Les immigrants sont-ils des laissés pour compte de la société québécoise?
par Gelase Gueneau, consultant, lutte contre la criminalité financière : http://quebec.huffingtonpost.ca/gelase- … 30808.html
« Le Québec a besoin des talents et des compétences des personnes de toutes origines, car leur bagage professionnel est un atout important pour notre développement économique » a affirmé la ministre Kathleen Weil.
« Notre gouvernement souhaite faciliter l'intégration des immigrants sur le marché du travail... » a déclaré le ministre Jean-Marc Fournier.
Dans le même communiqué du 19 juin 2012 tenu par les deux ministres, on peut lire :
« Plusieurs professionnels formés à l'étranger doivent suivre une formation d'appoint ou participer à un stage pour compléter leur profil de compétences et répondre aux normes québécoises d'obtention d'un permis d'exercice d'un ordre professionnel. L'accès à la formation et au stage est une problématique complexe qui fait intervenir plusieurs acteurs. Pourtant, c'est une des conditions de succès de leur projet de vivre au Québec. »
Mais au-delà des discours politiques, le vrai problème n'est-il pas du côté du marché du travail? Les entreprises québécoises sont-elles prêtes à s'ouvrir aux immigrants?
Les immigrants qui viennent au Québec ont pour la plupart des diplômes universitaires et de fortes compétences et qualifications. Dans leur quête d'intégration au marché du travail, ils retournent parfois sur les bancs d'école pour acquérir des diplômes québécois, alors qu'ils détiennent parfois déjà des diplômes équivalents et même plus. Malgré ces diplômes québécois obtenus, ils se retrouvent toujours sans emploi. Pourquoi? La majorité des immigrants que j'ai rencontrés m'ont déclaré « l'expérience québécoise ».
Le Québec crie haut et fort qu'il a besoin des immigrants pour bâtir son économie. À en croire les immigrants qui ont suivi des rencontres dans les délégations du Québec à l'étranger, on dirait que c'est le paradis ici. Comment peut-on avoir des diplômes universitaires étrangers reconnus par le Québec, des diplômes québécois, un doctorat en médecine (le Québec manque de médecins), en ingénierie, en finance, en comptabilité, et être résignés à conduire des taxis, à travailler comme manuvres dans les manufactures?
Comment peut-on, avec un MBA, une Maîtrise du Québec, et plus de 14 ans d'expérience professionnelle, se retrouver sans emploi. Emploi-Québec préconise d'aller chercher un titre québécois ou canadien à l'université, et qu'après les immigrants devraient trouver naturellement un emploi.
« Somme toute, l'emploi des immigrants n'est pas présentement représentatif de l'ensemble de la société québécoise. À regarder la scène politique québécoise, des indices ne permettent pas de penser qu'une amélioration est à potée de main »
Les libéraux et leur chef s'accrochent au pouvoir. Ils n'offrent pas d'idées novatrices sur l'intégration des immigrants sur le marché du travail.
Le Parti québécois ne propose rien de concret pour l'emploi des immigrants et se présente aux élections comme une secte affolée à l'approche du dernier jugement.
La Coalition Avenir Québec (CAQ) manque d'idées pour l'intégration des immigrants sur le marché du travail.
« La priorité de M. Legault, c'est le chômage! », « Si vous posiez la question à Mme Marois, sa priorité sera un référendum. Ce n'est pas l'emploi, ce n'est pas l'économie. » a dit Jean Charest.
Qui trouvera la solution miracle? Pour les immigrants, une élection n'a plus guère de signification.
États généraux
Pour mieux cerner la réalité de l'emploi des immigrants, il va falloir mettre en place des états généraux sur la question. Pour mener à bien cette initiative, il va falloir réunir entre autres, les dirigeants et chefs d'entreprises, les responsables des ressources humaines et les responsables de recrutement dans la fonction publique. Il faut qu'ils nous disent ce qu'est leur perception de l'immigrant et ce que le Québec peut faire pour améliorer la situation de l'emploi des immigrants. Il faut qu'ils nous donnent des recommandations concrètes.
Tout porte à croire, que c'est le principe de management suivant « on embauche ceux qui nous ressemblent », qui est pratiqué par les recruteurs du secteur privé et public.
Le défi qui se pose maintenant est de faire comprendre la nature du problème à l'ensemble des décideurs, de créer un consensus autour d'une action concertée, convaincre de la nécessité de changer de politiques dans un esprit de cohésion sociale et nationale.