Elizabeth à Maurice : « Il y a des gens passionnés, qui ont des projets, qui avancent »

Interviews d'expatriés
Publié le 2016-08-04 à 00:00 par Expat.com team
Elizabeth a grandi à Montréal, au Canada. Après plusieurs expériences d'expatriation en Allemagne, Suède et Afrique du Sud, elle s'est installée à Maurice en juillet 2015. Rencontre avec une passionnée d'entreprenariat et de découvertes...

D'où viens-tu Elizabeth ?

Je viens de Montréal au Canada. J'ai grandi là-bas jusqu'à l'âge de 18 ans, avec le goût du voyage. Ma famille est un vrai mélange de cultures et d'origines et comme certains membres ont vécu à l'étranger, j'ai commencé à voyager très jeune.

Peux-tu nous en dire plus sur tes premières expériences d'expatriation ?

A 18 ans, je suis partie dans le cadre de mes études à Berlin, pour un échange étudiant. Je vivais dans une famille allemande, ce qui m'a donné une réelle expérience de la vie locale, en vivant avec la famille, en ayant un cadre au niveau des normes et des habitudes. J'ai lié de très bonnes amitiés lors de mon séjour d'un an si bien qu'à mon retour à Montréal, j'ai décidé de m'investir un peu plus dans la communauté expatriée.
Peu après, j'ai eu l'opportunité d'étudier en Suède, à Lund dans le Sud du pays. J'ai ainsi pu côtoyer la vie des étudiants internationaux tout en étant proche de la communauté étudiante locale car là où je vivais, il n'y avait que des étudiants suédois. Certains étaient là pour de longues périodes donc c'était réellement leur « chez eux ». Nous avions une vraie vie communautaire, que je n'aurais pas eue en vivant avec d'autres étudiants internationaux comme moi. C'était une très belle expérience.
Je suis ensuite retournée à Montréal puis avant de terminer mes études, je suis partie pour Johannesburg pour 3 ans. J'ai eu l'occasion de travailler dans des milieux panafricains, dans le milieu des start-ups et de l'entreprenariat.

Pourquoi as-tu choisi de venir à Maurice ?

Le boulot de mon conjoint a été transféré de Johannesburg à Maurice et j'y suis arrivée en juillet dernier. Ici, les choses bougent vraiment dans le monde de l'entrepreneuriat. C'est suite à différentes rencontres que j'ai fait la connaissance d'ENL qui souhaitait lancer un projet d'incubateur. La vision m'intéressait énormément. J'ai vu leurs bonnes intentions derrière ce projet en plus de la vision nouvelle par rapport aux projets qui existaient déjà à Maurice.

Quel est ce projet sur lequel tu travailles ?

La Turbine est un incubateur d'entreprises qui apporte un soutien aux entrepreneurs à différents stades de développement. On propose entre autres du coaching, un espace de travail, l'accès aux réseaux et au financement. Le rôle du coach est celui d'un « sounding board » ; l'entrepreneur peut lui poser toutes ses questions. Le coach est le partisan numéro 1 de la start-up sans en faire partie. Il guide, il réfléchit aux options possibles, il aide la start-up à prendre des décisions informées.
Ce projet est ouvert à tous : Mauriciens et expatriés, à condition que les expatriés répondent aux conditions légales pour vivre et travailler à Maurice. Cela permet ainsi d'avoir des perspectives différentes, chacun apprend ainsi l'un de l'autre.

Comment déterminer si un projet de création d'entreprise/start-up a du potentiel ?

À la Turbine, nous recherchons d'abord le fait qu'il y ait une équipe qui porte le projet : sans cela, le projet sera difficile à mettre en œuvre. Une équipe, c'est un minimum de 2 personnes, pour équilibrer la prise de décision ; cela démontre des valeurs positives pour le développement d'un projet.
Un bon projet tient aussi à son idée. Il faut présenter quelque chose de novateur, c'est-à-dire quelque chose qui n'existe pas à Maurice ou dans le monde, ou quelque chose qui existe déjà mais avec une nouvelle perspective. Il faut aussi penser à une idée qui puisse au minimum être lancée dans la région et pas uniquement à Maurice. C'est en effet l'une des forces de Maurice : son ouverture sur la région. Les projets doivent faire rayonner le potentiel entrepreneurial de l'île.

Revenons à ton parcours d'expatriée. Comment s'est passée ton installation à Maurice ?

