C'est avec plaisir que je partage cette carte. J'ai obtenu de son auteur, Bolívar Troncoso Morales, Director General del Instituto Geográfico Nacional, l'autorisation de la publier sur notre Forum. Cette carte figure dans son livre "Geografía del Turismo en República Dominicana".
J'espère que vous pourrez la voir sur écran d'ordinateur, on apprécie d'autant mieux les perspectives d'un relief quasi omniprésent qui a été déterminant dans l'histoire du pays. Sur ordinateur, toutes les photos sont cliquables - 2 fois - pour les agrandir
LE SUD-OUEST
Ce qui saute aux yeux avant tout, c'est la masse de la Cordillera Central qui vient littéralement enfermer la région Sud-Ouest (que les dominicains appellent communément "El Sur") qui se retrouve isolée au sud par la Mer des Caraïbes et à l'ouest par la frontière Haïtienne. La seule voie pour rejoindre le Nord du pays, Santiago, mais aussi l'Est du pays, est la route de Santo Domingo. D'autre part, la région souffre d'un climat très sec, ne possède que très peu de cours d'eau et un sol impropre à l'agriculture. Elle ne dispose pas non plus de port en eau profonde. Voilà les raisons du sous-développement du Sud-Ouest. Ajoutons à cela l'éloignement et l'absence de plages de sable propices au tourisme.
La vallée de San Juan De la Maguana comprise entre la Cordillera central et la Sierra de Neiba est la seule région vraiment fertile du Sud-Ouest, outre l'agriculture, l'élevage y est aussi pratiqué. Il fut question il y a quelques années de percer un tunnel sous la Cordillera pour désenclaver San Juan et le Sud-Ouest. Le trajet aurait ainsi été divisé par 4. Outre le problème du financement, il semble que ce projet ne plaisait pas à tout le monde, notamment au secteur du transport qui y aurait perdu une partie du transit.
Plus au Sud, entre la Sierra de Neiba et la Sierra de Bahoruco se trouve la vallée appelée "Hoya de Enriquillo" et le Lac du même nom. C'est par là que passe la guagua qui va à Port au Prince en passant par le poste frontière de Jimaní. Cette vallée est très aride. Le lac Enriquillo est un lac d'eau très salée qui se trouve sous le niveau de la mer.
La région offre cependant une diversité de paysages remarquables : des réserves naturelles, de la montagne, des eaux couleur émeraude, une mine de Larimar, des marais salants, des dunes, un lac d'eau salée, des lagunes ... Saviez-vous qu'entre Ázua et Barahona, abrité des pluies derrière le Mont Duarte, il y a un désert qui s'entend sur une dizaine de kilomètres ? La végétation tropicale disparait pour faire place à des cactus clairsemés sur un sol aride.
Sur la route côtière au sud de Barahona, près de Paraíso, la Sierra de Bahoruco tombe dans la mer
Cabanes en bord de mer, au sud de Barahona
Laguna de Oviedo réserver naturelle, visites en barque
Laguna de Oviedo, en bord de mer entre Barahona et Pedernales
Le 17 avril 1849, La bataille de "El número", un épisode de l'indépendance dominicaine eut comme décor la route entre Hatillo et le Río Ocoa qui se faufile entre deux collines. Cette colline, qui descend de la Cordillera Central va se jeter dans la mer à Palmar de Ocoa, ferme l'accès à l'est vers Santo Domingo. L'altitude est de 400 mètres, mais il y a une faille et l'altitude descend à 200 mètres, c'est par là que passe la route Ázua-Santo Domingo et c'est là que les dominicains s'embusquèrent pour attendre l'armée Haïtienne. Depuis les hauteurs, les dominicains la mirent en déroute faisant pleuvoir sur elle un déluge de balles, de pierres et de projectiles variés.
Localisation de la bataille de El Número => Voir ici. Puis dézoomez.
Cette bataille fut une des nombreuses tentatives haïtiennes pour contrecarrer l'indépendance dominicaine déclarée en 1844. = >Résumé de cette époque ici
LE CIBAO
Au Nord, entre de la Cordillera Central et la Cordillera septentriaonal se trouve la région du Cibao, une longue plaine très fertile qui part de la frontière haïtienne et se prolonge jusqu'à la presqu'île de Samaná. D'une longueur d'environ 250 km, pour une largeur qui oscille entre 35km et 10 km, comme à Santiago, la capitale régionale.
