Salut,
Je te fais remarquer que même les économistes ne savent expliquer la stagflation qu´après coup. Après la bataille, tout le monde y va de son explication. J´essaye d´anticiper un peu, dans la mesure de mes moyens et de ce que je sais.
Au Brésil, on peut prévoir de graves problèmes dûs à la conjugaison de situations extrêmes, à savoir la hausse du chômage, la réduction des salaires, l´inflation, le manque d´épargne et d´investissement, la réduction significative de la production industrielle, la bulle immobilière, la politique fiscale inadaptée, les infrastructures obsolètes en grande partie et, cerise sur le gâteau, des esclandres politiques + corruption stratosphérique, du jamais vu.
Si tu es d´accord, on a tous les ingrédients pour aller dans le mur, sauf si (comme d´hab.)
Ce qui me rend pessimiste, au fond, ce n´est pas le scénario catastrophique (on va rarement au bout du rouleau) mais l´incapacité des oligarchies pour redresser la barre parce qu´elles s´occupent plus de leurs petites questions de pouvoir (c´est ce qu´affirme l´ex-président Lula) qu´autre chose, or, la situation demande quand-même des réactions rapides en regard de l´urgence du panorama mais, comment obtenir ces résultats quand on sait que l´élite brésilienne, (justement celle qui est aux manettes) ne s´en occupe pas, ils ont déjà, tous, et je pèse mes mots, tous, planqué leur argent ailleurs. Ils sont donc à l´abri, largement, de quelconques besoins (un juge, par exemple, gagne 4 fois ce que gagne son homologue français ou américain, en moyenne, c´est assez surprenant, à priori). Je ne peux pas m´étaler trop sur un sujet tabou ici. Le système est plus pervers qu´on ne le pense, il faut être observateur et avoir quelques années de vécu avant de réaliser l´ampleur des contresens et la raison de nombreux retards..
La question se ramène alors, pour faire dans le simple, à savoir si quelqu´un, l´estomac bien plein et à l´abri du besoin, surtout préoccupé par son pouvoir, est la personne la mieux indiquée pour mener une politique vigoureuse et réaliste quand sa propre réalité se trouve ailleurs, quand la personne est coupée de cette réalité? En fin de compte on assiste à une élite qui a flanqué le pouvoir de la métropole portugaise à la porte pour, justement, s´arroger ces pouvoirs et voler leur part de gâteau. Et ça continue. Brasilia, en dernière instance, s´est constituée comme un pouvoir autonome et colonisateur du reste du pays qui marche à sa botte (Le complotiste Tiradentes s´est fait pendre parce qu´il protestait contre les impôts portugais....maintenant Brasilia impose pratiquement le double mais, c´est la forme qui a changé, c´est "démocratiquement" imposé....à ce régime, logiquement, il devraient rappeler le pouvoir portugais).
Ma réponse sur la reprise est non, pas dans l´absolu, bien sûr, tout est possible, mais, à 90% c´est non, sauf, pour les 10% de chances qui nous restent, qu´arrive un miracle, un soubresaut de lucidité (et aussi parce que le Brésil est très riche, richesses qui ne vont pas disparaître du jour au lendemain)
Pour la petite histoire, je te rappelle que d´un point de vue social et de représentations, dans la société brésilienne, que ça plaise ou pas, on en est encore souvent sous l´empire de Dom Pedro II.On a des gauches qui mènent des politiques de droite et vice-versa, ce qui est typique des pouvoirs centralisateurs, la bouillie politique où personne ne comprend grand´chose (comme en France, d´ailleurs, même si c´est dans une moindre mesure) ce qui fait qu´on se retrouve avec ce qu´il y a de moins adapté à la réalité, des deux bords! On n´a pas retenu le meilleur des deux façons de concevoir le monde, loin de là.
On peut s´étendre à l´infini sur le thème et trouver d´autre opinions (toutes valables, au demeurant) mais, en gros, on a souvent toujours l´impression que les faits, ici sont des amplifications extrêmes de problèmes résiduels rencontrés en Europe. C´est une société truffée de paradoxes mais, tous, trouvent une explication culturelle et historique, par définition.
Finalement, nous avons des éléments qui indiquent un droit chemin vers la récession et des richesses et des potentiels qui vont sûrement tempérer les problèmes, d´où une grande possibilité de faire du "surplace" pendant un bon bout de temps si ça ne pète pas entretemps. Socialement parlant.
Excuse-moi d´avoir fait long, le sujet est complexe, il y a aussi beaucoup de gens qui s´accommodent de ces contradictions et en tirent parti. Donc, on revient au bon vieux sens, même dans une crise profonde, il y a des occasions à saisir.