédiat de la mesure. Pour lui, il y a péril, et pour les familles françaises, et pour l'éducation française à l'étranger. Il rappelle que les familles les plus précaires ne pourront certainement plus supporter le coût d'une scolarité dans les établissements français à l'étranger. Il rappelle aussi que le président Macron avait fixé un « Cap 2030 », plan visant, d'une part, à doubler le nombre d'élèves français dans les établissements étrangers, et d'autre part, à développer le réseau des établissements français à l'étranger. Pour Le Gleut, la baisse des bourses scolaires va à l'encontre de la stratégie présidentielle. Le sénateur prédit une déscolarisation des élèves et une crise sans précédent pour les familles expatriées, surtout pour les plus fragiles.

Mais Olivier Becht, ministre délégué chargé du Commerce extérieur, de l'Attractivité et des Français de l'étranger, contredit le sénateur. Il précise que la baisse des bourses scolaires ne concernera pas toutes les familles établies à l'étranger. Les plus précaires (celles touchant 100 % de la bourse) ne seront pas impactés par la mesure. Le ministre préfère insister sur l'augmentation du budget total alloué aux bourses scolaires. Il est effectivement passé de 100,4 millions à 114,8 millions. Cela n'annule pas la diminution des bourses scolaires annoncée. Le ministre confirme la mesure, mais conteste le chiffre de 7 %, évoquant plutôt une baisse de 5 % des bourses scolaires. Les enfants scolarisés dans des pays en crise grave pourraient même recevoir une aide spéciale. Les autorités françaises évoquent le cas du Liban. Une enveloppe de 2 millions d'euros devrait être allouée aux élèves scolarisés dans les établissements français au Liban.

France hausse du coût de la vie étudiante

Augmentation inquiétante et vertigineuse. C'est le sombre constat de l'Unef, l'Union nationale des syndicats de France. D'après sa dernière étude, sortie le 14 août, le coût de la vie étudiante a grimpé de 6,47 % en 2023, soit 594,75 euros supplémentaires. L'Unef parle d'une hausse « inédite en 19 ans d'enquête ». C'est du côté de l'énergie et de l'alimentation que les hausses atteignent des records. Loin d'être terminée, la crise énergétique frappe davantage les étudiants les plus précaires. L'Unef observe une hausse de 22 % du gaz naturel, 20,7 % pour le gaz, et 10,1 % pour l'électricité. Le coût de l'alimentation a bondi à +14,3 %.

Mais le logement reste le premier poste de dépense, qui engloutit, selon les calculs de l'Unef, un peu plus de 60 % du budget des étudiants. Or, les loyers s'envolent dans le parc privé. Ils étaient déjà élevés en 2022 (560 euros mensuels en moyenne). Ils augmentent encore en 2023 (environ 570 euros mensuels). Les résidences étudiantes Crous (Centre régional des œuvres universitaires et scolaires) n'échappent pas à la hausse, malgré des loyers gelés. L'Unef relève une hausse de 3,5 % des charges, soit 394,83 euros au lieu de 381,48 euros l'année précédente. La Contribution de vie étudiante et de campus (CVEC) qui ne concerne que les étudiants non boursiers, a elle aussi augmenté, passant de 95 euros à 100 euros cette année.

La FAGE (Fédération des associations générales étudiantes) partage le constat de l'Unef et annonce un coût de la rentrée qui grimpe encore pour les étudiants. Selon son enquête, publiée le 16 août, un jeune en licence non boursier vivant seul devrait débourser 3024 euros pour sa rentrée étudiante. C'est 4,68 % de plus que l'an dernier ; la FAGE estimait alors le coût de la rentrée à 2889,15 euros.

Bourses pour les étudiants étrangers en France

En septembre 2022, le gouvernement français s'est lancé dans une réforme des bourses étudiantes sur critères sociaux. Parmi les mesures phares, la révision des barèmes d'éligibilité et la revalorisation des bourses pour chaque échelon. En mars 2023, le gouvernement présente sa réforme, dont certains points touchent les étudiants étrangers. Les montants de la bourse varient en fonction de l'échelon, et vont de 108,4 euros mensuels (échelon 0bis) à 596,5 euros mensuels (échelon 7).

Dès la rentrée 2023, les étudiants étrangers pourraient bénéficier de bourses accessibles sous conditions (suivre une formation initiale éligible, un cursus à temps plein...). Des différences existent selon que l'étudiant est un ressortissant européen ou possède une autre nationalité. Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche rappelle que 5,5 % des étudiants boursiers sont étrangers. Reste la grande majorité des étudiants non boursiers. Pour eux, d'autres hausses font grimper la facture, comme la hausse du coût des transports (+5,91 % en moyenne). Il existe néanmoins de fortes disparités selon les villes de France. Lyon s'avère ainsi plus accessible que Paris ou Fort-de-France. Pour l'Unef, la revalorisation des bourses (de +37 euros à +127 euros selon les cas) reste insuffisante.

Liens utiles :

Etudiant.gouv.fr : information sur les bourses étudiantes

Montant des bourses étudiantes