Etre parents au Cameroun

Bonjour à toutes et à tous,

Lors d'une expatriation en famille, on se concentre souvent sur les enfants, leur adaptation. Qu'en est-il des parents ?

Comment vivez-vous votre rôle de parent au Cameroun ? Est-ce que l'expatriation a changé votre façon de voir la parentalité ?

Arrivez-vous à garder un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle ? Comment ?

Existe-t-il des associations ou des groupes (virtuels ou non) pour entrer en contact et échanger avec d'autres parents ?

Quels sont vos conseils pour faire découvrir la culture locale à vos enfants tout en leur transmettant celle de votre pays d'origine ?

Merci de partager votre expérience,

Priscilla

Priscilla a écrit:

Bonjour à toutes et à tous,

Lors d'une expatriation en famille, on se concentre souvent sur les enfants, leur adaptation. Qu'en est-il des parents ?

Comment vivez-vous votre rôle de parent au Cameroun ? Est-ce que l'expatriation a changé votre façon de voir la parentalité ?

Arrivez-vous à garder un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle ? Comment ?

Existe-t-il des associations ou des groupes (virtuels ou non) pour entrer en contact et échanger avec d'autres parents ?

Quels sont vos conseils pour faire découvrir la culture locale à vos enfants tout en leur transmettant celle de votre pays d'origine ?

Merci de partager votre expérience,

Priscilla


Hum...
Vaste sujet...

Pour ma part, j'ai vécu un an avec mes deux enfants dont l'un, a eu 18 ans au Cameroun et la plus jeune 13 ans à l'époque.

Nous étions d'abord logés dans la famille et, j'avoue que cela était mieux pour les enfants de se retrouver avec les jeunes de leur âge et qui les ont permis d'entrer directement dans la culture locale. Ils se sont faits des amis tout de suite et cela leur a permis de découvrir leur "autre" culture.

Les loisirs sont un peu compliqués et trop chers, selon les canons de la France. Je les amenais au CCF mais, ils ont très vite montré leur manque d'intérêt et préféré la vie locale : foot (on habitait derrière l'omnisport) La piscine : un luxe. Ma fille qui aimait alors l'équitation: inaccessible. Le zoo : bof.....

On avait une voiture et on partait dans les villages, au contact direct avec les gens..
Ils se sont adaptés mais, je sentais que c'était pour eux, marrant mais, qu'ils n'étaient pas prêts pour une période trop longue. D'ailleurs, c'est avec beaucoup de soulagement qu'ils sont rentrés en France.

Ma relation avec eux? J'avoue que j'étais plus attentive pour eux,parce que j'étais consciente de là où nous étions. Ce fut un  stress que je n'avais pas appréhendé et mesuré avant, c'était sur leur sécurité, l'hygiène, l'alimentation car, les choses n'allaient pas de soi, pour les enfants qui sont nés et ont vécu en Europe. Je me devais être vigilante pour tout et cela m'a beaucoup sollicitée...

C'est vrai que je ne leur expliquais pas tout, les raisons pour lesquelles je ne voulais pas qu'ils soient seuls ou qu'ils ne devaient pas être dehors à partir d'une certaine heure, parce que j'avais peur que si je leur donnais des explications, cela les aurait inquiété... A cette époque, dans le quartier de Ndandema, il y avait pas mal de faits divers sanglants (ma fille  même été un peu témoin...) De plus, j'avais peur que leur métissage qui les rendait trop "visibles" attise certains actes...

En fait, pour qu'ils se protègent eux-mêmes, en quelques sortes, je leur ai appris et encouragé à être très gentils, polis, respectueux, accessibles... Pour moi, c'est la meilleur protection contre ceux qui nourriraient de mauvais sentiments... Cela marche pour moi et a marché pour eux car, les gens dans le quartier les appréciaient et les "protégeaient" aussi...

Même si nous avions un niveau de vie correct, par rapport à la population locale, les choses n'étaient pas aussi simples pour moi la mère. Moi, je suis née et ai vécu quand même jusqu'à mon adolescence au Cameroun, j'étais bien dans l'ensemble.

Ajouté au stress que je vivais, en rapport au projet pour lequel j'étais là, ce fut assez bizarre pour moi car, je ne peux pas dire que c'était compliqué ni facile... C'était différent mais, dans l'ensemble, supportable, parce que je pense que l'environnement et la famille ont rendu cela moins lourd que si j'étais en France... Je ne sais pas comment exprimer cela... La chanson d'Aznavour prend plus de sens quand je suis au Cameroun : "... Il me semble, que la misère, est moins pénible au soleil..."



Toutefois, j'ai été contente et soulagée lorsqu'ils sont rentrés en France. Je n'avais plus qu'un seul stress à gérer : celui du boulot et je n'avais plus que moi à m'en occuper.....

Ok très bien liliane. Qu'en penses-ils  ( enfants ) aujourd'hui de leurs expériences vécus ?

JOE.JR a écrit:

Ok très bien liliane. Qu'en penses-ils  ( enfants ) aujourd'hui de leurs expériences vécus ?


Ho la la...

Ce fut très enrichissant pour tous les deux. Ma fille me réclame tous les deux mois, l'envie d'y retourner et continuer sa scolarité par le cned. Comme elle est en terminale S et qu'elle s'est enfin rendu compte que ses acquis ne suffisent plus et qu'il faut travailler, surtout, quand on veut être medecin ou ingénieur (elle a passé deux concours dans ces disciplines la semaine dernière : catastrophe, dit-elle...)  En tout cas, elle en parle un peu moins et doit travailler en vu du bac, prochainement.

