Wakashio : La Norvégienne Sunniva nous présente son livre

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Publié le 2021-01-18 à 11:46 par Estelle Bastien
Sunniva Bonieux est norvégienne et vit à Maurice depuis neuf ans. Le naufrage du MV Wakashio survenu le 25 juillet 2020 a laissé des souvenirs cauchemardesques à la jeune mère de deux enfants. Dans un livre intitulé « Wakashio – Oil Spill in Paradise », Sunniva Bonieux a voulu immortaliser les images de la marée noire provoquée à la suite du naufrage et ainsi retracer chronologiquement les événements. Rencontre.

Sunniva Bonieux, parlez-nous un peu de vous avant de nous parler de votre livre…

Je suis Sunniva et je viens de la Norvège mais je vis à Maurice depuis neuf ans maintenant. Je suis mariée à un Mauricien et j'ai deux petits garçons. J'ai une marque de bijoux qui porte mon prénom et je vends également des accessoires.

Le livre sur Wakashio est votre premier ouvrage ?

Oui, le livre a été une toute nouvelle direction pour moi.

Pourquoi avez-vous choisi de mettre cette histoire sur papier et de cibler surtout la jeune génération ? 

J'ai pensé qu'il serait bien de garder une chronologie des événements qui ont suivi le naufrage. J'ai aussi pensé que les enfants ont beaucoup de questions et que c'est bien de pouvoir leur expliquer ce qui s'est passé et pourquoi cela est arrivé et un livre avec des illustrations m'a semblé être le meilleur moyen de le faire. 

J'ai compris que vous habitez Pointe d'Esny, là où le navire s'est échoué. Pouvez-vous nous décrire ce que vous avez ressenti au moment où vous avez appris la nouvelle du naufrage ?

Oui, j'habite bien à Pointe d'Esny. J'ai été très choquée et triste. Premièrement, cela me faisait mal de savoir que cet énorme navire s'était écrasé contre notre belle barrière de corail. Puis, lorsque nous avons appris que le navire transportait 4000 tonnes d'huiles lourdes, j'ai commencé à m'inquiéter sur ce qu'une éventuelle fuite d'huile pouvait provoquer comme dégâts dans cette région. Les jours ont passé et de ce que je pouvais voir, rien n'avait été fait pour enlever la cargaison d'huiles lourdes du bateau. J'étais vraiment inquiète et lorsque c'est arrivé, pour moi, c'était comme un cauchemar qui venait de se réaliser. 

Parlez-nous de votre livre, que peut-on y voir ?

Comme je l'ai dit, il s'agit d'une chronologie des événements qui ont suivi le naufrage du MV Wakashio. Il y a une illustration sur chaque page qui traduit ce qui est écrit en image. Ce sont des peintures aquarelles réalisées par une de mes amies. Les textes sont à la fois en anglais et en français.

Comment vous est venue l'idée de faire le livre ? 

Etant une habitante de Pointe d'Esny, il faut dire que j'étais en plein cœur de la saga Wakashio. Nous avons suivi l'évolution des opérations de sauvetage comme nous étions très concernés comme tous ceux qui vivent dans les parages d'ailleurs. 

Avec toute cette attention autour du Wakashio et la série de malheureux événements qui ont eu lieu depuis le naufrage, je me suis dit que les gens voudraient bien un livre pour résumer tout cela. Ce n'est pas tous les jours qu'un navire de 300 mètres vient s'écraser sur nos récifs et qu'il y a une fuite d'huile. 

C'est quoi le message essentiel derrière votre livre ? 

La population mauricienne a été profondément touchée par cette catastrophe et nous n'avons pas l'intention d'oublier ce qui s'est passé et comment cela s'est produit. 

Nous attendons une enquête complète et nous voulons connaître le fond de cette tragédie et enfin comprendre comment c'est possible qu'en 2020, un tel accident puisse se produire.

Etes-vous satisfaite de la manière dont ce désastre a été géré ? 

Non ! Le plus gros souci c'était le manque de communication de la part des autorités. Et il y avait un silence complet sur la manière dont notre coûteux et sophistiqué radar n'a pas pu détecter la présence d'un navire de 300 mètres qui se dirigeait tout droit sur nos récifs. 

Etiez-vous là pour aider à nettoyer les plages ? (Ou étiez-vous à Mahébourg..) Si oui, décrivez-nous votre expérience..

Mon mari s'est impliqué depuis le début en passant toutes ses journées de 7 heures du matin à 19 heures en mer. Mon rôle était de veiller sur nos deux enfants. Mais j'ai trouvé du temps pour me rendre à Mahebourg et à la plage de Pointe d'Esny pour aider les volontaires. Cela ressemblait vraiment à un champ de bataille. Tout le monde était en alerte voulant aider de toutes les manières possibles. 

Quelle est votre impression de la solidarité mauricienne ?

C'était merveilleux de voir comment chacun voulait aider. Les gens n'ont pas hésité à sauter dans l'eau remplie d'huile s'il le fallait et tout le monde était bien coordonné. 

Selon vous, comment peut-on prévenir un tel désastre à l'avenir ? 

Déjà, le navire n'aurait jamais dû accoster là où il était. Les radars auraient dû l'avoir détecté. Donc, je pense que la priorité est d'avoir des garde-côtes mieux formés et mieux qualifiés qui pourront voir venir une menace de loin et l'éviter.

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