Justine à Jyväskylä : « Les Finlandais ne semblent pas pressés, ils prennent leur temps »

Interviews d'expatriés
Publié le 2015-12-31 à 00:00 par Expat.com team
Justine a choisi de tenter l'aventure de l'expatriation en Finlande il y a 6 mois pour découvrir de nouveaux horizons. Elle partage avec nous son quotidien et ses premiers mois dans le pays.

D'où viens-tu Justine et que fais-tu actuellement ?

Je m'appelle Justine, j'ai 27 ans et je viens de Pélissanne, village aux abords d'Aix-en-Provence. Avant de m'expatrier, j'étais illustratrice pour enfants à la recherche d'un second emploi stable. Aujourd'hui, je suis bien entendu toujours illustratrice et j'ai trouvé un petit travail de distribution de prospectus à Jyväskylä.

Pourquoi as-tu choisi de t'expatrier en Finlande ?

Je me suis expatriée en premier lieu pour des raisons personnelles mais aussi car je ne me sentais plus évoluer en France. Je ne trouvais pas de travail et ma routine commençait à me peser. J'ai donc voulu changer d'horizon. Même si je me doutais que je ne trouverais qu'un petit emploi d'appoint au départ, le processus de découverte et d'adaptation allait rendre mon évolution plus fructueuse. J'avais déjà voyagé 3 fois en Finlande auparavant et j'étais tombée amoureuse de ce pays et de ses habitants dès la première fois.

Comment s'est passée ton installation ?

Je m'étais convaincu que l'installation allait prendre du temps. Cependant, pour être dans les règles, je savais également qu'il allait falloir que je trouve un emploi dans les 3 mois suivant mon arrivée en Finlande et que donc les choses allaient se passer très vite. Les premières semaines/mois sont intenses en intégration et en formalités administratives. Mais les administrations sont justement très à l'écoute et serviables, ce qui facilite les choses.

Quelles étaient les procédures à suivre pour que tu puisses t'expatrier et vivre en Finlande ?

Les procédures sont assez complexes car toutes liées et il faut trouver le bon ordre pour les traiter. Je pense que la première chose à faire est de trouver un emploi. C'est la clé de toute intégration. Une fois qu'on a l'emploi, on doit aller au service des impôts (verotoimisto) pour recevoir sa carte de taxes et ainsi être inscrit en tant que travailleur. A ce bureau, on a la possibilité de demander à faire faire notre numéro de sécurité sociale (henkilötunnus), ou bien on le demande directement à Kela, qui est la Sécurité Sociale Finlandaise. Je recommande de le faire quand même auprès des impôts car c'est très rapide. On reçoit notre numéro dans les 24h. Ce numéro est impératif à avoir, il est aussi important qu'une carte d'identité car il est demandé pour plein de démarches. On doit ensuite se rendre à la Police de la ville pour se faire faire un permis de séjour et/ou de travail (50€), ce qui nous permet d'être enregistré en tant qu'expatrié dans le pays pour une durée déterminée ou non. Enfin, dernière démarche importante, il faut aller s'enregistrer au Maistraatti de la ville. C'est un établissement qui recense les habitants en quelques sortes. Il faut aller s'y enregistrer à chaque fois que l'on change d'adresse dans la ville ou dans le pays.

As-tu rencontré des difficultés à franchir ces étapes ?

A mon grand soulagement, je n'ai eu aucune difficulté à franchir ces étapes car j'ai trouvé un travail 3 semaines après mon arrivée en Finlande et toutes ces démarches ont dû être effectuées en seulement 2 jours (avant que mon contrat ne commence). Les administrations étant très efficaces, mes besoins impératifs ont été compris et traités et j'ai donc pu démarrer ma vie « en toute légalité » très rapidement.

Quelles sont les particularités du marché de l'emploi en Finlande ?

On peut toujours trouver des petits boulots en Finlande. Certaines annonces sont rédigées en finnois et en anglais, ce qui laisse supposer que même un étranger peut postuler. Mais la Finlande connait une petite période de crise en ce moment et certains secteurs n'embauchent que très peu. La plus grande difficulté est que la majorité des emplois exigent une maîtrise de la langue finnoise. Et à moins de parler la langue couramment dès le départ, il faudra s'enquérir de participer à des cours pour améliorer son niveau. Le TE-toimisto propose des cours gratuits pour cela. Mais on retrouve plusieurs autres organismes dans les différentes villes, de même que les universités. Ce qu'il faut, c'est accepter que même avec un bon diplôme, il est possible que l'on doive démarrer par des petits boulots pas forcément gratifiants. Mais ce n'est qu'une question de temps. D'abord l'intégration linguistique et culturelle, ensuite un meilleur emploi !

