Pourrais-je étudier et/ou travailler à mon compte à Cuba?

J'aimerais bien vivre à Cuba et y faire des projets intéressants dans le domaine des arts. Comment rejoindre des artistes locaux? Est-ce possible de s'intégrer sans trop de difficultés au sein de certains organismes en y faisant des formations? 

Comme je m'intéresse à la mosaïque, j'aimerais bien approfondir mes connaissances sur le sujet. D'autre part, l'idée d'actualiser ma pratique en acupuncture est aussi une option. Je garde toujours à l'esprit qu'être utile aux autres est un gage de réussite dans un projet tel que celui d'expatriation. Si quelqu'un pouvait répondre à mes questions, j'en serais ravie.

Je serai à La Havane vers le 11 août. J'aimerais bien faire la connaissance de quelques expatrié(e)s durant mon séjour à Cuba. Aussi, je prendrai un peu de soleil quelque part au bord de la mer entre Varadero et Ganabo (l'hiver québécois l'oblige) . Je vais voir quels sont les moyens de transport disponibles pour me rendre à La Havane à mon arrivée.

Depuis plusieurs années, je viens à Cuba tous les ans, mais d'ici 2 ans tout au plus, je compte bien y rester pour y vivre de nouveaux défis.

Merci à l'avance, en espérant pouvoir faire connaissance avec quelques expatrié(e)s lors de mon prochain séjour, si possible à La Havane.

Jo Dion

Salut, puisque tu n,as pas eue de réponses je vais te transmettre ce que je sais. Avant de songer à l'expatriation il faut faire plusieurs séjours prolongés à Cuba pour tenter des rapprochements avec les cubains. C'est possible mais il faut y mettre du temps.  La Habana surtout foisonne d'artistes dans tous les domaines: musique, peinture, littérature, arts visuels nomme les. Mais il faut connaître les bonnes personnes pour te guider en dehors des circuits touristiques. A Cuba, c'est qui tu connais. Pour le travail ou les formations rémunérées oublie ça à moins que ce soit au noir et je ne recommande pas. Je donnais des cours d'anglais à un petit groupe de cubains une fois par semaine. Mais c'étaient des proches et je le faisais par plaisir, pour les aider. Et Cuba maintenant connaît des moments économiques difficiles et le travail est rare. Mais avec des contacts tu trouveras sans doute des personnes qui pourront t'en faire rencontrer d'autres qui s'intéressent à tes passions. Et si tu peux nous faire partager ton séjour ça profitera à d'autres.

Les plus belles plages près de Guanabo sont aussi à Playas del este à Tarara, ce n'est pas Varadero mais c'est magnifique.

Hasta siempre!

Bonjour Majito,
Enfin, quelqu'un avec qui échanger. Merci pour ces renseignements. Je sais que la vie à Cuba est difficile. J'ai connu des Cubains et Cubaines qui sont venu(e)s vivre à Montréal lorsque je travaillais au sein d'organismes communautaires. Malheureusement, j'ai perdu leurs traces.
Depuis environ 10 ans, je viens à Cuba, idée de reprendre des forces, mais je suis également très attirée par son histoire, son patrimoine ainsi que par le génie de sa population. Le système D ne peut que développer la créativité d'un peuple, n'est-ce pas?  Aussi, j'essaie, tout comme toi, de contribuer à ma façon lors de mes petits séjours sur cet archipel. Partout où je suis allée, j'ai donné des ateliers individualisés de français au personnel qui travaille dans les établissements hôteliers. C'est déjà un rapprochement. Je crois que les gens apprécient beaucoup ce genre d'initiative. C'est gratuit et en plus, c'est sur leur lieu de travail. Tout comme l'anglais, en améliorant leurs connaissances de la langue française, ils améliorent leurs revenus. Bien sûr, je parle de la propina. Dans ce sens, c'est bon pour les affaires.
En août, je vais du côté de Jibacoa. J'irai à La Havane en espérant  revoir les gens chez qui j'ai dormi lors de mon avant-dernier séjour. J'essaierai de me renseigner sur les possibilités de stages, soit en médecine chinoise, en arts, ou en espagnol et études hispaniques. Je ne recherche pas l'Eldorado, seulement un lieu de vie plein de charme, où humanisme et  simplicité volontaire pourraient devenir le mode de vie par excellence. Mon souhait est-il celui des Cubains? A ver, a ver...
Merci encore, suis toujours sur le site.
Jo

