Incroyable mais vrai, je vais faire la liste des éléments que beaucoup ignorent avant de créer une entreprise en COLOMBIE, qui se revendique ouvert aux entrepreneurs !
Postulat: vous êtes pas encore expat (ou vous êtes déjà dans le pays) et vous n'avez aucune attache en Colombie, mais vous maîtrisez votre expérience et vous avez un capital humain / une expérience intéressante pour un pays en développement.
Hypothèse: vous êtes un petit entrepreneur français, un salarié (cadre ou pas) ou vous êtes au chômage et souhaitez créer une société de petite dimension en Colombie. Bien sûr si vous êtes retraité, cela ne devrait pas vous concerner...
Lorsque je dis petite société, j'estime un capital au minimum de 10 000 euros pour lancer n'importe quelle société en Colombie et 10 000 euros ce n'est pas ridicule pour ce pays, je crois en tout cas. Cela représente 45 fois le salaire minimum colombien. C'est l'équivalent, si on était en France, en parité de pouvoir d'achat à 67 410 euros. Donc une somme rondelette. Certes pour certains, cette somme est sera ridicule pour entreprendre. Mais nous en reparlerons au sujet du type d'activité car on injecte pas le même capital pour lancer une boulangerie ou créer une activité d'interprète ou de traducteur indépendant, n'est-pas? Il faut être rationnel...
Je rappelle qu'il ne s'agit pas d'investir dans l'immobilier. Si c'était le cas, cela serait un autre sujet ô combien intéressant.
Mais revenons à nos moutons de petits entrepreneurs.
On se renseigne sur les Visas accessibles. Normal, pour travailler légalement en Colombie, vous avez besoin d'un Visa.
Il existe deux visas possibles
a) Le VISA M travailleur indépendant
b) Le VISA M VISA M–SOCIO PROPIETARIO -ASSOCIE OU PROPRIETAIRE D'ETABLISSEMENT COMMERCIAL
Et commençons par le plus difficile,
b) Le SOCIO PROPIETARIO
Pour avoir accès au fameux VISA. Il apparaîtra que l'étranger est associé ou propriétaire d'une société dûment constituée et enregistrée, en indiquant un capital ou actif enregistré et payé appartenant à l'étranger demandeur du visa non inférieur à cent (100) salaires minima légaux mensuels en vigueur.
Autrement dit, pour lancer une activité quelconque, il faut un capital social inscrit de 220 euros * 100= 22 000 euros.
Donc sans compter le reste (il faut bien vivre, se loger, s'assurer, prévoyance de gestion d'entreprise, local à réserver) un minimum de 32 000 voire 40 000 euros pour être à l'aise pour un an. Vous avez bien lu, 40 000 euros au minimum pour démarrer une activité en Colombie.
Si vous souhaitez être traducteur, cela sera le niveau d'investissement minimum à capitaliser. C'est-à-dire, le plus élevé au monde. Car aucun traducteur n'a investi autant d'argent dans son activité privée... C'est quasi-impossible ! Pareil dans beaucoup d'activités intellectuelles. Et poussons le bouchon plus loin, même un artisan en France pour débuter n'aura pas cette réserve de démarrage (sans un prêt à la banque et en Colombie vous n'y avez pas accès au prêt).
Il n'y a aucune distinction de capital minimum entre le niveau d'activité. Entre faire un hôtel ou se lancer comme négociant international (et avoir son petit bureau et son pc portable), c'est la même chose: il faut 22 000 euros enregistrés légalement dans l'entreprise avant tout démarrage.
Donc nous sommes face à un obstacle énorme, purement capitalistique.
Bien sûr, nous imaginons qu'un pays comme la Colombie a forcément trouvé une parade pour faciliter l'arrivée des petits entrepreneurs, créatifs et innovants.
Et bien c'est planté !
Nous sommes face au seul pays au monde qui exige autant de complications pour la création d'une activité "simple" et facile à monter !
Démonstration avec le VISA M travailleur indépendant
a) VISA M travailleur indépendant
C'est le VISA qui apparaît le plus adapté, le plus flexible, le plus chéri des entrepreneurs étrangers. Et c'est aussi celui qui ferme le plus la porte aux étrangers.