As-tu eu des difficultés d'adaptation à ton nouvel environnement ?

Je pense que dans chaque pays nous sommes confrontés à un choc culturel, donc certaines petites choses, des habitudes ou des comportements demandent un temps d'adaptation. Après, en ce qui me concerne, comme je l'ai dit précédemment, j'étais tombée amoureuse de la Finlande dès mon premier voyage et je m'y suis sentie bien pour y vivre extrêmement vite. L'environnement est très agréable et me correspond sur beaucoup de points donc pas de difficultés d'adaptation pour moi !

Qu'est-ce qui t'as le plus surpris à ton arrivée en Finlande ?

Rien de majeur ne m'a surprise, c'était pour la plupart des petits détails mais je pense que quelque chose avait quand même suscité mon attention. Je pense que c'est partout pareil en Finlande mais en tout cas à Jyväskylä, il est quasiment impossible de trouver à se garer sans payer. Même si c'est pour se garer chez soi ! Je suis venue en Finlande avec ma propre voiture et que ce soit les lotissements ou les résidences (en bref, toutes les habitations qui ne possèdent pas un parking privatif), il est impossible de se garer gratuitement. Je peux concevoir en ville, car après tout même en France cela se voit de plus en plus. Mais pour pouvoir rester chez soi, c'est une autre affaire. Pour mon premier logement, où je suis restée 2 mois, il n'y avait plus aucune place de parking disponible à la réservation. J'ai donc dû prendre un abonnement au parking public le plus proche de chez moi. Et si on rend visite à des amis, et que ceux-ci habitent loin de la ville, là où il n'y a pas de parking public, on doit faire bien attention de se garer sur les places "invités" (vieraspaikka), qui sont souvent en nombre très limité et donc souvent déjà utilisées. Oui, le problème du stationnement est ce qui m'a le plus surprise.
Autre petit point, les magasins ferment à 20h en semaine pour la plupart, et entre 16h et 18h le samedi. Beaucoup sont également ouverts le dimanche après-midi. On est un peu dans un format inverse à la France. C'est une question d'habitude mais c'est vrai que ça surprend un peu au début !

As-tu eu des difficultés à rechercher un logement ? Quels sont les types de logements qui disponibles et accessibles aux expatriés ?

Je voulais trouver un logement avant de partir pour la Finlande, ce que j'ai réussi à faire. Il peut être plutôt facile d'en trouver si on répond au plus d'annonces possibles. En Finlande il y a souvent peu d'études de cas, et c'est la politique du « premier arrivé, premier servi ». Pour mon premier logement, c'était de la sous-location à une étudiante pour l'été. Par contre, les difficultés sont immenses si l'on cherche un appartement pour mi-août ou début septembre. Car cette période est la rentrée des étudiants et si l'on se trouve dans une ville universitaire, la demande va bien sûr être immense. On se retrouve à postuler pour des appartements assez petits pour un prix plus élevé que la normale, mais les listes de prétendants sont tellement longues qu'encore une fois, à moins d'avoir été le premier à demander ou d'avoir une très très bonne raison de rechercher un appartement, les chances de l'avoir sont très minces. Je pense que les meilleures chances pour avoir un appartement se situent entre le mois de janvier et le mois de juin. Les offres sont un peu plus conséquentes mais la demande pas tant que ça il me semble.
En théorie, les Finlandais sont ouverts et n'importe quel logement sera autant disponible pour un Finlandais que pour un expatrié. Cependant, il y a des organismes qui peuvent aider ceux qui ont des difficultés. Par exemple ici, à Jyväskylä, on retrouve Jyväskylän Vuokra-asunnot, qui propose des logements de toute superficie pour des prix souvent très corrects. Ils étudient notre cas en fonction de nos besoins et se chargent de trouver les meilleures offres parmi leurs appartements.

Que penses-tu du coût de la vie en Finlande ?

Je pense que de manière générale il n'y a pas de grande différence entre le coût de la vie en Finlande et en France. Au niveau nourriture, en moyenne, la Finlande est plus chère (et je pense notamment aux produits laitiers type yaourts qui se vendent en grande majorité à l'unité et donc reviennent beaucoup plus cher au final). Par contre, au niveau des loyers, j'avais été impressionnée de voir comme on peut s'en sortir à très bon prix pour un loyer de taille tout à fait correct. Les transports, notamment les bus de ville, sont extrêmement chers. A l'inverse, les trajets longue distance peuvent être extrêmement abordables. En bref, on ne peut pas vraiment tirer de moyenne, cela dépend des domaines.

Que penses-tu du mode de vie des Finlandais ?

