Documentaire Francais en Thailande

Bonjour,

Je me presente, je suis journaliste. Je travaille en ce moment sur un projet de documentaire sur les francais qui vont s'installer en Thailande. "La Thailande comme nouvelle Eldorado".
Dans ce cadre, je suis a la recherche de gens qui partent bientot s'y installer. Il s'agirait de suivre quelqu'un un peu avant (les preparatifs, les pots de departs, etc...) et pendant son installation sur place.
Si cela interesse quelqu'un, qu'il n'hesite pas a me contacter.
Je suis preneuse de jolies histoires!

Merci pour votre aide.
Tres cordialement,

Mahaut

~ Message supprimé ~

Malheureusement, par manque de moyens financiers, mon installation n'est pas pour tout de suite, meme si je m'y prepare notamment en faisant construire ma maison là bas.

Bonjour Mahaut,

J'ai 58 ans. Il y a 10 ans, ma vie était quelque peu décousue. Je sortais de déconvenues sentimentales et je vivais seul depuis 12 ans, ne sachant quoi faire de mon existence.  Par chance, j'avais un emploi stable qui me permettait de surnager. Un jour, dans le journal local, j'ai vu une publicité pour le parrainage d'enfant en Thailande. La bouille de la petite fille m'a émue et j'ai décidé de donner suite. Quelque temps plus tard, j'ai recu un dossier avec une carte de la Thailande et la photo d'un petit garçon. Le gamin vivait dans le pays Isan, et , mon soutien devait lui permettre d'aller à l'école, qui,là-bas, était payante. Ma participation était en partie déductible des impôts.
Mais, ce qui m'a décidé, ce fut que l'association me donnait la possibilité, à mes frais, d'aller en Thailande, pour me rendre compte à quoi servait mon engagement. Sur place, un membre de l'organisation me servirait de guide, dans la mesure du possible. La chose était quand même présentée comme une sorte d'aventure. Je me suis rendu dans une agence de voyage et, tout excité, je me suis lancé dans les préparatifs de mon voyage. J'ai donc pris un voyage organisé. J'ai négocié avec le vendeur une condition particulière. Le groupe devait rentrer de Chiang Mai sur Pattaya et y passer deux jours. Moi, je voulais aller à Ubon Ratchathani, puis rejoindre le groupe à Bangkok pour prendre l'avion de retour. Après maintes recommandations, du style :"si vous ratez l'avion, on ne vous attendra pas, vous n'aurez pas de remboursement et les frais supplémentaires seront à votre charge", j'ai signé une décharge.
Les rares amis que j'avais à cette époque m'ont traité d'inconscient, etc...
Le jour dit, me voilà à l'aéroportde Marseille avec mon sac à dos. Arrivé sans encombre jusqu'à Ubon Ratchathani, me voilà en quête de mon correspondant. Personne !
      Pour la première fois de ma vie, je prends un touk-touk qui m'amène à l'hôtel que j'avais loué par l'intermédiaire de l'agence de voyages. J'avais pris la précaution d'emporter moults documents. J'ai contacté L'association à Paris, qui m'a donné le numéro de téléphone de mon contact en Thailande.
Il m'a répondu qu'il n'était pas au courant de ma venue et que, habitant à 500 km de là et étant en famille, il ne pouvait pas venir. J'étais catastrophé. Avoir fait 10 000 km pour rien... Au téléphone, il a senti mon désarroi. Alors il m'a fait une proposition. Dans tous les hôtels de Thailande, le personnel parle Anglais. Il m'a proposé de me rendre à la réception et de demander une carte de la région. Il y avait une gare d'autobus où l'un d'entre eux se rendait dans le petit village où vivait mon petit bonhomme. Et me voilà parti.
