Plus de 35 000 emplois vacants, au moins 50 000 recrues supplémentaires nécessaires : le secteur des soins à la personne souffre en Allemagne d'un grave manque de personnels qualifiés. C'est une conséquence du vieillissement de la population. Mais pas seulement : la pénibilité du métier conduit de nombreux salariés à se reconvertir ou à travailler à temps partiel. Pour changer la donne, le gouvernement lance une vaste concertation avec les partenaires sociaux et les associations. Elle doit déboucher dans un an sur des mesures concrètes, y compris sur le recrutement de personnels à l'étranger.
Salaires et conditions de travail revalorisés
Plusieurs pistes sont envisagées pour rendre le métier plus attractif. La première est la revalorisation des salaires et la mise en place de conventions tarifaires. Environ un million de salariés travaillent dans le secteur, souvent employés par des associations ou des églises. Ainsi, 80 % d'entre eux ne bénéficient pas d'une convention collective.
En parallèle, le gouvernement veut promouvoir de meilleures conditions de travail dans ces métiers à 80 % féminisés. Exit les journées qui n'en finissent pas. « Nous voulons changer les choses concrètement dans le quotidien des personnels de soin », a souligné Jens Spahn, le ministre allemand de la Santé, qui a présenté l'initiative aux côtés de ses homologues en charge de la Famille et des Personnes âgées, Fraziska Giffey, et du Travail et des Affaires sociales, Hubertus Heil.
Le premier objectif est en effet d'attirer des personnes déjà formées. « Nous voulons encourager les personnels de soin à revenir vers l'emploi ou à basculer à nouveau vers un emploi à temps plein », a souligné M. Spahn. Cela ne se fera pas sans peine : on recense actuellement 28 postulants pour 100 postes vacants. L'idée d'une prime est donc dans l'air. En attendant, le ministre a mis sur les rails un plan d'urgence pour créer 13 000 emplois dans les services de soins aux personnes âgées.
Un métier d'avenir pour les jeunes
Ces efforts iront de pair avec un travail sur l'image de la profession. « Être employé qualifié dans le secteur des soins à la personne, ça doit être quelque chose de cool », a dit Mme Giffey.
Il s'agit bien entendu d'attirer des jeunes. Une réforme de la formation est d'ailleurs déjà en préparation. À partir de 2020, le cursus devrait débuter par deux années d'études générales incluant théorie et pratique. Les frais de scolarité devraient être abolis et les étudiants être rémunérés.
Car les métiers des soins à la personne sont des métiers d'avenir : d'ici à 2035, il devrait manquer 270 000 salariés qualifiés dans les métiers du soin et de la santé, selon une étude de l'Institut fédéral pour la formation professionnelle. Voire 500 000, selon une étude de la Fondation Bertelsmann.
Les étrangers bienvenus
Dans ces conditions, Berlin envisage aussi de recruter à l'étranger. « Nous sommes déjà très avancés dans la préparation d'une loi sur l'immigration de personnes qualifiées », a déclaré mardi le ministre allemand de l'Intérieur, Horst Seehofer. Dans le domaine du soin, il s'agirait de simplifier et d'accélérer les démarches de recherche d'emploi et de reconnaissance des diplômes pour les étrangers venus de pays extérieurs à l'Union européenne. M. Spahn a cité, par exemple, l'Albanie et le Kosovo, où beaucoup de jeunes cherchent un emploi.
« Il ne doit pas y avoir de tabous », a en tout cas assuré le ministre. La concertation devra d'ailleurs préciser à qui il reviendra d'assumer le coût de ces mesures, et sous quelle forme. Les mesures concrètes sont attendues à la mi-2019.
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