Lee Van Dowski :« Genève est une ville très agréable »

Interviews d'expatriés
Publié le 2013-05-01 à 22:00 par Expat.com team
Renaud Lewandowski, alias Lee Van Dowski, est l'un des trois Français du crew Cadenza (avec Cesar Merveille et Technasia). Ami de Luciano, c'est depuis Genève qu'il pilote un parcours sans faute passé par des labels comme Mobilee, Rekids, Wagon Repair, Soma ou BPitch.

Comment t'es-tu retrouvé à Genève ?

Je suis originaire de Vaison-la-Romaine au nord d'Avignon. J'y ai toujours habité, sauf deux ans, entre 14 et 16 ans, pendant lesquels j'ai suivi mes parents en Guadeloupe. De retour à Vaison, j'ai découvert la techno par les raves, les soirées Dragonball. J'ai commencé à mixer un peu. Puis, j'ai voulu faire une école d'ingénieur du son. J'étais intéressé par le son et j'ai pensé que cela me donnerait des bonnes bases car je voulais produire de la musique électronique. L'école que j'ai repérée, la SAE, avait une antenne à Paris et une autre à Genève. Comme je ne supporte pas Paris, je suis parti à Genève. C'était en 1999, j'avais 22 ans.

T'es-tu rapidement intégré à la scène techno locale ?

Pendant les trois ans de l'école, j'ai commencé à me connecter à la scène genevoise. Puis, j'ai travaillé dans un magasin d'instruments. C'était le repère des producteurs électro car nous vendions des machines vintage, des boîtes à rythmes, des synthés. J'y ai rencontré plein de monde. Et en même temps, j'ai commencé à me constituer mon propre studio d'enregistrement.

C'est à cette époque que tu as rencontré Luciano ?

Exactement ! Et nous ne nous sommes plus quittés (rires). J'étais là au tout début de l'aventure Cadenza. J'ai quand même signé le troisième maxi, le Cadenza 03 ! Et je fais toujours partie du crew Cadenza / Vagabundos, du label et de l'agence de booking. Cela fait dix ans maintenant.

Mais tu as sorti aussi des maxis sur d'autres labels.

Je suis assez versatile dans mes productions et mes morceaux ne collent pas toujours musicalement à l'image de Cadenza. Alors j'ai signé des titres sur d'autres labels comme Mobilee, Rekids, Wagon Repair, Soma ou BPitch.

Qu'est-ce que tu aimes à Genève ?

La qualité de vie est incomparable. C'est une ville chère. Cela reste la Suisse. Mais la qualité de vie, cela n'a pas de prix. La ville, qui n'est pas très grande, est très agréable. Il y a le lac Léman bien sûr, avec ses plages l'été. Et l'hiver, les stations de ski sont à moins de 50 kilomètres. C'est une ville géniale quand on a des enfants. Et j'en ai deux, des jumeaux de 8 ans. D'ailleurs, Luciano est revenu vivre à Genève. Après plusieurs années à Berlin, il a fini par rentrer en Suisse? mais je crois qu'il veut s'installer maintenant à Barcelone?

Quels sont les quartiers que tu préfères à Genève ?

Les Pâquis. C'est le « red district » de Genève. Le quartier chaud avec les dealers et les putes. C'est le quartier le plus vivant en soirée avec ses bars. Sinon, j'aime bien Plainpalais, avec sa grande place. C'est vers l'Ecole de médecine.

Quels sont les clubs où tu aimes bien mixer ou aller boire un verre ?

Il y a le Weetamix bien sûr. C'est le plus vieux club techno de Suisse. Il a été créé en 1994 et son patron, Dimitri, est l'un de mes meilleurs amis. C'est un club légendaire. Il ne fait que 400 places mais il est connecté avec tout le monde et de nombreux DJ's qui y sont passés il y a longtemps quand ils étaient peu connus y reviennent toujours, par amitié. Comme Luciano. J'y joue toujours deux ou trois fois par an. Sinon, il y a des tout petits clubs dans le centre comme le Silencio ou le Motel Campo avec une très bonne programmation. Pour les concerts, il y a L'Usine, avec plusieurs salles dont le Zoo où il y a des soirées électro.

