Votre expérience du choc culturel en Bolivie

Bonjour à tous,

Vivre dans un autre pays implique de découvrir les différents éléments de sa culture. La maîtrise de tous les codes culturels est parfois le fruit d'un long apprentissage.

Comment cela s'est passé pour vous? Racontez-nous vos expériences du choc culturel en Bolivie, vos anecdotes, que vous ayez vécu un moment drôle ou embarrassant.

Quels sont vos conseils pour vivre en douceur cette transition?

Merci d'avance pour vos témoignages,

Christine

En ce qui me concerne le contact avec la ou plutôt LES cultures de Bolivie s'est très bien passé. Il faut dire que j'arrivais de 10 ans de Canada, pays aseptisé à souhait et où l'ersatz de culture est sous blister, les œuvres artistiques de simples produits commerciaux et où on prie Saint Thétique relais virtuel du dollar déifié. Voir ce pur produit du système qu'est par exemple Céline Dion. Culturellement parlant, ça fait ultra-léger, surtout quand la communication entre les individus a cédé le pas à la publicité mercantile et omniprésente. Bref...
Je dois avouer être culturellement bien plus latin que nord-américain. État d'esprit encore renforcé par une mésaventure canadienne m'ayant guéri du matérialisme forcené. Mais comparons :
Mâchouillant son hamburger insipide, du haut de son "truck" à la calandre arrogante Super Yankee juge la Bolivie sans y avoir mis les pieds. Mais il a "vu à la télé" et tout compris de ce pays qu'il est incapable de situer sur une carte. Un pays pauvre, arriéré. Propos Ô combien rassurants au royaume des automates livides...
En Bolivie, j'ai trouvé des gens engageant facilement le dialogue alors qu'en 10 ans de Québec, je n'ai jamais pu savoir si mes voisins avaient des dents. C'est dire la chaleur de leur sourire...
En Bolivie, on respecte les cheveux blancs. On salue les gens dans la rue. Les banques et autres organismes attribuent des tickets d'attente prioritaires aux personnes de plus de 60 ans. Un colis lourd à charger ? On se précipite pour vous aider... Le jeune assis quittera sa place pour l'offrir à un ancien. C'est vrai que ces attitudes passéistes sont révélatrices d'un pays arriéré, hein ?
En Bolivie, on est très famille. Les liens familiaux sont très serrés. Les anniversaires sont fêtés "comme il se doit", même si le niveau de budget disponible permettrait de qualifier cette cérémonie de déraisonnable. Mais demain n'est-il pas un nouveau jour ? On prend soin des anciens qui restent très entourés. Les enfants sont une richesse, une garantie pour les vieux jours. Et ils assument ce rôle ! Un ami Québécois me disait que ses parents, en maison de retraite à 1500 $ chacun par mois avaient été informés qu'à partir de 90 ans leurs médicaments ne seraient plus pris en charge par l'assurance santé. Après avoir cotisé toute une vie, quelle sympathique nouvelle sonnant comme une euthanasie n'osant pas dire son nom...
En Bolivie on est très musique, parfois même un peu trop. Ça ne s'arrête pratiquement jamais. Toutes les occasions sont bonnes pour faire la fête. Vous êtes invités à une soirée, mais avez des amis avec vous ? Aucun problème ! Emmenez-les et ils seront immédiatement intégrés au groupe. Ici on est fier de recevoir un étranger. Pas d'amateur de sirop d'érable pour vous dire que "si tu es venu ici, c'est parce que tu y es mieux que dans ton pays".
En Bolivie, deux cultures principales existent : celle des Collas ou gens des Andes et celle des Cambas, habitants des llanos. Les uns sont réputés travailleurs et "un peu froids", les autres plus insouciants et fêtards. Peut-on établir une comparaison de ces réputations avec celles attribuées aux anglophones et francophones Canadiens ? A voir...
En Bolivie on est majoritairement de tradition catholique. Beaucoup se signent en passant devant une cathédrale ou une église, en prenant le volant de leur véhicule.
En Bolivie, on est souvent simple. La pauvreté n'y est pas dénuée de noblesse. Une noblesse aux parfums d'Espagne. Somos nobles... On est accueillant, hospitalier et on offre facilement. Plusieurs de nos relations ont toujours une assiette, un repas à offrir à l'indigent de passage.
En Bolivie les gens sont fiers. Fiers d'être Bolivien et s'ils n'hésitent pas à faire état de leur engagement pour tel ou tel parti politique, tous se retrouvent dans le drapeau national. Ici on parle en quechua ou en espagnol, langues du soleil et de la joie de vivre. Très peu anglais, cette langue rhumatismale...
En Bolivie, il y a beaucoup de très petits commerces attestant d'une économie de subsistance. On y fait des horaires "pas possible", attaquant tôt et fermant très tard pour un revenu permettant juste de survivre. Quelques pâlichons gras du bide et aux poches turgescentes de dollars viendront encore discuter les prix, tentant en vain d'obtenir une remise d'un boliviano sur une pacotille et sans se rendre compte que ce faisant, ils ne font que se ridiculiser.
En Bolivie, nous avons un voisin ayant dépassé les 80 ans. Il marche avec difficulté, ne paye pas de mine. "Au nord", désormais non économiquement rentable, il compterait sans doute pour des prunes. Eh bien, ce Monsieur a créé une bibliothèque, peint de nombreuses toiles impressionnistes qu'il commente avec passion. C'est un ami de Pablo Picasso. Parfois nous passons de longues heures à parler. Cet homme anonyme est un puits de culture.
En Bolivie, si on aime beaucoup pousser les sonos à fond, on sait aussi se montrer discret, presque effacé. Les incroyables richesses culturelles, naturelles, humaines ne bénéficient sans doute pas de toute la promotion qu'elles mériteraient. Le passage du "Dakar" fait bouger les lignes et la destination Bolivie est de plus en plus prisée.
Vous l'aurez compris, je n'ai eu aucun problème d'acclimatation culturelle en Bolivie. Je dirai même qu'à une époque de mondialisation où la tendance est au nivèlement général, où tous les efforts n'ont pour but ultime que de gommer toute particularité, la Bolivie reste un pays de caractères.
Exemple de culture locale, j'ai mis en ligne une petite vidéo de la fête de Trinidad, à l'adresse suivante : - youtube.com/watch?v=2mLyVwTPVzs

Bonjour Joel

Merci pour ton message qui remet les choses à leur place.

Carole