Conditions d'obtention de ce VISA:
Premièrement
Vous devez capitaliser sur les 6 derniers mois avant la demande, une moyenne mensuelle de solde bancaire de 2200 euros (minimum). Autrement dit, vous êtes bien payés en France comme salarié ou vous êtes indépendant et vous gagné en net bien plus que la moyenne en France... Tout cela pour créer une activité dans un pays qui vous rémunèrera 10 fois moins voire 20 fois mois en moyenne au démarrage de l'activité (avec un coût de la vie divisé par 3), donc il en faut du sacré courage d'entrepreneur !
Deuxièmement
Chose irréaliste, qui est vraiment abracadabrantesque pour un pays qui a besoin de talents, vous devez avoir une certification professionnelle (validée par le ministère d'éducation supérieur colombien) qui prouve que vous êtes diplômé dans votre domaine. Autrement dit, vous avez passé 15 ou 20 ans dans l'industrie et vous souhaitez créer une activité de location de bateaux à Carthagène : c'est grillé.
Vous avez travaillé 10 ans dans la publicité et vous souhaitez créer une société artisanale à Barranquilla : c'est grillé. Vous avez une expérience dans le bâtiment, la construction et vous souhaitez créer une agence de location meublée à Bogota : c'est grillé aussi. Vous souhaitez créer une startup, sauf si vous avez un incubateur bien ciblé qui veuille bien vous accepter, vous aurez assurément de grandes difficultés à vous lancer seul.
Digne d'un système soviétique (et même typiquement Français de Pôle Emploi), vous ne pouvez pas exercer autre chose que ce que vous savez. Innovation, créativité, adaptation sont des termes à bannir. Ils ne fonctionneront pas en Colombie pour les étrangers entrepreneurs.
Troisièmement
Et là c'est formidable parce que nous atteignons le plus haut degré d'obstacle. La "convalidacion" ou équivalence de diplôme. Elle est exigée pour l'activité que vous allez exercer dans la demande de visa. Presque toutes les activités en Colombie sont régulées... La liste des activités régulées en Colombie est à voir pour le croire. Y compris même pour l'activité de guide touristique !!!!! Chose incroyable lorsque l'on voit la quantité d'activités informelles dans le pays dans tous les domaines, y compris des écoles de langues étrangères... C'est merveilleux ! On demande aux étrangers d'avoir un dossier béton alors que sur place, les exigences sont minimales.
Mais revenons à notre sujet. Pour parvenir à avoir une équivalence de diplôme, obligatoire pour une activité régulée, et comme elles le sont toutes, il faudra du temps et du temps et de la patience. Certains spécialistes parlent de quelques mois. Un formidable article démontre qu'il est l'un des plus compliqués et coûteux. Pratiquement un an pour avoir une équivalence... Du jamais vu ! Jusqu'au point que le Maire actuel de Bogota a préféré ne pas faire son homologation de son diplôme à Paris tellement c'était compliqué !
Article
https://es.panampost.com/angelo-florez/ … cademicos/
Quatrièmement,
Il faut fournir 3 certificats d'expérience et non pas deux ou un... Autrement dit, vous avez fait carrière dans une seule entreprise en France, c'est grillé ! Vous avez deux expériences en lien avec votre projet de création, c'est grillé ! Vous avez eu trois expériences en lien avec votre projet de création et vous avez le GRAAL ! Mais cela veut dire aussi que vous êtes condamné à faire ce que vous avez fait précédemment...
Mais comment as-ton pu penser le projet d'entrepreneuriat aussi restrictif dans le Monde de 2018 ?????
Alors là, vous vous dîtes !
La Colombie, c'est la Suisse, c'est Monaco, c'est le Luxembourg pour exiger autant... Non, c'est un pays en développement, certes merveilleux et chaleureux, mais hautement restrictif pour les entrepreneurs étrangers.
Nous dirions désincitatifs surtout dans une région qui joue la carte de compétitivité d'attractivité. Le Panama est bien plus attractif et moins regardant... La République Dominicaine a aussi une longueur d'avance...
Certains n'hésiterons pas a dire, moi j'ai réussi de telle manière, en trichant, en modifiant ceci, cela... En ne disant pas ceci, cela...
Mais pourquoi jouer et manœuvrer avec un dispositif légal qui est censé attirer naturellement des capitaux étrangers et des talents !
A bon entendeur d'entrepreneur ! Bonne chance !