Sur la vidéo suivante, on peut se rendre compte de l'étroitesse de la vallée. Elle est filmée depuis le restaurant "Camp David" sur les hauteurs de Santiago. Facile d'accès, c'est à 20 minutes du centre. Restaurant que je vous recommande, non seulement pour sa classe, son menu mais aussi pour la quiétude. il est situé en pleine nature et la vue imprenable sur Santiago et la vallée est imprenable.
=> Vidéo ici
En regardant cette carte en relief, on se rend compte que la vallée du Cibao est aussi un monde presque fermé. La principale voie de sortie terrestre a longtemps été le couloir qui la relie Santiago à Santo Domingo par les vallées de Bonao et Villa Altagracia coincées entre la Cordillera Central et la Sierra de Yamasá. Bien sûr, il y eut la construction de l'autoroute de Samaná en 2008 mais elle permit juste de raccourcir le trajet de Santo Domingo à Las Terrenas, le trajet Ouest-Est de Santiago vers l'autoroute de Samaná est long, sinueux et parfois chaotique. Cette autoroute a percé une ouverture dans la partie orientale du parc de Los Haïtises dont la topologie si particulière rendait impossible toute progression. La zone des Haïtises est couverte de collines coniques aux pentes très abruptes couvertes d'une végétation inextricable. Vue d'avion la zone ressemble à une paysage lunaire qui serait recouvert de végétation tropicale. J'ai eu cette chance de connaître l'aérodrome de Las Terrenas lorsqu'il fonctionnait encore et de revenir à la capitale en monomoteur, vu du ciel le paysage est assez surprenant.
L'EST
Il nous reste à nous tourner vers l'Est du pays. Une fois arrivé à Santo Domingo, la route est ouverte vers la grande plaine orientale propice aux grandes cultures, c'est ici que l'on peut admirer les champs de canne à sucre à perte de vue. Le Nord de la partie orientale possède lui aussi sa zone montagneuse : la Cordillera Oriental. On peut la traverser en partant de San Pedro de Macoris ou de la Romana pour rejoindre El Seibo, là où commence la Cordillera. La traversée est magnifique tout comme la côte Sud de la baie de Samaná.
El Seibo
Paysage dans Cordillera oriental, entre El Seibo et Miches
Toute cette région a longtemps vécu hors des circuits touristiques, isolée par Los Haïtises et la cordillera et durement touchée par l'ouragan Georges en 1998 qui détruisit routes et ponts. Elle gagne cependant à être connue pour sa quiétude et la variété de ses paysages. Cela étant dit, le Club Méditerranée a ouvert un complexe hôtelier en 2020 à Playa Esmeralda jadis gardée par la Marine car c'était un point de départ pour les clandestins qui essayaient de passer à Porto Rico en barque.
La cordillera oriental vue depuis playa Esmeralda
Playa Esmeralda, à l'est de Miches.
De cette analyse, il ressort que Santo Domingo occupe une place centrale dans la géographie dominicaine. En effet, que ce soit pour sortir du Sud-Ouest ou pour y renter, pour quitter le Cibao ou le rejoindre ou pour avoir accès à l'Est , il faut passer la capitale ... A moins qu'un jour, il soit possible de faire passer des voitures en bateau depuis Sabana de la Mar à Samaná ET que la route Nagua - Cabrera - Rio San Juan - Cabarete - Sosúa - Puerto Plata soit modernisée, il y aurait alors une alternative aux autoroutes [Punta Cana => Santo Dom et Santo Dom => Santiago] pour aller de Punta Cana Airport à la Côte Nord. Une alternative non pas plus rapide, bien sûr, mais plus pittoresque. Si en plus, un jour, se construisait le tunnel San Juan De La Maguana => Santiago, il serait alors possible de faire le tour complet de l'île sans passer et repasser par Santo Domingo.
Voilà, j'espère que cette petite parenthèse géographique vous aura donné l'envie de voyager.