Les éventuelles franchises d'impôts en rendent certains fous!

On a évoqué ici ou là des raisons bonnes ou mauvaises de s'expatrier.

Une de ces raisons, de plus en plus souvent évoquées, c'est "de payer moins d'impôts" quand ce n'est pas "de ne payer aucun impôt"


Parlez de payer moins d'impôts et aussitôt, des gens a priori raisonnables sont décérébrés, inaccessibles à tout raisonnement sensé.

Je prendrai deux exemples: le Portugal et l'Outre-Mer français.

Un des forums les plus concernés par cette hystérie collective est celui consacré au Portugal. On devine à lire certains sujets qu'on aura beau prévenir les personnes qui vont se lancer dans une galère, on a beau opposer des arguments rationnels, il n'y a rien à faire.

Il y a une rumeur qui se propage à vitesse grand V sur le Portugal qui deviendrait une sorte de grand Monaco où les retraités ne paieront pas d'impôts, ni dans leur pays d'origine ni dans leur pays d'accueil.

Point de départ: un vague projet (qui divise d'ailleurs le pouvoir portugais) visant à ce que les retraités des secteurs privés puissent être imposés soit dans leur pays d'origine, soit au Portugal (pour le moment, il y a double imposition)
Rappel: pour les pensionnés du secteur public français, ils devront toujours payer CSG et IRPP en France.
 
En outre, on signale (sans effet sur ls intéressés) que le Portugal est sous tutelle de la Troïka (BCE, FMI, Commission européenne) car en faillite et sous perfusion.
Que dans ces conditions, non seulement la décision nationale est douteuse, mais sa transcription à l'échelon supérieur l'est encore plus. Il serait étonnant que cette Troïka qui a largué des dizaines de milliards d'euros pour que ce pays survive laisse un tel trou dans les caisses européennes. (la France, l'Allemagne, les Pays-bas principalement ont garanti les dettes portugaises, ils ont avancé ces énormes capitaux et ils laisseraient organiser une telle évasion fiscale qui ne profiterait pas au Portugal et les desservirait?)

Malgré ça... Traduction dans l'esprit de certains: youpie!! on ne paiera plus d'impôts si on vit au Portugal!!.

On a beau leur citer des textes officiels qui vont à l'encontre de ces assertions, ils nous répondent qu'ils ont lu "de la documentation" qui va dans le sens de leur espérances.

Quant aux textes officiels, les quelques pages qui les transcrivent sont trop longues pour qu'ils les fassent traduire. (Je parie que ce sont les mêmes qui, quand ils font leurs courses, lisent en détail toutes les étiquettes de la moindre boîte de conserve, demandent des éclaircissements au vendeur voire appellent le directeur si le prix au kg est affiché par erreur à 16.35€ au lieu de 16.37€)

J'ai pour ma part tendance à penser que le prix de cette traduction ne serait pas une dépense, mais un investissement quand on veut changer de vie en s'expatriant...

Lorsque, à force d'insister, on obtient enfin l'origine de la documentation qui les a fait saliver, on découvre que ce sont des sites... d'agents immobiliers qui cherchent à vendre les dizaines de milliers de biens en souffrance au Portugal!

Inutile d'essayer d'attirer l'attention de ces futurs malheureux sur le fait que ces agents immobiliers qui ont toutes ces maisons sur les bras, à vendre à tout prix, sont à la fois juge et partie: c'est ce qu'ils ont envie de lire, alors c'est forcément vrai.

Autre source digne de foi. Un "journaliste" qui travaille pour... Maisons du Portugal. Là, on ne sait plus s'il faut rire ou pleurer.

Encore mieux. Devant une règlementation complexe et contradictoire, ils invoquent le recours à des fiscalistes compétents... Oubliant que ces fiscalistes compétents ne travaillent pas pour la gloire et qu'il faudra les payer.
C'est comme les avocats: on ouvre la porte et on leur dit "bonjour", le compteur des honoraires a commencé de tourner!

Mais juste avant, ils étaient saisis d'horreur à l'idée de payer quelques dizaines d'euros pour une traduction de textes officiels... Cherchez l'erreur!

