Le Canada : s'expatrier pour entreprendre

Vie pratique
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Publié le 2016-08-26 à 14:00
Plus jeunes, plus diplômés, les Français s'expatrient de plus plus afin de réussir professionnellement. Rencontre avec Didier Grolleau, entrepreneur français au Québec.

Lorsque l'on dépasse le cliché du caribou ou encore du hockey sur glace, on s'aperçoit que les grandes villes du Canada, Montréal, Toronto et Vancouver en tête, sont une niche à startup et un concentré d'innovation sociale et technologique. Dixième puissance économique mondiale, le Canada est depuis longtemps une terre de référence pour ceux qui veulent entreprendre à l'étranger. Les Français expatriés sont nombreux à avoir cédé à la tentation de s'installer au Canada, particulièrement les jeunes diplômés (1). Les raisons du départ sont nombreuses, mais la plupart du temps elles découlent d'une envie de s'épanouir professionnellement à l'étranger.

Le pays à la feuille d'érable attire d'autant plus ces français que la région de Québec, région en forte demande de main d'oeuvre, est francophone. Certaines entreprises québécoises n'hésitent pas à mettre les bouchées doubles pour attirer les talents étrangers : les « Journées Québec », qui se déroulent deux fois par an à paris, depuis 2008, offrent en moyenne 600 postes par événement, et permettent à plus d'une vingtaine d'entreprises québecoises de rencontrer directement des candidats. Ces journées ont déjà fait venir 1 500 travailleurs européens, dont la plupart sont issus de l'Hexagone. D'autres candidats au départ, tels que Didier Grolleau, entrepreneur français à Québec, choisissent de se lancer, seuls, dans l'aventure.

Didier Grolleau

L'attirance de Didier pour le pays à la feuille d'érable a commencé très tôt : « J'étais jeune adolescent en 1976, et un de mes voisins du même âge est allé chez sa tante à Rimouski, pour ensuite aller voir les JO de Montréal. A son retour, il m'en a parlé avec grand enthousiasme, m'a fait voir de nombreuse photos... Mon rêve de partir au Québec est né ».

En 2005, Didier a l'opportunité de quitter Paris, lorsque l'un de ses collaborateur lui a demandé une disponibilité pour immigrer au Québec, et en juillet 2006, il s'envole avec femme et enfants. « Je dirais que nous avons cédé pour la qualité de vie, l'éducation des enfants. Nous voulions aussi faire l'expérience des conditions extrêmes qu'offre ici Dame Nature et découvrir les grands espaces. Nous ne sommes pas déçus par notre choix, surtout que nous avons été accueilli par des gens extrêmement sympathiques et chaleureux. ».

Les pieds posés de l'autre côté de l'Atlantique, Didier commence les démarches pour créer son entreprise. « Il est tout à fait aisé de créer son entreprise. Tout dépend si l'on doit monter un plan d'affaires, là c'est un peu plus long et un peu plus coûteux car il faut enregistrer l'incorporation auprès d'un notaire ou d'un avocat. Il faut s'enregistrer aussi au registraire des entreprises et aux impôts. Rien de bien compliqué à faire cependant. Comparativement à la France, il y a beaucoup moins de contraintes. Il faut aussi prendre en considération que l'imposition pour les entreprises est très légère comparée à la France, de l'ordre de 9% ».

Property canadienne

Depuis janvier 2008, Didier est courtier immobilier à son compte, et vend sur un espace qui englobe tout la province du Québec. Travailleur indépendant, il a dû batailler dur pour s'intégrer dans l'économie canadienne. « J'ai beaucoup travaillé pour me démarquer. Rien que dans le secteur de la Capitale Nationale (Québec ville et alentours), on compte plus de 1 200 courtiers immobiliers. Il faut prendre son bâton de pèlerin et aller à la rencontre des gens. Le réseautage, qu'il soit social ou professionnel est un atout majeur et un incontournable si on veut y arriver ». Maintenant bien installé dans la mécanique économique canadienne, Didier souhaite conseiller les futurs arrivants francophones. « Il faut sans cesse se remettre en question, tenir ses connaissances à jour. Il faut toujours être présent sur les réseaux sociaux, surtout professionnels en ce qui nous concerne. Il faut être irréprochable, car comme partout, les choses ainsi que les relations évoluent en permanence, et à un rythme toujours plus rapide ».

Le Canada est un pays d'accueil et d'opportunités professionnelles nombreuses et facilitées. Selon les prévisions d'Emploi Québec, au cours des cinq prochaines années, près de 700 000 emplois seront vacants, dont 20% seront occupés par la future population immigrante. Mais attention, comme le dit sagement Didier : « A nous de nous adapter pour rester dans la course. Nous sommes en Amérique du Nord ! ».

(1) : en 2013, 41% des expatriés français avaient un niveau Bac +5)