Amélie à Johannesburg : « Les Sud-africains vivent avec le soleil »

Interviews d'expatriés
Publié le 2016-02-25 à 00:00 par Expat.com team
Originaire de la Drôme, Amélie a passé plusieurs années à l'étranger avant de s'installer à Johannesburg avec son époux et leur fils en mars 2015.

D'où viens-tu, Amélie, et que fais-tu actuellement ?

Originaire de la Drôme, ma vie a été rythmée par de nombreux voyages : 1 an en Australie, 6 mois aux États-Unis, avant de m'installer à Paris, puis près de Genève, tout en continuant à voyager dès que l'occasion se présentait, même après l'arrivée de mon fils qui a maintenant 3 ans. Ce dernier a pris l'avion pour la première fois à l'âge de 9 mois pour faire ses premiers pas dans le sable de l'île de la Réunion.
Mon job en gestion de projets dans une ONG de développement par l'éducation m'a également permis de beaucoup voyagé. J'ai quitté ce travail pour partir en Afrique du Sud et me consacrer à des projets personnels, tels que la création de mon blog et la préparation d'une reconversion professionnelle.

Pourquoi as-tu choisi de t'expatrier en Afrique du Sud ?

L'idée de repartir plus longtemps nous trottait toujours dans le coin de la tête. Mon mari a pris les devants en proposant à son entreprise de partir en expatriation en 2015. Résultat : une année en famille à Johannesburg, en Afrique du Sud, à la découverte d'un pays extraordinaire et très « child-friendly ».

Comment s'est passée ton installation ?

Une expatriation d'un an permet de vivre une installation légère et rapide : pas de déménagement à renfort de grands moyens mais quelques valises, pas de perte de temps dans les magasins pour s'équiper puisque nous avons loué une maison meublée avec tout le nécessaire (vaisselle, linge de maison...) et une envie d'en profiter au maximum.
Les repères sont vite pris en sachant qu'on n'est pas là pour très longtemps. La devise qui rythme mon quotidien depuis notre arrivée : « Making the most of it » (Tirer parti au maximum de l'expérience). Le résultat est que nous avons beaucoup plus exploré le pays certains expatriés arrivés il y a des années.

Depuis combien de temps t'y es-tu installé ?

Nous sommes arrivés le 31 mars 2015.

Quelles étaient les procédures à suivre pour qu'une citoyenne française s'expatrie en Afrique du Sud ?

Pour séjourner plus de 3 mois en Afrique du Sud, il est nécessaire d'obtenir un permis. Dans notre situation, mon mari a obtenu un permis de travail et une demande a été déposée dans le même temps pour que mon fils et moi puissions le suivre grâce à un visa d'accompagnant.

As-tu éprouvé des difficultés à franchir ces étapes ?

Cette période a été pour le moins stressante. En effet, le consultant sud-africain mandaté par l'entreprise de mon mari pour effectuer les démarches d'obtention de nos visas n'était pas aux faits des changements récents dans les procédures. Les documents ne nous ont pas été remis à temps et nous avons dû retourner en Suisse 1 mois plus tard pour les récupérer. Un conseil aux futurs expatriés : vérifiez et re-vérifiez les documents et procédures, même si un professionnel est sur le dossier.

Quelles sont les particularités du marché de l'emploi de Johannesburg ? Est-il difficile pour un expatrié d'y être embauché ?

Le marché de l'emploi en Afrique du Sud est très protégé, privilégiant les ressortissants sud-africains. Les conditions d'obtention du permis de travail se sont renforcées en juin 2015 et rendent les procédures encore plus compliquées. Si la demande ne se fait pas dans le cadre d'une entreprise qui sponsorise votre embauche, il faut avoir des compétences très spécifiques dont manque le pays (critical skills) pour pouvoir prétendre au permis. Sinon, les démarches seront longues, contraignantes et parfois même coûteuses, car il faudra peut-être vous faire aider par un avocat. C'est pour cette raison que je ne me suis pas lancée dans une recherche d'emploi pour seulement une année dans le pays.

As-tu eu des difficultés d'adaptation à ton nouvel environnement ?

A notre arrivée, nous nous sommes installés pendant un mois dans un self-catering appartment à Sandton. Je n'ai pas immédiatement loué de voiture et mes sorties, quand mon mari était au travail, se limitaient alors à aller au parc avec mon fils. Cela a duré 2 semaines, le temps de me familiariser avec l'environnement et la conduite. J'ai ensuite pris contact avec l'association des francophones à Johannesburg, « Jo'bourg Accueil », qui propose des cafés-rencontre aux nouveaux arrivants et un calendrier très dense d'activités à ses adhérents. Cela m'a permis de tisser peu à peu mon réseau social et de me mettre le pied à l'étrier pour découvrir la ville.
J'ai eu toutefois un peu de mal à trouver mes repères en termes d'alimentation, moi qui ai très à cœur de manger sain. Au fur et à mesure, j'ai découvert de bonnes adresses pour trouver des produits bio.

Qu'est-ce qui t'as le plus surpris à ton arrivée à Johannesburg ?

La surenchère sécuritaire alors qu'on ne ressent pas l'insécurité au quotidien en vivant à Sandton : fils barbelés, détecteurs de mouvements, alarmes, gardes à tous les coins de rues, murs et barrières... C'est assez oppressant et déconcertant au début. Mais on s'habitue à tout.

As-tu eu des difficultés à rechercher un logement ? Quels sont les types de logements qui y sont disponibles et accessibles aux expatriés ?

Nous recherchions une maison avec trois chambres, meublée et équipée, avec jardin, dans les quartiers résidentiels au Nord de Sandton (Morningside, Bryanston, Rivonia...) pour ne pas vivre trop loin du travail de mon mari (il travaille à Midrand) tout en étant proche de la communauté d'expatriés francophones (la plupart d'entre eux vivent dans cette zone où se trouve le lycée français).
Nous avions un budget maximum de 25 000 Rands tout compris et les biens meublés avec jardin ne sont pas très nombreux pour ce budget. On nous a proposé beaucoup de clusters, généralement des maisons peu spacieuses avec des petits jardins entre quatre murs, dans des lotissements sécurisés. Plus chères, les maisons dans des quartiers résidentiels fermés et surveillés par des gardes (boomed areas) sont une bonne option, mais il y a peu de meublés. On trouve aussi des appartements aux loyers moins élevés, et des maisons individuelles nécessitant d'avoir un excellent système de sécurité. Peu nombreux dans ces quartiers, les estates offrent des résidences dans un grand domaine sécurisé avec des espaces communs.
Après un petit mois de recherches, nous avons trouvé notre bonheur dans le quartier de Rivonia : une maison dans une petite résidence composée de 8 logements. Dans le prix sont inclus l'entretien du jardin et de la piscine par une société qui vient chaque semaine, l'abonnement Internet et télé (DSTV) et l'alarme reliée à une société de surveillance.

Que penses-tu du mode de vie des Sud-africains ?

Les Sud-africains vivent avec le soleil : ils se lèvent et se couchent très tôt (il fait nuit à 19h au plus tard à Johannesburg), et dînent vers 18h-19h. Ils sont généralement très sportifs et il n'est pas surprenant de les retrouver dès 6h à la salle de sport, ce qui compense un peu leur mode d'alimentation à l'américaine (fast-food, viande, chips, soda...). Ayant un rythme assez trépidant en ville, ils aiment se retrouver le week-end autour d'un braai (le fameux barbecue, un art de vivre en Afrique du Sud) en famille, ou partir dans le bush. D'un naturel plutôt chaleureux, ils sont très « child-friendly », et tout est prévu pour accueillir les enfants, ce qui est très appréciable pour les parents. Un aspect moins agréable est que le moindre déplacement se fait en voiture, comme évoqué précédemment. Ce mode de vie s'applique à la frange aisée de la population, les habitants des townships ayant évidemment des préoccupations et un rythme de vie bien différents. Il y a deux mondes en Afrique du Sud : deux mondes qui se côtoient mais que tout oppose.

Une idée reçue qui s'est avérée fausse ?

Avec tout ce que j'avais pu entendre sur la sécurité à Johannesburg, j'avais très peur de perdre ma liberté, de me sentir enfermée. Certes, les chiffres parlent d'eux-mêmes et il est impossible de nier que l'insécurité est un problème, mais elle se concentre principalement sur certains quartiers. L'exercice consiste donc à trouver le bon dosage entre prudence et liberté pour éviter que nos vies ne se résument à un triangle maison sous barbelés, bureau gardé, centre commercial sous haute surveillance. Prudence donc, mais sans psychose ! De plus, il est vrai que tout se fait en voiture ici, mais on peut tout de même manger en terrasse et trouver quelques quartiers très agréables où l'on peut déambuler à pied en toute liberté !

A quoi ressemble ton quotidien à Johannesburg ?

La journée commence à 6h30. On se prépare et j'amène mon fils à l'école vers 8h (une école Montessori sud-africaine). Je file ensuite à mon cours de yoga, tout proche. Je profite des matinées qui sont un temps à moi, sans enfant : soit je rentre à la maison pour me consacrer à mes activités au calme : écrire des articles pour mon blog ou pour l'édition de Johannesburg du média en ligne des Français et francophones à l'étranger, faire des recherches pour ma reconversion professionnelle, soit je sors boire un thé avec une copine, découvrir une nouvelle adresse, participer à une activité de « Jo'bourg Accueil » ou faire mes courses au marché de Bryanston (Natural & Organic Bryanston Market), un lieu un peu plus authentique que j'apprécie tout particulièrement dans cette jungle urbaine aux milles et unes galeries commerciales.
Vers 12h30, je vais chercher mon fils à l'école pour déjeuner à la maison.
L'après-midi, c'est sieste, puis tour de vélo dans la résidence ou cours de natation pour mon fils. Nous nous occupons ensemble du jardin potager, nous allons voir des amis, nous faisons un gâteau, de la peinture en attendant l'arrivée de mon mari. Nous essayons de dîner à 19h grand maximum. Nous réservons nos sorties en soirées aux week-ends quand nous pouvons confier notre fils à une baby-sitter, ou nous invitons des amis pour faire un braai. Nous profitons des week-ends pour découvrir la région, aller randonner, se balader au jardin botanique ou déjeuner dans l'un des nombreux restaurants « child-friendly » de Jo'bourg.
Une vie de « Desperate Housewife » ? Ça y ressemble, en effet ! Mais quel plaisir de pouvoir se consacrer à des projets personnels, de prendre du temps pour soi, pour sa famille. Je considère cette parenthèse d'une année comme une véritable chance et j'en profite le plus possible !

Que fais-tu pendant ton temps libre ? Quels sont les loisirs accessibles aux expatriés ?

Johannesburg offre énormément de possibilités.
En ce qu'il s'agit des activités sportives, les salles de sport sont nombreuses, avec tout l'équipement moderne, piscine et cours variés ; studio de yoga, pilâtes ; vélo (ils existent plusieurs clubs, les Sud-africains sont fans de vélo) ; randonnées (des sentiers accessibles à proximité de la ville dans les réserves environnantes), accrobranche, golf...
Parmi les activités culturelles : musées (dont le célèbre musée de l'Apartheid), concerts (très bonne programmation, avec aussi des événements en plein air), galeries d'art, marchés, visite guidée de Soweto à vélo. Il y a aussi pas mal de bars, restaurants et clubs, y compris avec musique live.
L'on peut aussi faire des excursions à la journée dans le Magaliesberg, au Craddle of Humankind, au Pilanesberg National Park. Pour partir à la découverte de la diversité du pays lors de séjours plus longs : Cape Town et sa péninsule (des compagnies low-cost relient Jo'burg à Cape Town en 2h), Kruger National Park, Drakensberg, Wild Coast, West Coast, Durban et pourquoi pas les pays limitrophes comme Le Lesotho, le Mozambique ou le Swaziland.

Qu'est-ce qui te plait le plus à Johannesburg ?

Le climat ! Le soleil brille quasiment toute l'année ici. On a quand même des saisons, avec un hiver frais et sec, mais les températures restent toujours clémentes. C'est très agréable.

Qu'est-ce qui te manque le plus par rapport à la France, ton pays d'origine ?

Me déplacer à pied ou en vélo, la gastronomie française et ses bons produits (notamment ses fromages !), et bien sûr ma famille et mes amis.

Tes spécialités culinaires locales préférées ?

En tant que végétarienne, je ne suis pas sous le charme de la gastronomie sud-africaine qui est très axée sur la viande et le barbecue. En termes de restaurants, on mange beaucoup mieux à Cape Town qu'à Johannesburg.

Quel est ton avis sur le coût de la vie à Johannesburg ?

Avec un salaire local, le coût de la vie est élevé : immobilier locatif, courses alimentaires, électricité, école, activités, et surtout soins médicaux... D'où l'importance de bien négocier son contrat si vous souhaitez avoir la même qualité de vie qu'en Europe, notamment en ce qui concerne le logement et la couverture santé qui représentent un budget très conséquent. Les restaurants sont toutefois plutôt bon marché et le pays offre un large éventail de petits services facilitant grandement le quotidien, et qui sont chers ou inexistants en Europe. En revanche, avec la chute du Rand, la vie n'est pas chère si on rapporte à l'Euro.

Qu'est-ce qui t'as motivé à écrire ton blog « One Footprint on the World »? Comment cela t'aide-t-il ?

Écolo dans l'âme, j'ai lancé ce blog dans l'objectif de partager mes découvertes dans le cadre de ma quête d'une vie plus saine et plus simple, entre la France et l'Afrique du Sud. Avec en ligne de mire : la volonté de compenser au maximum mon empreinte écologique, qui risquait d'exploser en Afrique du Sud, en trouvant des alternatives de vie locales qui correspondent à mes convictions.
Cela constitue pour moi une bonne opportunité d'explorer mon environnement, en furetant à droite et à gauche pour trouver des adresses et des bons plans « eco-friendly », des idées d'activités et de voyages « nature », des initiatives porteuses de changement glanées ici et là... Vous y trouverez également des recettes saines, et une sélection de photos inspirantes.

Des conseils aux personnes qui souhaiteraient s'expatrier en Afrique du Sud ?

L'Afrique du Sud offre un cadre agréable pour s'expatrier, surtout avec des enfants en bas âge. Il est toutefois indispensable de prévoir son départ à l'avance et de bien négocier les termes de l'expatriation afin d'éviter les mauvaises surprises sur place. N'écoutez pas les commentaires anxiogènes que vous pourriez entendre sur le pays et qui pourrait vous dissuader de tenter l'aventure.

Tes projets d'avenir ?

Je souhaite développer une activité d'hébergement touristique écologique dans le sud-est de la France, avec d'autres services annexes tout en continuant à écrire ! A suivre...

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