Une dame, sur ce forum, a été traumatisée suite à des ennuis sans fin qui ont fini par trouver une solution (c'est heureux mais ça n'aurait pas forcément été le cas)... après avoir signé un acte de vente rédigé en portugais, langue qu'elle ne connaît pas, et sans l'avoir fait traduire par un interprète choisi par ses soins!


Question
: qui, en France, signerait un acte de vente sans en connaître les tenants et aboutissements dans le détail? Ne faut-il pas, dans un pays étranger, nonobstant le soleil, la gentillesse ambiante, et toute cette sorte de choses, avoir au moins le même degré d'exigence?

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On ricane sur l'administration de pays comme la France ou la Belgique, mais au moins, là, pour déclarer ses revenus et savoir combien on paiera, 99% des particuliers peuvent se débrouiller sans aide. Seuls 1% dont la situation est réellement complexe doivent recourir à l'assistance de fiscalistes compétents.

Pour la France, autre donnée objective qui surprendra. Si globalement les prélèvements sont élevés, l'impôt sur le revenu est bas pour 98% des gens (la moitié des déclarants ne payant rien, certains bénéficiant même d'un impôt négatif: la prime pour l'emploi) en proportion de ce qu'on perçoit ailleurs dans des pays comparables.

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Autre malheureux plumés chaque année par cette obsession liée aux impôts. Les gogos attirés par la défiscalisation dans  l'outre-mer français.


"Achetez une maison, vous ne paierez pas d'impôts pendant dix ans".

En foi de quoi ils épargnent certes 20 ou 30.000 euros d'IRPP sur cette période (pas tous! Il faut déjà avoir ça à payer comme impôts et comme en Outre Mer ils sont notablement plus bas, c'est réservé à des gens qui gagnant très bien leur vie), mais ils achètent 250.000 euros un bien qui objectivement n'en vaut que le quart : terrain minable, murs de parpaings de 10 cm d'épaisseur mal crépis, toits en tôle ondulée posée sur une charpente non traitée qui va nourrir les termites, huisseries premier prix, "finitions" faites par des manœuvres payés au noir 15 euros par jour (on en a pour ce prix, pas plus). Tu payes ta cage à lapins pendant dix ans, et après, les ruines sont à toi (au sens propre!)

Là encore, rien à faire pour leur faire comprendre qu'ils se font avoir. Ils sont heureux: ils ne paieront pas d'impôts! En foi de quoi, ils ont donné cinq ou six fois plus à un escroc...

Tant mieux, quand ils ont une ruine à eux au bout! J'en connais un qui a acheté des parts dans une SCI située à Saint-Martin. Cinq ans plus tard, allant voir "son patrimoine" sur place, il a découvert un terrain avec juste des fondations inondées, les broussailles envahissant le tout. Sa documentation reçue chaque trimestre spécifiait: "achèvement à 80%" et le promoteur s'était enfui dans une autre île paradisiaque avec l'argent de ses gogos.

Ça commence pourtant à se savoir. Il n'empêche... Tous les ans, des tas de naïfs sont plumés.

On ne peut que le répéter: la défiscalisation en outre-mer est trustée par des requins et des vautours, et à peu près seuls les requins et les vautours en tirent bénéfice. Les truands ne partagent jamais avec les caves!

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La très grande majorité des forumeurs concernés payent quelques milliers d'euros d'impôt sur le revenu, au grand maximum. Souvent moins


En foi de quoi pour s'épargner cette charge, ils sont prêts à courir le risque de se faire avoir en achetant un bien immobilier surévalué**, dans des pays où il n'y a pas de sécurité juridique (on peut y acheter une maison qui n'appartient pas à celui qui l'a vendue, en foi de quoi quand on l'a payée, le vrai propriétaire la reprend et on le comprend)

** Parce qu'ils oublient qu'un bien n'a pas pour valeur le prix qu'ils ont payé, mais celui qu'on est prêt à payer pour le racheter. S'ils ont dépensé 100.000 euros mais qu'il y en a toujours plein à liquider dans la région et que ça joue sur le marché, s'ils veulent partir quelques années après si leur expatriation fut un échec et qu'on ne leur en propose que 50.000, eh bien leur bien ne vaut que 50.000 euros. Et dans un pays en pleine crise, il est très rare que l'immobilier soit à la hausse


Ils se préparent à vivre dans un pays dont ils ne connaissent ni les us et coutume ni même la langue.


