Possible pour un prof des écoles d être muté en Polynésie ???

Après avoir demandé une dispo pour suivre notre famille suite à la mutation de mon mari en juillet 2012 et en dispo jusqu'en août 2014, je souhaite faire les démarches pour obtenir ma mutation pour rapprochement de conjoint à compter de la rentrée 2014.

Apparement je n'aurai pas droit d'enseigner ici ?...
Cela est il bien normal ? Quels sont les textes ?
Quel démarche suivre ?

Merci pour vos éclairages

Il n'y a de mutations que pour de spécialistes (AIS, conseillers pédagogiques, etc.) sur des contrats à temps, en fonction des besoins. Un peu comme les détachements à l'étranger.

Sur place, tu pourras (peut être) enseigner en recrutement local. Pour cela, suis ton mari après avoir pris une disponibilité.

Oui c'est normal. Les collectivités territoriales (ex TOM) qui ont de plus en plus d'autonomie, gèrent elles mêmes leur système d'enseignement, contrairement aux DOM qui sont administrés à quelques nuances près comme les départements hexagonaux.

Un conseil tactique: si tu pars avec une attitude revendicatrice (ce n'est pas normal, etc.) tu n'a aucune chance de tirer ton épingle du jeu quand en faisant profil même pas bas mais normal, en sollicitant un poste en recrutement local, tu as toutes tes chances.

Merci pour ce conseil.
J entends bien la particularité territoriale...
Toutefois en dernier ressort c est au tribunal administratif de trancher ? 
Et là c est l application des lois de France ni fine me semble t'il?

Toutefois en dernier ressort c'est au tribunal administratif de trancher ?
Et là c est l'application des lois de France ni fine me semble t'il?



Non. Ce que je te dis n'est pas un excès de pouvoir, mais l'application de la loi qui régit l'administration territoriale des collectivités d'outre mer, tout à fait différente des DOM
.

Donc le tribunal administratif tranchera, oui: il te déboutera à tous les coups; la loi prévoit cette clause.

Ce sont des territoires autonomes dont même la monnaie est différente (franc cfp) qui gèrent souverainement leur système éducatif selon des règles fixées par les chambres locales. C'est toute la différence entre les ex TOM et les DOM.

Le pouvoir central français ne s'exerce plus que dans les domaines régaliens: justice, diplomatie, défense nationale.

Si tu étais nommée là-bas, ce ne serait pas selon les règles du mouvement interdépartemental mais sur la base d'un détachement à temps, sur un des postes très ciblés, en fonction des carences dans le recrutement local et d'ailleurs d'année en année il y en a moins (AIS, conseillers pédagogiques).
Ou d'un recrutement local et tu serais pendant ce temps employée du gouvernement territorial. En outre les programmes diffèrent sensiblement (part importante aux langues régionales par exemple)

Note qu'il y a fort peu de pays qui ont un système éducatif centralisé comme le système français: en Allemagne par exemple, on dépend de chaque Land et les salaires comme les conditions d'embauche diffèrent selon chacun d'entre eux.

**

ojericho689 a écrit:

Merci pour ce conseil.
J entends bien la particularité territoriale...
Toutefois en dernier ressort c est au tribunal administratif de trancher ? 
Et là c est l application des lois de France ni fine me semble t'il?


benj77 a raison.

Les fonctionnaires et règles régissant les fonctionnaires "territoriaux", de commune, ou du gouvernement de Polynésie française ne relèvent pas de la compétence de l'administration française, mais directement du gouvernement de la Polynésie Française (a noter qu'en Nouvelle-Calédonie, c'est également le cas). Le tribunal administratif FR ne pourra te dire qu'une seule chose: "ça ne relève pas de ma compétence".

Il existe, comme l'a dit benj77, la possibilité de trouver néanmoins un emploi pour toi sur place:

Un conseil tactique: si tu pars avec une attitude revendicatrice (ce n'est pas normal, etc.) tu n'a aucune chance de tirer ton épingle du jeu quand en faisant profil même pas bas mais normal, en sollicitant un poste en recrutement local, tu as toutes tes chances.


C'est un excellent conseil, mais tout a fait entre nous, si tes écrits ici sont représentatifs de l'image que tu donneras sur ces territoires, c'est, comme on dit, très-très mal barré.

Un conseil moi aussi: Interresse-toi davantage à l'histoire et aux particularités de ces territoires. Cela t'aideras a comprendre pourquoi, en effet, "les lois de la république ne s'y appliquent pas". (en plus, aujourd'hui, avec internet et wikipédia, c'est quand même du tout cuit...)