J'ai eu la chance de venir non seulement avec mon conjoint mais aussi avec son entreprise. Parmi les membres de son entreprise, nombreux d'entre eux sont des amis. C'est donc toute une partie de notre cercle à Johannesburg qui a déménagé avec nous. Le choc est moins important car l'on est entouré de personnes qui vivent la même chose. C'est la première fois que je vivais une expatriation de ce type !
Cela peut aussi vouloir dire qu'on se tourne plus lentement vers l'extérieur - c'est un confort. C'est pour cela que j'ai essayé de rencontrer d'autres personnes sur place ayant les mêmes intérêts que moi, les mêmes passions. J'ai vu ainsi que Maurice n'est pas qu'une belle île; il y a des gens passionnés, qui ont des projets, qui avancent.

Justement, comment fait-on pour rencontrer du monde quand on arrive à l'Ile Maurice ?

Je n'en suis pas à ma première expérience d'expatriation. Donc pour ne pas perdre de temps, j'ai été assez directe. J'ai cherché les coordonnées des personnes qui m'intéressaient et je les ai contactées pour leur demander de me rencontrer. Cela n'a pas marché à tous les coups mais cela m'a permis de rencontrer des personnes, qui à leur tour m'ont mis en relation avec leurs contacts. Ce n'est pas une méthode simple, mais en tant qu'expat, on n'a rien à perdre. Démontrer de l'intérêt, cela crée du lien avec les gens.
Sinon pour rencontrer du monde, il y a aussi des groupes d'expats pour boire un verre, faire du sport... Mais je suis plus du style électron libre.

Qu'est-ce que tu apprécies le plus à l'Ile Maurice ?

La possibilité de changer d'environnement très rapidement. On peut changer d'environnement sur le plan géographique : être en haut du Pouce, au Morne au bord de la mer avec les kite-surfeurs, à Port Louis où les gens vivent, travaillent, ont une raison bien précise d'être là, à Ebène dans un milieu d'affaires... La différence est aussi mentale ou comportementale : à Port Louis, les gens marchent plus vite qu'à Tamarin !
A l'étranger, Maurice est perçu comme le paradis sur terre, comme une carte postale en 2D. Malheureusement, ce stéréotype exclut la vie de tous les jours, les groupes sociaux et les opportunités de découvrir toute une panoplie de d'activités qui ne sont pas liées à la plage !

A quoi ressemble ton quotidien ?

Réveil, petit-déjeuner, départ pour le travail qui se situe à 30 minutes de chez moi. Pendant la journée, je rencontre des entrepreneurs, j'échange avec des partenaires et j'essaie de discuter avec le plus d'acteurs possible qui pourraient appuyer les start-ups à Maurice. Entre le monde corporate et la start-up, il y a aussi un pont à créer pour encourager le dialogue et la collaboration.
À la fin de chaque journée, mon plaisir c'est de prendre la route des montagnes et de voir le soleil se coucher sur la vallée. Peu importe comment ma journée s'est déroulée, c'est toujours un plaisir de se changer les idées avec cette vue.

Que penses-tu du mode vie à Maurice ?

Il est difficile de parler d'un mode de vie, je pense qu'il y en a plusieurs. Il y a ceux qui ont un environnement familial très important et qui détermine leur mode de vie ; ceux qui ont une maison la semaine et un campement le week-end. Chacun peut avoir son propre rythme.

As-tu eu des difficultés d'adaptation ?

Je m'adapte doucement. Lire les journaux aide beaucoup, surtout à Maurice où la presse occupe une place importante. On en apprend ainsi énormément sur les mentalités, les valeurs et les modes de vie du pays.
Je me sens encore étrangère, pas mauricienne, mais le plus important n'est pas de le devenir, mais de comprendre ce que ça peut signifier de l'être.

Quels conseils donnerais-tu à celles et ceux qui veulent venir vivre à l'Ile Maurice ?

D'avoir en leur possession tous les documents légaux nécessaires (identité, scolarité, etc.), tout ce qui peut exister sur leur identité et leur parcours et d'apporter les originaux de ces documents ! Une fois que vous avez cela, tout devrait bien se passer !

Quels sont tes projets pour les prochaines années ?

Je n'y pense pas vraiment pour le moment. J'ai des bonnes raisons d'être là : je préfère m'engager à 100% dans ces bonnes raisons. Le projet sur lequel je travaille me motive énormément et j'ai hâte de voir où il pourra me mener...

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