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L'homme sans visa
Mieux vaut tard que jamais. Le ministère de l'Intérieur et celui de la Sécurité publique ont décidé de prendre le taureau par les cornes. Du moins à travers un communiqué rappelant aux étrangers qu'un visa touriste de moins de trois mois ne donne pas à son détenteur d'exercer une quelconque activité professionnelle. Une réaction qui fait suite à la découverte de « touristes » arpentant les rues de la capitale trimballant des smartphones ou d'autres marchandises de pacotille. Une dizaine d'entre eux ont dû être expulsés, faute de titre de séjour adéquat.
Il s'agit de la même pratique que font beaucoup de Malgaches qui débarquent en France avec un visa touriste et qui y restent de façon clandestine survivant avec de petits métiers avant d'avoir un papier. La différence est qu'ils ont obtenu un visa en bonne et due forme délivré par le consulat de France à Antananarivo dont on sait la rigueur dans l'octroi d'un titre de séjour même pour du tourisme, pour un regroupement familial, pour des études ou pour des déplacements sportifs. Même pour un déplacement officiel d'une délégation malgache, un engagement de se présenter au consulat de France dès le retour est exigé. Et il n'y a plus de délivrance de visa à 24 heures du départ.
C'est la règle et aucune exception n'est faite. Et c'est là où le bât blesse, du côté malgache, puisque le visa touriste est accordé à l'aéroport avec ce que cela suppose de précipitation, de manque de rigueur et de contrôle. Le tout, bien évidemment, favorise la corruption. Par contre, la plupart des compagnies refusent d'embarquer un passager avec visa à destination au départ d'Ivato.
La pratique est peut-être inévitable du fait de l'absence de consulat malgache dans beaucoup de pays mais il faut une certaine cohérence entre les objectifs et les moyens. On ne peut pas entrer dans l'ère de l'open sky en visant un million de touristes par an et oublier d'ouvrir au moins un consulat là où une compagnie aérienne a choisi la destination Madagascar. On ne peut pas adopter l'open sky et râler, par la suite, contre une invasion d'immigrants arabes, turcs, pakistanais au pays. Ouvrir les frontières pour les besoins du tourisme, c'est accepter tous les risques. Il aurait tout simplement fallu adapter les moyens administratifs et consulaires pour mieux contrôler ce flux d'étrangers composés, à la fois, de vrais touristes que de faux investisseurs. Il y va également de la sécurité du pays face aux menaces terroristes, lesquelles ne sont pas à négliger.
Par Sylvain Ranjalahy