Bonjour

Bonjour Jean Louis et bienvenue sur notre forum
C'est avec grand intérêt que nous lirons tes expériences et partagerons les nôtres.
"Amusante" (ce n'est pas vraiment le mot) ton expérience de l'école publique à Madagascar... parce que j'ai vécu ici exactement la même chose.

Bien avant de m'installer définitivement à Madagascar je parrainais des jeunes femmes malgaches  étudiantes dans le secteur de la santé...
J'avais remarqué que l'offre de parrainage concernait exclusivement des enfants -plus émouvants que de jeunes adultes - et que tout s'arrêtait au moment où ils passaient leur bac (les plus chanceux)... ou entraient au collège...
J'ai mené à la vie professionnelle une dizaine de jeunes femmes issues de milieu modeste à des carrières paramédicales... toutes n'ont pas réussies... n'est pas magicien qui veut.

En m'installant ici, j'ai décidé de soutenir les petites structures scolaires publiques de mon futur lieu de vie... un site uniquement accessible en bateau, très isolé...
Férue de laïcité, l'école publique était incontournable pour moi... mais comme toi je me suis frottée à l'éducation nationale malgache et aux autorités locales et j'ai fini par abandonner mon projet.

Ayant dans ma petite association des personnes très motivées, je me suis rapprochée d'une ONG qui fait du parrainage à grande échelle à Diégo pour trouver une petite école privée, laïque, particulièrement "méritante" et que je pourrais soutenir... sachant que je suis une "petite main".
On m'en a présenté 3 et depuis presque 3 ans j'interviens dans une de ces écoles sise dans un des quartiers les plus défavorisés de Diégo avec grand bonheur et pour l'instant aucune déception.

Crée et dirigée par une femme de tête, généreuse et volontaire, cette école accueille 325 enfants à partir de 2 ans.
Les enfants ne sont pas battus - c'était une priorité pour moi-  les fournitures et équipements que nous finançons ne sont pas revendus.
Avant que mon association n'y intervienne, cette directrice accueillait une cinquantaine d'enfants gratuitement... la directrice ne laissait pas d'enfants dehors...

En presque 3 ans voilà ce qui y a été réalisé :
- 32 enfants qui étaient accueillis gratuitement sont parrainés.Ils reçoivent, avec leur fratrie, tous les matins un petit déjeuner complet. J'ai limité le nombre à 32 pour l'instant.
- tous les niveaux suivent des cours de français grâce à 2 intervenantes.
- les CM1 et CM2 bénéficient de cours d'anglais afin de les préparer à la rentrée au collège dispensés par un professeur qui intervient aussi au collège français.
- Les instituteurs sont tous abonnés à l'alliance française.

Sur le plan matériel, nous avons réaménagé l'existant, repeint les bâtiments, créé des ouvertures pour dispenser plus de lumière à l'intérieur, et équipé 2 classes de nouveaux pupitres et bancs... toutes les classes avec de vrais tableaux.
L'an passé, nous avons construit trois nouvelles classes et cette année nous allons construire une paillote de récréation pour que les enfants puissent jouer par tout temps.
Notre projet futur est de construire une bibliothèque, salle informatique et art plastiques... ainsi que de nouvelles toilettes.
En ce qui concerne les bâtiments, mon association fournit les matériaux et des ouvriers spécialisés si besoin est... mais ce sont les parents qui œuvrent à la construction .
Les comptes des parrainages et des goûters sont clairs et précis.

Mon association ne retire rien des donations pour son fonctionnement car localement c'est moi qui fait "tout" !!!
C'est pourquoi par exemple, j'ai limité le nombre de parrainages.

Coté étudiant, je parraine en nom propre un étudiant ingénieur qui poursuit ses études à l'IST de Diégo.

Voilà ma petite pierre à l'édifice.
Bien à toi

robinet jean-louis a écrit:

Je viens de m'inscrire sur ce forum et je voudrais vous partager quelques-unes de mes expériences heureuses ou malheureuses que j'ai pu avoir depuis mon arrivée sur la Grande Ile.
On va commencer par les heureuses (par la suite, je pourrai vous narrer quelques-unes de mes gamelles.

Bonjour Jean-Louis et bienvenu sur ce forum.
Si vous commencez par les expériences heureuses, j'imagine que c'est parce qu'elles sont plus nombreuses que les expériences malheureuses ou du moins celles-ci vous ont plus marqué....

Partager avec nous votre longue expérience de vie à Mada, sera certainement profitable pour beaucoup de membres et surtout nouveaux membres....
Concernant les sujets qui fâchent (il y en a régulièrement sur ce forum), n'hésitez pas non plus à nous faire profiter de votre expérience, les mauvaises expériences de certains peuvent aussi éviter à d'autres de se retrouver dans les mêmes situations.

