Le dernier mot. Une sale manie?

Le dernier mot. J'ai la manie du dernier mot.
Je ne sais pas quand cela a commencé; il y a longtemps sans doute.
Pour ce qui est de ma vie privée, cela agaçait beaucoup (entre autres) mon ancienne compagne (une quinzaine d'années de vie commune quand même). Elle avait des idées extrêmes sur tout, et s'estimait pontificale quant à l'infaillibilité. En fait (comme dirait Gaston) elle portait des verres déformants, dotés d'oeillères qui plus est. Je ne pouvais pas en conscience ne pas la contredire de temps à autre. Et les rares fois où elle avait raison, je le reconnaissais mais je ne pouvais m'empêcher d'apporter quelques nuances pour approcher au plus près de la vérité, bien sûr. Cela l'horripilait beaucoup.
Deux souvenirs dans ma vie professionnelle.
J'ai été nommé au lycée français de Tamatave en septembre 1987. L'année scolaire a été marquée, après une dévaluation très forte de la monnaie malgache qui a renchéri les frais de scolarité, par une baisse importante des effectifs et une opposition très forte entre le Service culturel et de coopération, et la nouvelle proviseure aux idées sociales généreuses. Je me suis fortement engagé à ses côtés. Ma note administrative (attribuée in fine par le Conseiller culturel) n'en a pas souffert mais j'ai estimé partiale son appréciation. J'ai donc demandé le changement de cette appréciation, que j'ai obtenu en fin d'année scolaire mais qui ne me convenait pas non plus. Je l'ai fait savoir au Conseiller culturel... dans son nouveau poste, à Maurice.
Pendant les vacances scolaires en France, j'ai reçu une lettre du Ministère, me reprochant de ne pas être en règle pour le règlement (spontané) de la cotisation retraite de mon dernier poste, au Maroc; J'avais conservé les justificatifs que j'ai adressés en retour.
A la rentrée un nouveau collègue, en poste précédemment à Mahajanga et syndicaliste, m'a appris que mon retour en France avait été demandé par le Service culturel en commission, mais que les syndicats s'y étaient opposés...
Ce n'est pas tout.
Quatre ans peut-être avant ma retraite, dans un collège de Montpellier, j'ai été inspecté. Je suis bien conscient que ma prestation n'a pas été de haut vol, mais j'ai la conviction d'avoir consciencieusement comme toujours accompli ma tâche. L'entretien traditionnel ensuite avec l'inspectrice a été franc et cordial, j'avais l'impression qu'elle était ouverte et réaliste, consciente de la difficulté pour un professeur en fin de parcours de terminer dignement sa "carrière", et de mon investissement dans mon établissement (organisation de voyages scolaires en Tunisie pour les latinistes et hellénistes).
Plusieurs semaines plus tard, à la réception de son rapport, le choc. Rien n'avait trouvé grâce à se yeux, elle m'avait allègrement démoli. Aucune incidence pour ma "carrière", j'étais parvenu à l'échelon le plus haut mais psychologiquement... J'avais envisagé, comme quelques collègues à bout de souffle, de me laisser aller de dépression en congé de longue durée, et puis j'ai eu l'idée: j'ai rédigé un "rapport sur un rapport d'inspection" dans lequel, dans le style convenu de ce genre d'exercice, je l'ai allègrement  et avec jubilation démolie à mon tour, pointant en prenant une hauteur paternaliste sa duplicité et les conséquences que peut entraîner ce genre d'action sur des collègues plus fragiles et moins racornis, l'invitant à suivre des stages de psychologie et de management des ressources humaines. Ecrire ces mots fut pour moi un régal.
Je me suis fait un plaisir de porter ce rapport au rectorat pour qu'elle l'ait au plus vite, et je l'ai fait lire à mes collègues.
J'avais eu le dernier mot.
Rassurez-vous, je ne suis pas frappé de sénilité foudroyante, et je ne vais pas raconter ma vie à tort et à travers. Mais je suis tellement frappé par cette manie du dernier mot qu'ont certains d'entre vous, revenant même des années après sur leur différend avec certains autres que je me suis dit que ce serait dommage si, à leur tour, ils ne nous racontaient pas jusqu'où les a poussés cette manie du dernier mot (pas pour raviver d'anciennes querelles, bien sûr, seulement des souvenirs qui n'ont rien à voir avec le forum!).
Alors, faites votre introspection en conscience...
:gloria

moi non plus ! ;)

Merci Potambleu, je me suis régalé de cette lecture

Je vais réfléchir ... me sentant concerné par ce trait de caractère ; quand on fait preuve d'une telle attitude à être ferme, intransigeant voire un tantinet pédant dans son ultime appréciation lors d'une controverse, en grèce on dit de cette personne ( je n'ai pas le clavier grec ) :
-" To pédi ine ligo daskalo "!
en fait " ce gars est un peu trop professoral " !
Daskalo voulant dire instituteur, mais aussi professeur, maitre ( d'étude ) ou Maitre comme chez les compagnons ou les frères 3 points
En général c'est employé pour se distancier, gentiment, de ceux qui se comportent ainsi ... Souvent lors de débats politiques au café le soir devant un ouzo me mezzétaki.
Je le reconnais, je suis parfois ligo Daskalo !

Il m'arrive aussi de remonter des bretelles par des écrits au vitriol tempérés d'une indiscutable politesse pour le coup volontairement exagérée, comme lorsque des administratifs m'ont égratigné sans considération ; ce fut le cas lorsque je m'aperçus que l'on avait taxé ma maison comme résidence secondaire alors que j'avais déclaré lors de l'achat y être en résidence principale : la personne à la trésorerie de Riez 04 m'a dit que l'erreur avait eu lieu étant donné que mon patronyme n'était pas " familier " du pays !!! et qu'on ne pouvant rien faire pour " rattraper les années précédentes !
Qu'est ce que je lui ai mis à celle là, avec en prime différents courriers tous humoristiques adressés à Digne, à Marseille, à Paris même ... bref au bout de 6 mois, erreur reconnue et assumée, ils ont fini par tout me rembourser du trop perçu !
La queue basse

Oui j'aime bien aussi avoir le dernier mot, mais je me surveille quand même ...

Yann jean louis a écrit:

Daskalo voulant dire instituteur, mais aussi professeur, maitre ( d'étude ) ou Maitre comme chez les compagnons ou les frères 3 points.


  ;)

potambleu a écrit:

L
Alors, faites votre introspection en conscience...
:gloria


Personne ne peut rivaliser avec un prof... il a la la science infuse  :lol:

bonsoir,
l'education nationale je connais un bref passage fallait mettre 10 points pour un élève si il avait enlève sa casquette lors des examens  y en a ils peuvent dire merci  :idontagree: