Bruno Simonin : « Buenos Aires est la plus européenne des villes d'Amérique latine »

Interviews d'expatriés
Publié le 2016-04-28 à 05:00 par Expat.com team
Bruno Simonin a passé sa vie à enseigner et promouvoir la langue française à l'étranger. Parti en tant qu'instituteur en Roumanie dans les années 80, il est, depuis 2012, responsable de l'Alliance Française de Buenos Aires.

Pouvez-vous nous présenter brièvement votre parcours professionnel ?

J'étais instituteur à l'origine, en France, en Roumanie puis au Mexique, à Guadalajara plus précisément où j'ai aussi découvert l'Alliance française, comme professeur de français langue étrangère. J'ai ensuite eu la chance d'être choisi pour diriger 7 Alliances dans 6 pays différents (Pérou, Maroc, Mexique, Portugal, Colombie et Argentine). J'ai également travaillé plusieurs années à Paris, à l'AEFE, l'agence pour l'enseignement français l'étranger, dans les années 90 et à la Fondation Alliance française dans les années 2000.

Pour quelle raison avez-vous souhaité partir en expatriation ?

Ma première expatriation, en 1981, fut pour moi un moyen de ne pas effectuer mon service militaire, qui était obligatoire à l'époque. J'ai donc demandé à partir à l'étranger en coopération pour effectuer un service civil et ai été affecté 2 ans à l'école française de Bucarest. Par la suite, mon désir de découvertes a été plus fort que l'appel de la mère patrie. J'ai donc décidé de continuer à vivre quelques années de plus à l'étranger.

Pourquoi avoir choisi l'Argentine ?

Tout directeur d'Alliance rêve, je crois, de diriger un jour cette belle, importante et attrayante Alliance française de Buenos Aires. En tout cas, c'était mon rêve. Et il est devenu réalité à la fin de mon parcours professionnel lorsque j'ai obtenu, selon l'expression consacrée, mon bâton de maréchal...
Aujourd'hui, je conseillerais à toute personne souhaitant une expérience à l'étranger de venir en Argentine. Le pays est plus ouvert sur l'extérieur. Davantage d'opportunités vont voir le jour dans le secteur privé. Les visas « vacance-travail » facilitent l'emploi sur place pendant un an ; nous faisons souvent appel à eux, notamment les étudiants et les jeunes professionnels. Ceux qui nous rejoignent à l'Alliance y vivent une expérience fabuleuse.

Qu'avez-vous appris de votre projet d'expatriation en Argentine ? Quels conseils donneriez-vous aux étrangers souhaitant s'installer dans ce pays ?

L'expatriation en Argentine est venue confirmer certains proverbe ou précepte souvent admis dans la société : la chance existe quand on sait la provoquer ; la patience est une vertu qui porte ses fruits ; celui qui s'ouvre aux autres et qui offre reçoit beaucoup en retour ; le travail paie. Ce sont des généralités, mais qui se sont, pour mon cas personnel, illustrées par des faits tirés de mon vécu dans ce pays.

De manière générale, quels sont les traits communs à l'ensemble des Argentins ?

Les Argentins sont de vrais latins. Ils en ont toutes les caractéristiques. Ils sont très souvent amicaux, ouverts, bons vivants, très affectifs, parfois extravertis, passionnés de culture. Mentionnons en particulier la ferveur pour le football et le tango, qui rassemble tous les Argentins, jeunes ou moins jeunes, femmes et hommes. En outre, les Argentins ont une grande tradition d'accueil, particulièrement auprès des européens et des français.

Dans un pays immense, en plein cœur de l'Amérique latine, très, très loin du monde francophone, comment réussissez-vous à promouvoir le français et la culture française ?

C'est très facile. Les Argentins sont très souvent et depuis longtemps francophiles, friands de culture et de langue française. La France bénéficie d'une aura en Argentine et exerce un attrait indéniable dans ce pays. Et puis, l'Alliance française est présente ici depuis 1893 : les Argentins ont eu le temps de s'habituer et d'apprécier ses services.

Il existe 53 Alliances Françaises en Argentine. Comment gérer un tel réseau ?

Il est vrai que c'est le plus vaste réseau national d'Alliances enseignantes. Il faut se démultiplier, être bien entouré et avoir les bons relais. Ce n'est pas si compliqué. Dans chacune des Alliances de ce pays, les responsables sont très attachés à la « Maison Alliance ». La délégation générale de l'Alliance française en Argentine, que je dirige, mène une action efficace de coordination, de conseil et d'expertise, avec, en appui, des coordinations régionales. Et les nouvelles technologies de l'information et réseaux sociaux, viennent efficacement en appui.

Au-delà des cours de langues, quels services offrez-vous aux argentins ? Certains services peuvent-ils intéresser les expatriés ?

Bien entendu. Les Alliances d'Argentine offrent toutes une programmation culturelle, plus ou moins importante, dans la mesure de leurs moyens. A Buenos Aires, nous avons presque tous les jours une activité différente à proposer : film, exposition, conférence, spectacle vivant, etc. Nous avons l'une des deux ou trois médiathèques francophones les plus importantes d'Amérique latine : 44 000 documents différents, 800 m2, 3 300 adhérents, 150 passages par jour. San oublier notre savoureux restaurant « Le bistrot ». L'Alliance de la capitale argentine est l'une des plus actives du réseau mondial dans le domaine culturel. C'est vraiment impressionnant.

Que pensez-vous de Buenos Aires, où vous vivez actuellement ?

C'est une ville très agréable à vivre, une ville qui bouge, très culturelle, très attachante, où patrimoine et modernisme se marient bien, la plus européenne des villes d'Amérique latine. De plus, il pleut assez rarement. Le spectacle des jacarandas en fleurs sous un ciel bleu azur vaut à lui seul le déplacement.

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