Vos activités laissent penser que vous êtes retraité, est-ce le cas? Etes vous sur Tana ou en dehors de Tana? votre bibliothèque pourrait intéresser certains résidents (éventuellement pour leurs enfants).
Concernant votre association de guides bénévoles, vous pouvez publier les coordonnées dans la catégorie prestataire, cela pourrait intéresser certains membres....

Bonjour Jean Louis,
En fait de bénévolat, j'ai été invité comme d'autres vahazas à l'inauguration d'un centre culturel créé par une américaine parlant couramment la langue malgache. Cette inauguration s'est faite en grande pompe avec la venue de l'ambassadrice des USA, le commissaire de police, la député du coin, le chef de district ainsi que d'autres huiles comme d'anciens ministres etc.
Elle enseignait l'anglais, l'informatique et autres matières afin d'éduquer la plèbe et on y a mis les moyens car elle disposait d'une grande maison où elle pouvait accueillir de nombreuses personnes.
Malheureusement au bout de quelques mois elle est repartie ailleurs faute de participants. 
En effet quand le soucis principal d'une communauté est de surveiller le couvercle de sa marmite de vary, tout le reste devient superflu...
Mais que les généreux bénévoles ne se fâchent pas car si pour ma part j'étais nul pendant mes courtes années d'études et si je n'ai appris finalement qu'à m'exprimer dans la langue française que je n'ai pratiqué qu'après ma majorité avec beaucoup de peine, je pense qu'on peut apprendre en autodidacte parfois mieux qu'en étant forcé ou aidé par autrui...
Mais ce n'est que mon humble avis car s'il y a des personnes qui sont capables d'arrêter de fumer (ou autre addiction) rien que par leur propre volonté et il y en a d'autres qui sont obligé de faire appel à des substituts ou à des soutiens d'autres personnes.
C'est comme mon cousin Daniel qui travaillait dans une mine de charbon et qui un beau jour s'est décidé à faire des étude d'ingénieur et a terminé comme professeur émérite d'économie à la Sorbonne...
https://cepn.univ-paris13.fr/daniel-thiel/

Lys de Diego a écrit:

Bonjour Jean Louis et bienvenue sur notre forum
C'est avec grand intérêt que nous lirons tes expériences et partagerons les nôtres.
"Amusante" (ce n'est pas vraiment le mot) ton expérience de l'école publique à Madagascar... parce que j'ai vécu ici exactement la même chose.

Bien avant de m'installer définitivement à Madagascar je parrainais des jeunes femmes malgaches  étudiantes dans le secteur de la santé...
J'avais remarqué que l'offre de parrainage concernait exclusivement des enfants -plus émouvants que de jeunes adultes - et que tout s'arrêtait au moment où ils passaient leur bac (les plus chanceux)... ou entraient au collège...
J'ai mené à la vie professionnelle une dizaine de jeunes femmes issues de milieu modeste à des carrières paramédicales... toutes n'ont pas réussies... n'est pas magicien qui veut.

En m'installant ici, j'ai décidé de soutenir les petites structures scolaires publiques de mon futur lieu de vie... un site uniquement accessible en bateau, très isolé...
Férue de laïcité, l'école publique était incontournable pour moi... mais comme toi je me suis frottée à l'éducation nationale malgache et aux autorités locales et j'ai fini par abandonner mon projet.

Ayant dans ma petite association des personnes très motivées, je me suis rapprochée d'une ONG qui fait du parrainage à grande échelle à Diégo pour trouver une petite école privée, laïque, particulièrement "méritante" et que je pourrais soutenir... sachant que je suis une "petite main".
On m'en a présenté 3 et depuis presque 3 ans j'interviens dans une de ces écoles sise dans un des quartiers les plus défavorisés de Diégo avec grand bonheur et pour l'instant aucune déception.

Crée et dirigée par une femme de tête, généreuse et volontaire, cette école accueille 325 enfants à partir de 2 ans.
Les enfants ne sont pas battus - c'était une priorité pour moi-  les fournitures et équipements que nous finançons ne sont pas revendus.
Avant que mon association n'y intervienne, cette directrice accueillait une cinquantaine d'enfants gratuitement... la directrice ne laissait pas d'enfants dehors...

En presque 3 ans voilà ce qui y a été réalisé :
- 32 enfants qui étaient accueillis gratuitement sont parrainés.Ils reçoivent, avec leur fratrie, tous les matins un petit déjeuner complet. J'ai limité le nombre à 32 pour l'instant.
- tous les niveaux suivent des cours de français grâce à 2 intervenantes.
- les CM1 et CM2 bénéficient de cours d'anglais afin de les préparer à la rentrée au collège dispensés par un professeur qui intervient aussi au collège français.
- Les instituteurs sont tous abonnés à l'alliance française.

