Élections présidentielles : des résultats bien différents pour les Français de l'étranger

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Publié le 2017-04-25 à 14:00 par Veedushi
Le résultat du second tour des élections présidentielles met en lumière le fossé qui s'est progressivement creusé, ces dernières années, entre les Français bénéficiant des effets positifs de la mondialisation, vivant principalement dans les zones urbaines, et ceux mis à l'écart de cette transformation sociale et économique majeure. Ce visage de deux France que tout oppose, pour reprendre l'expression en vogue dans les médias Français, ne se retrouve pas chez les Français de l'étranger, habituels et fidèles soutiens des personnalités politiques de centre droit.

Le premier tour des élections ne fait pas exception à la règle : comme anticipé par les résultats de notre sondage réalisé fin mars auprès de 1 900 expatriés, Emmanuel Macron est arrivé en tête, suivi par François Fillon et Jean-Luc Mélanchon. L'ampleur du score réalisé par M. Macron était néanmoins inattendue. Ce dernier a en effet recueilli près de 40% des suffrages, un véritable plébiscite pour une personnalité qui, à l'exception de son voyage en Algérie, ne s'est pourtant pas beaucoup exprimé auprès des 1,2 million de Français de l'étranger, inscrits sur les listes électorales.

Arrivé second, avec 26% des suffrages, François Fillon avait au contraire courtisé cet électorat très spécifique, au point d'envoyer fréquemment des courriels aux Français inscrits sur les listes électorales. Las, cet engagement n'aura pas suffi, puisque le leader des Républicains ne s'est pas qualifié pour le second tour.

Avec 15.8% des suffrages exprimés en sa faveur, Jean-Luc Mélenchon aura fait moins bien que dans l'hexagone. En incluant les votes en faveur de M. Hamon, la gauche n'aura recueilli que l'approbation d'un Français de l'étranger sur cinq.

La grande perdante est toutefois Marine Le Pen, qui n'a obtenu que 6,5% des voix des Français de l'étranger. Les intentions de vote en sa faveur fin mars étaient alors de 15%. La leader du Front National ne part donc pas favorite pour le second tour auprès des expatriés français, pour qui le mélange des cultures, l'intégration, la mondialisation ou encore la liberté de circulation se vivent au quotidien.

Reste que la participation est restée faible à l'étranger : 55% des inscrits sont allés voter, un chiffre certes en nette hausse par rapport à 2007, mais bien inférieur aux intentions exprimées lors de notre sondage, qui montrait que 70% des Français de l'étranger comptaient voter au premier tour. Le nombre restreint de bureaux de vote ouverts à l'étranger aurait-il découragé de nombreux Français à effectuer leur devoir de citoyen ? Selon les données de service-public.fr, 866 bureaux de vote étaient ouverts au premier tour, soit 1 bureau de vote pour 1390 inscrits, contre 1 bureau pour 800 à 1000 électeurs dans l'hexagone, d'après le site vie-publique.fr. Un écart relativement acceptable, lorsque l'on prend en compte les problématique logistiques propre à l'organisation des élections à l'étranger. Néanmoins, les longues heures passées dans la file d'attente à Montréal et Londres notamment ont certainement joué sur la motivation de nombreux votants…

Capitale après capitale, l'effet Macron ne se dément pas

Si, à l'heure actuelle, la plupart des ambassades n'ont pas encore publié les résultats du premier tour, nous possédons déjà les informations pour quelques grandes villes. Londres, sans surprise, a voté massivement en faveur de l'europhile Emmanuel Macron, ce qui contraste fortement avec l'ambiance europhobe dominant outre-manche. Les Français ont ainsi accordé 51.4% des suffrages à M. Macron, contre 2.81% à Madame Le Pen. A Sydney, l'écart se resserre, avec 43% des votes en faveur d'Emmanuel Macron, contre 8% pour Madame Le Pen. A Berlin également, le soutien à Emmanuel Macron était important (55.4%, contre 3.3%).

Les prochains jours permettront de dresser une cartographie plus fine du vote des Français de l'étranger. Favorable à un Frexit, à une limitation de l'immigration et à un contrôle strict des frontières, Marine Le Pen devra ces deux prochaines semaines trouver les mots pour convaincre les Français de l'étranger, pour le moins sceptiques vis-à-vis de son programme, et ainsi espérer renverser le rapport de force avec son rival.