. Ce texte, mis en ligne par l'hebdomadaire français L'Express, affirme que la Libye «est un État démocratique indépendant où tous les pouvoirs dépendent du peuple. Tripoli est la capitale, l'Islam est la religion, la Charia Islamique est la source principale de la législation».
On est donc loin des déclarations volontaristes à propos de la mise en place d'un régime civil, voire laïque, comme l'ont promis quelques émissaires du CNT lors de leurs multiples visites à Paris au printemps dernier.
Dans le même temps, sur Al Jazeera et d'autres chaînes satellitaires arabes, plusieurs responsables du CNT ont adopté le même discours, expliquant que la Charia (la loi islamique) servirait de base à l'élaboration des nouveaux textes fondamentaux et qu'il était hors de question de mettre en place une séparation du religieux et du politique
«C'est une situation très compliquée pour le CNT, relève un diplomate tunisien. Il ne peut ignorer la réalité sociologique d'un peuple libyen très conservateur. Mais, dans le même temps, il a promis à ses alliés la modernisation du pays. Sa marge de manuvre est étroite, mais je pense que les Occidentaux vont devoir revoir leurs exigences et accepter l'instauration d'un régime où l'islam reste incontournable en tant que source législative».
Dans les faits, l'Occident s'accommode déjà d'une telle situation dans nombre de pays musulmans dits «amis». C'est le cas pour le Qatar, mais aussi pour l'Arabie saoudite et la majorité des pétromonarchies du Golfe, où la Charia est incontournable.
Mais il est indéniable qu'une Libye à la Constitution par trop conservatrice constitue un risque politique à court terme pour au moins deux dirigeants occidentaux. Bientôt engagés dans la campagne pour leur réélection, ni Nicolas Sarkozy ni Barack Obama n'ont envie de se voir reprocher d'avoir contribué à l'émergence d'un régime islamiste en Libye (déjà, aux États-Unis, plusieurs voix se sont élevées au sein de l'aile droite du parti républicain pour reprocher à Obama d'avoir «offert» la Libye à al-Qaida).