Sur le plan matériel, nous avons réaménagé l'existant, repeint les bâtiments, créé des ouvertures pour dispenser plus de lumière à l'intérieur, et équipé 2 classes de nouveaux pupitres et bancs... toutes les classes avec de vrais tableaux.
L'an passé, nous avons construit trois nouvelles classes et cette année nous allons construire une paillote de récréation pour que les enfants puissent jouer par tout temps.
Notre projet futur est de construire une bibliothèque, salle informatique et art plastiques... ainsi que de nouvelles toilettes.
En ce qui concerne les bâtiments, mon association fournit les matériaux et des ouvriers spécialisés si besoin est... mais ce sont les parents qui œuvrent à la construction .
Les comptes des parrainages et des goûters sont clairs et précis.

Mon association ne retire rien des donations pour son fonctionnement car localement c'est moi qui fait "tout" !!!
C'est pourquoi par exemple, j'ai limité le nombre de parrainages.

Coté étudiant, je parraine en nom propre un étudiant ingénieur qui poursuit ses études à l'IST de Diégo.

Voilà ma petite pierre à l'édifice.
Bien à toi

bravo madame lys ou fleur peut etre!!!

Voilà du concret et du positif! Cela fait chaud au coeur.

Merci de m'avoir fait part de vos expériences, qui rejoignent les miennes.
J'ai cmmencé mes expériences pédagogiques un peu par hasard car à l'origine, je n'était pas vraiment motivé et c'est sur l'invitation d'une directrice d'école publique que j'ai commencé d'abord par des petits jeux d'extérieur puis des chants, et on m'a deandé d'enseigner SVT et deux autres directeurs d'écoles m'ont sollicité (ça commençait plutôt bien) et puis ça n'a pas plu du tout au chef ZAP qui a envoyé une circulaire à tous les établissements de son ressort, un 4ème directeur avec qui j'avais commencé à travailler m'a demandé de continuer mais je ne voulais pas les ennuyer avec la hiérarchie alors je me suis tourné vers le privé, et là aussi par hasard (mais le hasard existe-t-il ?) dans mon jogging j'ai rencontré une enseignante qui m'a invité à donner des cours dans son établissement.
Comme mes bases reelevaient surtout du souvenir, je me suis équipé de bouquins sortis de "vide-grenier" à savoir : les cours de langue française de Maquet (année 1920), les cours de grammaire d'Augé (même époque), le Bled,...  les exercices de français de Larive et Fleury (1904), les leçons de style de Duclos (1920), et deux livres de calcul mental (1920) (que les enfants adorent : ils appellent ces exercices "les devinettes". De fil en aiguille, j'en suis venu à des jeux de rôles (entretiens d'embauche suite à des offres d'emplois), résolution de conflits,... et on me demande maintenant d'enseigner la philo aux terminales. Par courrier (lettre et mail) j'ai demandé de l'aide à l'ambassade resté sans réponse jusqu'à présent (il me reste bien sûr quelques notions de philo, mais elles demandent à être étoffées.
Dans mes courriers, je demande également à la France des contacts avec des documentalistes et bibliothécaires professionnels, mais là aussi, je me demande si ça les intéresse vraiment de me donner un coup de main. Je me forme un peu sur le tas avec des livres que les enfants vendent sur les vide-greniers (je me rends deux fois par an en France et je reviens chaque fois avec 10/15 kg de bouquins.
Enfin, les amis, si j'ai tardé un peu à vous répondre, c'est à cause de Telma dont le signal est aléatoire.
La prochaine fois, je vous parlerai de mes ennuis avec le fisc, avec air-mad, avec la jirama, avec l'étanchéité, et de ma collection de BD, si vous êtes sages.
A plus,
Amitiés,
Jean-Louis

Je crois que le plus urgent à apprendre aux autres à Madagascar c'est la morale et les comportements dans une société avant de vouloir les abreuver de matières d'un temps révolu.
Bientôt tous les bouquins si utiles soit-il n'auront plus de raison d'être (sauf pour les collectionneur de documents anciens)...
En effet si vous voulez un renseignement, il suffit d'aller sur un moteur de recherche et on vous donnera plus de renseignements que le meilleur professeur ne pourra jamais dispenser.
Madagascar est encore au moyen âge avec des croyances d'un autre âge et il serait prétentieux de vouloir leur apprendre autre chose que ce qu'ils sont capables d'assimiler. 
Il faut plusieurs générations pour changer des mentalités et le meilleur enseignant du monde s'y cassera les dents s'il veut absolument imposer un enseignement qui ne correspond pas à l'environnement des auditeurs.
Mais qui suis-je pour vouloir donner mon avis?