En fait d'anglais, le réceptionniste avait dû l'apprendre je ne sais où. Par contre, j'ai bien obtenu la carte. La aussi, bonjour le document. Absolument pas aux normes. Selon l'endroit de la carte, un cm valait 100m ou 1 km. Desespéré, j'ai pris mon appareil photo et arpenté les rues de Ubon. Passant devant un magasin Kodak, je me suis dit que là, ils devaient parler anglais. Bernique ! J'allais partir quand une jolie jeune femme essaya de me parler. Entre son accent et mon anglais somme toute un peu primaire, elle se saisit de ma carte et me fait comprendre de lui montrer ma destination. Voyant que je ne comprenais pas, elle me prit par la main et nous sortîmes du magasin. Elle me fit asseoir sur le porte-bagage de son deux-roux et nous voilà parti je ne sais où. En fait, elle m'avait conduit à la gare des bus. Elle est montée dans le bus qui se rend à Phosai et à interpeller les passagers en Thai. Une femme s'est approchée, m'a invité à la suivre et s'est assise à côté de moi. Elle parlait anglais et je comprenais. Ouf sauvé ! La jolie femme qui m'a aidé est repartie avec forces démonstrations de gentillesse et le bus a démarrer. Mon nouveau guide commença à m'entretenir. Elle voulait tout savoir. Pourquoi je me rendais dans ce coin perdu, mon nom, tout quoi.
Alors, j'ai sorti mes papiers. L'association, la photo de l'école, celle du gamin...Je voyais qu'elle était perplexe. Après plusieurs tentatives de tourner autour du pot, elle a fini par me demander si j'étais pédophile. Pas directement, non, mais avec beaucoup de tact et me faisant sentir son inquiétude. Quand elle a été un tant soi peu rassurée, elle m'a avoué qu'elle était prof de math dans l'école du gamin. J'étais ravi.
Arrivé à l'école, elle m'a présenté au responsable. De nouveau, séance d'investigation. après ça, il m'a appris que l'école était fermée pour cause de fête, suite à la fin de la saison des pluies. Devant ma figure triste, il m'a dit que tous les enfants de l'école habitaient dans les petits villages alentours. Il a dit qu'une des filles de l'école savait probablement où mon jeune protégé devait loger. Dés le renseignement obtenu, nous voilà partis. Nous l'avons trouvé trés vite.
La prof de math m'a présenté au chef du village et a demandé à la jeune fille d'aller quérir Tongchai, mon filleul. Quand je l'ai vu, des larmes me sont venues. Les gens qui étaient là avaient l'air émus de me voir dans cet état. Ceux qui avaient l'air d'avoir de l'autorité demandèrent à Tongchai de s'asseoir à côté de moi. Je n'osais pas bouger. Avant de partir de France, j'avais acheté le guide lonely planet qui m'avait appris beaucoup de choses et, en particulier que les Thailandais évitaient les contacts physiques. Moi qui suis complètement à l'opposé, j'étais frustré. Nous nous sommes assis sur une espèce de table basse immense, et on m'a offert un verre d'eau fraîche. Pas du luxe avec la chaleur qui régnait. Après quelques palabres, la prof de math me dit que la famille de Tongchai m'invitait à passer la nuit dans leur maison. Devant mon air indécis, elle me dit que c'était un grand honneur et que refuser risquai de les froisser. Elle me dit que la jeune écolière qui nous avait accompagné, resterait avec moi pour m'aider, me guider. Aucune crainte à avoir, elle parlait anglais. Elle nepouvait pas rester, mais dit me confier au chef du village qui assumerait mon retour à l'école. Toujours aussi inconscient, je me suis laissé aller. Un intense moment de bonheur a commencé.
En fait, la jeune écolière ne parlait pas anglais mieux que moi.
J'avais emporté un dictionnaire Français anglais et elle en possédai un anglais-Thai. Le Jeu commença. A chaque phrase, chaque mot incompris, nous lançaient dans des recherches ponctuées de sourires puis de rires. C'est quand elle m'a annoncé qu'elle ne resterait pas avec moi dans la maison de Tongchai que j'ai paniqué. Comment se conduire sans commettre d'impairs. Et là, j'ai une la meilleure idée du jour. J'ai fait venir Tongchai et j'ai démandé à l'écolière de lui expliquer qu'une fois seul avec sa famille, je ferais exactement la même chose que lui. Et là, le meilleur moment de mon voyage.