Mon fils? Le Cameroun a sauvé mon fils. Je l'avais amené parce qu'il traversait une période difficile, en quête identitaire. Au Cameroun, il a appris qu'il appartient, par à une mais, à des constellations familiales. Qu'il a une place, une existence à son niveau. Cela l'a beaucoup rassuré et il s'est recentré sur son potentiel et se construit maintenant sa vie. Avant, il pensait qu'il n'avait aucun intérêt pour personne...

C'est l'histoire que vivent de nombreux adolescents de la diaspora, dans les sociétés occidentales où on leur renvoie, non seulement une image négative d'eux-mêmes mais, qu'ils n'appartiennent à aucune projection sociétale. Ils sont dans une quête permanente et, certains croisent les routes de recruteurs pour le djihadisme et on voit ce qui se passe.
Mon fils, pendant un moment, j'ai eu peur qu'il soit tenté aussi. J'ai préféré l'amener au Cameroun, de façon très subtile. Il faut dire que j'ai travaillé auprès des ado mais, les cordonniers sont les mal chaussés... En tout cas, j'ai bcp utilisé mon métier, mes racines camerounaises et ma culture française...

Oui, le Cameroun a sauvé mon fils. Dieu merci.Cela lui a permis aussi à mieux aimer la France et d'y trouver sa place. Il a fait le service civisme, il s'est donné aux autres et maintenant, il fait sa formation à la SNCF...

Ce fut une énorme chance pour eux même si, ça n'était pas parfois simple pour toi...au fait est-ce que transmettre l'éducation est qq chose de simple ? Non car, éduquer c'est s'oublier soi même. Donc, tout ce que t'as fait, la surveillance, l'écoute, anticiper pour eux font partie de ce chemin dont il s'en rappelleront plus tard. J'ai été un père-mère pour les miens, ils n'ont jamais été en nourrice, je les ai eu tous les après-midi jusqu'en 3ème. Le problème souvent pour nos enfants métisses c'est toujours de voir le pays des parents  (cameroun ) de manière exotique. En tous cas ce que je ressens perso. J'ai un petit espoir pour la dernière qui fait sa maîtrise d'art à rennes, qui nous a promis de nous rendre visite une fois notre installation terminée et envisage même des projets dans ce domaine pour plus tard entre la France et le Cameroun. En tout cas papa lion sera toujours là pour écouter, suivre, aider. Cela ne m'empêche pas de me poser des questions même si elles arrivent tard. Est que si j'avais eu ces enfants avec une camerounaise, aurai je eu la même difficulté ? La majorité des gens de la diaspora qui ont eu des enfants métisses ressentent la même frustration. Je pense et  c'est certain que, et à tort, quand nous faisons des enfants double sang, dans notre imaginaire, nous faisons d'emblée, d'office, des camerounaises ou camerounais à 100, occultant complètement que ce pourcentage est surévalué...il n'est que de 50% . Cette réalité nous rattrape plus tard . Je constate que mes enfants sont français avec simplement une partie de leurs origines camerounaise. J'en ai souffert de cette réalité fruit de mes fausses croyances. Ils ont le passeport italien de leur maman, le passeport français de leur naissance, pour le passeport camerounais, je ne leur donne pas ce privilège ça se mérite et comme le Cameroun ne se partage pas, c'est niet ! (MDR ) pas facile de faire la part des choses tout en résistant à la force des choses.

JOE.JR a écrit:

Ce fut une énorme chance pour eux même si, ça n'était pas parfois simple pour toi...au fait est-ce que transmettre l'éducation est qq chose de simple ? Non car, éduquer c'est s'oublier soi même. Donc, tout ce que t'as fait, la surveillance, l'écoute, anticiper pour eux font partie de ce chemin dont il s'en rappelleront plus tard. J'ai été un père-mère pour les miens, ils n'ont jamais été en nourrice, je les ai eu tous les après-midi jusqu'en 3ème. Le problème souvent pour nos enfants métisses c'est toujours de voir le pays des parents  (cameroun ) de manière exotique. En tous cas ce que je ressens perso. J'ai un petit espoir pour la dernière qui fait sa maîtrise d'art à rennes, qui nous a promis de nous rendre visite une fois notre installation terminée et envisage même des projets dans ce domaine pour plus tard entre la France et le Cameroun. En tout cas papa lion sera toujours là pour écouter, suivre, aider. Cela ne m'empêche pas de me poser des questions même si elles arrivent tard. Est que si j'avais eu ces enfants avec une camerounaise, aurai je eu la même difficulté ? La majorité des gens de la diaspora qui ont eu des enfants métisses ressentent la même frustration. Je pense et  c'est certain que, et à tort, quand nous faisons des enfants double sang, dans notre imaginaire, nous faisons d'emblée, d'office, des camerounaises ou camerounais à 100, occultant complètement que ce pourcentage est surévalué...il n'est que de 50% . Cette réalité nous rattrape plus tard . Je constate que mes enfants sont français avec simplement une partie de leurs origines camerounaise. J'en ai souffert de cette réalité fruit de mes fausses croyances. Ils ont le passeport italien de leur maman, le passeport français de leur naissance, pour le passeport camerounais, je ne leur donne pas ce privilège ça se mérite et comme le Cameroun ne se partage pas, c'est niet ! (MDR ) pas facile de faire la part des choses tout en résistant à la force des choses.


Je ne pense pas que le fait que les enfants soient faits avec deux partenaires camerounais, change quelque chose; Ce qui change c'est l'environnement dans lequel ils sont élevés.

Bonjour Priscilla
Nous avons 3 enfants entrés 8 et 1,5 ans
On regarde fort à leurs sécurité sinon ils s'épanouissent mieux que chez nous ils sont vite accepter
Mon épouse a bien le temps de s'en occuper et une gardienne ne coûte pas
C'est très bien comme vie