On leur dit que passer quelques vacances sur place, observer, apprendre quelques rudiments de langage, c'est un minimum pour, non pas même savoir si on se plaira, mais avoir quelques indications, et ça leur semble une incongruité.

On leur signale qu'un régime fiscal peut en chasser un autre dans des démocraties soumises aux alternances. Que quand on est chez soi, on peut y trouver avantage ou inconvénient, mais au moins on est... chez soi.

Quand on est déraciné dans un pays où on s'est posé pour un avantage fiscal, qu'on est isolé par la barrière de la langue et de la culture et que cet "avantage" fiscal qui nous a fait venir disparait, on prend un sacré coup au moral. Rien n'y fait


On leur signale - et pour des retraités plus tout jeunes par définition, ça compte - que pays low-cost (et encore, ça reste à démontrer) signifie immanquablement des prestations sociales et médicales très basiques voire nulles, sauf si on paye cash et d'avance, et ça ne les gêne pas: "ils paieront moins d'impôts"

Or on n'est pas forcément à même de rentrer dans son pays d'origine si on a eu un accident, un AVC, un infarctus, etc. Certes un jeune peut prendre le risque, l'assumer, mais un senior doit réfléchir un peu...

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Comment faire comprendre que fonder un projet d'expatriation sur un gain illusoire de quelques milliers d'euros en dehors de toute autre considération, c'est aller au devant d'amères désillusions, de la neurasthénie, du déracinement générateur de tristesse et d'angoisse?

Que se poser en outre-mer pour un certain art de vivre, pour le climat, ça peut se comprendre et même, ça mérite des encouragements, le faire juste pour un fumeux projet de défiscalisation qui cohabitera avec la nullité du bien acquis et une vie chère, c'est illusoire?


Qu'aller au Portugal pour la beauté du pays et la gentillesse des habitants parce qu'on a fait l'effort d'apprendre la langue pour profiter pleinement de la société, de sa culture, etc, c'est une démarche vivement positive mais qu'y aller pour (peut être... vraisemblablement pas) gagner un peu d'argent, c'est courir le risque d'un plantage financier, et d'un mal être dans une solitude de déraciné?

Comment faire comprendre que ce sont les Harpagons, les gens toujours à l'affut de ce qu'ils croient être de bonnes affaires qui se font le plus souvent plumer par les affairistes requins?

Ou alors, faut-il s'en moquer, voire attendre en rigolant les récits des amères déconvenues?


Quoique même cela ne sert pas de leçon. Sur les forums d'expatriés, on a les récits de réussites, souvent très nuancés d'ailleurs. Les gens signalent tout ce qu'ils ont enduré pour y arriver - et ce n'était en général pas rose.

On a des propos amers de gens qui ne se plaisent pas dans leur pays d'accueil, qui le disent, mais qui y restent faute de mieux.

Les naufragés complets, ceux qui ont pris une gigantesque gamelle ne parlent pas. Par honte souvent, conscient qu'ils sont d'avoir été naïfs.

Ou juste pour tourner la page.


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on a rien a ajouter . ;):one  jean  luc ;)

Tant mieux, quand ils ont une ruine à eux au bout! J'en connais un qui a acheté des parts dans une SCI située à Saint-Martin. Cinq ans plus tard, allant voir "son patrimoine" sur place, il a découvert un terrain avec juste des fondations inondées, les broussailles envahissant le tout. Sa documentation reçue chaque trimestre spécifiait: "achèvement à 80%" et le promoteur s'était enfui dans une autre île paradisiaque avec l'argent de ses gogos.


Ah ça, je confirme: je me suis un peu baladé dans les îles du pacifique, ce genre de cas est franchement courant... (tu vois un terrain avec des fondations, voire des murs, envahi par la brousse ou qui commence à l'être... Tu poses la question au premier gars ui passe, oui, les travaux sont arrêtés depuis des années, oui, le promoteur est disparu, oui les acheteurs sont pas content ^^)

Et pas que au Vanuatu! ^^

Cher Benj77, :one:cheers:

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