Travailler au Japon

Chiba
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Actualisé 2022-10-21 12:24

On la prend parfois pour une extension de Tokyo. Son intégration au Grand Tokyo a contribué à entretenir le flou. Mais Chiba, capitale de la préfecture éponyme, est un pilier économique du Japon. Quels sont ses secteurs les plus attractifs ? Comment trouver un emploi à Chiba ?

Cartographie de Chiba

Chiba signifie littéralement « mille-feuilles ». Derrière ce nom, une préfecture, collée à Tokyo, la capitale, et une ville, chef-lieu de la préfecture du même nom. La préfecture de Chiba compte 6 arrondissements : Chûô-ku (littéralement « le centre »), Hanamigawa-ku, Inage-ku, Midori-ku, Mihama-ku et Wakaba-ku. La majorité des habitants se concentre dans la ville de Chiba. Selon le Bureau des statistiques du Japon, 974 951 personnes habitent Chiba en 2020. En deuxième position, l'arrondissement de Chûô, avec à peine 211 736 habitants. Vient ensuite Hanamigawa (177 328), Inage (160 582), Mihama (148 944), Wakaba (146 940) et Midori (129 421 habitants).

Répartition de la population

La majorité de la population est japonaise (97%), et a entre 30 et 70 ans. Les 40-60 sont d'ailleurs majoritaires (145 195 habitants entre 40 et 49 ans, 133 301 entre 50 et 59 ans). Les 70-79 ans représentent le 3e groupe majoritaire, avec 133 301 habitants. Les trentenaires dépassent à peine les 100 000 habitants. Au Japon, le vieillissement de la population se voit dans les chiffres et s'observe au quotidien. (chiffres : Bureau des statistiques du Japon)

Habiter à Chiba

La ville s'étend sur 271,8km², pour une densité de population de près de 3600 habitants au km². C'est beaucoup. La capitale de la préfecture a pour elle le dynamisme économique, en partie lié à sa proximité avec Tokyo. C'est aussi à Chiba que se trouve l'aéroport de Narita. Les touristes pensent souvent débarquer à Tokyo, alors qu'ils atterrissent à Narita, ville de la préfecture de Chiba (pour atterrir à Tokyo, il faut choisir l'aéroport de Haneda). Mais Chiba n'a pas vocation à rester dans l'ombre de la tentaculaire capitale. Les autorités locales vantent ses atouts, à commencer par sa position géographique. Pour les étrangers en recherche d'emploi dans la ville (le présent guide se concentre sur la ville de Chiba), choisir Chiba offre plusieurs avantages : la vie y est moins chère qu'à Tokyo, et les opportunités d'emploi laissent envisager de belles perspectives de carrière.

L'économie de Chiba

Selon les chiffres officiels, l'économie de Chiba pèse plus de 3,9 milliards de yens, faisant de la ville un poids lourd économique. Le Bureau des statistiques du ministère des Affaires intérieures et des Communications recense plus de 30 000 entreprises siégeant dans la ville. Chiba a mis en place un système de subvention pour faciliter l'implantation de nouvelles entreprises sur son territoire (achat de nouvelles usines, de nouveaux immeubles de bureaux, de locaux à usage professionnel…). Ces aides touchent aussi bien les entreprises que les travailleurs. En fonction du montant investi par la société pour s'implanter à Chiba, la ville peut couvrir les frais de taxes jusqu'à 500 millions de yens pendant 5 ans. Elle peut aussi dégager une enveloppe de 500 000 yens pour tout travailleur qui vient s'installer à Chiba ou qui y vit déjà.

Avec ces aides et ces programmes incitatifs, l'objectif de Chiba est simple est clair : devenir une « Silicon Valley » japonaise. Pour cela, elle peut également compter sur ses 3 hubs : « Chiba city center », « Makuhari new city center » et « Soga sub urban ».

Chiba city center

Le Chiba city center (centre-ville de Chiba) rassemble des entreprises du monde de l'information et des communications, du commerce, et du business (management, finance).

Makuhari new city center

Le Makuhari new city center mise sur l'innovation et « l'esprit international ». Il offre tout une gamme de services pour faciliter la vie aux entreprises. Il capitalise sur son expertise pointue en matière d'échanges commerciaux. Apprécié des touristes comme des entrepreneurs, le Makuhari a été conçu pour être une nouvelle place forte du commerce international.

Soga sub urban

Le Soga sub urban propose un écosystème dans l'esprit startups : résidences, parcs… Il évolue également dans les sphères du commerce et du business.

Les secteurs qui recrutent

L'industrie

Dézoom sur la préfecture de Chiba : portée par sa locomotive Chiba (la ville), la préfecture est dans le top 10 des plus grosses industries du pays. Ses principaux pôles de compétence sont l'industrie chimique, l'industrie pétrolière, et l'industrie de l'acier. À elles seules, elles produisent plus de 50 % de la richesse de la préfecture.

