bonjour,
juste un petit post de sensibilisation écologique et de pistes de réflexions sur la gestion des déchets à Mayotte.
Car beaucoup de personnes l'ignorent mais il n'y a pas d'incinérateur de déchets à Mayotte.
Concrètement cela signifie que chacun de nos déchets journaliers est enterré au site d'enfouissement de Dzoumogné. cette décharge flambant neuve a pris le relais il y a 2 ans des décharges et incinérations sauvages, mais cela reste un site d'enfouissement et les déchets plastiques ayant selon les études une durée de vie de plusieurs milliers d'année (les déchets plastiques ne se décomposent pas, ils se fragmentent juste en particules toujours plus petites au fil des décennies) on peut faire le raccourci en disant qu'ils y sont pour une éternité... le terme d'anthropocène prend alors tout son sens.
A Mayotte des centaines de kg de matières plastiques arrivent donc tous les jours sur l'île et n'en sortirons jamais. A l'échelle d'un corps humain, une substance qu'on intègre et qu'on ne parvient pas a éliminer, ça s'appelle un poison...
ll n'existe qu'une pratique qui permet de limiter la casse, mais qui fait appel à la responsabilité individuelle: le recyclage.
Car la bonne nouvelle c'est que des filières de recyclage sont en place à Mayotte depuis 2 ans, ce qui est dommage c'est qu'elles soit encore sous utilisées, notamment par nous même, les mzungus, alors que nous y sommes sensibilisés depuis plus de 20 ans en métropole. Observez pourtant l'anniversaire d'enfant ou le départ de collègue auquel vous étiez conviés le week end dernier, il y a fort à parier que tout a fini dans 3 grands sacs poub de 40 litres, cannettes de binouses et bouteilles inclues... il y avait pourtant une borne de tri à moins de 200m.
Alors je profite de ce post et des discussions que j'ai eu avec des professionnels du problème pour refaire le point.
L'aluminium (canettes, boites de conserves):
C'est le plus facile à recycler. il existe même des fonderies artisanales à Cavani et doujani notamment dans des bangas. les cannettes sont écrasées puis fondues pour en faire les fameuses marmites géantes dans lesquelles cuisinent les bouénis. A l'échelle industriel, l'aluminium est fondu et réutilisable presque à l'infini.
Il existe à Mayotte l'association Yeswecanette qui fait récupérer les canettes par les enfants en contrepartie de produits d'une épicerie sociale.
Les bouteilles plastiques:
elles sont collectées puis revendues à des recycleurs. mayotte plastique est notamment en train de monter une usine sur la côte ouest de mada. Le plastique est broyé puis transformé en paillettes qui sont revendues en chine pour servir de matières première à de nouveaux objets en plastique. Si la filiale est loin d'être neutre en matière de CO2 avec le transport, elle a le mérite de permettre un réusage d'objets futiles que l'on va s'empresser de racheter sans faire appel à des produits pétroliers.
Le verre:
idem, mais son recoulage est plus simple et se fait avec des unités de production plus proches (par ex à la Réunion). Là encore le matériau peut être refondu quasiment à l'infini.
il y a aussi la récupération des piles (mais là ça laisse encore à désirer) , des cartons (pour les pros), de l'électroménager, etc...
Les rumeurs qui consistent à dire que tout fini dans la même benne sont infondées, pour la bonne et simple raison que ces matières, une fois triées et récupérées ont une valeur marchande. les recycleurs n'ont donc aucun intérêt à les enterrer. ce qui coûte cher, c'est la récupération et le tri. et ça, nous le payons avec nos impôts locaux. Alors autant utiliser un service que l'on paye.
En pratique il suffit juste de s'installer 3 poub à la maison et d'aller les vider dans les bornes une fois par mois (selon sa consommation de bière...)
Reste après les pratiques de consommation personnelles:
Remplacer les gobelets plastiques par des gobelets lavables lors des soirées, prendre sur place plutôt que à emporter. Avoir un sac pour ses courses (le temps moyen d'utilisation d'un sac plastique en métropole est de 20 min (pour une durée de vie de plusieurs milliers d'années), à mayotte probablement de 10 min à peine..), acheter des électroménagers de marque plutôt que des machine océan et sevenline qui finissent sur le trottoir au bout de 3 mois. s'affranchir des jouets électroniques inutiles. etc... la liste est longue.
en fait l'idée est tout simplement de se dire lorsqu'on achète un objet, qu'il ne sortira jamais du territoire; toujours se poser la question de son devenir.
Il y a encore 5 ans, les bouteilles de coca produites à Mayotte était consignées. puis on est passé au tout plastique. la marque frizou vend à la sortie des écoles des "clarinettes", sortes de sirop glacé dans des poches plastiques qu'on retrouve par terre et qui ressembles à des capotes usagées.
les industriels et les politiques ne bougerons que s'il y a un mouvement citoyen; alors à nous de jouer :-)
Les déchets, c'est la seule éternité créée par l'homme.