Sur la plage de Saint-Pierre La Mer, le 10 avril 2016, la joie sur les visages de Simon Lamusse et Louka Pitot se lit alors qu'ils montent sur le podium. Les deux Mauriciens viennent de finir respectivement deuxième et premier de la dernière coupe du monde junior de freestyle de kite surf. Ces derniers temps, ce sport où l'on est tiré par une voile afin de "rider" sur l'eau gagne de plus en plus de popularité, tout comme les autres sports de glisse. Si Tony Hawk, Kelly Slater ou encore Shaun White sont des noms qui vous semblent familier, n'en soyez pas surpris. Ils appartiennent aux rois du skateboard, du surf et du snowboard.
Depuis plusieurs décennies, ces sports sont de plus en plus populaires dans leur pratique et l'imaginaire social, et se sont répandus aux quatre coins du globe. Qui n'a jamais rêvé de pouvoir surfer à Hawaï, de dévaler la montagne en snow ou bien de côtoyer les plus grands skateurs de la côte californienne ? Ces sports fascinent, attirent et poussent à passer du statut de simple spectateur à pratiquant. Le kitesurf ne fait pas office d'exception. Né dans les années 90, ce sport est de plus en plus à la mode et s'intègre dans le coeur et les pratiques des dirigeants et entrepreneurs.
Ravi Le Rochus s'est installé à Maurice en février 2014. Ce Français de 35 ans y a très vite trouvé son bonheur, en particulier grâce au kitesurf, ce qui lui a donné l'envie d'entreprendre. Il vient de créer son application mobile et site internet, qui regroupe tous les professionnels du kitesurf à Maurice et qui offre une plateforme où le Mauricien comme le touriste trouvera les meilleures informations. Il explique à Expat.com l'univers du kite surf mauricien, son ambition en tant que créateur et pourquoi l'île permet une expatriation alliant entrepreneuriat et sport de glisse.
La réputation des spots mauriciens n'est plus à faire, d'autant plus lorsqu'il s'agit de lieux paradisiaques et culturellement forts : " Le meilleur spot pour apprendre et pour kiter, c'est le Morne, parce que c'est une question de configuration géographique. C'est une langue de terre qui s'avance et qui est parfaitement orientée par rapport au vent. En plus, le Morne a l'avantage d'être bien dégagé, avec une très grande plage, et la montagne est classée au patrimoine mondial de l'UNESCO ".
Beaucoup de professionnels viennent à Maurice pour pratiquer, et Ravi décide lui aussi de se lancer dans ce sport. Il se met donc à côtoyer ce milieu et se rend compte du large panel d'initiés. " En apprenant à kiter, j'observais un peu autour de moi les profils des personnes qui prenaient des cours, et je suis parti d'un constat très simple : c'est un sport qui attire énormément de touristes. En terme d'âge, le kite surfeur a minimum 25 ans, et tu peux kiter jusqu'à 60 ans, cependant la grosse tranche d'âge c'est 25-45. Pour l'instant, il y a plus d'hommes que de femmes qui pratiquent, mais la tendance est en train de s'inverser, le kite explose de plus en plus auprès de la gente féminine. Avec l'évolution du matériel et des mesures de sécurité, c'est maintenant un sport accessible à tous " .
A contrario du surf, aussi praticable à l'Île Maurice dans la baie de Tamarin, le kite surf ne nécessite pas une condition physique parfaite. " Regarder quelqu'un kiter, cela donne envie de faire pareil, comme le ski ou le surf. Mais en comparaison, le ski est très localisé et le surf c'est très dur. Le kite au contraire c'est très simple, c'est du wind sport. Le surf, c'est tellement sportif que si tu ne l'es pas c'est impossible. Avec le kite surf on peut voir des gens de tout âge, de tout sexe faire du kite car ce sport ne nécessite pas de force, tu es juste tracté par le vent. "
Cependant, Ravi indique bien que le kite surf reste un sport coûteux. En raison du matériel qu'il nécessite, il s'élève à un coût supérieur à d'autres sports de glisse nautique. " Le coût de ce sport crée un business juteux, il y a maintenant des kitecamp qui existent. Dans ceux-ci, un professionnel vient donner des cours à des dirigeants d'entreprises, et cela fonctionne très bien puisque des dirigeants de grands groupes viennent dans ces kitecamp. C'est un sport extrême, totalement écologique, qui se pratique dans des lieux paradisiaques ". Le profil des dirigeants et entrepreneurs d'aujourd'hui a changé, le kitesurf attire les générations plus jeunes, qui "véhicule du fun, avec des notions plus éthiques de sport outdoor, qui ne pollue pas, qui est en communion avec les éléments, en terme d'image, c'est excellent pour un entrepreneur". La pratique de ce sport a notamment été mise en avant par Richard Branson, le PDG de Virgin, qui en 2012 a traversé la Manche en kite surf.
Mais au travers de son application, Ravi souhaite également rendre la pratique accessible au plus grand nombre. " Je ne me suis pas forcément mis sur ce segment, sur la niche des entrepreneurs, parce-que j'ai une approche plus démocratique, j'aimerais que ce sport devienne accessible à tous même ceux qui ont moins de moyens. Le problème est qu'un cours de kite coûte cher, donc ce n'est réservé qu'à une petite frange de la population, c'est tout de même dommage alors que l'on est dans le pays considéré comme la Mecque du kite ". Un des buts premiers de la plateforme de Ravi est donc de parvenir à rendre les prix plus abordables, trouver les cours les moins chers, afin d'élargir le cercle d'initiés.
Si l'on a envie de découvrir un nouveau sport tout en démarrant son business ou pour travailler à l'étranger, Maurice est l'endroit idéal. Ravi ne dira pas le contraire : "Il y a un vivier d'opportunités, Maurice est un formidable terrain de développement. On a l'avantage d'avoir un confort quasi européen et une qualité de vie incroyable. C'est parfait pour un entrepreneur ".
