Sandrine à Denver : « Je trouve qu'il y a beaucoup de personnes ici avec le coeur sur la main ! »

Interviews d'expatriés
Publié le 2016-10-07 à 00:00 par Veedushi
Sandrine vient de Pau, dans le Sud-ouest de la France. Elle vit à Denver depuis plus de 3 années après avoir séjourné en Espagne, en Italie et en Allemagne. A présent, elle s'occupe à plein-temps de son bébé de 7 mois. Elle nous relate son quotidien de jeune maman expatriée au travers de cette interview.

D'où viens-tu, Sandrine, et que fais-tu actuellement ?

Je vient de Pau, dans le Sud-ouest de la France (la région du foi gras). Je trouvais cette ville bien sympathique, mais trop petite ! A l'âge de 20 ans, j'ai donc fait mes valises et je suis partie vivre à Séville, dans le Sud de l'Espagne (la région du flamenco, des taureaux et des coups de soleil) grâce au programme Erasmus. Je ne suis jamais retournée à Pau après cela (sauf pour les vacances... ça va de soit !). Après 5 ans (et une crise économique très brutale qui a touché l'Espagne), j'ai quitté à contrecœur cette ville andalouse qui restera à jamais dans mon cœur (oui je sais, c'est dramatique...). Par la suite, je me suis envolée pour l'Italie d'abord, puis pour l'Allemagne ou j'ai enseigné le français et l'espagnol.

A présent aux États-Unis, je travaille nuit et jour, le week-end compris, pour mon petit chef qui s'appelle Alexandre (alias Chouchou ou le pleurnichouilleur quand il m'énerve). Il a 7 mois, deux petites dents, et il porte des couches-culottes... Bref, je suis maman à temps plein. Son papa, lui, est Allemand, mais je l'ai rencontré ici aux États-Unis. Il travaille à temps plein aussi, mais pour un chef un peu plus grand et avec plus de dents.

Comment t'es-tu retrouvée aux États-Unis ?

Durant mon périple européen, j'ai rencontré un Américain. Et voilà ! Nous avons décidé ensemble de partir pour les États-Unis. Comme j'aime bien l'aventure et que je ne me plaisais pas vraiment en Allemagne (les gens sont très sérieux, et moi un peu moins), j'ai trouvé que c'était une bonne idée. Puis, nous avons divorcé et j'ai décidé de rester, parce qu'après tout j'avais un boulot et plein de copains ! Puis, j'ai rencontré un Allemand (un peu sérieux oui, mais pas trop non plus) et nous avons eu un bébé américain. (C'est bon, vous suivez là ?)

Comment s'est passée ton installation ?

Super bien ! J'ai tout de suite adoré ! Le Colorado est très ensoleillé, même en hiver, et les gens sont très sympathiques. Et puis, j'ai trouvé du travail très facilement.

Sandrine à Denver

Depuis combien de temps t'y es-tu installé ?

Ça fait maintenant plus de 3 ans que j'y suis (et j'y reste).

Quelles étaient les procédures à suivre pour qu'une citoyenne française s'expatrie aux États-Unis ?

Ouh la ! C'était bien compliqué ! J ai demandé un visa de fiancé K1 (les démarches en Allemagne ont duré 9 mois). Puis, je me suis mariée avec ledit Américain, ensuite j'ai obtenu une carte verte provisoire. Pour compliquer le tout, j'ai divorcé, puis j'ai demandé une carte verte définitive, et je l'ai eue !

As-tu éprouvé des difficultés à franchir ces étapes ?

Je dirais que non, puisque j'ai tout obtenu dans un délai relativement raisonnable, mais par contre ça a été très stressant ! 9 mois de préparation en Allemagne avec un avocat qui n'a servi à rien à part à encaisser des honoraires, puis une demande de carte verte définitive qui s'est faite alors que j'avais divorcé. Bref, j'ai eu des sueurs froides à n'en plus finir ! Mais je dirais que globalement, obtenir sa carte verte c'est comme passer le bac. On stresse toute l'année pour rien puisqu'au final, ce n'est pas grand chose et on l'obtient facilement.

As-tu eu des difficultés d'adaptation à ton nouvel environnement ?

Pas du tout ! Ils me sont arrivées des aventures incroyables en raison des différences culturelles, mais je dirais que globalement je me suis bien amusée ! J'ai aussi été aidée et soutenue moralement par beaucoup de gens ici.

Qu'est-ce qui t'as le plus surpris à ton arrivée aux États-Unis ?

Sandrine à Denver

La taille du four à micro-ondes et du papier essuie-tout dans la cuisine, la quantité de SDF dans les rues, la qualité du service dans les restos, et un peu partout, la sympathie des gens et toute l'aide qu'ils mont apporté sans contrepartie, la taille des portions au resto, et j'en passe...

Quelles sont les particularités du marché de l'emploi ? Est-il facile pour un expatrié d'y être embauché ?

Il est facile de trouver un emploi aux États-Unis, mais il est vrai qu'il est beaucoup plus facile de se faire embauché si on a des références, c'est-à-dire, des amis ou des collègues de travail. Il y a plus d'opportunités qu'en Europe et on gagne plus d'argent, mais il faut aussi beaucoup bosser et sacrifier pas mal de son temps libre pour arriver à quelque chose.

As-tu eu des difficultés à rechercher un logement ? Quels sont les types de logements qui y sont disponibles ?

Moi, je n'ai pas eu de problème, mais Denver est en train de devenir hors de prix ! Après, je trouve qu'il y a beaucoup de logements disponibles et, l'expulsion des locataires indélicats étant beaucoup plus facile qu'en Europe, les garanties demandées par le propriétaire sont bien moindres. Du coup, il ny' a pas de problème pour ceux qui arrivent et veulent se loger.