Le commerce et la vente

Avec l'industrie, le tertiaire est l'autre poids lourd de l'économie de la préfecture. C'est surtout à Chiba ville que ça bouge, avec les hubs ultramodernes accès sur le commerce. Confère l'impressionnant centre commercial et de loisirs Makuhari mall AEON. Il se partage la vedette avec le Mitsui outlet park makuhari, le Harbor city soga ou le Chiba PARCO. Précisions que PARCO est un géant de la mode, avec des magasins présents partout au Japon. AEON, est une holding, mastodonte de la vente. La marque possède des conveniences strores (magasins ouverts 24h/24, des pharmacies, des super et hypermarchés, des centres commerciaux… Son siège. AEON est aussi un symbole de réussite : son siège social, l'AEON Tower, se situe à Chiba ville.

L'agriculture et la pêche

On l'appelle le programme « retour au rural ». L'expérience, impulsée par le gouvernement, visait à réinvestir les campagnes. Entre 2012 et 2019, près de 600 municipalités tentent l'aventure, parmi lesquelles la préfecture de Chiba. Le secteur agricole et piscicole est l'autre pilier de l'économie. En effet, la préfecture de Chiba est l'une de celles qui comptent le plus de terres agricoles. À côté, Tokyo est l'une des plus grandes consommatrices de légumes, fruits et poissons. Encore une fois, la position géographique de Chiba (dans la baie de Tokyo) contribue au dynamisme du secteur agricole et piscicole.

Les grandes entreprises de Chiba

Un peu comme pour Yokohama, Chiba profite de sa position géographique avantageuse pour attirer les entreprises. La préfecture a pour elle Narita et son aéroport international. La ville a ses hubs ouverts à l'international, comme Makuhari new city. Les poids lourds du pays investissent eux aussi Chiba.

Entreprises liées à l'aéroport de Narita

Nouveau dézoom sur Narita, l'une des portes d'entrée pour arriver au Japon. La ville compte de nombreuses entreprises liées à l'industrie de l'aviation, à commencer par Narita international airport. D'autres entreprises locales profitent du rayonnement de Narita : Prologis, GLP Japan, Nippon express company, Kinetsu world express etc. Les agences immobilières, hôtelières et de restauration profitent aussi de « l'effet Narita ».

Entreprise du milieu médical

Toujours dans la préfecture, Arcturus Therapeutics, société américaine de fabrication de médicament ARNmessagers, vient de décider de s'implanter à Kashiwa, ville de la préfecture de Chiba. La production devrait commencer dès l'année prochaine. Arjuna Therapeutics, société espagnole qui développe des traitements contre les cancers réfractaires, s'est elle aussi installée à Kashiwa, l'an dernier.

Alimentaire

Retour à Chiba ville. Parmi les grandes entreprises, on retrouve Kikkoman, mondialement connu pour ses sauces soja. D'autres grandes entreprises locales sont également présentes, comme Yamasa Corporation, Ishii Food ou Japan Foods.

Toutes ces implantations d'entreprises sont autant de perspectives de carrière pour les étrangers. En 2020, l'entreprise américaine Kinetic Technologies, spécialisée dans la production de semi-conducteurs (matériaux ô combien rares depuis la Covid), s'est installée à Chiba ville.

Chiba, l'économie du partage

Les autorités locales en sont persuadées : allier nature et économie est possible. La préfecture de Chiba veut en être la preuve, avec ses larges paysages de campagne et ses zones urbaines. Poids lourds de l'agriculture et de l'industrie, la préfecture cultive sa singularité. Les deux secteurs ont besoin l'un de l'autre, et peuvent s'entraider. L'innovation vient au secours de l'agriculture, qui elle-même nourrit l'innovation. Cet esprit est également présent à Chiba, résumé dans le terme « économie du partage ».

Chiba, ville du partage

Confronté à la baisse de la natalité, comme le reste du Japon, la ville de Chiba décide de devenir une « ville du partage » et d'investir pour que les équipements et espaces urbains soient accessibles à tous. En 2017, elle obtient la certification officielle de la Sharing Economy Association Japan. Le concept de partage vise à créer un cercle vertueux entre l'économique, la préservation de la nature et le vivre ensemble. Sur ce principe, la ville de Chiba a mené 3 projets d'envergure ; des projets qui améliorent la qualité de vie tout en contribuant à la création d'emplois.

Les 3 projets « écologiques-économiques » de Chiba

Le premier projet concerne toute la préfecture, en particulier les arrondissements de Wakaba et Midori, où la nature et l'agriculture sont très présentes. Le projet a créé des « zones spéciales » dédiées au tourisme vert et à l'hébergement des visiteurs. Objectifs : promouvoir l'économie régionale, et concilier agriculture et économie.

Côté transports, la ville de Chiba a repensé ses infrastructures pour allouer plus d'espace aux vélos. Le projet, nommé « ShareCycle », a commencé avec un test sur 110 vélos en 2018, positionnés de la gare de Chiba à la gare JR Kaihim Makuhari. L'opération est un succès, passant, la même année, à une utilisation mensuelle de 15 000 vélos.