Côté disquaires, où aimes-tu t'approvisionner ?

Depuis la fermeture de la boutique Mental Groove, il n'y a plus vraiment de disquaires qui m'intéressent à Genève. Et puis, j'ai complètement arrêté le vinyle il y a deux ans après avoir perdu deux flycases et des disques incroyables dedans.

Quelle langue parles-tu à Genève finalement ?

Français ! C'est l'avantage. 70% des Genevois parlent français. Ce qui est cool, c'est qu'à Genève, on ne me considère plus comme un Français. Et pourtant, je ne suis pas Suisse !

Tu laisses traîner un peu tes fins de phrases en parlant. Tu as un peu d'accent en fait !

J'ai pris un peu d'accent, c'est vrai. Mais j'aime la France. C'est mon pays !

Pourtant, tu es peu connu en France et tu y joues rarement.

Je ne suis plus considéré comme un DJ français. Cela fait trop longtemps que je suis en Suisse. Chaque année, sur 80 dates, je dois venir mixer en France, seulement deux ou trois fois? Les pays où je vais le plus souvent pour mixer sont l'Espagne et l'Italie. Et en Roumanie aussi. C'est dans ce pays que j'ai le plus de fans sur Facebook !

Question d'actualité : est-ce que tu as un compte bancaire en Suisse ?

Euh? Oui (rires). J'en ai même deux ! (rires)

En quoi ton expérience suisse a-t-elle marqué ta musique ?

J'ai vraiment fait de la musique à partir du moment où je me suis installé à Genève. J'avais seulement 22 ans. Donc, cela a nécessairement influencé ma musique. Et puis, il y a toutes les personnes que j'ai rencontrées en Suisse. Lucien a été une grande rencontre de ma vie et je fais partie de ce microcosme électro de Genève. Je suis pote avec tout le monde et j'aime bien jouer chez moi.

Est-ce qu'il y a des choses que tu regrettes de la France ?

Surtout, je regrette cette époque, où j'avais entre 16 et 22 ans et que j'allais dans les raves en France, dans les fêtes en plein air. C'était une époque bénie pour la musique électronique. Il fallait chercher les lieux en pleine nature et en pleine nuit. Il y avait une ambiance particulière. Le goût de l'interdit. Cela donnait beaucoup de charme. Je suis nostalgique des années nonante? euh? 90 (rires). Quand je retourne dans ce sud de la France de mon adolescence, je me sens encore chez moi? En fait, j'ai deux chez moi !

Qu'est-ce que tu aimes chez les Suisses ?

Ce sont des gens très ouverts et très sympathiques. Je me suis rapidement senti comme chez moi à Genève. Et puis, ma femme est Suisse. Si nous nous marions, je demande la double nationalité sur mon passeport. C'est sûr.

Et qu'est-ce que tu détestes chez les Suisses ?

Les Suisses sont super chauvins et ils nous reprochent' notre chauvinisme. Ils sont protectionnistes et la Suisse est un pays un peu fermé. Mais Genève est une ville frontalière donc nous vivons tous ensemble sans problèmes. D'ailleurs, pour les Suisses, Genève, c'est un peu déjà la France.

Tu as un agenda chargé pour les mois à venir ?

J'ai plusieurs maxis qui sortent avant l'été. Le EP The Exodus sur Cabin Fever, le label vinyle de Rekids. Un autre maxi que je partage avec Luciano sur Cadenza. Nous avons fait chacun un remix d'un morceau incroyable, signé Martin Rebelski, qui était le générique d'un documentaire. J'ai aussi un projet de maxi sur Mobilee et, pour le plus long terme, un projet d'album avec un chanteur guitariste de Genève. Et puis, cet été, bien sûr, j'ai des bookings sur les soirées Vagabundos de Cadenza !

soundcloud.com/lee-van-dowski
twitter.com/LeeVanDowski

Interview réalisée par Olivier Pernot / Trax Magazine
Crédits photos: © aDee / photoadeected.ch

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