Oui, ce qui m'a frappé dès mes premiers mois à Cuba c'est le sens de la débrouillardise des Cubains et le va de soi de recycler. On ne jette rien, on répare, on rafistole. Ce qui me choque toujours à mon retour lorsque je vois tout ce que l'on jette à la rue ici. On répare les lunettes, les montres, les vieilles autos, on rénove les maisons avec des bras, souvent pas de machinerie. Lorsqu'on a apprivoisé la lenteur de la bureaucratie et les réponses évasives ou contradictoires et le tas de paperasse qui vient avec on peut alors se laisser couler dans le courant de la vie quotidienne. Si je peux faire seulement une chose dans ma journée, je la considère comme accomplie.
Je croyais désirer partir vers d,autres destinations l'automne prochain, Colombie, Équateur... mais Cuba est gravé dans mon coeur et m'attire comme un aimant. Je vais retrouver mes amis, les familles que je connais et la mer qui est très importante pour moi. Mon projet futur est d'étendre mes cours d'anglais à de plus gros groupes d'adultes. L'anglais parce que beaucoup de Cubains rêvent d'émigrer aux États-Unis et s'entêtent à l'apprendre même si j'essaie de les convaincre que le français est plus facile pour eux.
Mais soyons lucides, je ne sais pas ce qui m'attend à l'automne, le dollar canadien est toujours aussi faible et Raul entreprend de méchantes coupures dans la vie économique. Sans compter la venue des Américains qui résultera selon moi à la hausse des prix dans l'île. Pauvre au soleil? Certainement.
Hasta siempre.

Bonsoir Majito,
Ravie de te lire. Sache que j'accorde beaucoup d'importance à ce que tu viens de m'écrire.
Je suis agréablement surprise de l'ouverture et de la générosité dont tu fais preuve dans ce courriel. Je saisis bien la nature de ton expérience cubaine et les sentiments qui s'y rattachent. Loin d'être superficielle, n'est-ce pas?. Alors tu te demandes comment faire pour que ton rêve dure le plus longtemps possible, sans jamais devoir te réveiller, ce que, sincèrement, je te souhaite.
Tu sembles avoir autant d'atouts, sinon plus, que ces cowboys qui ne pensent qu'à venir se remplir les poches. C'est ce qu'ils ont fait et ce qu'ils font encore et encore partout dans le monde et beaucoup à la grandeur des Caraïbes. J'ai vu des choses aberrantes aux Honduras. Surtout dans les Îles de La Baie. Par exemple, les cowboys ont débarqué à Roatan puis à Utila dans l'idée d'acheter les bords de mer. En 2005, à Utila, il ne restait plus qu'une petite plage municipale où pouvait aller se baigner sans payer la population. Ça semble être le  même modèle de développement dans les Grenadines, alors, j'espère que les Cubains resteront très vigilants. Mais la jolie perle pourra-t-elle dire non encore longtemps? Aussi, un oui n'est pas toujours totalement oui. J'espère que la population, après plus de 50 ans de communisme, pourra de façon éclairée participer aux décisions concernant les changements politiques et économiques à venir. J'ose croire sans naïveté que différents types de développement ont déjà été étudiés pour le meilleur, non pour le pire, et que le peuple cubain fera preuve encore une fois de créativité. Mais assurément, le régime devra apporter une amélioration certaine des conditions de vie de la population entière car c'est là que le bât blesse.
Est-ce que tu serais mieux en Colombie? Franchement J'en doute. Mais tu peux y aller. À Cuba, le plus difficile c'est d'y gagner sa vie. Si les Cubains ne peuvent débourser pour des cours d'anglais, je suis certaine que pour un prix très compétitif une certaine clientèle du tourisme cubain serait prête à acheter ces fameux cours privés, ou semi-privés. Je l'ai déjà fait moi-même à La Ceiba. Les cours de langues, d'anglais surtout, se vendant beaucoup trop chers en Amérique du Nord, Cuba pourrait en être une destination de choix.
Je  souhaite de tout cœur que tu puisses continuer à te laisser couler dans le courant de cette vie dont tu apprécies tan le rythme. «L'éloge de la lenteur», comme dirait l'autre, n'est pas un péché mais une bénédiction... ça c'est de moi. Et que dire des ami(e)s, de sa nouvelle famille, avec qui, partager sa vie n'est  souvent qu'un pure bonheur?
Toutefois, si jamais tu devais rentrer pour un  laps de temps limité, ça ne serait pas la fin du monde. Beaucoup d'expatriés font la navette entre deux univers.
Je te salue et te remercie encore une fois pour avoir bien voulu répondre à mon courriel. Aussi, j'espère bien humblement que ces quelques réflexions puissent quelque part t'être utile dans ton cheminement.
Hasta luego,
Jo Dion