Que penses-tu du mode de vie des Américains ?

Cela dépend de qui on parle. Je dirais quand même, globalement, que ce sont de grands bosseurs ! Tout tourne autour de leur travail et de l'argent qu'ils gagnent. Ils font plein d'heures supplémentaires, ou ils enchaînent deux ou trois boulots à la suite. Les femmes enceintes travaillent jusqu'au dernier jour de grossesse (d'où l'incompréhension de mes collègues lorsque j'ai pris toutes mes vacances pour rester à la maison alors que j'étais enceinte de 8 mois : « What ? Mais il n'y a pas de baby encore ! »). Ensuite, ils s'achètent des maisons surdimentionnées, de gros 4x4, et ne mettent que très peu d'argent de côté (pour ne pas dire pas du tout).

Une idée reçue qui s'est avérée fausse ?

Je pensais que les Américains étaient très patriotes. Il y en a qui le sont, mais la plupart des jeunes admirent l'Europe et son système social (il n'y a qu'à voir l'engouement pour Bernie Sanders). Je suis parfois sidérée de voir à quel point certains détestent leur pays et leur culture qu'ils tournent sans arrêt en dérision. C'est moi, toute Française que je suis, qui dois les convaincre que quand même, les États-Unis se sont pas non plus si mal que ça.

A quoi ressemble ton quotidien à Denver ?

Sandrine à Denver

Quand je suis arrivée, je travaillais dans le centre-ville à deux pas de chez moi. Je faisais donc mes petites 8h de travail par jour, puis je me changeais et je partais faire la bamboula avec mes nombreux amis. Je n'avais ni voiture, ni soucis, et je vivais un peu à l'européenne. Ensuite, j'ai trouvé un travail mieux payé, mais à perpète les oies et dans une grosse boite. Je travaillais 10h par jour, le week-end inclus, sans compter le temps de trajet. C'était super stressant ! Bref, je vivais à l'américaine. Maintenant que je ne « travaille » plus, je passe mes journées à courir derrière mon chouchou. Bref je vis à l'... Je vis, quoi !

Que fais-tu pendant ton temps libre ?

Ce que je faisais beaucoup quand j'avais du temps libre, c'était les groupes de langue. Il y en a plusieurs qui se réunissent régulièrement. C'est très sympa et on rencontre plein de gens intéressants ! Après, au Colorado, il y a la montagne. Moi, ce n'est pas mon truc, mais pour ceux qui aiment le ski et la rando, c'est le paradis !

Qu'est-ce qui te plaît le plus aux États-Unis ?

Les gens, je dirais. Ils sont très sympas, très détendus, et toujours très positifs. Il y a énormément de gens qui m'ont aidé tout au long de mon expatriation. On m'a aidé à trouver du travail, à déménager, à faire mes papiers pour la carte verte, à allaiter mon bébé... Bref, je trouve qu'il y a beaucoup de personnes ici avec le cœur sur la main !

Qu'est-ce qui te manque le plus par rapport à la France ?

Les boulangeries, les petites rues (ici, la plupart sont de grosses avenues avec beaucoup de voitures), les belles villes et les beaux villages, l'histoire, les gens qui râlent... Ah non, ça ne me manque pas !

Un évènement particulier que tu as vécu aux États-Unis et que tu voudrais partager ?

Sandrine à Denver

J'en ai pas mal sur mon blog ! Le plus marquant, pour moi, a été ma grossesse et la venue de mon bébé (of course !), aussi parce que j'ai été confrontée pour la première fois au système de santé américain. Cela m'a pris pas mal de temps pour le comprendre !

Quel est ton avis sur le coût de la vie à Denver et aux États-Unis en général ?

Denver est beaucoup moins chère que New York ou San Francisco, mais à mon avis cela ne vas pas durer. Les vêtements, les bouquins et la « malbouffe » sont vraiment pas chers. Par contre l'immobilier, les études et les bons produits agricoles sont devenus inaccessibles au commun des mortels. Il faut se dépêcher de vivre ici avant que toute la côte ouest ne débarque et fasse grimper les prix !

Qu'est-ce qui t'as motivée à écrire ton blog « M'expatrier aux USA? Yes, I can!... well...maybe... » ?

Et bien, disons que depuis que je me suis expatriée, à chaque fois que je rentrais en France on me demandait : « Alors, c'est comment la bas ? ». Il m'arrive tellement de choses en si peu de temps que je ne sais jamais par où commencer et donc quoi répondre. Du coup, je me suis dis que je pourrais écrire un blog pour raconter mes aventures, mais sur le ton de la rigolade comme je le ferais en les racontant à des amis ou à la famille.

Des conseils aux personnes qui souhaiteraient s'expatrier aux États-Unis ?

Si les personnes arrivent à s'expatrier (ce qui n'a rien d'évident..), je leur conseillerai de bien profiter de l'aventure et de s'amuser au maximum ! Je pourrai bien sur leur donner plein de bon conseils, mais je crois que les petits tracas, les bourdes et les incompréhensions font aussi le charme de l'expatriation ! (Bon, et puis les États-Unis, ce n'est pas l'Afrique, donc il ne faut pas non plus trop s'inquiéter !)

Tes projets d'avenir ?

Pour l'instant, un deuxième bébé dans pas trop longtemps, et puis peut-être un emploi à temps partiel dans l'édition ou la traduction (français, espagnol, anglais). Et puis, je me vois bien vivre plein de nouvelles aventures que je ne manquerai pas de raconter sur mon blog.

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