Je pense que les Finlandais ont un mode de vie tout en simplicité. Certaines habitudes françaises peuvent les choquer ou leur paraître complètement illogiques. Ils sont très proches de la nature et cela se ressent dans leur manière d'être et d'aborder la vie. Les Finlandais ne semblent pas pressés, ils prennent leur temps et ne vont jamais s'encombrer de choses inutiles. C'est donc de plus je pense un mode de vie assez sain.

Une idée reçue qui s'est avérée fausse ?

Deux idées reçues selon moi se sont avérées fausses. La première : la nourriture. C'était la chose qui me faisait le plus peur en arrivant ici. Je savais que les Finlandais étaient de fervents admirateurs de patates (bouillies), de saucisses (uniquement le type saucisses de Strasbourg, pas de chipolatas ou autres merguez) et de fromage à pâte dure. De plus, le petit déjeuner est, comme dans beaucoup de pays, souvent à base de charcuterie, de légumes ou de porridge. Parmi les 4-5 repas préconisés, aucun ne sont vraiment à base de sucre. Pour quelqu'un qui aime manger comme moi, et surtout qui aime le sucré, c'était un peu une vision de cauchemar en perspective. D'après mes précédentes visites, je m'étais attendue à ne trouver que quelques petits biscuits secs ici et là, mais sans grand choix. Or il s'avère que la cuisine finlandaise est assez ouverte et plus variée que l'on ne croit et qu'à défaut de pouvoir cuisiner certaines spécialités françaises, on peut découvrir des spécialités finlandaises tout aussi honorables. Quant aux biscuits, mes craintes se sont envolées et je peux souvent trouver mon bonheur. Alors certes, on ne trouve pas tout ce qu'on veut dans les grandes surfaces en Finlande, mais il y a moyen de très bien manger avec ce qu'on nous propose. La deuxième idée reçue qui s'est avérée assez fausse pour moi a été que les Finlandais sont très réservés. C'est vrai que c'est plutôt le cas, mais je m'étais attendue à pouvoir me promener tranquillement ou faire mon travail tranquillement sans être obligée de parler aux gens. Et bien souvent, on m'a abordée pour me lancer des petites phrases ici et là. Le plus souvent c'est pendant mon travail, les gens aiment plaisanter et me dire des petites phrases. Dans la rue, cela m'est arrivé quelques fois aussi de me retrouver à attendre près d'une personne et que celle-ci me lance une petite phrase. Il y a toujours une raison à ces remarques mais d'après ce qu'on m'avait dit, je ne m'étais vraiment pas attendu à ce qu'autant de personnes s'adressent à moi sans même me connaître.

A quoi ressemble ton quotidien à Jyväskylä ?

Mon quotidien n'est pas encore aujourd'hui celui qu'il devrait être dans quelques temps. J'ai toujours un emploi d'appoint en attendant une meilleure opportunité, mais celui-ci me prend beaucoup de temps. Je travaille donc pour une bonne partie de la journée les mardi, mercredi, vendredi et samedi. Je suis des cours de finnois pour les expatriés à l'université (kansalaisopisto) le lundi et bientôt le jeudi aussi. Les autres jours je me repose et j'en profite du mieux que je peux pour avancer mes projets en illustration. Mon quotidien est cependant encore bien occupé par certains ajustements administratifs. Il faut prendre son mal en patience et accepter que cela puisse être très long. Bien que l'on puisse sûrement s'en sortir plus rapidement que moi. Il faut seulement avoir le temps. J'ai passé 3 mois exclusivement à travailler et remplir des papiers. J'avais donc envie de prendre désormais plus de temps pour moi, en y ajoutant des balades au bord de lacs, voir des amis, découvrir la vie culturelle, marchande et sociale de Jyväskylä.

Que fais-tu pendant ton temps libre ? Quels sont les loisirs accessibles aux expatriés ?

Comme dit plus haut, je n'ai que très peu de temps de libre et je suis de manière générale quelqu'un d'assez sédentaire. Mais quand j'ai un peu de temps, j'aime aller simplement me promener, observer, prendre des photos. Je ne suis pas trop renseignée quant aux activités ouvertes aux expatriés mais je suppose qu'elles sont les mêmes que pour les natifs Finlandais. On retrouve des complexes sportifs, des bibliothèques avec des livres finlandais mais aussi des manuels d'étudiants et des romans dans diverses autres langues, dont le français. Les balades sont pour moi le must à faire en Finlande, et j'ai hâte de tester le patin à glace sur les lacs gelés !

Qu'est-ce qui te plaît le plus à Jyväskylä ?

