Portugal : fin de l'eldorado fiscal pour les retraités expatriés ?

Vie pratique
Publié le 2020-03-09 à 07:55 par Asaël Häzaq
C'est l'amendement qui fait trembler les expatriés. 27 janvier 2020 : le gouvernement portugais révise les avantages des résidents non habituels. Pour eux, c'est la fin de l'exonération fiscale. La fin d'une certaine vision du Portugal ?

Au plus fort de la crise

Lourdement touché par la crise de 2009, le Portugal lance un plan de sauvetage financier pour redresser ses comptes. Objectif : attirer des capitaux étrangers pour relancer et booster l'économie. Le plan attire nombre de classes moyennes et d'investisseurs. Connu pour son climat agréable, son art de vivre, ses paysages, le Portugal s'illustre alors comme un petit paradis fiscal. En premier lieu, réservées aux actifs (les investisseurs obtenaient, par exemple, plus facilement un titre de séjour), ces incitations fiscales se sont étendues, dès 2013, aux retraités. Les résidents non habituels sont, ainsi, exonérés d'impôts sur leur pension, pendant 10 ans. Un avantage considérable, qui a conduit des milliers d'étrangers à prendre leur retraite au Portugal.

Croissance et retour au pays

Mais la crise financière est passée. Depuis 2015, le Portugal renoue avec la croissance. Ses comptes sont à l'équilibre. D'où, pour le gouvernement actuel, la nécessité de revoir la situation des expatriés. Catarina Mendes, leader du groupe parlementaire socialiste, explique, dans une conférence de presse : "Les étrangers ayant le statut de résident non habituel cessent d'être exonérés d'impôts et seront soumis à un taux d'imposition de 10% sur leurs revenus". Elle précise cependant que la mesure n'est pas rétroactive. La Constitution portugaise ne le permet pas. Le changement ne s'appliquera donc qu'aux nouveaux résidents.

Quant aux investisseurs, ils devront investir au moins 500 000 euros dans les régions éloignées des centres urbains (régions continentales ; régions autonomes (Açores et Madère). Concentrées dans l'hyper-centre, les investissements étrangers ont, en effet, entraînés une forte pression immobilière. Augmentation des loyers, transformation de quartiers résidentiels en quartiers de logements pour touristes. 

Reste à savoir si cet amendement impactera les expatriations vers le Portugal. Dans le même temps, le pays aide sa diaspora à rentrer. C'est le programme “regressar”, présenté dès 2018, entré en vigueur en 2019. Concrètement : frais de retour pris en charge, baisses d'impôts, aide financière (jusqu'à 6536 euros) etc. pour faire revenir les Portugais partis lors de la crise. Car le Portugal fait désormais face à un autre défi : l'emploi, avec des régions, jugées moins attractives, qui peinent à recruter.