L’effet expat’
Partir à l’étranger implique de profonds bouleversements dans son quotidien et son entourage. Dans le but de se constituer un nouveau cercle d’amis, l’alcool peut favoriser l’intégration dans le pays d’accueil. Eileen et Audrey, 20 ans et 24 ans, étudient en Espagne depuis 2 ans. Habituées aux soirées entre amis le week-end et après les cours, elles donnent leurs avis de spécialistes sur la question. "Je pense qu’en effet on a plus tendance à s’alcooliser ici, du moins plus souvent. C’est surement lié au fait qu'on soit expat d’ailleurs. Il n’y a pas nos familles ici, tout notre temps libre on le passe avec nos amis et on ne refuse jamais un petit coup avec eux", théorise Eileen. Audrey ajoute : "Moi je trouve que ça dépend aussi du niveau d'alcoolisation que tu avais avant ! Sinon je dirais oui, on sort plus on rencontre bien plus de nouvelles personnes, on essaye de s'adapter à leur mode de vie, il y a plus d'occasions de boire un verre...ou deux".
Il y aurait aussi des enjeux culturels pour expliquer cette consommation. La désinhibition et la surestime de soi provoqués par cette substance psychoactive aurait d’autres atouts si l’on en croit Eileen : "C'est aussi le fait de se trouver dans un pays et une ville étrangère, c'est une façon pour nous de partager la culture et de rencontrer des gens. Après, c'est loin d'être le seul moyen mais ça aide aussi à apprendre la langue, surtout pour le langage courant". Une alcoolisation prétendument supérieure chez les expatriés qui serait donc justifiée par la volonté d’apprendre une nouvelle langue... Mais encore ?
Le piège de l’alcoolisme
De la consommation hebdomadaire dans un cadre festif à un usage quotidien et soutenu, rassurez-vous, il y a un fossé. Cependant, certaines tendances alcooliques peuvent apparaitre plus vite qu’on ne le pense. Exemple à Barcelone dernièrement ou une cellule des Alcooliques Anonymes spécialement réservée aux expatriés français a ouvert ses portes en septembre 2014. Son inauguration faisait suite aux demandes répétées de Francophones en manque de repères sur place et dont l’alcool constituait le seul refuge. Une sorte de remède à la solitude comme le décrit Fabrice, expatrié dans plusieurs endroits du monde, sur un blog de voyages : "Vu la différence de culture et de niveau de vie, les rapports sont souvent intéressés et vous ne pouvez pas parler de tout, certains sujets de conversation vous sont souvent étrangers, c’est un fossé parfois. Ainsi, l’expatrié passe souvent plus de temps au boulot qu’en France et ensuite la soirée se résume au câble ou à la bière". Aussi unique et enrichissante soit-elle, l’expérience de l’expatriation n’en demeure pas moins une rupture avec ses origines. Le terme "expatrié" provient des mots grecs "exo" et "patrida" signifiant "en dehors du pays". Ce qui peut engendrer un malaise, communément appelé "le blues de l’expatrié", et provoquer des addictions.
Simon MARACHIAN (www.lepetitjournal.com - Espagne) Lundi 15 février 2016
bonne journée , pas d'alcool au volant ...................................;