Bonjour Philio.
En tant qu'étranger, on ne peut pas voter.
Il m'est arrivé de me retrouver dans le campo profond d'une région au nord est du pays, près de chez Tina, à une période où la tension était à son comble, avant une élection présidentielle. C'était en 2003. C'était Peponne et Don Camillo. C'était une situation très amusante quand on le voit à la TV mais flippante quand on le vit en direct. J'avais le sentiment que tout pouvait déraper d'une seconde à l'autre. La foule, montée sur des camions, partait pour le meeting dans la grande ville d'à coté. La liesse populaire et le phénomène de " groupe " , la musique avec les enceintes à fond, les gens qui parlaient fort et mal, les insultes et les provocations, mais surtout cette inculture où toute rumeur devient réalité, où il n'y a plus de mesure ni même de demie mesure... Bref, une tension exacerbée par des croyances d'un autre siècle.
N'essayez pas de parler politique avec eux, cela ne sert à rien. Ils vont vous sortir des énormités, que la raison ne pourra pas renverser. Ils sont dedans et rien à faire pour les en faire sortir.
D'accord, il s'agit du lumpen prolétarien au plus profond degrés, mais essayez de parler avec des gens éduqués. C'est aussi très difficile. Vous êtes étrangers et vous restez étrangers. C'est un peu normal ; quelle est notre attitude avec les étrangers qui viennent en France et nous parlent de politique intérieure ? Et en plus, ils veulent le droit de vote pour les présidentielles et les élections locales. Sale étranger, rentre chez toi si cela ne te plait pas. Ou alors : La France, tu l'aimes ou tu la quittes. Qu'est ce qu'on entend pas ????
Je viens d'avoir un hôtes chez moi, jeune dominicain, avocat érudit, ayant fait des études en France du coté de Strasbourg, et qui, comme moi à une certaine époque, pensait refaire le monde. Je crois que c'est la première fois depuis que je connais la République Dominicaine, que je rencontre un personnage d'une telle clarté dans ses propos, d'une telle sagesse et surtout d'un calme et d'une rigueur dans tout ce qu'il dit. Il ne faut jamais dire jamais, mais c'est peut être l'arbre qui cache la forêt.
Il y a quelques semaines, sur Facebook, j'ai communiqué avec un dominicain de Suisse, un farouche partisan de Ramfils Trujillo . J'ai exposé mes idées et lui les siennes, mais je me suis vite rendu compte que pour parler il faut être deux. Il répondait aux questions qui lui plaisaient et évitait les autres. On s'est fait plaisir un moment à s'exposer ainsi, mais à quoi bon au final......
Nous sommes finalement des invités dans ce pays. On prend ce qu'on nous donne, mais je pense que surtout, on doit accepter les conditions qu'on nous laisse. On n'a pas le droit de voter. C'est bien ainsi.
Quand à la Junta de vecinos dont parle Tina, ce n'est plus trop de la politique au sens large. En tant qu'étranger, on a par contre un mini pouvoir, celui d'investisseur. Et notre voix compte au même titre que notre voisin dominicain. Il y a peu, nous sommes allés défendre notre pétition auprès d'un ministre et autres députés et alcades à Jarabacoa. C'était plutôt un devoir que de le faire.
La République Dominicaine, tu l'aimes ou tu la quittes.
Cordialement