J'ai, il y a quelques semaines, assisté à une remarquable présentation faite par une sociologue malgache dans le cadre d'une Conférence ayant pour thème la Condition des Femmes à MADAGASCAR.
La conférencière était une sociologue malgache - une fois encore d'un niveau remarquable - intervenant régulièrement à la demande d'entités telles la BANQUE MONDIALE et le P.N.U.D. dans le cadre de missions aussi bien à MADAGASCAR qu'en AFRIQUE et même ailleurs.
Son exposé laisse apparaître une situation "pour le moins alarmante" tant au niveau de la condition sociale des femmes que de l'exploitation humaine dont elles sont victimes à MADAGASCAR.
À titre d'exemples, il y a été expliqué :
- que, dans les régions les plus "reculées" de MADAGASCAR - principalement le Grand Sud et les régions côtières -, près du quart des jeunes filles ont leur premier rapport sexuel - il va de soi non-consenti - aux alentours de 12 ans, que près de 30,00 % des jeunes filles contractent leur première union - le plus souvent "coutumière" avant l'âge de 15 ans et que cela coïncide, généralement, avec le moment de leur première grossesse ;
- que les diverses formes de violences faites aux femmes - conjugales, communautaires - tendent à se banaliser et à devenir des "phénomènes sociétaux communément admis" ;
- que l'exploitation sexuelle et la prostitution sont en "pleine explosion" sur tout le territoire national malgache. La sociologue a insisté sur le mot "exploitation" car elle considère qu'il s'agit, au jour d'aujourd'hui, d'un phénomène de plus en plus "organisé". Elle a ainsi parlé de réseaux de souteneurs qui, à la sortie de certains lycées de la capitale, "vendent", photos à l'appui, des jeunes lycéennes à des clients "vazaha" et chinois, de l'Université d'ANTANANARIVO, devenu également un lieu de prostitution, de même que les abords du Lycée Français de TANANARIVE où l'on démarche les lycéens pour, là-encore, leur proposer des filles.
Internet et les nouvelles technologies ne font, selon elle, qu'accentuer ces phénomènes. Plusieurs "pseudos cyber-cafés" ont été démantelés à 67 Ha, où des jeunes filles, pour la plupart mineures, s'exhibaient dans des postures pornographiques devant des webcams à l'usage d'internautes étrangers. La sociologue a également indiqué que, paradoxalement, la prostitution de rue n'a pas beaucoup évolué au cours des dernières années. En revanche, de nombreuses jeunes filles semblent avoir "migrer", s'être "reconverties" vers des méthodes de drague plus "soft" comme les réseaux sociaux et les Sites de rencontres.
J'étais, pour la circonstance, accompagnée de deux de mes collaboratrices qui ont conclu en me disant, "c'est affligeant, consternant mais c'est la triste réalité et nous devons l'admettre, notre pays est tombé tellement bas".
Je crois que la plupart des membres de l'assistance, majoritairement composée de représentants des Autorités Nationales, de la Communauté Internationale, de la Société Civile et du Secteur Privé sont, tout comme moi, sortis "tout étourdis" de cette conférence.
Un ami, ex. Ministre, m'a confié, "c'est la triste conséquence de la déliquescence de nos valeurs, de la faillite de notre système éducatif et civique, bref, d'un État qui est dans l'incapacité d'accompagner et de protéger sa population".
Le sujet est sensible, il ne prête guère à sourire, et notre condition d'étrangers nous appelle certainement à une forme de réserve.
Je me risque cependant à ouvrir le débat et j'attends vos contributions.