Je ne connais pas bien la Polynésie, mais pour la NC par exemple, les lois votées en métropoles doivent d'abord repasser devant le congrès de NC qui vote leur application ou non. Et qui peut également proposer et voter des "lois du pays".

Mais beaucoup d'autres choses sont impactées par ces statuts de territoires particulier, et chacun d'entre eux est unique dans son genre ^^ Bonne recherche et lecture!

Tu augmenteras considérablement tes chances en passant le CAFIMF (pour devenir maître formateur)
Ou en acquérant une formation reconnue FLE

Merci pour vos réponses
Je reste toutefois étonné du fonds de votre réponse....
Devrait on renoncer à son emploi ?
Quels sont les textes de référence en la matière ?

ojericho689 a écrit:

Merci pour vos réponses
Je reste toutefois étonné du fonds de votre réponse....
Devrait on renoncer à son emploi ?
Quels sont les textes de référence en la matière ?


On t'as donné quelques indices tout de même.

Ces territoires sont en quelque sorte "en transition". Les textes les régissant sont nombreux et de différentes sortes. Il s'agit, encore une fois, de territoire autonomes, pour bien comprendre, imagine qu'ils sont sur le point d'être indépendants. Donc leur fonction publique spécifique est comme celle d'un état tiers ou quasi. (au moins en partie, car ce sont des situation encore non stabilisées, et en mouvement. Il existe encore des passerelles! Mais rien a voir avec une mutation ^^)

Par exemple, pour la Nouvelle-Calédonie, le principal concernant les fonctionnaires est le suivant:

http://www.juridoc.gouv.nc/juridoc/jdte … G.pdf?open

(remarque le .gouv.nc)

Mais pour le comprendre, il faut le placer dans son contexte: l'accord de Nouméa. Je te laisse chercher.

Pour la Polynésie, va par ici:

http://www.fonction-publique.gov.pf  (remarque le .gov.pf)

http://www.fonction-publique.gov.pf/spip.php?rubrique44

La fonction publique de la Polynésie française dispose d'un statut autonome conformément à la loi organique n° 2004-192 du 27 février 2004 portant statut d'autonomie de la Polynésie française.

A ce titre, les dispositions de l'article 14 de la loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires, ne lui sont pas applicables et aucun poste de la fonction publique de la Polynésie française n'est réservé à la mobilité qu'elles instituent.


Entre nous, le contexte n'est pas non plus des plus favorables en polynésie FR, dans ce domaine:

http://www.tahiti-infos.com/La-Polynesi … 78023.html

Je reste toutefois étonné du fonds de votre réponse....


Deux éléments:

1/ Le gouvernement territorial de Polynésie a par la loi obtenu le droit de recruter ses enseignants. Comme n'importe quelle collectivité territoriale, quoiqu'on puisse en penser, il recrute en fonction des critères qu'il a retenus, et cela vaut pour n'importe quelle entité souveraine. Or dans ce domaine et toujours de par la loi, il l'est devenu (en revanche, pas question pour lui de décider quels gendarmes, policiers ou magistrats y seront mutés, la preuve étant que des magistrats indépendants viennent de condamner lourdement au pénal le chef de l'exécutif local: police, justice, défense, diplomatie demeurent de la compétence de l'Etat)

2/ Cela étant posé (qu'on le regrette ou non, tel n'est pas mon propos), je ne connais pas d'employeur, public ou privé, qui recrutera un demandeur d'emploi arrivant en revendiquant au préalable "ses droits" (surtout quand ils n'existent pas) au lieu de chercher à se vendre au mieux et en restant dans le cadre de la règlementation, en démontrant qu'il apportera un plus.

"Doit-on renoncer à son travail?"


.
Pardon mais ça, c'est typiquement une réflexion de fonctionnaire (je ne crache pas dessus: j'en fus un pendant l'essentiel de ma carrière professionnelle) déconnecté de la réalité du marché de l'emploi, qui une fois qu'il a passé avec succès un concours d'ailleurs souvent difficile et sélectif, a un emploi garanti pour le reste de ses jours et ne sait plus ce que c'est que de devoir convaincre un employeur.

Des millions de gens, en ce moment, "renoncent à travailler" faute d'avoir une offre d'emploi. C'est une réalité que pas mal de fonctionnaires oublient.

Cela vaut même pour des fonctionnaires et je m'explique.

A supposer que ton conjoint ait été muté quelque part dans l'hexagone sur une demande individuelle et pas "en couple" et que par le jeu des permutations intra-départementales tu n'aies pas pu le rejoindre faute d'un capital point suffisant,...

...tu serais exactement dans la même situation: devoir solliciter un poste de contractuel (sans certitude de l'obtenir) en attendant le succès de la permutation, ou prendre une disponibilité et faire autre chose pendant quelques temps.
On ne dégagerait pas un titulaire installé dans le département pour te faire de la place!