Ce qui me plaît le plus à Jyväskylä, en dehors du fait que ce soit une très jolie ville, très fraîche, c'est l'ambiance qu'elle dégage. Elle est la 6e plus grande ville de Finlande (assez étendue grâce aux communes qui dépendent de la ville) et pourtant elle a des allures de ville moyenne française. Mais le plus important, c'est qu'on y retrouve tout cependant. Beaucoup de magasins divers, d'organismes, des musées, des restaurants... Bien sûr, on peut toujours trouver plus complet à Helsinki mais Jyvâskylä est déjà bien suffisante. Pour étendre mon sentiment à tout le pays, je crois que ce que j'aime le plus est l'esprit. On s'y sent bien, pas oppressé, les gens sont accueillants tout en n'exerçant aucune pression sur nous. Même si je sais qu'il me reste encore beaucoup à apprendre, au bout de 6 mois à peine, il m'arrive de déjà me sentir chez moi en arpentant les rues.

Qu'est-ce qui te manque le plus par rapport à la France ?

Difficile de dire ce qui me manque le plus. Bien sûr ma famille et mes amis me manquent mais cela paraît évident. Je pense que d'un côté, la langue me manque dans le sens où c'est parfois handicapant de ne pas avoir encore de réflexe parlé, semblable à l'aisance que l'on a avec sa langue natale. Et j'ai comme l'impression que même si j'arrive à évoluer rapidement avec le finnois, il me faudra bien des années avant de retrouver cette aisance d'expression.
D'un côté plus gourmand, les prix étant bien plus élevés qu'en France pour des produits un peu plus rares, cela me manque de ne pas pouvoir cuisiner certains de mes plats préférés car je ne peux pas me permettre de dépenser sans compter au niveau de la nourriture. En espérant que cela aussi évolue rapidement !
Et enfin, malgré le point soutenu dans la question précédente, je dois avouer que pour mon métier, cela me manque de ne pas avoir à proximité de magasin complet au niveau artistique. Il me faut commander beaucoup d'éléments depuis l'étranger. Même si heureusement, le loisir créatif est plutôt bien implanté en Finlande.

Tes spécialités culinaires locales préférées ?

J'ai un peu honte de le dire mais pour l'instant je n'ai pas goûté beaucoup de spécialités culinaires ! Mais je retiens des points qui me conviennent parfaitement : les Finlandais sont fous de cannelle et d'ananas ! Notamment les roulés à la cannelle (korvapuusti) sont une bien belle découverte. Et lorsque lors de mes premières visites en Finlande, j'avais découvert que les Finlandais utilisent l'ananas comme un condiment et le mélangent à toutes sortes de plats, c'était le paradis pour quelqu'un comme moi qui adore le mélange sucré-salé !

Un évènement particulier que tu as vécu en Finlande et que tu voudrais partager ?

La seule question pour laquelle je sèche ! À part plusieurs évènements d'ordre personnel, je n'ai rien vécu de spécialement plus marquant que mon quotidien déjà formidable. Si j'avais vu les aurores boréales en octobre, j'aurais pu le partager mais je les ai ratées de peu !

Des conseils aux personnes qui souhaiteraient s'expatrier en Finlande ?

Les principaux conseils que je donnerais à ceux souhaitant s'expatrier sont assez basiques mais il faut les garder en tête. Premièrement, il faut être vraiment décidé et motivé, car changer de vie du tout au tout peut parfois s'avérer épuisant et demande beaucoup d'énergie, sans compter l'éloignement de sa famille et de ses amis.
Deuxième conseil, autant que possible, commencez à apprendre la langue avant de partir. Il ne fait aucun doute que ça a facilité les choses pour moi. Et on part déjà avec un avantage, qui est de mettre un pied dans son processus d'intégration et que celui-ci soit remarqué.
Et enfin, tout simplement se renseigner au mieux avant de partir. Pour ceux qui aiment l'aventure, je suppose que ce n'est pas un problème, mais pour ceux comme moi qui sont très organisés et qui aiment tout savoir à l'avance, planifier le déroulement des opérations, etc. Il faut savoir que l'on ne peut pas tout prévoir à l'avance, il faut accepter d'avoir des surprises, et cette situation est suffisamment stressante de savoir que l'on n'a pas tout en main, alors autant se préparer au maximum !

Tes projets d'avenir ?

Mes projets d'avenir sont principalement les mêmes que j'avais en France, en espérant que je puisse les réaliser en Finlande... à savoir, j'espère trouver un travail qui corresponde à mes études, de préférence dans le domaine du graphisme, tout en développant de plus en plus mon activité d'illustratrice et qui sait, peut-être un jour pouvoir en vivre ! Soyons fous !
J'espère aussi pouvoir m'installer de façon permanente et continuer de m'épanouir dans ma vie personnelle.

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