Toujours dans la ville de Chiba, le 3e projet, « Chiba report » (contracté en Chiba Repo) met à contribution tous les habitants. Ils peuvent, via une appli dédiée, faire remonter tous les problèmes qu'ils constatent. Encore une fois, l'objectif est d'améliorer l'accessibilité pour tous.

Bilan de l'économie du partage

Toutes ces initiatives ont un impact positif sur l'économie. De nouvelles entreprises s'implantent grâce aux nouveaux projets. Chiba Repo mobilise développeurs et ingénieurs. ShareCycle fait travailler constructeurs et réparateurs de vélos. Les zones spéciales boostent le tourisme écoresponsable et soutiennent l'économie locale. Pour les expatriés, ce sont autant de débouchés professionnels à étudier.

Type d'emploi recherché en fonction de sa situation

Avant de vous lancer dans la recherche d'emploi, posez-vous les bonnes questions :

Quelle est votre situation professionnelle ? Avez-vous un visa étudiant, un permis vacances travail (PVT) ? Postulez-vous depuis votre pays ?

Quelle est votre situation personnelle ? Êtes-vous célibataire ? Marié ? En couple ? Avec ou sans enfant ? Que pensent votre famille et vos proches de votre projet d'expatriation ?

A priori, vous venez au Japon pour une longue durée (plus de 90 jours). Quel type d'emploi recherchez-vous ? En effet, vous ne recherchez pas de la même manière selon l'emploi que vous visez. Votre visa limitera également vos recherches. En visa étudiant ou PVT, vous ne pouvez travailler que 28h/semaine, avec interdiction de travailler dans le milieu de la nuit.

Baito, petit boulot

Si l'expression « on trouve un baito à tous les coins de rue » est moins vraie à présent, surtout depuis la Covid, les offres de jobs sont nombreuses. Restauration, auberges de jeunesse (sharhouses), cafés, restaurants… pas besoin d'être qualifié ni d'avoir un haut diplôme. Parfois, on ne vous demandera même pas de bien parler japonais. En clair, on est moins exigeant avec vous, car vous êtes facilement interchangeable. Gardez cependant à l'esprit qu'aucune entreprise ne vous sponsorisera pour un baito. C'est trop d'investissement pour un retour sur investissement nul. De plus, apprenez tout de même le japonais. Vous aurez accès à de meilleures offres et serez plus à l'aise au travail, surtout si l'entreprise est japonaise.

Emploi à durée indéterminé (contrat de seishain)

C'est ce type d'emploi que l'entreprise sponsorise. C'est ce que recherchent les nombreux étrangers qui veulent travailler au Japon. Le contrat de seishain est bien plus difficile à obtenir que le job. Les conditions d'entrée sont, elles aussi, plus strictes. En plus d'avoir les bons diplômes et d'être compétent, il faut avoir réussi le Japanese Language Proficiency Test/JLPT (Nihongo Nôryoku Shiken). Les entreprises exigent un niveau 2 (N2) qui correspond à un niveau intermédiaire avancé. De plus en plus d'entreprises demandent un niveau 1 (niveau bilingue).

Comment chercher du travail à Chiba ?

Sites Internet généralistes, spécialisés, candidatures spontanées, réseaux sociaux, associations japonaises et internationales… Activez tous les canaux pour votre recherche d'emploi. Sans surprise, vous obtiendrez davantage de résultats si vous cherchez en japonais. D'où l'importance de maîtriser la langue. L'anglais est, bien entendu un avantage professionnel, mais le japonais est indispensable. C'est la langue nationale du pays. L'apprendre prouve votre motivation et votre volonté de vous intégrer.

Chiba VS Tokyo

Ne vaut-il pas mieux privilégier Tokyo ? Capitale oblige, Tokyo a certainement plus d'offres d'emploi. On pourrait aussi opter pour la migration pendulaire, profiter des loyers moins chers de Chiba et des salaires potentiellement plus élevés de Tokyo. En train rapide, la gare de Chiba n'est qu'à 40 minutes de la gare de Tokyo. C'est effectivement un calcul qui se tient. De nombreux étrangers craignent de ne pas trouver de travail s'ils s'éloignent de la capitale. Une crainte renforcée depuis la Covid. Mais vous pouvez parier sur Chiba, surtout si vous avez de solides compétences dans les pôles qui portent l'économie de la région

Travailler à Chiba : les conseils en plus

Patience et courage seront vos alliés. De nombreux étrangers rêvent de vivre et travailler au Japon. Soyez organisé, et commencez vos démarches tôt. Par exemple, si vous êtes en PVT au Japon, n'attendez pas la fin de votre visa pour chercher du travail.

Évitez de mentionner votre rêve d'immigrer au Japon dans votre dossier PVT. Ce visa ne dure qu'un, avec obligation de quitter le territoire. Montrez que vous avez compris l'esprit du visa et rédigez un programme équilibré. Une fois sur place, vous serez libre de chercher du travail. Si vous en trouvez un, n'oubliez pas que vous êtes limité à 28h/semaine.

Liens utiles

Site de la préfecture de Chiba (en anglais)

Ville de Chiba (page en anglais)

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