Jean Noël à Santa Marta : « Les Colombiens ont un esprit festif »

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Publié le 2015-08-20 à 00:00 par Expat.com team
Jean Noël vient de France. Il s'est installé à Santa Marta depuis maintenant trois ans, après avoir passé quelques années au Vénézuela. Skipper retraité, il s'occupe actuellement en enseignant la navigation à voile.

D'où viens-tu, Jean-Noël, et que fais-tu actuellement ?

Je suis Français. J'ai 70 ans et je suis skipper à la retraite. J'ai navigué sur tous les océans pendant 35 ans. Actuellement, je dédie mon temps libre à l'enseignement de la navigation à voile. Je viens de traverser un voilier de Colombie vers l'Espagne à la demande du propriétaire.

Qu'est-ce qui t'a attiré vers la Colombie ?

Les navigations précédentes dans les années 2000 m'avaient conduit vers le Vénézuela où je m'étais établi. Malheureusement la situation politique m'a contraint à quitter ce pays devenu trop insécure. C'est vers la Colombie voisine que je me suis naturellement dirigé, la culture des deux peuples étant très proche.

Pourquoi as­-tu choisi Santa Marta ?

Au départ, je voulais garder le contact avec la mer. Donc, le choix était limité. Sur la côte Caraïbe, il y a trois options : Cartagena de Indias, Baranquilla et Santa Marta. Cartagena est très touristique avec des conséquences sur le coût de la vie (en moyenne 20 à 25 % de plus). Baranquilla est une grande ville très étendue qui ne me plaît pas. J'ai donc opté pour Santa Marta qui est la première ville fondée en Amérique du Sud par les conquistadors espagnols. Une ville à dimension humaine, très provinciale, offrant un choix de vie incroyable grâce à sa proximité avec la montagne (Sierra Nevada) et la mer (les 5 baies).

Quelles étaient les procédures à suivre pour qu'un citoyen français puisse s'y expatrier ?

Je suis arrivé avec un simple visa de touriste renouvelable jusqu'à concurrence de 6 mois. Mon métier de skipper m'a permis de rester pratiquement 2 ans en faisant des convoyages de bateaux qui me faisaient entrer et sortir du territoire régulièrement. J'ai eu la chance de rencontrer l'âme sœur et de me marier. A partir de ce moment, tout a été facile pour obtenir un visa longue durée en tant que conjoint. Ce visa est accompagné d'une carte d'identité d'étranger qui permet d'ouvrir un compte en banque, mais aussi de travailler légalement. Étant détenteur de ce visa depuis 3 ans, je fais actuellement les démarches pour obtenir le visa de résident qui sera octroyé pour une période de 5 ans (renouvelable).

Comment s'est passée ton installation ?

Je suis locataire, donc pas de problème. Il suffit de payer son loyer comme dans n'importe quel pays. Détenteur du visa de conjoint, j'ai pu être contracté par une entreprise colombienne en tant que responsable d'une école de voile. Ce qui m'a ouvert les droits aux soins de santé.

Qu'est-­ce qui t'as le plus surpris à ton arrivée au pays ?

La première impression fut de me sentir en sécurité. Pouvoir s'installer à une terrasse sans risquer de se faire agresser était un concept impossible à envisager au Vénézuela. La gentillesse des Colombiens est aussi à citer.

Une idée reçue qui s'est avérée fausse ?

Pour la grande majorité des gens, Colombie signifie trafic de drogue, enlèvements, guérilla, etc... Cela existe, il ne faut pas le nier, mais 99 % des Colombiens ne sont pas des narco-trafiquants, ni des terroristes. Heureusement pour eux, le gouvernement a fait un grand ménage car les Colombiens sont les premières victimes de ce conflit qui dure depuis 50 ans.

Quelles sont les particularités du marché du travail de Santa Marta ? Est-­il facile pour un expatrié d'y être embauché ?

Il y a un très fort taux de chômage en Colombie, mais les Colombiens travaillent de manière informelle. A moins de travailler pour une multinationale avec un contrat, il me paraît difficile pour un étranger d'être embauché, sauf pour certaines professions (la mienne, par exemple) où il manque de personnel qualifié. La plupart des expatriés que je connais montent leur propre négoce.

As-­tu eu des difficultés à y trouver un logement ? Quels sont les types de logements disponibles à Santa Marta ?

Pas de difficulté particulière. Il y en a pour tous les goûts pour tous les budgets : appartements, maisons...

Que penses-tu du mode de vie des Colombiens ?

Cette question mérite d'être abordée parce que en tant qu'Européens avec notre culture d'épargnants et notre éducation, le mode de vie des Colombiens peut surprendre. Ici, personne semble se soucier du lendemain. Les Colombiens ont un esprit festif, ils aiment « rumbéar » comme ils disent. Beaucoup vivent dans des conditions financières précaires, mais cela ne semble pas les affecter. Tout est prétexte à faire la fête, mais ce qui surprend le plus, c'est leur manque de ponctualité et parfois même le non-respect de la parole donnée.

As-tu eu des difficultés d'adaptation à ton nouvel environnement ?

Non, parce qu'ayant bourlingué à travers le monde, j'ai appris à m'adapter à n'importe quelle situation

A quoi ressemble ton quotidien à Santa Marta ?

Le même que si je me trouvais ailleurs.

Que fais-tu pendant ton temps libre ?

Plage, resto, visite à la famille ou aux amis, participation à un forum de navigateurs sur le net.

Qu'est-ce qui te plaît le plus à Santa Marta ?

Le climat, la proximité de la mer, les gens et la tranquillité.

Qu'est­-ce qui te manque le plus par rapport à la France ?

La bonne charcuterie et les fromages.

Quel est ton sur le coût de la vie en Colombie ?

Le coût de la vie est environ deux fois et demi moins elevé qu'en France.

Des conseils aux personnes qui souhaiteraient s'expatrier en Colombie ?

Venir quelques semaines en vacances pour prendre la température et avoir le coup de foudre pour un endroit. Accepter de vivre différemment et, surtout, d'avoir des notions d'espagnol (ça aide). Quelqu'un a dit « le problème en Colombie, ce n'est pas d'y venir mais d'en repartir ».

Tes projets d'avenir ?

Vivre encore assez longtemps pour profiter de la chance que j'ai d'être ici.

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