Quand j'avais encore une activité professionnelle en France, et que je n'avais plus le devoir de faire bouillir tous les jours la marmite familiale, je passais mon temps libre à faire de la mycologie. Bien entendu ce passe-temps ne pouvait être qu'une activité saisonnière car lorsque le sol était recouvert par la neige, les champignons se bornaient à hiberner et j'étais donc obligé d'approfondir ma passion pour les champignons en étudiant leur caractéristiques, leurs biotopes privilégiés ainsi qu'une foultitude de détails concernant cette science de la macroscopie des espèces fongiques.
Ici à Madagascar, les espèces du fait de l'endémisme qui touche une bonne partie de la faune et de la flore du pays, il faut tout reprendre à zéro et c'est d'autant plus difficile que le peu d'espèces qui ont été étudiées par des vahazas de passage, n'aident guère à progresser rapidement dans ce domaine. J'ai donc décidé de reprendre à zéro mes études en autodidacte concernant la flore fongique et d'accrocher au clou le diplôme en mycologie que j'avais décroché à la faculté de pharmacie de Nancy (en France) il y a des lustres.
Ici dans l'hémisphère sud de notre planète, beaucoup d'espèces me sont totalement inconnues et en ce qui concerne leur comestibilité, je crains fort d'être totalement impuissant à me prononcer sur ce sujet délicat et surtout dangereux. Mais n'ayant pas l'habitude de baisser les bras face à un problème quel qu'il soit, j'ai pris l'initiative de me lancer dans une campagne d'élucidation de ce problème.
Pourtant face à une difficulté qui m'interdisait de réaliser seul cette expérience, j'ai eu l'idée géniale de conclure un accord avec un individu de la noblesse malgache. Donc à nous deux nous avons décidé d'un commun accord de tester la comestibilité de nombreuses espèces de champignons. Mais étant donné le caractère dangereux de cette recherche, j'ai pris l'initiative d'en faire part à mon ami qui n'a pas trouvé d'arguments contradictoires et il fut donc décidé logiquement que c'est mon ami qui goûterait chaque espèce pour savoir si l'espèce est toxique ou inoffensive.
Il est évident que je commencerai par apprêter les divers champignons en les accommodant en omelette afin de leur donner une saveur plaisante.J'ai bien expliqué à mon ami qu'il ne pouvait pas en être autrement car si je goûtais moi-même les champignons, l'expérience scientifique risquerait d'être interrompue brusquement par ingestion d'une espèce mortelle. Par contre si mon ami ingère une espèce mortelle, j'aurais toujours le loisir de me lier d'amitié avec un autre ami et je pourrais aisément continuer cette expérience car j'ai inventé une cage avec trappe qui me permet de faire connaissance avec de nombreux membres de la famille Raton d'Andranolava dont personne n'a encore émis à ce jour de revendication concernant ma méthode de recrutement… un peu forcée je l'avoue.