Idem. Si ton conjoint était détaché dans une Alliance, on ne virerait pas un autre prof qui donne satisfaction pour t'installer dans la même Alliance.

Dès lors qu'on espère un contrat local assimilé plus ou moins au statut des contractuels, on se retrouve dans la situation de devoir "se vendre", exactement comme dans le secteur privé et si on arrive en posant d'abord des revendications avant de s'enquérir précisément de l'intitulé du poste, des conditions d'exercice et de ce qu'on vous demandera de faire, je ne connais pas d'employeurs qui offrent un contrat de travail dans ces conditions.

Je doute fortement que la Polynésie ait du mal à recruter ses PE (je suis même sûr du contraire: qui ne rêverait d'aller là-bas?).

Donc, les services qui y régissent l'enseignement du premier degré et qui ont des dossiers à choisir dans une grosse pile écarteront ceux qui manifestent un état d'esprit qui donnera à penser que celui-ci ou celle-là vont nous prendre la tête, qui iront jusqu'à remettre en cause le fonctionnement institutionnel de cette collectivité. C'est la démarche de n'importe quel employeur.

D'où mon conseil de faire profil bas.
De chercher à s'intégrer plutôt que de clamer de suite son indignation et poser des revendications qui n'ont pas lieu d'être dans le cadre légal.

Aucun syndicat ne pourra te soutenir dans ce cadre avec un tel état d'esprit, s'ils pourront sans doute appuyer une demande formulée sur un ton conciliant, en insistant sur tes compétences et sur le besoin que tu as de travailler qui peut correspondre à une plus-value pour le territoire (Un emploi, ce n'est pas un secours social: c'est un contrat par lequel le territoire s'engagera à te verser un salaire contre un travail au profit de sa jeunesse, qui correspond à un besoin: si tous les postes sont occupés, on ne va pas en créer un pour toi et a fortiori un poste près de ton conjoint, c'est pas gagné: il y a des tas de petites écoles sur des îlots isolés où le recrutement n'est pas évident (pour comparer: il  est rare que le contractuel récemment embauché en Seine Saint Denis exerce au Raincy ou aux Lilas. En Général c'est plutôt à la Courneuve ou à Aubervilliers)

D'où ma suggestion de préparer le CAFIMF ou un diplôme FLE, parce que dans ces domaines, il y a encore des carences en outre-mer.

Quand je suis arrivé en Guyane, un DOM donc avec le régime des permutations départementales (nb. je m'étais informé avant en détail des avantages et inconvénients) on m'a opposé la règle que j'ai évidemment acceptée du dernier arrivé, dernier servi

En conséquence, j'étais programmé pour aller servir dans les postes isolés sur les fleuves, au contact des villages amérindiens - ce qui me stressait un peu mais m'intéressait néanmoins pour le côté "expérience originale"

Lorsque l'Inspection académique guyanaise a découvert que j'avais le Cafimf (à l'époque: CAEAA), on m'a demandé comme un service de rester près de l'École normale pour y dispenser des sessions de formation, tant ils manquaient de gens qualifiés pour ça à l'époque.

D'où le conseil gratis pro deo que je t'ai fourni.


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J'ajouterai, mais ça c'est du domaine du subjectif, que ces communautés insulaires (les îles, c'est partout un monde très à part) sont au final assez restreintes pour que chacun se connaisse très vite, que les langues se délient et comme partout, davantage les langues de vipères.

Que des réflexions désagréables à l'encontre d'une autorité lui sont très vite rapportées (en général déformées et amplifiées) et que ça finira très vite par pourrir non seulement tes chances d'être recrutée, mais aussi la carrière de ton mari: en outre-mer, il est très facile de rendre la vie impossible à des gens classés à tort ou à raison comme indésirables.

Attention, parce qu'au delà des clichés "vahinés, cocotiers, atolls, soleil et mer toujours chaude etc." la vie ne fait pas de cadeau là-bas.

C'est à nous de nous couler dans le moule, qui ne se déforme pas à notre contact.

Davantage qu'ailleurs, l'obligation de réserve en est une, d'abord par la loi, ensuite par la simple prudence. Ce n'est pas seulement lié à la politique, mais à l'insularité... Phénomène que tout sociologue compétent connaît.

On peut le déplorer, mais c'est ainsi. On ne va pas changer le monde tout seul.


J'ai pour ma part envisagé d'aller servir en Polynésie et si j'ai finalement reculé, c'est parce qu'on ne me proposait qu'un contrat de trois ans. Je ne me voyais pas me réinstaller à l'autre bout du monde pour une durée si courte.

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