Les différences entre l'école traditionnelle et l'enseignement à domicile

Interviews d'expatriés
  • Ecole a la maison
Publié le 2017-05-11 à 13:00 par Veedushi
L'école à la maison n'est pas chose aisée, mais il peut s'agir de la meilleure option lorsque vous vous retrouvez face à des alternatives très restreintes. Cela a notamment été mon cas de 2003 à 2006 lors de mon séjour en Guinée-Bissau. J'ai éprouvé une véritable appréhension lorsque mon époux m'a annoncé son affectation en Afrique de l'Ouest, principalement à cause de nos deux enfants qui étaient alors âgés de deux et six ans. Il s'agissait cependant d'une opportunité qu'on ne pouvait pas laisser passer.

L'absence d'infrastructures scolaires

L'une des nations les plus pauvres du monde, la Guinée-Bissau dispose d'un revenu par habitant de 1 600 $ et d'un taux d'alphabétisation de 59,9% seulement. L'absence complète des services publics de base tels que la fourniture en eau et en électricité, ainsi que le manque d'hôpitaux, en sont d'autres points faibles. Rappelons que le pays a aussi été le théâtre d'un coup d'État en 2003 lorsque nous sommes arrivés. Mais je dois avouer que l'une de mes principales inquiétudes était le manque d'infrastructures et d'établissements scolaires.

Nous savions à quoi nous attendre : l'employeur de mon époux nous avait peint un tableau reflétant, autant que possible, la réalité du pays. Nous avons tout de même relevé le défi, gardant en tête ce qui nous attendait. Nous avions donc le choix entre deux types d'écoles : l'école portugaise et l'école française. Nous avons ainsi opté pour l'école française en raison de notre affiliation à un pays francophone.

L'éducation à distance et l'enseignement à domicile

L'École Internationale de Bissau n'était pas du tout une école internationale comme on l'entendait mais plutôt une association de parents, formée de résidents et étrangers, soucieux d'offrir une éducation de qualité à leurs enfants en dépit de la réalité locale. L'association avait loué une maison qu'elle a transformée en école pour les enfants expatriés. Des enseignants sénégalais se chargeaient de dispenser des cours accrédités par le Centre National d'Enseignement à Distance (CNED) de Toulouse en France. Les examens se tenaient en Guinée-Bissau sous la supervision des enseignants mais étaient corrigés en France.

Mes enfants ont été confrontés à une période difficile, mais leur jeune âge leur a permis d'absorber et d'assimiler rapidement une nouvelle langue. J'ai commencé à leur enseigner l'anglais à la maison bien que c'était inclus dans leurs programmes d'études. Le reste, des mathématiques à la géographie, était enseigné en français.

En ce qui concerne les cours de musique, je voulais que les enfants apprennent à jouer au moins un instrument. Je savais qu'il serait difficile de trouver un instructeur, mais j'ai fini par engager celui qui enseignait à l'école. Malheureusement, je n'avais pas pensé à leur acheter un instrument de musique tel qu'une guitare ou encore une flûte, mais nous avons eu de la chance : l'instructeur a bien voulu nous emmener un clavier depuis le Sénégal. Ce qu'il y avait en abondance, en revanche, c'était le djembe et le balafon (un xylophone en bois). Les enfants ont donc eu droit à des cours de piano, de djembe et de balafon à domicile en plus des cours de langues, ce qui n'était pas si mal en fin de compte, compte tenu du système éducatif local.

Les écoles traditionnelles

Nous revoici en 2017 où je m'apprête à mettre un terme à un nouveau séjour à l'étranger. Entre temps, nous avons vécu 4 ans au Botswana et 3 ans en Belgique. Les enfants ont eu l'occasion d'intégrer des écoles traditionnelles aux infrastructures modernes et avec des programmes d'études bien définis. La Barbade a été une destination de rêve pour nous comme pour bon nombre d'expatriés. La vie ici est de loin plus facile qu'en Guinée-Bissau. De plus, mes filles ont pu être inscrites dans une véritable école internationale. La première a passé son diplôme en 2015 et est à présent en deuxième année dans une université britannique. La deuxième terminera également cette année et s'envolera aussi très prochainement pour le Royaume-Uni.

Cette fois-ci, nous n'étions pas contraints d'avoir recours à l'enseignement à domicile grâce à la présence de nombreuses écoles offrant différents types de programmes d'études. La plupart des expatriés à la Barbade choisissent d'inscrire leurs enfants à l'école internationale de St John qui offre un programme plutôt rigoureux. Néanmoins, il est toujours possible, pour ceux qui le souhaitent, de faire l'école à la maison à leurs enfants. Cependant, les citoyens du pays doivent obtenir l'autorisation du ministère de l'Éducation pour ce faire. De plus, le cas d'un couple Rastafari ayant choisi d'éduquer leurs enfants à la maison est devenu un sujet à controverse.

Les leçons que nous en avons tirées

L'école à la maison peut s'avérer la seule alternative dans certaines circonstances, comme c'était notre cas lors de notre séjour en Guinée-Bissau. Elle présente certes certains avantages, tels que la capacité de dispenser une éducation sur mesure, adaptée aux capacités de l'enfant et avec une flexibilité des horaires. Il existe, en revanche, des inconvénients, notamment l'absence d'interaction avec d'autres enfants appartenant au même groupe d'age, sans oublier les pressions parentales de devoir enseigner à plein temps dans un milieu familial.

Combiner la scolarité semi-formelle, entre les instructeurs privés et l'apprentissage à distance, a été le meilleur choix pour mes enfants. Cela leur a permis de recevoir une formation adaptée à leurs besoins pendant cette période. Je crois aussi que l'éducation qu'elles ont reçue en Afrique a entraîné la transformation de leur façon de voir les choses, de leur attitude et leurs connaissances. En tant que parents, nous sommes convaincus d'avoir fait le bon choix, que ce soit en termes d'éducation ou d'expérience. Dans tous les cas, cela nous a aidé à surmonter les nombreux défis auxquels nous étions confrontés.

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