On dit souvent et on le pense également:"cela n'arrive qu'aux autres".
Hé oui! Seulement cette fois c'est arrivé à moins de quelques centaines de mètres de chez moi sur la piste.
En fait, pour la fête des morts ma femme sa mère et le frère de cette dernière m'ont demandé de les ramener en voiture près d'un village de la brousse afin d'aller sur la tombe de leurs ancêtres.
Comme à un moment donné le sentier qui allait au village en question devenait impraticable, même en 4 x 4, la petite troupe a donc continué à pied et je suis retourné chez moi.
Un peu plus tard dans la journée, ma femme m'appelle au téléphone pour me demander de venir les rechercher.
En revenant j'ai donc déposé l'oncle de ma femme non loin de mon domicile sur la piste et il m'a remercié en disant qu'il ferait les huit km restants à pied pour rentrer chez lui.
Le jour suivant, ma femme m'apprend qu'il a été pris à partie quelques centaines de mètres plus loin sur la piste par quatre jeunes qui l'ont tabassé et si un véhicule n'était pas arrivé il ne peut pas garantir qu'il serait encore en vie.
J'ai donc demandé à ma femme s'il a porté plainte à la gendarmerie ou au commissariat de police et ma femme m'a répondu qu'il n'avait pas d'argent pour porter plainte...
Puis cette histoire m'est sorti de la tête car j'ai une faculté d'oubli très remarquable au point que lorsque je vais chercher quelque chose dans mon atelier et que j'arrive à la porte de l'atelier, je ne me rappelle déjà plus ce que je suis venu chercher...
Mais là n'est pas le sujet de cette discution.
Donc hier deux personnes qui travaillent à mi-temps chez moi ont raconté que pas plus tard que dimanche dernier un jeune à bicyclette a été hélé par un de ces ancien copain de classe qui lui a demandé quelques litchis qui étaient attachés sur le porte bagage.
Le jeune en bicyclette s'est donc arrêté et a demandé à son copain
pourquoi il ne venait plus à l'école et ce denier a répondu qu'il n'avait pas d'argent pour payer l'écolage.
Donc pendant que le jeune en bicyclette était occupé à défaire les noeuds de la ficelle qui maintenaient les litchis, trois autres jeunes sont sorti des buissons et ont asséné trois coups de machette gasy à long manche dans la nuque du jeune en bicyclette.
A l'arrivée d'un véhicule les quatre jeunes assaillants se sont sauvé dans la brousse, non sans avoir dépouillé le jeune en bicyclette qui avait sur lui 4 millions de Fmg issus de la vente de girofle de ses parents et cet argent était destiné à acheter un scooter pour leur fils.
La voiture qui s'est arrêté à hauteur du jeune cycliste l'a ramené à l'hôpital de Mahanoro qui n'ayant pas la possibilité de soigner le jeune cycliste les a donc envoyé à l'hôpital de Vatomandry distant de 85 km.
En arrivant à l'hôpital de Vatomandry le jeune cycliste était décédé.
(En effet si en France 85 km sont réalisable sans excès de vitesse en moins
d'une heure, vu l'état des routes scrofuleuses de Madagascar il faut compter des heures pour réaliser ce traget).
Ma femme m'a dit que l'un des assaillants avait travaillé pour nous après le dernier cyclone et il nous a vendu des poteaux de bois rond pour renforcer la clôture et d'après elle ce garçon n'avait pas plus de quatorze ou quinze ans...
Quand je vais en ville distante de deux km par la piste, il m'arrive souvent de voir de jeunes désoeuvré assis sur leurs talons, les bras tendus entre leurs cuisses et les mains jointes. Ma femme m'a dit qu'ils attendaient un miracle et que si ce miracle ne se produisait pas, qu'ils avaient la faculté de créer eux même ce miracle au détriment des autres.
Je vous laisse le soin de juger vous-même ces faits.