Il m'a emmené chez lui. Il m'a donné une serviette éponge, un tube de dentifrice et une brosse à dents. Il s'est déshabillé, s'est enroulé dans la serviette et à retiré son slip. A chaque chose qu'il faisait, il attendait que je le copie. Il me regardait avec un sourire amusé. Quand nous fûmes prêts, il m'entraîna vers l'extérieur. Il s'approcha d'une grande jarre et en sortit une sorte de gamelle en plastique. Il se versa le contenu du récipient sur la tête et s'approcha de moi. L'eau était glacée. Ensuite, il versa du shampoing sur mes cheveux et en fit autant. A ce moment, j'ai entendu une explosion de rires.
Quand Tongchai m'a rincé, j'ai vu sur une espèce de barrière d'enclos, pratiquement la totalité des gens du village, complètement hilares à la vue du farang en train de prendre son premier bain Thai. Que voulez-vous que je fasse, j'ai ri aussi.
La coquine écolière, voyant que je me préparai à prendre le bain, était allée ameuter tout le village pour assister au spectacle. Finalement, sur décision du chef du village, j'ai passé la nuit dans sa maison en compagnie de Tongchai. Je me suis réveillé plusieurs fois dans la nuit et je l'ai vu qui me regardait dormir. Le lendemain, J'ai demandé à ma jeune traductrice, toujours à coups de dictionnaire, de dire à Tongchai que je voulais lui faire un cadeau avant de repartir. Après maints refus de politesse, il a choisi une bicyclette pour aller à l'école. Le chef du village nous a accompagné chez le vendeur, conseillant à Tongchai de ne pas choisir le plus cher mais le plus utile à son futur usage. Quand je l'ai vu partir avec vers le village, il avait l'air fier comme s'il avait le tour de France. Dans l'après-midi, on organisa mon départ. Les larmes me sont revenues. Tous les gens que j'avis connus, de l'école au village, étaient venus. Le chef avisa un camion qui se rendait dans la même direction que moi. Sauf que, à la moitié du chemin, il a décidé de changer son itinéraire. Il s'est à un carrefour, et m'a confié à deux policiers de la route. Là aussi, angoisse. Il faisait nuit et personne ne parlait anglais. Les policiers se sont mis à arrêter toutes les voitures jusqu'à ce qu'ils en trouvent une qui aille au bon endroit. C'était un pick-up avec plusieurs personnes à l'arrière. Ils m'ont embarqué et nous sommes partis. Pendant le voyage, les passagers essaient de me parler en Thai. Parmi eux, il y avait un adolescent. Il essayait avec peine de baragouiner quelques mots dans un anglais que je ne ciomprenais pas. Nous étions allongés sur des pomélos.
Ils ont commencé à en éplucher quelques uns, glissant des quartiers dans ma bouche. A l'époque, j'étais habillé en short à cause de la chaleur. Je l'ai compris plus tard, mais l'ado, fasciné par ma peau blanche, avait posé ses mains sur mes cuisses et commençait à s'aventurer plus loin sous mon short. L'idée est passée dans mon esprit que peut-être j'allais passer à la casserole, mais tout s'est bien passé. Arrivés à Ubon Ratchathani, ils se sont arrêtés devant un magasin et m'ont invité à les suivre. Ils ont acheté une bouteille d'alcool et m'ont fait comprendre que c'était le prix du voyage. Après ça, ils m'ont raccompagné jusqu'à mon hôtel, me laissant la tête pleine de souvenirs d'une joie immense. Le lendemain, j'ai repris l'avion pour Bangkok avec un sentiment de vide immense. Une fois de retour à Marseille, un cafard énorme m'a pris et j'ai décidé que, à la première occasion j'y retournerai. Et je l'ai fait.
Voilà Mahaut, le récit de mon premier voyage. Je suis retourné en Thailande plusieurs fois, seul. Je pense que le seul récit qui puisse vous intéresser est celui où j'ai rencontré mon épouse. S'il vous intéresse, faites-le moi savoir et je vous l'enverrai. Paisony